𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓𝟏


















𔘓

C  H  A  P  I  T  R  E    5 1

𔘓





















































           Si j’avais sommeil, ce n’est assurément plus le cas.

           Cette fois-ci, je suis celle ayant préparé les boissons. James est assis au fond du canapé et me jauge calmement, rassemblant ses forces pour se préparer à étayer son propos.

           Bon sang… Il vient de dire qu’il croyait ses parents liés au meurtre de Richard Dumas.

— Bien, je murmure en m’asseyant sur le fauteuil lui faisant face après avoir saisi ma tasse.

           Il fait de même avec la sienne, traînant le bout de son crochet sur le tranche circulaire de l’objet. J’observe ce jeu quelques instants, y décelant une tentative de fuir cette conversation.

           Ou peut-être… De s’y plonger ?

— James… Dis quelque chose, s’il-te-plaît. N’importe quoi.

           Un soupir franchit ses lèvres. Point d’agacement. Simplement une amère résignation.

— Je me sens odieux de penser cela d’eux.

— Je te connais assez pour savoir que tu n’es pas un monstre sans aucune vergogne qui n’a que faire de heurter son entourage. Tu penses cela d’eux ? Il doit y avoir une raison.

           Ses yeux se baissent sur son breuvage.

— Maintenant, savoir si tu étayes cette raison ne tient qu’à toi.

— Je devrais le faire, n’est-ce pas ? dit-t-il dans un sourire forcé.

— La notion de devoir est très surfaite, tu sais…, je souris, le taquinant. Est-ce que tu le veux ?

           Il ne répond pas tout de suite, méditant sur ma question.

           Mais il finit pas déclarer : 

— Je ne crois pas que je vais pouvoir affronter cela tout seul. Je…

           Ses yeux se plongent dans les miens.

— Je crois que je vais avoir besoin de toi.

           Je me lève précautionneusement du fauteuil et me rassois sur le canapé, à côté de James. Posant ma tête sur l’épaule de Crocodile, je caresse son genou et attends qu’il franchisse le cap.

           D’un toux, il éclaircit sa voix.

— Je… Richard avait un côté justicier assez prononcé, déjà gamin. Soit, il a vrillé complotiste et la moitié de ses théories sont bidons mais elle porte d’un sentiment noble, une envie profonde et presque indéracinable de faire justice.

           Un spasme le prend. Une goutte humide tombe depuis son visage. La tête posée sur son épaule, je ne peux pas voir ses yeux. Mais je devine que des larmes les ont remplies.

— Je lui dois donc d’être honnête, de punir les gens d’avoir été un frein dans ce qu’il croyait réellement être une façon de rendre justice.

— Je sais, mon coeur. Je sais.

           Caressant son genou, je tente de lui apporter un peu de réconfort. Je sens son épaule se détendre, contre mon visage. J’embrasse celle-ci, l’encourageant à poursuivre.

           Sa poitrine gonfle quand il inspire longuement.

— Mes parents m’ont fouetté lorsque je leur ai parlé de ce que j’avais vécu car ils voyaient en cela une forme de déshonneur.

           J’ouvre la bouche, prête à fulminer contre eux et assurer qu’ils ne savent assurément pas de quoi ils parlent.

           Cependant Crocodile me devance, murmurant : 

— Si jamais ils ont appris qu’Richard comptait en parler, non pas à eux, mais au monde entier… Tu ne crois pas qu’ils auraient été prêts à n’importe quoi pour le faire taire ?

           Il frissonne. Je me redresse.

           Nos yeux se plantent les uns dans les autres et je lis toute la détresse l’habitant. Mon cœur bat la chamade. Ouvrant les lèvres, je songe qu’il me faut dire quelque chose. N’importe quoi.

           Mais que puis-je bien rétorquer ?

— Je suis un monstre, n’est-ce pas ?

           Je ne réponds même pas, estomaquée. A brûle pourpoint, il me balance cette question qui n’a simplement pas lieu d’être. Pas lorsqu’il s’agit de lui.

— Ils voulaient tellement… Ils voulaient vraiment avoir un enfant, ils ont bataillé pour m’avoir et je… J’ai essayé de partir et même vingt ans après tout ça, je leur cause du tort. Je…

           Il éclate.

           Un sanglot étrangle sa gorge et il sursaute. Une larme coule sur sa joue. Je l’observe rouler, impuissante. Mes mains tremblent, au bout de mes bras trop lourds.

           Un instant, j’ose penser que j’ai mal de le voir ainsi. Puis je réalise qu’il souffre davantage d’être ainsi.

           Alors mes mains se posent sur son visage. Il redresse la tête, le reste de son corps tremblant toujours autant. Mes pouces essuient avec soin ses joues, veillant à ce que les larmes ne finissent pas leur course.

           Quelques secondes, nous demeurons ainsi. Puis il trouve la force d’ouvrir les paupières.

— Lorsque la pluie tombe, te tournes-tu vers les nuages qui la déversent où le sol qui la reçoit ?

           Il ne répond pas, me regardant simplement de ses yeux ambrés.

— Si tes parents ont fait du mal à Richard, ce n’est pas la faute d’Richard. Si une liste est dressée de petits garçons ayant été abusés, ce n’est pas la faute des petits garçons. Et si…

           Ma gorge est serrée. Je m’efforce de ne pas laisser un hoquet me prendre d’assaut.

— Et si un instructeur de piano s’est masturbé devant toi, c’est la faute de l’instructeur de piano.

           Une autre larme coule sur mes mains. Je n’essuie pas celle-ci.

— James, tu as passé des années à entendre que tu étais responsable alors il est naturel que tu le crois. Et je sais que tu penses que je prends ta défense parce que je t’aime mais cela n’a rien à voir avec moi ou les sentiments que j’ai pour toi.

           Je ne me retiens plus. Des larmes dévalent mes joues. Sa main se lève pour les essuyer. Je pose la mienne sur son poignet, l’en empêchant.

           Même dans cette situation, alors qu’il souffre, il pense à moi.

— Ce n’est pas une opinion mais un fait.

           Ses traits retombent. Enfin, je songe en comprenant quelle pensée vient de le traverser.

           Il me croit.

— Nul ne peut être responsable d’avoir été agressé sexuellement par quelqu’un à part ce quelqu’un. Les sourires de l’agressé, l’alcool, le mal-être du prédateur, les vêtements ou même le putain de temps qu’il fait ne sont en rien des causes. S’ils se croient tout-puissant au point de renier à ce point un individu en le heurtant si profondément, alors qu’il garde cette toute-puissance pour affronter le châtiment.

           Ma gorge est serrée.

— Aujourd’hui, le châtiment tombe. Mais cela ne signifie pas qu’il doit heurter une nouvelle fois les victimes.

           Ma main caresse celle de James.

— Alors si tu n’es pas prêt, ne te force pas.

           Il acquiesce doucement.

           Je comprends la nécessité de condamner les assassins d’Richard et si la théorie de Crocodile s’avère vrai, j’endosserai le fardeau d’aider à les traduire en justice. Mais je ne tolèrerais pas de voir James souffrir davantage de leurs actions.

           Il acquiesce doucement.

— Maintenant, je crois que tu as besoin de te changer les idées et je réalise que mes animaux n’ont jamais visité ton appartement !

           Mon front se pose contre le sien.

           Mes mains glissent sur ses poignets. L’une d’elle entrelace mes doigts aux siens et l’autre saisit son crochet.

— James, si tu as besoin d’en parler, je suis là. Mais si tu as besoin de faire entièrement autre chose, je suis aussi là.

           Il acquiesce.

           Je dépose un baiser sur le bout de son nez. Mes bras s’enroulent autour de son cou et je l’approche de moi. Il enroule à son tour ses bras autour de ma taille.

           Fondant dans la chaleur de cette étreinte, nous ne disons rien. Mes yeux se ferment. Je savoure cet instant.

— Allons chez moi, déclare-t-il au bout d’un moment. J’ai besoin de me changer les idées.

           Ma main caresse son dos. Il garde la tête enfouie dans le creux de mon épaule et déclare : 

— Mais demain, j’irais faire une déposition.



























𔘓

DESOLEE J'AVAIS
OUBLIÉ DE PUBLIER
😭😭

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!

𔘓
























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