𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟕



























𔘓

C  H  A  P  I  T  R  E    4 7

𔘓




















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           Un soupir franchit mes lèvres lorsque je pénètre mon appartement. James me suit, la mine sombre. La tension entre nous ne s’est pas apaisée depuis que, pressentant une dispute, il m’a demandé de bien vouloir attendre qu’on rentre pour discuter.

Hermès doit ressentir cela car il exécute à peine trois pas pour nous saluer qu’il tourne les talons, nous gratifiant d’un regard en coin.

Je ne parviens même pas à trouver cette scène attendrissante, l’estomac noué. Je m’assois sur mon canapé, n’accordant aucun regard à James. Mon ventre est serré tandis que je fixe le sol de mon appartement poussiéreux.

— Bon…, déclare-t-il en rangeant soigneusement son manteau dans l’armoire, saisissant le mien balancé sur le canapé et réitérant son geste.

Calmement, il rejoint le fauteuil me faisant face et s’y assoit. Sa main se glisse dans la poche intérieure de son onéreux costard et il en tire un cigare. Je contemple l’objet d’un regard mauvais.

Il surprend ce regard et le range.

— Tu sais, si quelque chose te dérange, il est préférable que tu m’en parles. Je ne peux pas tout deviner.

Remontant mes pieds sur le canapé, j’entoure mes genoux de mes bras en une protection défensive. Il observe ce mouvement et garde le silence quelques instants.

— Si je ne t’avais pas surprise, à l’instant, fusillant du regard ce cigare, je ne saurais pas que le fait que je fume à l’intérieur te dérangeait.

— Tu devrais t’en douter, je maugrée.

— Mais je ne m’en doute pas. 

Il ne hausse pas le ton mais assène ces paroles d’une façon bien précise, insistant sur chaque mot. Je me redresse légèrement en l’entendant faire.

— Nous avons plusieurs choix. Soit je m’épuise à essayer de lire dans ton silence et nous ne faisons qu’accumuler des ressentiments, soit tu me parles.

Il penche la tête sur le côté, m’observant dans un long soupir : 

— Et tu me dis les choses, même quand tu pars du principe que c’est inutile parce que ça coule de source.

Mon cœur se fait gros, dans ma poitrine. Un éclat sincèrement affecté brille dans ses iris.

— (T/P)... Rends-toi compte que je ne peux pas tout deviner. Et même si je tiens tant à toi que je serais prêt à passer des heures entières à te sonder si cela te permettait d’être heureuse…

Il souffle doucement.

— Je te demande qu'aujourd'hui, l’effort vienne de toi.

Je l’observe quelques instants.

— Parle-moi.

Mes paupières se ferment, j’acquiesce doucement. Soit, je lui parlerai. Bien qu’après un aussi beau discours et une telle compréhension de sa part, je me sente soudain bien stupide d’avoir quitté le restaurant pour si peu.

— Je me fiche que les gens m’insultent. Et si tu m’aimes, je m’attends à ce que tu t’en fiches aussi, je chuchote difficilement.

Il se redresse aussitôt, prêt à me contredire.

— James, s’il-te-plaît, je le devance.

Sa bouche se ferme et il acquiesce, comprenant l’enjeu de cette conversation. Il m’est difficile d’aborder ce sujet, bien que ce dernier semble anodin, de prime abord.

— Je ne suis pas le genre de personne qui laisse indifférente. Avec le temps, les regards de travers et insultes sont devenus ma force. Plus je les subis, plus je m’en détache, plus je m’émancipe.

Il écoute calmement ce que j’ai à dire, considérant chaque phrase franchissant mes lèvres.

— Je suis consciente que c’est compliqué pour toi, James. Mais cela ne me fait rien. Alors quand tu t’es levé de façon si terrifiante pour mettre les points sur les “I” à ce garçon, je n’ai honnêtement pas eu l’impression que tu le faisais pour moi mais pour toi. Et ce gamin n’avait rien fait de mal… Je veux dire, c’est vrai que mes délires sont pénibles à vivre et c’est pour ça que je ne me plains pas quand on m’insulte !

           Je penche la tête sur le côté, pinçant les lèvres.

— Ce gosse ne méritait pas d’être humilié de la sorte. Surtout que j’étais en tort. Et c’est quelque chose que tu vas devoir accepter…, je lâche dans un rire triste. Je suis souvent en tort. Et j’en ai strictement rien à foutre.

           Penchant la tête sur le côté, je susurre : 

— Si je peux le tolérer, je crois que tu devrais y arriver aussi. Parce que sinon… Je n’aurais pas l’impression que tu fais cela pour moi mais plutôt car il ne faut pas que le PDG, le fort James Harold soit vu, laissant un homme manquer de respect à son…

Je ne termine pas ma phrase. Je ne peux m’empêcher de buter sur une parole précise.

Mes lèvres se pincent.

— “Mon épouse” ? je répète en fronçant les sourcils.

Il se tend lorsque j'évoque le terme dont il a usé pour me qualifier devant les clients. Secouant doucement la tête, je conclus mes paroles : 

— J’ai vraiment eu l’impression d’être une possession que tu revendiquais. Et que simplement parce que j’étais cette possession, tu devais me défendre.

Une larme pique mes yeux.

— Et pas parce que tu tenais maladroitement à moi.

Il ne dit rien, dans un premier temps.

— Sinon, pourquoi dire que je suis ton épouse ?

Ses yeux ambrés se posent sur moi, contemplant mon visage. Le silence se fait dense quelques secondes et je crois sincèrement qu’il ne va pas répondre.

Jusqu’au moment où coule le long de ma joue une larme froide. Là, il se lève. Ses doigts, encore empreints de l’odeur de cigare éteint, saisissent le tissu dépassant de la poche de son costard et le glissent sur ma joue.

Profitant de cette proximité nouvelle, il s’assoit alors juste à côté de moi, sur le canapé. Je le regarde faire, le cœur gros. Il plie attentivement le mouchoir qu’il range dans la poche de sa veste.

Là, sans me regarder, il prend une profonde inspiration. Ses yeux se ferment quelques instants tandis qu’il semble se préparer mentalement à affronter cette conversation.

— Tu… Tu n’as pas tout à fait tort, admet-t-il dans une grimace trahissant l’effort que lui a coûté d’admettre cela.

Levant sa main, il s’apprête à la poser sur ma cuisse mais se ravise aussitôt, semblant comprendre que le moment est mal choisi. Mon cœur se serre légèrement en voyant cela mais je m’efforce de rester de marbre.

Il ouvre enfin les yeux et soupire. Assise dans le coin du canapé, adossée à l'accoudoir, je lui fais face tandis qu’il me montre son profil. Seul son visage se tourne vers moi.

Mais ses yeux n’osent pas regarder les miens, il se contente de fixer mon bras.

— Mais tu n’as pas tout à fait raison non plus…

Les sourcils froncés, j’attends la suite.

— Je dois t’avouer quelque chose d’assez indécent et gênant que je me suis permis de faire, il y a quelque temps. J’ai dépassé les limites et me suis longtemps rangé derrière l’excuse que tu n’en saurais jamais rien, ce qui est incorrect.

Je le sens frissonner, tout prêt de moi. Je le vois même faire.

Il déglutit péniblement et sa pomme d’Adam tressaute.

— L’une des premières fois où nous sommes allés dans ce restaurant, l’un des serveurs m’a demandé ton… Ton…

Sa voix bloque sur ce dernier mot et ses joues rougissent. Il détourne la tête mais je vois quand même que ses oreilles ont viré au cramoisie.

— Ton…

— Mon ? j’insiste, de plus en plus intriguée.

— Ton mmmf….

Je me penche en avant, ne saisissant rien au dernier mot qu’il a prononcé. Mes sourcils se froncent plus encore et je me rapproche de sa bouche.

Il recule légèrement.

— Mon quoi ? je demande, n’ayant strictement rien compris.

— Ton numéro !

Il éclate et hausse le ton, paniqué et cramoisi. Surprise, je recule pour le regarder dans les yeux mais il fuit mon regard.

— Et je… Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, nous n’étions même pas en couple. Mais je n’ai pas aimé ça et…

Il toussote pour s'éclaircir la gorge avant de baisser les yeux.

— Et je lui ai dit que tu étais avec moi. Il ne m’a pas cru alors je ne sais pas pourquoi j’ai carrément sorti que tu étais ma fiancée et je me suis laissé entrainé dans mon mensonge.

Les yeux ronds, j’écoute ce récit dont je ne soupçonnais pas un seul instant l’existence.

— A chaque fois qu’on venait, ils me demandaient ce qu’ils devaient nous offrir pour notre mariage et quand il se tiendrait. Un jour, j’ai voulu m’en débarrasser et j’ai dit que c’était fait. Qu’on était marié. Depuis, ils nous mettent toujours à la table la plus étroite, celle où je suis le plus près de toi.

Il est rouge de honte.

— Alors je sais pas… J’ai pas eu envie de dire la vérité.

Il penche la tête sur le côté.

— Et ça me flattait, qu’on pense que tu es ma femme.

Il frissonne.

— Enfin bref, tout ça pour te dire que je suis désolé. Et j’irais leur dire la vérité dès demain à condition qu’on y remette plus les pieds parce que j’aurais beaucoup trop honte.

Un sourire étire mes lèvres. Doux.

Il ose enfin se tourner vers moi après quelques instants de silence. Et ses sourcils se haussent en découvrant mon rictus.

— T… Tu n’es pas en colère ? demande-t-il, hébété.

— Oh, une partie de loi l’aurait été, il y a quelques mois parce que ton comportement était déplacé.

Mon sourire retombe mais je conserve sur lui un regard doux et aimant.

— Mais je vois que tu as honte et es désolé. Tu sais que ton comportement était déplacé alors je m’autorise à sourire.

Ma tête se penche sur le côté.

— Parce que je réalise que ça fait longtemps que tu me vois d’une certaine façon et j’en suis flattée.

Ses joues sont toujours aussi cramoisies mais il ne semble plus aussi honteux. Quelque chose brille dans son regard tandis qu’il esquisse un sourire doux.

— Merci, (T/P).

Me penchant sur lui, je dépose un baiser à peine marqué sur ses lèvres.

Mais je n’ai pas le temps de reculer. Il saisit aussitôt ma nuque et me plaque contre lui. Mon exclamation de stupeur est étouffée par le baiser fiévreux qu’il entreprend, approfondissant celui si léger que je viens de lui donner.

           Sa langue s’enroule autour de la mienne et sa respiration se fait lourde, contre moi.

Je saisis aussitôt le col de sa chemise, commençant à en défaire les boutons d’un geste brûlant. Mes jambes s’écartent quand je grimpe sur ses cuisses. Mes fesses se posent dessus.

Sa main libre attrape d’ailleurs l’une d’entre elles, la pressant. Je tressaille dans un gémissement. Mais un sourire luxurieux étire mes lèvres. Et il murmure tout près de moi : 

— Je crois que j’ai une meilleure idée qu’un dîner, pour ce soir.

Un frisson grimpe le long de mon échine et j’observe ses yeux fiévreux. Là-dessus, il m’embrasse à nouveau. Je gémis contre lui.

—  Oui… Une bien meilleure idée…






















𔘓

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!

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