𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟑
𔘓
C H A P I T R E 4 3
𔘓
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Les parents de James ont décidé de m’infliger le traitement du silence. Ne supportant ni leur voix, ni leur propos, j’en suis fort aise.
Cela fait plusieurs minutes maintenant qu’a débuté leur gargantuesque petit-déjeuner et ils prennent grand soin d’agir comme si je n’étais pas là. Crocodile étant partie courir, je n’ai personne à qui parler.
Silencieuse, je me contente de mâcher mon petit-déjeuner.
— J’ai hâte que la petite arrive, minaude Nora en me jetant un bref regard moqueur. Elle saura amener un peu de… fraîcheur. Nous risquons d’en avoir besoin.
— En effet. Elle a appelé la bonne, tout à l’heure. Elle va arriver dans très peu de temps.
Mes sourcils se haussent tandis que je secoue la tête, agacée. La… “bonne”. A-t-elle même un prénom, une identité, un visage à leurs yeux ?
— Bonjour, tout le monde, retentit une voix, dans notre dos.
James pose une gourde sur ses lèvres en entrant dans la pièce. Des gouttes de sueur dévalent sa tempe tandis que sa pomme d’Adam tressaute. Je ne peux m’empêcher de déglutir péniblement à cette vision.
Habillé d’une tenue de sport moulant son corps avantageux et couvert de sueur, il rompt avec l’image habituelle du gentleman de la façon la plus attirante qui soit.
Son avant-bras essuie son front et il hoche la tête en direction de ses parents pour les saluer.
Eux ne prennent pas la peine de lui rendre son geste.
Un soupir franchit mes lèvres à cette vision. Je me tais. Le silence vaut mieux qu’une esclandre. Mais n’échappe pas à mon regard le voile sombre qui se pose soudain sur les yeux de James en réalisant que ses parents viennent de l’ignorer.
— La bonne a fait affréter la chambre avec la meilleure vue pour notre très chère enfant.
Le noiraud les observe quelques instants avant de refermer sa gourde, la mine assombrie. Ils parlent de Candice avec plus de douceur qu’ils ne le font pour lui. Je l’observe faire, la naissance de mes sourcils pointant vers le ciel.
Quand il lève les yeux sur moi.
A la seconde où son regard croise le mien, tout se dissipe en une pluie scintillante. Comme s’il ne s’agissait que d’impuretés aisément balayables, je distingue nettement chaque hésitation, embarras, spasme se dissiper.
Oui. Il ne lui suffit que de me regarder. le voile sombre sur son visage se lève.
Son visage s’illumine tandis qu’un sourire radieux étire ses lèvres. L’anneau ocre de ses iris se fait soudainement champagne malgré sa pupille se dilatant brutalement en un chant d’obsidienne. Un à un, les traits de ses visage se hausse et il lève le menton, laissant les lueurs du soleil complimenter son doux visage.
— Bonjour, je souris doucement, penchant la tête sur le côté.
Je peux presque voir son cœur battant à travers ses vêtements lorsque sa poitrine se gonfle. Il me dévisage, emplit d’une bouffée d’air frais. Cette vision me suffit à comprendre que j’ai réussi.
A l’instant où il m’a aperçue, à la façon qu’il a eu de s’illuminer, j’ai compris. J’ai gagné.
Je suis heureuse.
Quand ses mots effleurent ma peau. Quand son regard caresse mes traits. Quand ses mains frôlent les miennes. Quand ses lèvres touchent leurs jumelles. Quand il hume l’air changeant en ma présence. Quand il est.
Chaque chose qu’il fait. Jusqu’à cette inspiration qu’il a pris en m'apercevant. Tout me le fait comprendre.
Je suis heureuse.
— Bonjour, (T/P).
Me levant, je marche jusqu’à lui. Ses yeux, comme aimantés par le moindre de mes gestes, suivent le balancement de ma silhouette à mesure que je m’approche. Il ne bouge pas, suspendu à ce moment.
Cependant, lorsque je dépose ma joue contre sa poitrine et entoure son corps de mes bras, il s’anime. Ses bras s’enroulent alors autour de ma silhouette et son menton se pose sur mon crâne.
— Mais enfin ! s’exclame aussitôt Nora en tapant du plat de la main sur la table. Où vous croyez-vous ? Que diriez-vous si je m’adonnais à ce genre de choses méprisables, parée de vêtements dignes d’une prostituée, au beau milieu du salon ?
Pinçant les lèvres, je m’efforce de ne pas répondre.
Cependant, la façon qu’a James de se contracter contre moi, comme muré dans sa frustration, me pousse à lâcher d’un ton sec :
— Et bien je dirais que les conséquences du réchauffement climatique sur les océans ne font plus aucun doute parce que que fait une morue au milieu du salon et habillée comme une prostituée ?
— COMMENT OS…
— Bonjour !
Interrompant la fureur de Nora, une voix claire et délicate vient de retentir. James se retourne aussitôt et je me penche de sorte à voir la porte, derrière sa silhouette. Mes yeux s’écarquillent.
Quelques secondes durant, nul ne dit rien.
Les mouches volent, émettant un bruit que nous parvenons aisément à entendre dans ce silence de plomb. Les silhouettes et respirations sont suspendues.
Quand une chaise racle le sol.
— Candice ! Ma très chère amie !
Jaillit dans mon sillage la silhouette du patriarche. Son unique oeil plissé par le large sourire qu’il affiche, ses bras grand ouverts, il marche jusqu’à la femme dans l’encadrement de la porte.
Cette dernière n’a jamais été aussi belle.
De longs cheveux ondulés tombent dans son dos à la manière d’un océan dansant de coquelicots, jouant avec les couleurs crème de son tailleur côtelé aux extrémités tissées de bandes noires.
Ses yeux de biche s'illuminent lorsque, posant le sac qu’elle tenait à deux mains devant sa jupe, elle ouvre à son tour les bras.
— Monsieur Harold !
Il la serre contre elle dans un rire paternel et les talons de Nora résonnent. Elle ne tarde pas à les rejoindre dans un sourire.
Candice s’écarte du patriarche et se tourne vers la matriarche qui vient poser ses mains parées de bagues sur ses épaules. Un sourire étire ses lèvres.
Doux. Délicat.
Et, contre toute attente… sincère.
— Oh, ma chère Candice ! Venez là que je vous embrasse !
La femme s’exécute et lorsqu’elle se penche vers son ancienne belle-mère, je peux sentir le parfum fleuri qu’elle soulève à chaque mouvement.
Contre moi, Crocodile frémit. Alors je dépose un baiser sur sa joue.
Surpris, il se détourne de son ex-femme et me regarde. Il lui faut quelques instants avant de sourire doucement. Là, entourant à nouveau mon corps de ses bras, il me serre contre lui.
Son visage s’enfouit dans le creux de mon épaule quand il inspire une bouffée de mon odeur. Et, son souffle s’échouant sur ma peau, il chuchote tout bas :
— Je sais ce que tu essayes de faire. Et je t’en remercie.
Passant mes doigts dans ses cheveux, je masse sa tête. Quelques instants, je me perds en ce moment. La chaleur de James m’enlise et je me nourris de la façon qu’a mon âme d’aspirer sa douleur pour mieux l’annihiler.
Quand je réalise que les trois autres ont cessé de se saluer. Tournés vers nous, ils nous observent. Si Candice semble simplement embarrassée d’être présente durant ce moment en tête-à-tête, mes beaux-parents, eux, désapprouvent.
Leurs sourcils se froncent en une moue scandalisée.
— J’espère qu’on ne vous dérange pas trop ? s’indigne le père en haussant le cou à la manière d’une perruche.
— Si. D’ailleurs, vas jouer ailleurs, mon grand.
Je ne montre de respect qu’aux personnes le méritant. Candice est une femme que je n’arrive pas forcément à cerner mais je ressens une profonde bienveillance l’animant.
Mais eux… Eux ont blessé Crocodile à un point inimaginable.
Je le ressens.
Il est terrifié par eux, honteux de ses moindres actions. L’homme fort et puissant que j’ai connu semble devenir un enfant chétif et apeuré à chaque fois qu’il croise leur route.
Alors je n’en ai strictement rien à secouer de mal leur parler.
— Bonjour, Candice, je souris avec douceur en interrompant la père qui ouvrait la bouche pour me répondre. Tu as fait bon voyage ?
Se redressant, James se place derrière moi, comme pour se protéger. Je le laisse faire en tendant la main vers la jeune femme.
S’approchant, elle la saisit et me sourit.
— Oui ! Je devais arriver demain mais j’avais quelques détails à régler. J’en suis vraiment navrée.
— Mais enfin ! Ne t’excuses pas, ma chérie ! J’ai fait préparer ta chambre, elle t’attend.
Le sourire de Nora m’hébète.
Il est particulièrement doux et rayonnant. Un instant, il ne me semble plus faire face à la froide perruche que j’ai rencontré hier. Son chignon semble moins serré et ses bijoux, plus légers.
Je crois qu’elle apprécie sincèrement Candice.
— Viens, je vais te montrer.
Sa main saisit celle de Candice, l’arrachant à la mienne. Elle ne souhaite pas laisser l’occasion à son ancienne belle-fille de fraterniser avec la nouvelle. Je ne relève même pas, me contentant de sourire devant son immaturité.
Quand la matriarche s’interrompt soudain dans ses gestes.
— Enfin, non ! Pourquoi te montrerais-je ta chambre ? dit-t-elle avec douceur avant de cracher animalement. James, fais-le. Emmène-la tout de suite.
Le changement brutal de ton me saisit. J’écarquille les yeux et me fige. Mais je fais preuve d’assez de réactivité pour glisser ma main dans mon dos et, ne trouvant pas la sienne, serrer le crochet de mon copain.
Il met quelques secondes avant de chuchoter :
— Je… Oui… Où est-t-elle ?
Le regard qu’affiche alors Nora me heurte de plein fouet.
Le mépris qui ferme chaque éclat de ses iris, la façon condescendante qu’elle a de soudain hausser les sourcils me prend aux tripes.
Elle regarde réellement James comme s’il était le dernier des imbéciles.
— Bah celle où tu dors, espèce d’abruti ! Pour qu’elle dorme avec toi ! Elle est ta femme, non ?
Ma poitrine se bloque. Je devine que celles de Candice et James font de même.
Cette morue vient de dire quoi ?
𔘓
j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!
𔘓
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