𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟐


























𔘓

C  H  A  P  I  T  R  E    4 2

𔘓













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           La lumière de la lune filtre à peine à travers les rideaux tirés. Seul un rayon lumineux caresse le lit de draps blancs défaits dans lequel il dort. 

           Allongé sur le ventre, la couverture chutant sur le creux de ses reins, James ne laisse rien deviner de son dos. La musculature impressionnante de ce dernier s’articule sous sa peau tandis qu’il laisse sa joue se caler contre le coussin.

           Le réveil sonnera dans plusieurs heures et je me suis discrètement glissée dans sa chambre.

           Hier, après un tumultueux déjeuner puis un dîner plus froid qu’un bloc de glace, je me suis décidée à aller dormir dans la chambre qui m’avait été désignée. Sans surprise, j’ai découvert un matelas posé à même le sol d’un cagibi mal nettoyé où des araignées pendent au plafond.

           Il n’y a pas à dire : les Harold savent recevoir.

           Ils ont d’ailleurs été sans appel : nous ne dormirons pas ensemble. Cela ne me dérangeait pas outre-mesure.

           Jusqu’à ce qu’une araignée maladroite tombe dans ma bouche ouverte et manque de m’étouffer, provoquant un réveil particulièrement violent. Là, je me suis décidée à me lever et suivre le chemin que j’avais vu Crocodile emprunter avant que nous allions tous nous coucher.

           Le sol est froid, sous mes pieds. Ce parquet grince toujours plus à chaque pas. Maintenant que j’ai cessé de marcher, arrivant dans sa chambre, le silence n’en est que plus lourd.

           De plomb. Obscur, en un sens.

— Tu dors ? je chuchote en me penchant doucement.

           Je crains sa réaction, lorsqu’il se réveillera et me découvrira dans le lit au petit matin. Je ne suis pas du genre à me soucier de l’avis d’autrui mais là, c’est différent.

           S’il s’avisait de ramper jusqu’à mes draps durant mon sommeil, je ne suis pas sûre que ma réaction serait particulièrement positive au réveil.

           Je ne peux y aller sans lui demander si cela lui convient d’abord.

— Hé ! Psssst ! Tu dors ? j’insiste en me penchant un peu plus.

           Ses bras glissés sous l’oreiller font ressortir ses omoplates saillants. Je ne peux m’empêcher d’y attarder un regard, trouvant cette vision particulièrement érotique. Quand je remarque soudain un détail.

           Son dos se parcourt d’une chaire de poule. Je pousse un soupir en levant les yeux au ciel.

— En même temps, dormir torse nu par cette fraîcheur, je lâche en levant les yeux au ciel, atterrée. Ah, je vous jure… Les hommes.

           Là-dessus, je m’approche. Délicatement, je saisis le drap chutant sur ses fesses et le remonte jusqu’à ses épaules. Aussitôt, il remue sous l’épaisse couverture et se tourne sur le dos. 

           Ses cheveux lâchés, à la lueur de la lune, forment une auréole sombre autour de sa tête. Une couronne déconcertante à laquelle je ne suis pas habituée. Car jamais je ne m’étais rendue compte de la beauté de cette crinière qu’il garde toujours, ramenée en arrière.

           Douce et brillante, semblable à un lac d’obsidienne, sa chevelure s’étend. Sa simple vue me suffit à réaliser qu’elle doit sentir extrêmement bon. Et l’envie folle me prend, me démange, d’y plonger les doigts pour la caresser.

           Cependant, il dort alors je m’en empêche.

           Mes yeux s’abaissent sur son visage aux paupières closes. Un léger sourire me prend en voyant à quel point il semble paisible, dans son sommeil.

           Je ne veux pas perturber ce moment de calme. Non.

           Alors, m’empêchant de déposer un baiser sur son front, je marche jusqu’à l’armoire d’antiquaire, imposante et faite d’un bois peint de multiples motifs. Là, je l’ouvre.

           Mais elle produit un grincement effroyablement sinistre.

— Merde ! je peste dans un chuchotement vif en entendant le bruit.

           Me crispant intégralement, je contracte chaque muscle de mon corps. Mes yeux sont clos et ma tête, rentrée dans les épaules quand je laisse quelques secondes passer, le temps que les battements affolés de mon cœur s’apaisent.

           Bientôt, je trouve le courage de prendre une profonde inspiration. A mesure que mes poumons se gonflent, je me détends, me redressant de tout mon long et jetant un regard dans mon dos.

           James roule dans son lit, basculant sur le flanc. Mais il ne dit rien.

           Le bruit ne l’a pas réveillé.

           Soulagée, je saisis le seul cintre paré d’un vêtement, dans cette armoire. Touchant l’étoffe, je fronce d’ailleurs les sourcils. La feutrine est douce et immaculée, sous ma main. Mais quelque chose ne va pas.

           Maintenant que je m’y attarde, il n’y a strictement aucun vêtement, dans cette penderie, à l’exception de ceux qu’il portait aujourd’hui. Au sol de l’armoire, le sac de voyage est toujours fermé.

           Tout autour sur les murs, aucune photo, aucun livre, aucune touche de vie… Rien de l’identité de James ne transparaît dans cette pièce.

           Aucun vestige de l’adolescence qu’il a passé ici.

           Mon regard s’attarde sur la silhouette endormie de mon copain. Sa poitrine se soulève paisiblement, faisant bouger la couverture dans son sillage. Mais cette vision ne m’apaise plus.

           Cette chambre… On dirait qu’elle ne lui appartient pas. Que jamais elle ne lui a appartenu.

           Bien sûr, dans un manoir si grand, il est probable que les parents aient bien trop de salles à disposition et aient préféré lui en confier une nouvelle plutôt que de l’inviter à se rendre dans celle où tout est devenu trop petit pour lui. Donc il serait naturel que cette chambre ne semble pas lui appartenir car elle ne serait effectivement pas la sienne.

           Cependant, étrangement, quelque chose me chiffonne.

           Ne comprenant pas l’inconfort qui noue mes entrailles, je marche simplement jusqu’au fauteuil, dans l’angle de la pièce. Me roulant en boule, je pose le manteau de Crocodile sur mon corps en guise de couverture.

           Quelques instants, par-dessus la feutrine, je détaille la silhouette de mon amant. Mes cils s’abaissent doucement tandis que le sommeil rampe jusqu’à moi. 

           Bientôt, quelques vapeurs trop denses éclosent dans ma personne. Et je n'ai pas trop le temps de songer à quoi que ce soit.

           Hormis à une chose précise qui me glace le sang.

           Dans ce cagibi avec son matelas miteux posé à même le sol… La salle ne semblait pas dépossédée de la moindre forme de vie, .

           Non. Assurément, quelqu’un a vécu.








           Suspendue.

           Dans les vapeurs du sommeil, je me sens flotter. Au sommet de l’air, pourvu qu’il culmine, je me tiens. L’âme gisant au travers du souffle de Morphée.

           Doucement, je sens que je m’éveille.

           La première chose que je réalise est mon corps qui ne touche presque plus rien. Mes fesses, jambes et ma tête pendent dans le vide. Sous mes genoux et mes omoplates, deux bras chauds me portent. Et contre mon flanc se presse un torse massif.

           La deuxième chose que je réalise est qu’une délicieuse odeur embaume mon nez et se répand en moi à la manière d’une mélodie apaisante. Je reconnais le parfum de James.

           Il me porte.

— Quelle idée de dormir dans un fauteuil ? murmure sa voix grave dans un grondement étonnamment doux, semblable à un ronronnement.

           Je ne réponds pas, me fondant en ce moment.

           Le sommeil n’a jamais été un ami particulièrement coopératif avec moi. Nous avons passé les dernières années à jouer à chien et chat sans discontinuer, nous chassant l’un l’autre.

           La nuit, je lui courais après et lorsque le soleil souriait, il venait enfin me chercher. Je luttais alors furieusement et, froissé de mon refus, il ne daignait revenir lorsque la nuit retombait.

           Dans ses moments les plus viles, il acceptait de m’emmener la nuit. Cependant, alors, le fouet des cauchemars s'abattait sur ma psyché. Et je me réveillais en sueur, en larmes.

           Parfois, miséricordieux, il s'octroyait le droit de me faire dormir sans le moindre songe.

           Autant dire que le repos ne m’a jamais inspiré quelconque sentiment de plénitude. 

           Excepté maintenant.

— Là, tu seras plus à l’aise, ma chérie.

           Soudain, le froid mord ma peau. Si violemment que j’en ouvrirais presque les yeux. James vient de me poser sur le lit. Il ne me porte plus. Il ne me touche plus.

           Même lorsqu’il remonte la couverture à mon nez, je frissonne de déplaisir. Il ne fait plus chaud.

           Du moins, plus comme je le veux.

— Reviens…, je couine péniblement, sans ouvrir les yeux.

           Je l’entends se figer dans ses gestes.

           Entrouvrant à peine les paupières, je découvre sa silhouette, aux pieds du lit. Elle ressort en amas sombre auréolée des lueurs de la lune. Aucun de ses détails n’est discernable, dans la nuit.

— …S’il-te-plaît. Reste avec moi.

           Il ne répond rien.

           Mais, doucement, il marche jusqu’à moi. Ses pas se font à peine entendre sur le parquet sensible. Et il se glisse jusqu’aux draps qu’il soulève.

           Un soupir de soulagement me prend en sentant à nouveau son parfum s'insuffler dans mes narines. La chaleur de son être se répand sous les couvertures et je ne réfléchis pas avant de me blottir contre lui.

           Il se fige un instant.

           Puis, doucement, son bras vient s’enrouler autour de mon corps, me serrant plus fermement. Son menton se pose sur ma tête et, dans un demi-sommeil, je l’entends murmurer : 

— Merci tellement pour aujourd’hui, (T/P).
























𔘓

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!

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