𔘓
C H A P I T R E 4 O
𔘓
tw : ×××
— Comme dirait les anglais, “fuck the cow” !
— Évite de traduire les phrases littéralement, à l’avenir, grommelle James en baissant la tête.
Sans doute n’a-t-il pas apprécié ma version british du “putain, la vache”. Cependant, aucune exclamation plus forte ne peut me prendre en découvrant l’allure du domaine de la famille britannique Harold.
Cet homme est né avec une cuillère d’argent coincée entre les lèvres.
Partout autour de nous, des viornes “boule de neige” s’étalent en bosquet. Les traversant, des chemins de pierre crème s’étalent, formant mille et une allées que nous traversons dans la voiture.
A travers une vitre teintée sombre, je distingue les jardins prenant place à perte de vue. Des plaines de verdure entourée de haies d’obier sont parfois traversées de pins.
— Attends, mais… Partout, là… Ça appartient à ta famille ?
Dans un soupir, les yeux ambrés de James considèrent un instant les reliefs verdoyants qui se perdent dans l’horizon.
— L’empire est beau mais pas ses fondations, soupire-t-il avant de caresser mon épaule de sa main. Qu’importe, nous allons bientôt accéder au do…
— PUTAIN LA VACHE ! je hurle, cette fois-ci dans un français irréprochable.
Jamais je n’aurais cru possible l’existence d’une telle villa, à quelques heures à peine de notre ville.
Balcons et colonnes grimpent, parsemés de lierre et de fleurs, parfois percés de hautes fenêtres. Le bâtiment, tout en pierres brunes et végétations envahissantes. A travers certaines vitres, je distingue les rideaux onéreux et quelques prismes de pièces parsemés de pianos et instruments.
Doucement, le véhicule ralentit.
Le soleil est haut, dans le ciel, commençant à dévoiler ses lueurs chaleureuses. Mon ventre gronde et je réalise bien vite que nous devons être midi passé.
Soudainement, mon estomac recommence à s’exprimer bruyamment. James n’a pas le temps de rire que je tonne :
— La ferme.
— Mais, je n’ai rien dit ! s’exclame-t-il, absolument outrée.
Je le fusille du regard, tentant de placer le plus de mépris possible entre mes cils.
— Tu t’es moqué intérieurement.
— Intérieurement ?
— Intérieurement !
— Parce que tu peux voir mon intérieur, toi ? éclate-t-il, profondément scandalisé.
Je crois qu’il n’a aucune idée de ce que ces paroles peuvent avoir de connotée. Alors je me contente de pousser un soupir, retenant mon rire.
Là résonne la voix du chauffeur, légèrement grésillante :
— Nous sommes arrivés, monsieur. Vos domestiques ont dressé la table pendant que vos parents attendent sur le perron.
Mes sourcils se haussent brutalement. Des… domestiques ?
— La cuillère d’argent qui dépasse de tes lèvres brille, mon amour.
Il glousse légèrement, déposant un baiser sur mon front.
Cependant, à l’instant où je me recule, son bras s’enroule plus solidement autour de mon corps, me maintenant pressée contre lui. Nos torses fondent l’un en l’autre tandis qu’il inspire une bouffée de mon odeur.
Surprise, je le garde serré contre moi. Le silence se fait plus lourd à mesure que nos épaules s’affaissent. Je ne saisis pas ce qu’il se passe mais comprends, à la chaleur nouvelle de l’air, que quelque chose s’est produit.
N’osant briser ce moment que je devine particulièrement vulnérable, je demeure silencieuse.
— Je n’aurais jamais eu la force de venir ici si tu n’avais pas été là alors merci.
Saisissant mon visage en coupe, James le pose presque brutalement contre le sien. Nos fronts se touchent, ses paupières se ferment. Il gonfle ses poumons d’une profonde inspiration.
Doucement, je caresse sa joue.
— Dis-moi… Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Tu sembles préoccupé depuis que nous sommes partis.
Posant sa paume par-dessus ma main, son pouce caresse mes doigts. Prenant une profonde inspiration, il secoue simplement la tête.
— Ne te préoccupe pas de ces futilités, ma belle. Nous allons simplement aller dîner chez mes parents et…
— Monsieur, retentit la voix grésillante du chauffeur, vos parents tiennent à ce que je vous informe qu’ils ont invité votre ex-femme.
Il tressaille, contre moi. Ses yeux s’écarquillent, dévoilant deux yeux injectés de colère.
Aussitôt, j’entreprends de caresser ses pommettes, tentant de l’apaiser, de chasser cette douleur insupportable que je vois dans son regard. Cependant sa mâchoire se contracte et aucun toucher ne peut freiner ce geste.
J’abandonne un baiser sous son oreille, il se contente de me serrer avec énergie contre lui.
— Ecoute, ce n’est pas grave. les choses sont embarrassantes entre Candice et moi mais elles sont loin d’être compliquées, je chuchote, le visage enfoui dans sa poitrine. Je peux manger en sa compagnie.
— Ce n’est pas ça, maugrée-t-il avec colère.
Je devine, à la façon qu’il a de tracer des mouvements circulaires sur le bas de mon dos, à celle qu’il a d’embrasser le sommet de mon crâne, qu’il essaie réellement de se calmer. Mais il n’y arrive pas.
Agacé, il se redresse soudain. Je fais de même, cherchant son regard.
Rarement je me sens impuissante. Lorsque la vie me confronte à une situation sans que je n’y trouve la moindre solution, j’ai tendance à m’en ficher éperdument et détourner le regard en songeant qu’il ne sert à rien de se prendre la tête sur un tel sujet.
Cependant, là, sans trop comprendre pour quelle raison, mon estomac se noue. Et je sais que je ne parviendrais pas à respirer convenablement jusqu’à ce que cette situation cesse.
Que le malheur de James s’envole.
Seulement l’intime conviction que je ne peux parvenir à un tel dénouement s’enroule autour de mes jambes et me maintient solidement au sol.
Se penchant en avant, il plante ses coudes dans ses genoux et essuie son visage.
— Ne t’en fais pas trop, je souris doucement. Je t’assure que cela se passera bien. J’apprécie un peu Can…
— La question ne concerne pas Candice. Je me fiche qu’elle vienne. Malheureusement, elle a toujours voulu faire plaisir à mes parents, a toujours cherché leur approbation depuis le premier jour, déclare-t-il en posant chaque mot avec précaution, contenant difficilement la rage bouillonnant en lui. Non, je ne lui en veux pas.
Enfin, il me regarde. Un coup d'œil profondément épuisé et désoeuvré.
— La première fois qu’ils l’ont rencontrée, ils l’ont détestée. Elle l’a ressentie et a tout fait pour être appréciée d’eux. Aujourd’hui, même après notre divorce, elle ne peut s’empêcher d’agir comme cela. Et je ne lui en veux pas…
J’en suis soulagée. Lors d’un déjeuner où je l’ai vu discuter avec elle, je n’ai pas apprécié l’indélicatesse dont il faisait preuve à son égard.
— Mais sérieusement, (T/P)... Je vais rarement les voir car mon enfance n’a pas été heureuse du tout. Et lorsque je le fais pour te présenter, ils invitent mon ex-femme ?
Je dois avouer que cela ne me fait ni chaud ni froid. Sauf le respect que j’ai pour mon petit-ami, ses parents ont effectivement l’air d’une brochette de cons.
Mais cela ne peut pas m’atteindre. Je m’en contrefiche. Soit, des cauchemars m'ont prise tant j’étais angoissée à l’idée de le rencontrer.
Cependant depuis, j’ai réalisé qu’ils sont de toute façon deux trous du cul. Alors je n’en ai que faire.
La seule chose qui me peine est que cela l’atteint.
— Ecoute, James, je chuchote en posant une main sur sa cuisse. Je t’assure que ce n’est pas grave. On va y aller, manger un peu et…
— Et quoi ? Ils continueront d’être odieux ? Sérieusement, ils diraient quoi, eux, s’ils devaient faire face à une personne irrespectueuse et malpolie ?
Aussitôt, je me redresse.
Ces trois derniers mots ont fait retentir une cloche dans ma tête. Mes lèvres s’étirent en un sourire mauvais qu’il considère avant de lâcher dans un soupir :
— Ce regard ne me dit rien qui vaille…
☆
Dans une grimace, j’attrape ma culotte que je replace, le tissu s’étant coincé entre mes fesses. James ne me voit pas faire, dos à moi. Mais ses parents, postés sur le perron du manoir, eux, écarquillent les yeux à ce geste.
Je ne prends pas la peine de les regarder ni de les détailler. Passant entre eux à toute vitesse, je déclare :
— J’espère que vous avez du triple-épaisseur parce que c’est pas la petite !
Là-dessus, j’entre dans le manoir sans une salutation. Puis, me postant au milieu du salon, je hurle :
— QUELQU’UN A DES TOILETTES, UN POT-DE-CHAMBRE OU UN JARDIN ?
𔘓
oui...
nous y est
j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!
𔘓
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