𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟗




















𔘓

C  H  A  P  I  T  R  E    2 9

𔘓























































































           Claude Müller non plus, n’a pas changé.

           Répugnant être dévoré par les vers de la malice. Chétive créature rabougrie qui se tasse face à l’adversaire. Cabot méprisant courant, la queue entre les jambes, lorsque le danger devient légèrement plus grand.

           Oui, il n’a pas changé.

— M… Monsieur James Harold. C’est un plaisir de rencontrer l’un des maillons fertiles de notre économie.

           L’intéressé ne répond pas, se contentant de s’assoir sur le fauteuil faisant face à l’homme. Müller lance un regard à l’encadrement de la porte, derrière moi, avant de frapper à toute vitesse le dos de sa main à sa paume. Il m’ignore sciemment.

           Je mets quelques instants à réaliser qu’il s’agissait d’un ordre silencieux. Dans mon dos, des bruits de talons résonnent à toute vitesse. J’ai tout juste le temps de voir une silhouette s’éloigner, obéissant à ce geste de Müller qui lui signifiait de décamper à toute vitesse.

           Ma gorge se fait sèche et quelques souvenirs me reviennent.

           A l’époque aussi, il m’intimait de cette façon de lui apporter le café. Un geste sec, regard de travers voire sifflement. Et je m’exécutais aussitôt.

           Tout comme elle.

— Monsieur Harold, mon assistante va revenir avec quelques bons rafraichissements et…

— Non.

           La voix de Crocodile est sèche quand il tonne cela. Müller écarquille les yeux en entendant cette réponse et sourit maladroitement, tentant de se recomposer.

— M… Mais tout à fait, monsieur Harold ! déclare-t-il au moment où son assistante arrive, un plateau chargé dans les mains. Seule une abrutie pourrait vous apporter un plateau de boissons sans vous demander au préalable si vous en voulez.

           Accompagnant ses paroles d’un regard des plus noirs, il serre les dents en prononçant ces derniers mots. La femme juste à côté de moi, plantée derrière Crocodile, s’incline en s’excusant avant de repartir, le plateau dans les mains.

           Ses épaules tremblent quand je la suis des yeux. Mon estomac se retourne. J’ai été à sa place. Et, un instant, il me semble que je n’ai quitté cette entreprise que depuis hier.

           Ma gorge se serre et je ferme les yeux.

— Je ne parlais pas de ça, triple abruti, tonne James Harold d’une voix ennuyée. Je ne comprends pas pourquoi vous me faites des courbettes et me proposez des boissons chaudes que vous appelez bêtement rafraichissements alors que c’est ma collaboratrice qui est venue vous parler.

           Müller se tend brutalement. La grosse tête bouffie jaillissant de son col de chemise prend des allures de sucette au lait tourné lorsque ses joues flasques rougissent soudain. Il balbutie quelques onomatopées incompréhensibles, postillonnant à foison.

           Un soupir franchit mes lèvres. En effet, rien n’a changé ici.

— Jouer le gros dur devant les femmes sous vos ordres et courber l’échine dès qu’un homme de pouvoir parle un peu fermement… , je lâche dans un rire rauque.

           Il ne lève pas les yeux vers moi, continuant de fixer le bureau auquel il est accoudé. Je ris doucement, le lorgnant avec mépris.

— Mais nous arrivons maintenant à quelque chose d’intéressant…

— Vraiment ? demande Müller d’une petite voix, sans lever les yeux ni me regarder.

           M’approchant, je m’arrête juste derrière James Harold.

           Cela est irrépressible. Je sais que je suis en position de pouvoir, que j’ai fais du chemin depuis cette époque, que je suis sortie de là. Seulement, quelque chose s’éveille en moi, entre ses murs.

           Soit, je ne suis plus employée ici. Mais cette sensation comme inhérente que je serais toujours une éternelle proie face au chasseur qu’est Müller persiste.

           Naturellement, je me rapproche de James. Comme s’il pouvait me préserver de ce sentiment de danger qui me guette. Ma main se pose sur son épaule, à la manière d’une paume trouvant un soutien.

           Aussitôt, il saisit mes doigts, sans même se retourner vers moi. Ses yeux demeurent plantés dans ceux de Müller, agressif.

           Mais son pouce qui caresse ma main, lui, est doux.

— Ce que mon amie tente de vous dire, triple abrutie, est que venant d’un homme qui aime faire en sorte que les femmes se sentent inférieures à lui, notamment celle se trouvant juste ici…

           Penchant la tête sur le côté, James le regarde par en-dessous. Au même moment, sa main se fait plus ferme autour de la mienne et son pouce caresse plus encore ma peau.

— …Cela doit être étrange de devoir courber l’échine, non seulement devant une femme, mais surtout devant une que vous vous êtes tellement plu à mal traiter.

           Tremblotant légèrement, Müller hausse les yeux en balbutiant :

— M… Mais… E…

— La ferme. Et baissez les yeux devant elle.

           Müller obéit aussitôt.

           Le grondement qui jaillit de James est presque effrayant. Un instant, je m’attendrais presque à voir des ombres jaillir de sa personne.

           Pourtant, quand je baisse les yeux sur lui, je ne vois que de la lumière. Un tendre halo qui nous embaume et me protège.

           Son pouce caresse ma main encore et il se tourne vers moi. Là, il intercepte mon regard qui était déjà posé sur lui. Ses sourcils se haussent, surpris, et quelques rougeurs teintent ses joues.

           Cela est étrange, de voir cet homme pourtant si confiant rougir devant moi…

— Allez-y, (T/P), je vous prie.

           Un frisson me parcourt et une dense chaleur se répand en moi. Familière, maintenant. Je crois qu’au contact de James Harold, je m’habitude à cela…

           …Me sentir bien.

— Discutons de Richard Dumas, je déclare après un moment, restant debout.

           Müller acquiesce doucement.

— D… De quoi voulez-v…

— Qu’est-ce qu’il vous voulait ? je le coupe, savourant le fait que je puisse enfin me venger, même si cela ne se résume qu’en être impolie avec lui.

           Müller lève les yeux vers moi. Mais, aussitôt, James Harold s’éclaircit la gorge et l’homme les rabaisse. Mon cœur se serre à cette vision.

           Je n’ai pas de peine pour lui. Seulement je me sens encore plus impuissante qu’avant.

           Je sais que James essaye de m’aider et je ne lui en veux pas le moins du monde. Cependant, là, même si je fais illusion, je ne suis pas celle qui détient le pouvoir. Il l’est.

           Quelque part, je suis toujours cette frêle créature qui se cache dans l’ombre d’un puissant.

— Richard pensait que… Enfin, que nous avions eu des contacts avec un journaliste du nom d S. Ralyk.

— Et vous allez me dire qu’il s’est fait engager comme stagiaire pour ça ? Qu’il est resté plusieurs mois en vous posant cette simple question ? je doute en fronçant les sourcils, gardant ma main posée sur son épaule.

— Je… Non… A vrai dire, il m’a posé cette question lors de son dernier jour. Avant, il était plutôt serviable et patient… Discret.

           J’échange un regard avec James. Quelques instants, nous nous observons, nous comprenant silencieusement.

           Il demande alors :

— Où travaillait Richard ?

— Je… Aux archives. Il était chargé de digitaliser tous nos vieux journaux pour créer un site commémoratif que nous allons mettre en ligne pour les vingt ans d…

— Vous pensez à la même chose que moi ? me demande James en se retournant, coupant Müller dans son explication.

           Je regarde le noiraud quelques instants dans les yeux avant de lâcher à l’intention de l’autre :

— Le site est en ligne ?

— N… Non, pas encore. Parce que, comme je le dis…

— Donnez-nous accès à ces archives, lance James Harold.

           Müller éclate de rire. Nerveusement sans doute, ne voulant provoquer un homme qui pourrait écraser toute sa carrière et ses espoirs d’un simple mail. Cependant, il glousse bel et bien.

— Parce que vous croyez réellement que je vais vous donner accès à mes archives ? dit-t-il en osant enfin lever les yeux vers nous.

           James fait mine de hausser son crochet mais Müller balaye cela d’un geste furieux de la main.

— Oh ! Mais menacez-moi donc ! Ruinez tout ce que j’ai accomplis à néant ! Dites même à votre poule, là, de raconter ce qu’elle a vécu du temps où elle travaillait ici mais jamais, vous m’entendez, jamais vous n’aurez accès à mes archives !

           James se tourne vers moi, me souriant doucement. Puis, se penchant dans ma direction, il déclare dans un chuchotement :

— Est-ce que vous pourriez nous laisser, je vous prie ?

           Mes sourcils se froncent et je m’apprête à refuser, ne tolérant pas l’idée de partir après m’être faite insulter de « poule », me ramenant une énième fois à ma condition de femme.

           Seulement quelque chose, dans le sourire infiniment doux de James, me pousse à accepter lorsqu’il chuchote en caressant ma main :

— S’il-vous-plaît, j’aimerais parler avec lui en tête-à-tête. Loin de moi l’idée de vous manquer de respect. J’ai simplement besoin de lui parler, (T/P).

           Mon ventre se soulève et, sans trop que je ne saisisse pour quelle raison, je réalise que je dois accepter. Je ne m’y sens même pas forcée, je comprends simplement que là est la chose à faire.

           Alors j’acquiesce. Il me remercie et je me lève. Sa main quitte la mienne et, du coin de l’œil, je le vois réajuster son crochet.

           Sans un mot, je quitte la salle. Ma main se pose sur la poignée de la porte que je ferme. Et, au moment où je la relâche, la refermant, j’entends nettement la voix de Crocodile gronder :

— Vous avez qualifié mon amie de « poule » pour mieux l’humilier…

— Et… Et alors ? balbutie l’autre d’une voix où l’on entend nettement sa peur.

           L’oreille collée contre la porte, j’écoute attentivement la suite, mon estomac se remuant.

— Et alors, je suis du genre conciliant et plutôt passif, j’accepte pas mal de chose.

           Un bruit sec retentit. Je sursaute quand Müller lâche un couinement de douleur. Mes yeux s’écarquillent à ce son. Non…

           James ne vient tout de même pas de le frapper, si ?

           La voix de l’intéressé résonne lorsqu’il gronde à nouveau, une obscurité vaporeuse semblant s’échapper de ces paroles :

— Mais jamais je ne tolèrerais qu’on manque de respect à cette femme.

























































𔘓

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!

j'aime trop écrire
des gars calmes
sauf quand on s'en
prend à elle 🤭

𔘓


























































Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top