𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟐
𔘓
C H A P I T R E 2 2
𔘓
Dans un grognement, je me retourne. Une douce chaleur m’embaume, mêlée d’une odeur délicate. La fragrance m’avale toute entière. Je souris contre le tissu.
Cela faisait tellement de temps que je n’avais pas aussi bien dormi.
— Hermès, je grommelle en frottant mes yeux, ma rétine me brûlant.
Le soleil frappe si fort, à travers la fenêtre. Jamais mon appartement n’a été aussi exposé. Peut-être ne suis-je pas dans la chambre mais dans le séjour. Je ne me souviens plus où je me suis endormie, après la soirée d’hier.
A vrai dire, ma mémoire ne comporte même pas d’image de mon retour ici, dans cette maison.
— Bien dormie ?
Brutalement, je sursaute. Dans un bond, je m’assois sur le canapé et me tourne vers James.
Je ne suis absolument pas dans mon appartement. Des baies vitrées, un parquet lustré, des étagères garnies de récompenses et de grands posters encadrés à l’effigie de campagnes publicitaires…
— Qu… Qu’est-ce que vous faites là ? je gronde en écarquillant les yeux. Mais cassez-vous !
Une cravate desserrée autour du cou, quelques cheveux s’échappant de sa crinière plaquée en arrière, il a laissé son visage tomber dans sa paume. Un sourire désabusé aux lèvres, il m’observe quelques instants.
— De mon bureau ? Alors ce n’est pas un mythe, vous êtes décidément la femme la moins gênée que j’ai rencontré.
— Tu parles d’un scoop, je grogne en massant ma tête, m’asseyant.
Son manteau me sert de couverture. Il l’a sans doute déposé sur moi pendant que je dormais.
— Pourquoi je suis ici ?
— Vous m’assuriez que vous ne pouviez dormir nulle part alors nous nous sommes décidés à venir faire l’interview pendant la nuit et ici, explique-t-il en posant son stylo après une signature rapide apposée à la fin du document.
Mes sourcils se froncent.
— Alors pourquoi…
— Madame qui ne peux dormir nulle part s’est mise à ronfler dès que son visage s’est posé sur mon canapé.
— Je ne ronfle jamais.
— Je savais que vous diriez cela…, lance-t-il en saisissant son téléphone portable qu’il déverrouille d’un geste rapide du pouce.
Quelques instants plus tard, il lève l’appareil dans les airs, faisant résonner le même son qui se répète inlassablement.
Un ronflement tonitruant.
— Quel genre de pervers enregistre une femme quand elle dort ?
— Le genre qui connait la loi et sait qu’une défense nécessite des preuves.
— C’est recevable d’enregistrer quelqu’un sans son consentement ? Il me semble qu’il y a une question de droit à l’image et que la voix est comprise dedans, je lâche en haussant un sourcil, mes bras se croisant sur ma poitrine.
Il marque un bref instant de silence, m’observant calmement. Mes ronflements envahissent la salle quelques secondes. Sans que nul parmi nous ne murmure quoi que ce soit.
Puis, il finit par désigner l’écran du menton :
— Sérieusement… Vous appelez ça une voix ?
— Une divine mélodie digne des plus grands.
Il pouffe en levant les yeux au ciel.
— Vous êtes décidément irrécupérable…
J’éclate de rire, ne parvenant à me retenir. Il m’observe me tordre sur le canapé et je jurerais voir un sourire étirer ses lèvres.
Me levant, je frissonne dans un gloussement et marche jusqu’à lui. Là, me laissant tomber sur la chaise juste devant son bureau, je baille bruyamment.
Il m’observe faire attentivement.
— Et vous, vous avez dormi ?
— Non, mais on peut dire que je suis en plein cauchemar.
Je fronce le nez, lui lançant un regard réprobateur.
— Méchant.
Son téléphone sonne alors les paroles qu’il me prépare, ouvrant la bouche, meurent. Il la ferme et décroche, posant le combiné sur son oreille.
— Bonjour, Candice.
Je me tends, soudain mal à l’aise. Mes entrailles se tordent et je ne comprends pas exactement pour quelle raison je n’apprécie pas d’entendre ces échos aigus jaillissant du combiné.
Ses yeux louchent sur mes lèvres et il les fixe distraitement, écoutant attentivement son interlocutrice.
— Vraiment… Oui… Bien sûr… Effectivement, je…
Sa voix meurt abruptement. J’entends nettement la colère de la femme qui l’interrompt soudain, hurlant. Son regard, toujours fixé sur mes lèvres, se hausse pour rencontrer mes yeux.
Là, il quitte son fauteuil. Quelques pas dans la pièce plus tard, il murmure des paroles que je n’entends que vaguement :
— Bien sûr que je suis seul… Je… Journaliste… Elle n’est pas… Laisse-moi… Divorcés…
Il finit par lâcher un soupir, prononçant cette fois-ci à haute voix :
— Oh ! Je t’en prie ! Je n’ai pas divorcé pour que tu me fasses des crises de jalousie ! Ton frère est mort, j’en suis navré mais cela ne m’empêche pas de rencontrer qui je veux !
Me retournant sur la chaise, j’aperçois mes chaussures sur le sol et réalise qu’il me les a ôtées.
Quelques frissons me parcourent à l’idée qu’il m’ait bordée lorsque je dormais et je préfère me reconcentrer sur lui. Il fait les cent pas, son crochet dans une poche.
— Mais puisque je te dis que je suis seul !? s’exclame-t-il en ouvrant les bras.
La porte claque, m’arrachant un hurlement strident et mes fesses frappent le sol. James n’a pas le temps de réaliser que je suis tombée de ma chaise que son regard est attiré par une silhouette, dans l’encadrement de la porte.
Mes yeux suivent d’ailleurs les siens et je découvre la nouvelle venue.
Oh putain la vache.
— Espèce de menteur.
Des cheveux de feu ramenés en un chignon-banane d’où s’échappe quelques boucles, des yeux affutés par un traits d’eyeliner, un tailleur blanc soulignant une taille de guêpe… Cette femme semble sortie d’un magazine. Et le haussement de sourcil accompagnant son doigt qui met fin à l’appel qu’elle passe n’est qu’un cliché supplémentaire.
Ses talons claquent quand elle avance.
Du bout de ses longs ongles manucurés, elle dégaine un parfum qu’elle vaporise à l’endroit où j’ai dormi dans un froncement de nez. Son regard se pose ensuite sur moi et elle sourit venimeusement.
— Ainsi, voici mon remplacement…
Aussitôt, James marche devant moi, comme pour me protéger de son corps :
— Surveilles ton langage quand tu lui parles.
Dans un rire hautain, elle penche la tête sur le côté, m’observant. Toujours assise au sol, je ne trouve rien à rétorquer, ma curiosité trop attisée pour que je réfléchisse à quoi que ce soit.
— Mon langage ? répète-t-elle en tirant une anse de son sac à main, glissant son téléphone portable à l’intérieur.
Ses lèvres rouges semblables à un fruit juteux esquissent un sourire.
— Et toi, tu surveillais ton langage lorsque tu as utilisé son visage comme inspiration pour ton pathétique jeu cruel ?
Je me fige. Mes yeux se posent sur James qui ne me regarde pas, fixant avec hargne son ex-femme.
De quoi parle-t-elle ?
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j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!
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