𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟒















𔘓

C  H  A  P  I  T  R  E    1 4

𔘓





























— Pelotonneur, brutal, épais en bouche… Une robe chatoyante… Une odeur vaporisant…

           J’observe le liquide bordeaux qui tournoie dans le verre que je tiens. Devant moi, le serveur tient la bouteille que j’ai commandé.

— Vous n’êtes pas du tout amatrice de vin, en réalité, réalise James Harold d’une voix sombre.

           Mes épaules se haussent et je dépose la coupe sur la table. De l’autre côté de la table, sous la lumière des éclairages orangés du plafonnier, il me jauge.

— Personne n’est amateur en vin. Ils disent juste des mots au hasard en plissant les yeux.

           Il ne relève pas ma remarque.

— Si vous n’aimez pas le vin, pourquoi avoir pris le plus cher de la carte ?

— Parce que vous payez, je réponds en haussant les épaules.

           Il soupire. Je ne ressens même pas de colère dans ce son, un simple agacement habitué. Il penche la tête sur le côté et fait signe à l’homme de le servir.

           Ce dernier le fait. Il repose le verre en déclarant :

— Ce n’est pas du Musigny Grand Cru mais ça fera l’affaire.

           Le serveur pose la bouteille et s’en va. Je regarde James Harold durant quelques instants, passablement amusée. Ne me remarquant, il reprend une gorgée.

           Regardant dans le vide, il semble réellement réfléchir au goût de ce qu’il ingère. Puis, secouant la tête, il repose son verre.

— Vendre ce picrate a un prix pareil, certains n’ont aucune honte.

           Ses yeux se lèvent avant de se poser sur moi. Il remarque mon air amusé.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— En fait ça existe, des amateurs de vin.

           Ses épaules se haussent. Reprenant le verre, il fait tournoyer le liquide bordeaux dans ce dernier. Observant sa fluidité, il finit par le reposer.

— Mon ex-femme est œnologue, je n’ai aucun mérite. Elle m’a tout enseigné.

— Ex-femme ? Vous avez été marié ? je demande, surprise.

           Il sourit. Je réalise qu’il me montre peu souvent cette expression. La cicatrice sur son nez se hausse. Ses yeux s’illuminent légèrement, à la lueur du plafonnier.

— Ah oui, c’est une information qu’une journaliste de comptoir ne peut pas obtenir, c’est sûr.

— De comptoir ? Navré, monsieur le pervers ! Tout le monde n’est pas né pour son métier ! je lâche en écartant les mains.

           Le serveur, qui s’apprêtait à nous demander si nous avions choisi, détourne brutalement les talons. J’éclate de rire.

— Je ne vois pas le rapport.

— Oh, l’épisode de la cabine d’essayage ! Un regard à mes nibards et vous jouiez déjà l’expert juste pour les voir de plus près !

— La vraie question est pourquoi vous me les avez montrés ? demande-t-il. C’est qui le plus pervers entre nous deux ?

           Touché.

           Je fais la moue avant de boire une gorgée. Mes sourcils se froncent et je repose le verre de vin. Grimaçant, je secoue la tête.

— Oh, c’est vraiment dégueulasse.

           J’hésite un instant.

— Pas étonnant que vous aimiez ça, je lâche.

           Le serveur s’arrête à nouveau à notre hauteur. Cette fois-ci, nous commandons pour de vrai. Il note nos paroles rapidement et tourne les talons.

           James Harold finit son verre. Sous ses yeux, je verse le mien dans le sien. Il m’observe, atterré.

— Bah quoi ? Faut pas gâcher.

           Ses yeux roulent dans leurs orbites mais il ne dit rien. Je saisis un des biscuits apéritifs laissé à ma disposition.

— Parlez-moi d’elle.

— Qui ? demande-t-il.

— Votre femme. Faut être un sacré numéro pour accepter de vous épouser. Pauvre petite dame. Je peux la rencontrer pour lui remettre une médaille ?

           Il hausse un sourcil.

— Croyez-moi, vous n’avez pas envie de la rencontrer. Ni elle de vous rencontrer.

— Et pourquoi cela ? je lâche, courroucée.

— Bah, déjà… ça.

           Il me désigne du menton. Puis, de sa main, fait un geste plus ample pour montrer l’intégralité de mon corps. Je regarde ma chemise trop courte.

— Bah quoi ? Je suis classe, je lâche.

— Pas le moins du monde.

           Mes épaules se haussent et je regarde autour de moi, espérant que nos entrées arrivent vite.

— Je n’arrive pas à croire que je ne sois même pas parvenu à vous acheter une seule tenue correcte. Je suis client dans cette boutique depuis des années. Des femmes, j’en ai faites habiller mais là…

           Penchant la tête sur le côté, j’en attends plus de sa part.

— Sérieusement, je n’avais jamais vu ça. Les pauvres dames se sont acharnées pendant des heures et…

— Quand vous dites que vous avez fait habillez des femmes, je demande, cela inclue-t-il le motif du divorce ?

           Il ne prend même pas la peine d’être outré.

— Je n’ai pas trompé ma femme.

— Alors pourquoi vous avez divorcé ? je demande, un sourire curieux aux lèvres.

— Il s’agit de ma vie privée.

           Les yeux grands ouverts, je continue de le regarder. Attendant des réponses, je le dévisage. Il m’ignore quelques instants avant de soupirer.

— Putain, ce n’est pas vrai, on vous a déjà dit que vous étiez insupportable ? s’exclame-t-il.

— La soupe à l’oignon ?

           Le serveur nous sourit de toutes ses dents, attendant qu’on lui réponde. Une fois les entrées disposées devant chacun d’entre nous, nous commençons à manger.

           Je lâche quelques exclamations de satisfaction. Autour de moi, je sens des regards se poser sur ma personne. James Harold cache son visage derrière sa paume.

— Vous n’êtes vraiment pas sortable, grogne-t-il.

           J’acquiesce vivement, continuant à manger.

           Soudain, il pousse un soupir et se lève. Je le regarde faire, surprise.

— Qu’est-ce que vous faites ?

— Prendre l’air avant de vous en coller une. Bon sang, vous êtes vraiment insupportable.

           Je me retourne, le suivant du regard tandis qu’il sort. Je le vois dégainer un cigare avant de sortir du restaurant.

           Je le fixe quelques instants.

— Quelle ordure…, résonne soudain une voix, dans mon dos.

           Me retournant, je croise le sourire blanc d’un blond. Ses cheveux coiffés en arrière et ses longs cils lui donnent des allures de prince. Un trait d’eyeliner surmonte son regard attentif.

           Ce visage ne m’est pas inconnu…

— Je suis le docteur Dumas. Cardiologue.

— Mais bien sûr ! je m’exclame dans un sourire.

           Il fait partie de la longue liste de célébrités que j’ai harcelé. Mes lèvres se pincent brutalement et j’hésite soudain à lui donner mon nom.

— James Harold…, lâche-t-il depuis la table d’à côté. Depuis son divorce, je ne l’ai jamais vu avec une seule femme. Et maintenant qu’il vous a, il se comporte ainsi ?

           Mes yeux s’arrondissent.

— Ah mais ce n’est pas…

— Une beauté telle que vous, en plus !

           Pardon ?

           L’homme se lève avant de se rassoir juste devant moi, à la place de Crocodile. Saisissant le verre de ce dernier, il boit une gorgée.

           Ses sourcils se froncent.

— Il a, en plus, très mauvais goût en vin.

           Des être atypiques, j’en ai croisé — comme celle qui me regarde dans le miroir — mais bon sang, un gars aussi décomplexé, je croyais que ça n’existait que dans les films.

           M’observant de ses yeux plissés, il soupire :

— Et vous emmener diner dans un restaurant aussi classe sans prendre le soin de vous habiller avant ? Oh non, cet homme n’est décidément pas un gentleman.

           Je rêve ? Quelqu’un qui le déteste autant que moi !

— Et en plus, la dernière fois, il m’a fait virer de son entreprise !

— Non ? s’exclame le cardiologue.

— Il a appelé la sécurité ! Alors que j’avais rien fait ! J’étais super polie, et tout ! Un vrai ange ! C’est simple : j’étais irréprochable.

           Il brandit les mains, comme pour montrer mes paroles, insister sur le fait qu’elles sont véridiques. Il me sert un verre en lançant chaleureusement :

— Je sens qu’on va s’entendre, vous et moi !








































𔘓

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!

sinon, wattpad qui
fait une màj censée
corriger les bugs
mais qui contient
juste d'autres bugs,
on en parle ?

j'espère au moins que
cette fois vous recevrez
les notifications

𔘓






































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