𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟐








𔘓

C  H  A  P  I  T  R  E    1 2

𔘓




























— SECURITE ! SECURITE !

           Un bras est entouré solidement autour de ma cuisse tandis que l’autre s’enfonce entre mes dents, m’empêchant de crier. Je grogne quand même contre sa chaire, me débattant avec ardeur. Mon pied de libre s’agite dans les airs.

           Je tente de frapper James Harold qui me fixe, lâchant un soupir. Autour de nous, les clients observent la scène, médusés. Mes yeux s’écarquillent lorsque je tente de le menacer avec ceux-là, ma bouche étant immobilisée.

— SECURITE ! hurle à nouveau une femme.

— Boucle-la, la sécurité, c’est moi ! grogne l’homme qui me retient.

           David me retient sans grand mal, étant extrêmement musclé et grand. James Harold doit s’en douter car il me regarde sans craindre quoi que ce soit, les mains enfoncées dans les poches.

           Non loin, j’aperçois Nadia soupirer du coin de l’œil.

— Enfin, vous êtes ridicule ! Je vous ai simplement proposé un travail !

           Un hurlement me prend, étouffé par le bras de David. J’entends d’ailleurs ce dernier soupirer.

— Bon, elle fait cuir les clients, là, lâche-t-il. Je sais que c’est pas une première mais vous voulez pas la récupérer ?

           James Harold acquiesce :

— Bien sûr. Ne la laissons pas vous importuner plus longtemps.

           Aussitôt, mes pieds touchent le sol et je m’élance vers James Harold, prête à lui sauter au cou. Il me laisse avancer et, au dernier moment, se décale sur le côté. Mes propres jambes s’emportent dans leur élan et je ne parviens pas à freiner.

           Je sors du restaurant à toute vitesse et piétine pour m’arrêter. Le son de la porte se refermant retentit, dans mon dos.

           Je me retourne, découvrant James Harold, sur le seuil, accompagné d’Hermès. Mon chien me rejoint en quelques pas tandis que l’homme s’allume un cigare.

— Il n’y a pas à dire, grommelle-t-il.

           Je croise les bras, le fusillant du regard.

— Vous êtes décidément bien attaquée, comme nana.

— Nananèreuh…, je lui tire la langue.

— Quelle maturité…

           Il fume son cigare et je remarque qu’une mèche folle tombe devant ses yeux. De toute évidence, la matinée a été épuisante.

           Je suppose que l’avoir l’idée idée de venir me demander de travailler pour lui a peut-être été pire que de la mettre en action.

— Vous savez, ma proposition de venir vous battre contre moi tient toujours.

— Mais c’est quoi votre putain de problème !?

           Une autre mèche volte devant son visage lorsqu’il écarte les mains. De toute évidence, ma prise de parole l’a désemparé. Je pensais pourtant l’aider, lui permettre de se défouler.

           Mes épaules se haussent pour toute réponse. Il soupire, fumant à nouveau son cigare.

— Bon… De toute façon, je ne sais pas pourquoi j’essaye de tirer le moindre sens dans une situation où vous vous trouvez… Vous êtes tout de même bien allumée.

           Il me fixe en déclarant cela, espérant sans doute obtenir une réaction de ma part. Je le regarde en retour, silencieuse et inerte.

           Il soupire, voyant qu’il ne parvient pas à m’atteindre.

— Est-ce que nous pouvons discuter poliment de la proposition que je vous ai faite ? demande-t-il. Elle n’était pas si déplacée que ça, quand même !

— VOUS SAVEZ OU VOUS POUVEZ VOUS LA CARRER, VOTRE PROPOSITION D’EMPLOI ?

— Et c’est reparti…, soupire-t-il.

           Je m’apprête à me jeter sur lui lorsqu’il brandit sa paume, m’intimant silencieusement de ne pas bouger. Je ne sais trop pour quelle raison, je lui obéis.

           Immobile, je l’observe fumer à nouveau sur son cigare. Mon regard se fait noir tandis que je cherche une méchanceté à lui lâcher.

— Je viens de comprendre pour quelle raison vous puez.

— Non seulement ce que vous dites est faux mais vous devriez changer de disque, soupire-t-il. Cela fait vingt fois que vous me bassinez avec cela et ça devient lassant.

— Lassant ou vexant ?

           Il hausse un sourcil hautain.

— Comment pourrais-je être vexé ? Vous êtes toujours négligée et crasseuse… Croyez-moi, vos remarques sur mon odeur ne me font aucun mal. Je me dis simplement…

           Il prend une profonde inspiration et observe l’éther, au-dessus de nos têtes.

— « Ciel ! Mais quelle audace ! Quel culot ! Quel toup… »

— C’est bon, j’ai compris, je grogne.

           Je le fusille du regard, les bras croisés. Il tire à nouveau sur son cigare tandis qu’Hermès se presse à mon mollet, me caressant.

           J’aimerais gratter affectueusement la tête de mon chien. Cependant une partie de moi est encore outrée qu’il ait fait la fête au grand puant, tout à l’heure.

— Je vous l’accorde.

           Mes sourcils se froncent et je regarde James Harold. Est-ce que cet abruti pourrait donner quelques éléments de contexte à ses phrases avant de les lâcher ?

— Ecoutez, je ris, je sais que je suis d’une intelligence remarquable…

— …C’est absolument faux.

— …Masi précisez vos phrases, à l’avenir, je lâche en ignorant la sienne. Je ne peux pas tout deviner.

           Il acquiesce, tirant une énième fois sur ce maudit cigare.

— Le prix que vous m’avez demandé, la dernière fois, pour une vidéo. Je vous l’accorde.

           Un cri de stupeur mélangé à un rire s’échappe de ma gorge.

— Eh bah, mon con !

— Surveillez votre langage ! tonne-t-il, ses dents serrées.

— Oui, pardon, j’ai paniqué.

           Ses sourcils se haussent à mes excuses et je déglutis péniblement. Bon sang… Est-ce une réelle conversation ? Ou suis-je en train de rêver ? Enfin, il s’agit tout de même d’une sacrée somme.

— Vous êtes prêt à me payer 10 000 € par interview ? je demande.

           Il acquiesce. Quelques instants, il reste silencieux. Puis, comprenant ma surprise, il étaye :

— Tous les articles sur la nouvelle face de mon entreprise n’ont eu aucun effet. Nous avons eu beau écrire que nous prenions à cœur l’écologie, la catastrophe que nous avons connue, du temps de notre prédécesseur, ternissait cette image.

           En effet, je le sais. L’ancien directeur de Lilith a commis quelques bévues qui lui ont valu de biens sombres scandales.

— Personne ne nous écoutait. Personne ne nous lisait… Mais lorsqu’ils ont publié cette interview, tous ont cherché à en apprendre plus sur moi, sur ce que j’ai changé dans cette entreprise…

           Je vois… Alors cette interview a été un sacré coup de pouce pour la côte de l’entreprise. James Harold a beau être connu dans le monde de la finance, la plupart des gens ne songent qu’à son entreprise et les problèmes qu’elle a causé par le passé.

           Qu’importe si sa direction a changé.

— Ah oui…, je réalise en croisant les bras, levant le nez avec fierté. Vous me devez la survie de votre entreprise, en fait.

           Il lâche un soupir, levant les yeux au ciel.

— Quoi qu’il en soit, d’autres interviews sont réclamées et nous allons le faire. Si vous le voulez bien…

— 10 000 € l’interview et cinq interviews pas semaine ? Évidemment, que je le veux ! je lâche en m’éloignant, ravie, Hermès me suivant.

           Aussitôt, j’entends les pas de James Harold, dans mon dos.

— Attendez, il n’a jamais été question de cinq interviews par semaine !

— Nanana ! J’entends pas !

           Les doigts dans mes oreilles pour les boucher, je marche. Cependant, son ombre sur le reflet des voitures me permet de voir qu’il me suit.

— J’entends pas ! J’entends pas ! Je pense à mes 50 000 € par semaine et j’ent…

           Une main agrippe brutalement mon poignet. Je n’ai pas le temps d’hurler qu’on me tire en arrière. La suite se déroule en un instant.

           Hermès aboie. James m’attire contre son torse. Mon dos percute son ventre. Le chien bondit sur nous, crocs dehors, prêt à me défendre.

           Poussant violemment James, j’entoure le quadrupède que je plaque à mon torse. Aussitôt, je l’écarte. Les dents d’Hermès se referment sur rien.

— Calme-toi, mon ange ! Calme-toi !

           Mes lèvres se pressent à son crâne et il aboie encore une fois. Je sens contre moi son cœur battre plus lentement. Il se calme. Un soupir me prend.

           Hermès calmé, je me retourne.

— C’est un ancien chien de combat, je lâche à James Harold. Il réagit très mal quand on m’attaque ou se montre un peu brusque avec moi.

— C’est une excellente nouvelle, ça.

           Malgré moi, je souris.

— Bon allé, lance-t-il.

— Allé ?

— Nous allons vous acheter quelques vêtements pour notre prochaine interview. Je refuse de vous revoir avec ce tee-shirt abominable.

— Vous savez ce qu’il vous dit, mon tee-shirt ?

— Je paye.

           Je me redresse aussitôt.

— Allons-y ! Il faut être présentable.

           Il me suit aussitôt et j’entends son rire, dans mon dos.

           Je sens que notre équipe va être sacrément singulière.



















𔘓

un début de
partenariat ?

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!

𔘓























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