──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔𝟖
























L  E    J  E  U    D  E
—     C    A    R    T    E    S     —































           Un rire franchit mes lèvres, aussitôt avalé par l’eau qu’Eren me projette au visage. Je tourne la tête pour éviter le jet, en vain. Mes yeux s’écarquillent lorsque la giclée chaude touche mon visage.

— Oh !

— JE T’AI EU ! s’exclame-t-il dans un cri victorieux, brandissant les poings en sortant de l’eau.

           Figée, la main flânant à côté de ma peau, n’osant même pas toucher mon visage de peur d’empirer les dégâts, je le foudroie du regard. Cependant, le brun ne se rend même pas compte du problème.

           Ses épais bras levés de chaque côté de son corps, comme s’il était un messie, il montre son visage au ciel. Les yeux fermés en une mine recueillie, laissant les lueurs orangées des lampes à huile dessiner des cercles flatteurs le long de son torse tatoué, il acquiesce. Le bas de son corps disparaît sous la surface de l’eau dans laquelle il se baigne.

— Putain, qu’est-ce que je suis bon !

           Une envie me prend d’éclater de rire. Je la refreine aussitôt.

— Eren !

           Aussitôt, il baisse les yeux. Ses bras retombent le long de son torse trempé et, malgré mon agacement, mes pupilles suivent la course d'une goutte d’eau, entre ses pectoraux. Elle retrace la fine ligne d’un de ses tatouages.

           Je déglutis péniblement.

           Mes sourcils se froncent en réalisant que je n’avais jamais vu ce dernier, auparavant. J’entends par là que la dernière fois que j’ai pu admirer son torse — un matin comme un autre où il s’est trouvé complètement nu dans les couloirs de l’université — il ne le portait pas.

           Cependant, je découvre à présent un as, un pique, un cœur, un carreau, tracé en fine ligne depuis son pectoral. 

           Un sourire étire mes lèvres à cette vision.

— Tu sais, quand on prononce le nom des gens d’un ton qui sous-entend qu’on s’apprête à les tuer, généralement, on explicite les raisons du meurtre…, déclare-t-il soudain face à mon mutisme.

           Je sursaute presque, réalisant qu’il m’a sans doute prise la main dans le sac, en train de le reluquer. Lorsque je me redresse et croise son regard taquin, j’en ai la confirmation.

           Ceci dit, il a gagné en maturité. Il y a peu, j’aurais déjà eu le droit à moultes remarques sur le fait que j’observais son co…

— Tu veux un petit bout d’amour ?

           Secouant la tête, je pouffe de rire. Les gouttelettes sur mon visage ne sont pas encore tout à fait sèche et l’une d’entre elles coule d’ailleurs sur ma joue à ce geste.

           Aussitôt, je me rappelle que j’étais originellement censée l’engueuler.

— Alors ? On veut une tranche d’Eren ? insiste-t-il dans un regard malicieux.

           Tout en classe, en finesse, en subtilité…

— Par contre, j’ai pas pris de capotes ave…

— Sérieusement, Eren ? je l’arrête enfin, lui faisant les gros yeux et m’efforçant de ne pas rire.

           Les sourcils froncés, il m’observe, ne comprenant visiblement pas mon air courroucé. Puis, son regard dérive et je vois sur ses traits qu’il remet en question ses précédentes paroles.

           Cependant, il secoue rapidement la tête en croisant les bras d’un air boudeur, ne comprenant visiblement pas ce que je lui reproche..

— Je suis désolé. Ça faisait tout à fait sens dans la conversation ! 

— Une conversation que tu avais tout seul ?

— Exacte… Non !

           Il tente de garder les sourcils froncés et je me délecte de cette vision. Eren  a cette façon d’afficher une mine boudeuse dès que quelque chose ne lui convient pas, espérant me faire changer d’avis en attisant ma compassion, tout à fait charmante.

           Seulement, même s’il peut être adorable, j’adore enfoncer le clou lorsqu’il fait cela.

— Eren, je m’apprêtais à te réprimander pour m’avoir arrosé. Quel rapport avec le sexe ?

           Les bras croisés, il abandonne bientôt sa mine boudeuse. Ses sourcils haussés contemple le sol tandis qu’il réfléchit. Et je réalise bientôt qu’il n’essaye pas de trouver une réponse à ma question, au contraire.

           Il en a une particulièrement sale en tête et il se demande s’il serait judicieux de me la partager. Avec horreur, je le vois prendre une profonde inspiration, ouvrant la bouche.

— Et bien, le rap…

— Non !

— Non ?

— Non.

— Mais…

— Non.

           A nouveau, il boude. Je secoue la tête et pince théâtralement l’arête de mon nez, arborant avec soin l’allure d’une mère de famille outrée.

— Eren… Le problème d’origine était la giclée d’eau sur mon visage.

           Là, ses lèvres se pincent en une moue embarrassée. Seulement, je le connais assez pour savoir qu’il ne se sent pas coupable d’avoir ruiné mon maquillage. Non. Autre chose cloche.

           Alors, dans un soupir, je demande : 

— Quoi ?

— Rien… C’est juste qu’on voit nettement qui est le major de promotion ici.

           Mes yeux s’écarquillent et je me tends aussitôt, le foudroyant du regard. Il esquisse un sourire fier de lui, se dandinant d’un pied sur l’autre.

— Bah quoi ? Je suis désolé mais il n’y a pas trente-six solutions. Ton visage est mouillé ? Tu le sèches. Enfin, je veux pas dire que j’ai révolutionné les sciences mais…

— Petit con.

— Quoi ?

— PETIT CON.

           Il n'a pas le temps de reculer. D’un bond, je me projette sur lui, toutes griffes dehors. Un cri franchit ses lèvres quand mes jambes s’enroulent autour de sa taille et mes bras, de son cou.

           Je me crispe, prête à me sentir basculer en avant, sur lui. Cependant, nous demeurons immobile.

           Quelques instants plus tard, je réalise qu’il m’a attrapée au vol. Et qu’il ne tremble pas un instant.

— Je… Quoi ? je m’exclame en me penchant, observant ses mains fermées sous mes cuisses et son corps droit, solide sur ses appuis. Mais t’étais censé tomber !

           Un sourire malicieux étire ses lèvres lorsqu’il penche la tête sur le côté.

— Tu crois sérieusement que je ne m’entraîne pas à soulever ton poids, à la salle ?

           Mes sourcils se haussent brutalement en une moue scandalisée. Il réalise aussitôt ce qu’il vient de dire.

— Je te jure que ça avait l’air plus romantique, dans ma tête.

           Je secoue la tête, dépassée par les évènements. L’eau ruisselle sur mon tee-shirt, le plaquant à ma peau. Mais je n’ai pas froid. Un vent chaud agréable m’apaise.

           Assise dans les bras d’Eren, j’encaisse l’échec cuisant de mon plan.

— Tu sais que c’est de la simple physique ? déclare-t-il de son habituel ton goguenard, se plaisant à remuer le couteau dans la plaie. Là aussi, on voit pourquoi t’es pas major de promoti…

— Pas de sexe avant trois ans ? je le menace simplement.

— T’es major de promotion ! T’es major de promotion ! 

           Je tente d’avoir l’air dépassée mais je ne peux m’empêcher d’éclater de rire, secouant la tête. Eren arrive à être toujours drôle, sans même essayer.

           Son visage se glisse dans le creux de mon épaule. Son souffle caresse ma peau lorsqu’il susurre : 

— Et ne t’en fais pas, ton maquillage a très bien tenu.

           Là-dessus, il dépose un baiser sur mon épaule et me repose sur le bord du bassin. Encore ruisselante, je m’étire dans un bâillement tandis qu’il me contourne pour atteindre nos vêtements.

           Sa main s’attarde sur ma hanche lorsqu’il me dépasse et il abandonne ses lèvres sur le sommet de mon crâne. Mon cœur bat à toute vitesse face à ce geste si anodin.

           Je ne peux m’empêcher de fondre un peu plus pour chaque petite attention qu’il peut avoir.

           Les yeux plein d’amour, je me retourne pour le regarder ramasser nos vêtements. Aussitôt, mes sourcils se froncent, réalisant qu’il n’est pas là où je le croyais. Je baisse donc les yeux, le cherchant.

           Mon coeur fait soudainement un bond.

           Il est à genoux, à mes pieds. Fraîchement habillé de sa chemise et de son pantalon qui collent à sa peau à cause de quelques gouttelettes, il affiche un sourire radieux, quoi que ses joues soient roses.

           Et, dans sa main, je distingue un écrin de fiançailles.















































oui, je vous ai encore coupé...

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