──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔𝟕
L E J E U D E
— C A R T E S —
Nerveusement, je me dandine d’un pied sur l’autre. Mes mains moites n’ont de cesse de lisser ma robe à hauteur de mes cuisses. Ma poitrine est chaude tandis que l’air dedans peine à s’en échapper.
Mon estomac n’a de cesse de se retourner. Les doigts tremblotant, je n’arrive pas à en calmer les spasmes. Malgré mes profondes inspirations, je ne fais que frissonner.
La robe est pourtant belle.
Soyeux, le tissu tombe en cascade sur mon corps, ravissant le moindre de mes mouvements. La teinte de l’étoffe semble avoir été tirée de mon âme même, résonnant avec chaque forme, chaque teinte, chaque reflet de mon corps. Un frisson me parcourt quand je touche ma personne, parée de tant d’élégance.
Eren l’a choisi.Avec soin, il l’a sélectionnée spécialement pour moi.
— Qu’elle est belle…
Mes yeux brillent, détaillant mon reflet.
Ce soir marque le début d’une plus grande aventure. Ce que j’ai connu jusqu'ici m’en a mis plein la vue. Cependant, à présent, je ne peux que me placer face à l’avenir et l’accueillir dans un sourire apaisé.
Deux coups délicats sont portés à la porte de la salle de bain.
— (T/P) ? C’est moi.
Mes yeux s’écarquillent en entendant la voix d’Eren. Je détaille quelques secondes plus mon apparence, me sentant plus nerveuse encore.
Mon estomac se soulève quand je murmure maladroitement :
— En..tre.
— D’accord, j’en.. entre, lâche-t-il dans un rire malicieux qui m’arrache un soupir faussement exaspéré.
Il éclate de rire en m’entendant réagir, ouvrant la porte. Puis, s’approchant machinalement de moi qui lui montre le dos, il s’apprête à plaquer son torse à mes omoplates mais se fige brutalement.
Ses yeux s’écarquillent en se posant sur mon reflet, dans le miroir. Il se fige brutalement. Nettement, je distingue sa pupille qui se dilate, assombrissant son regard.
Sa respiration chute, s’approfondissant.
— Eren ?
Il ne répond pas tout de suite. Ses billes noires, dont l’iris a entièrement été engloutie par une émotion nouvelle, se contentent de me détailler.
— Tu… Tu l’as mise.
J’acquiesce doucement, osant à peine faire un geste. L’air semble s’épaissit, freinant le moindre frisson. La tension est presque palpable, pulsant comme un cœur nous emprisonnant.
Je le fixe, par l’intermédiaire du miroir. Lui ne regarde pas mes yeux mais tout le reste. Tout de ma personne. Chaque détail, jusqu’à celui qui pourrait paraître le plus insignifiant.
Mon épaule. Mon bras. Ma main. Ma poitrine. Mon ventre. Ma taille. Ma hanche. Ma jambe. L’autre jambe. L’autre hanche. L’autre main. L’autre bras. L’autre épaule.
Je n’ose même pas respirer.
— Tu es si…
Sa voix se bloque dans sa gorge. Surprise, je le regarde par-dessus son épaule. Il continue d’observer mon reflet, puis son regard glisse sur mon visage.
Ses yeux se plongent dans les miens. Saisissant mon menton entre son pouce et son index, il dévie son regard sur ma bouche gorgée de sang.
Je ressens chaque vaisseau pulsant dans mes lèvres. Comme un cri de douleur, une supplication. Des plaines arides réclamant la pluie. Une fleur fanée attendant le soleil.
Lui.
— Ere…
Tendrement, ses lèvres se posent sur les miennes.
Aussitôt, il me semble que chaque poids — même ceux que je ne soupçonnais pas d’exister — quittent ma personne. Chaque geste de sa langue, pression de sa bouche, caresse de sa peau… Chaque spasmes précieux d’amour m’arrache à la souffrance que j’ai pu connaître.
Ses bras glissent autour de ma taille, me plaquant contre lui. Nos torses se pressent un peu plus à chaque respiration, comme si nos cœurs cherchaient à se fondre l’un en l’autre.
J’ouvre la bouche, laissant sa langue danser avec la mienne. Mes mains traversent ses longs cheveux, enroulant chaque mèche autour de mes doigts. J’inspire profondément son odeur, ivre de chaque parcelle de sa personne.
— Eren…
Ma voix meurt dans un soupir.
Nos fronts se posent l’un sur l’autre tandis que nos yeux se sourissent. Et, sous le rebord tanguant de sa paupière, je lis la tranquillité du ruisseau de son âme. Il coule le long de son iris, en un anneau de lumière. La signature d’un pacte.
— Tu es prête pour ce restaurant ?
Je hoche doucement la tête.
— Attends, deux secondes…
D’un battement de paupières, il disparaît. Surprise, je l’entends s'éclipser dans sa chambre avant de revenir dans la salle, son portable à la main.
Le dégainant, il le place devant lui et esquisse un sourire. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, dans un premier temps. Puis une lumière perce la caméra de son téléphone suivie d’un cliquetis mécanique.
Il vient de me prendre en photo.
— Désolé de nous avoir retardés, chuchote-t-il dans un sourire, pianotant quelques instants sur son téléphone. Mais tu es tellement belle, j’avais envie de le garder en souvenir.
Un frisson me parcourt. Il me tend la main. Je la saisis, frissonnante.
Je réalise alors que lui aussi, s’est fait beau pour l’occasion. Un pantalon en toile clair habille ses jambes, dans lequel est rentré une chemise blanche retroussée jusqu’au coude mettant en avant ses tatouages. A son poignet, un bracelet brille.
Il m’appartient. Je souris à cette vision.
Je le remarque lorsqu’il attache ses cheveux en un chignon, avant de reprendre ma main. A l’autre, une montre visiblement hors de prix indique que nous allons bientôt manquer notre réservation si nous ne nous dépêchons pas.
— Allons-y… Il est quel heure ?
Je pouffe de rire en le voyant regarder sa montre, marmonner qu’il déteste “les montres pour intellectuels” puis saisir son portable afin de lire l’heure digitale. Là s’affiche son fond d’écran.
La photo qu’il vient de prendre de moi.
— Oula, faut se dépêcher !
Je ne peux refreiner le sourire béat qui étire mes lèvres lorsqu’il me tire à sa suite.
☆
— Alors ?
Enfoncée dans mon siège, je ne réponds pas tout de suite à Eren. Depuis quelques instants, mes yeux clos savoure la caresse de l’air printanier sur mon visage. L’odeur de l’herbe coupée flotte à moi, imprégnant toujours mieux en moi l’endroit où nous nous trouvons.
Mes yeux s’ouvrent, redécouvrant encore une fois ce lieu devant lequel je n’ai eu de cesse de nous extasier depuis notre arrivée.
Les lueurs orangées des lampes à huile projettent des halos dorées, çà et là, illuminant avec timidité mais chaleur chaque recoin de cette salle.
Alors, j’observe leur éclat se décomposer à la surface du bassin, azur, devant nous. Ce dernier a été creusé à même le sol de pierre, légèrement rugueux, qui se poursuit jusqu’à une marche de marbre. Là, deux colonnes marque l’entrée d’un coin douillet où prospèrent des plantes.
Au milieu, un table de bois s’étend, parée de breuvages et apéritifs. De chaque côté de cette dernière, nous nous regardons.
Je frissonne. Les bougies, les plantes, les palmiers, le bassin, les colonnes… Tout cela semble sorti d’un film.
— Eren, c’est tellement beau.
— Pas vrai ? demande-t-il dans un sourire ému, regardant le bassin. Quand j’étais petit, je rêvais de me baigner ici. Je veux dire, regarde ça !
Un rire franchit ses lèvres quand ses yeux brillent, baignés des lueurs des lampes à huile.
— On se croirait dans un château ! Un palais !
— Et pourquoi tu n’as jamais pu t’y baigner ? je demande dans un sourire, découvrant l’excitation qu’il ressent face à ce lieu.
Ses épaules se haussent.
— Je… Les gens bien élevés, selon mon père, ne batifole pas dans l’eau comme des gamins.
— Mais tu étais un enfant !
Ses épaules se haussent.
— Pas à ses yeux.
Ma mâchoire se contracte quand je secoue la tête, agacée. Et, délaissant la carte des plats que je suis censée consulter, je fais glisser ma robe le long de mon corps.
Les yeux d’Eren s’écarquillent.
— Tu as bien dit que les serveurs ne pouvaient pas nous voir et qu’ils ne venaient que si on activait cette cloche ? je demande en désignant celle-ci du menton.
Il acquiesce, observant mon débardeur et mon cycliste, surpris.
— Alors je crois qu’il est temps de se baigner !
Un sourire fend son visage et ses yeux s’illuminent. Je n’ai même pas à le convaincre qu’il commence à retirer ses affaires, souriant à pleine dent.
Mon corps bat à toute vitesse à cette vision.
Mais il redouble d’intensité quand, sur son pantalon plié, à côté de sa montre, il dépose une boîte noire en forme de cube.
Un écrin de fiançailles.
oui, je vous coupe au
moment de la
demande !
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