──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓𝟔
L E J E U D E
— C A R T E S —
Lorsque Charlotte s’en est pris furieusement à la porte d’une maison et que son action a été enregistrée, il ne s’agissait pas de notre demeure mais de celle d’un riverain.
Le juge n’a donc pas considéré légitime ma requête et a refusé la demande que j’avais faite afin d’obtenir une injonction d’éloignement contre la jeune femme.
Je ne l’ai pas encore annoncé à Eren.
— Tiens, je t’ai pris ça et ça… Et ça !
Les joues d’Eren revêtent une teinte rosée lorsqu’il est excité. Partout où il court, sa peau se fonce un peu plus. Mais cela vaut le sourire étincelant qui étire ses lèvres.
A toute vitesse, il sort des sacs de papier flanqué d’élégantes lettrines différentes étoffes. Les yeux ronds, je le regarde déposer des pantalons, combinaisons, tailleurs et pulls sur les draps.
Je ne comprends rien à ce déluge.
— Eren… Je vais simplement rencontrer ta famille, je… Tu crois qu’ils ne m’apprécieront pas si je viens dans mes baskets et jeans ?
Aussitôt, il se redresse. Ses sourcils font de même quand il m’adresse un regard profondément consterné. Passant une main dans ses longs cheveux bruns, il les emmêle d’un geste non réfléchi.
Ce n’est que lorsqu’il glisse ses yeux sur le tas de vêtements qu’il réalise pourquoi je lui pose cette question.
— Q… Quoi ? Mais non ! M…
Aussitôt, il se précipite sur l’une des jupes qu’il fourre dans un sac. Puis, il recommence avec un manteau. Il fait de même avec une blouse.
Ne comprenant d’abord pas sa façon de tout empaqueter, je m’approche d’un pas.
— Mais que je suis con, que je suis…, grogne-t-il.
— Hé.
Doucement, ma main se place sur son épaule. Aussitôt, il cesse de se mouvoir à toute allure. Ses yeux émeraudes se posent sur moi.
— Eren, pourquoi tu réagis comme ça ? je chuchote calmement.
Il ne répond pas tout de suite, contemplant les tissus étalés sur mes draps. Puis, dans un soupir, il recule de quelques pas et se laisse choir sur l’autre lit.
Lorsque je l’imite, le matelas s'affaisse légèrement sous mon poids et je rebondis. Sa paume glisse alors sur ma cuisse, me stabilisant.
Et il dépose sa tête sur mon épaule.
— Qu’est-ce qu’il se passe, Eren ? je demande doucement.
— Je crois que j’ai peur.
Dans un soupir compatissant, je laisse mes doigts traverser ses cheveux pour masser son crâne. Contre mon avant-bras, ses cils caressent ma peau lorsqu’il ferme les yeux.
— Et pourquoi as-tu peur ?
— Je ne sais pas, couine-t-il presque. J’ai juste… cette angoisse constante qui me bouffe. J’ai la sensation que quoi que je fasse, je ne m’en sortirai pas.
Mon coeur se serre douloureusement.
Malheureusement, lorsque la drogue a été une béquille durant des années, il est compliqué de savourer la simplicité d’une vie sans. De plus, la moindre épreuve semble insurmontable.
Bien qu’ici, l’épreuve insurmontable soit une simple incertitude quant à l’avenir.
— Eren…
Doucement, je m’éloigne de lui. M’installant mieux sur le lit, je me place de sorte à lui faire face. Lui aussi se redresse et je découvre son regard profondément fatigué.
Des cernes se sont creusés sous ses yeux. Malgré la sobriété, Eren semble plus mal en point que jamais. Car là est la vérité, sur la désintoxication.
Son corps est fatigué, réclame la substance tandis que son esprit est malade, demande l’euphorie.
Plus tard, les choses iront mieux. Je l’espère. Cependant pour l’instant, ses cheveux sont gras, il ne se lave que rarement et il est constamment fatigué.
Doucement, je saisis son visage en coupe. Sa peau est sèche, contre mes mains, mais je prétends ne rien avoir remarqué. Mes pouces caressent ses pommettes, en profitant pour lisser les taches de larmes aux coins externes de ses yeux.
— …C’est normal d’avoir peur, mon ange. C’est… Je sais combien c’est inconfortable, encore plus après avoir passé tant de temps à te distancer de tout cela grâce à ces substances. Maintenant, tu dois affronter la vérité de la vie.
Il acquiesce. Je dépose un baiser sur le bout de son nez. Aussitôt, sa peau vire au cramoisie et son regard s’illumine.
La pression douloureuse sur mon organe vitale s’amenuise doucement tandis qu’il m’observe avec tendresse.
— Maintenant, dis-moi…
Mon regard s’attarde sur cette quantité astronomique de sacs.
— Je suis personnellement flattée que tu me couvres de tous ces cadeaux. Mais les as-tu fait par crainte que ta famille me juge si je ne porte pas de choses onéreuses ?
Il ne me regarde que quelques instants avant de baisser les yeux. Je réalise alors que j’ai visé juste.
— Je suis tellement désolé.
Vivement, je secoue la tête.
— Non, ne le sois pas.
Doucement, je caresse ses épaules. Puis, mes lèvres se déposent sur sa joue.
— Tu as été habitué à leur présenter des filles de ta classe sociale et tu as peur qu’elle ne m’apprécie pas.
Il acquiesce doucement.
— Mais Eren… je suis moi. Et tu m’as toujours aimée comme j’étais. Crois-moi, tes cadeaux m’ont fait plaisir et tu as tellement investis dedans que je vais les porter, quand on sera chez ta mère.
Avec douceur, je caresse sa joue.
— Mais je ne le ferai qu’au bout de trois jours. Durant trois jours avant cela, je vais m’habiller comme je me suis toujours habillée. Et si ça ne lui plaît pas, je t’informe que je n’en aurais rien à foutre.
Il acquiesce doucement.
Là-dessus, je me lève. Laissant une dernière caresse sur la tête d’Eren, je marche jusqu’au minuscule comptoir marquant notre cuisine d’à peine deux mètres carrés.
— (T/P) ?
Me retournant, je surprends le regard affligé de mon copain.
— Je n’ai pas honte de toi. Tu le sais, n’est-ce pas ? Je ne veux juste pas qu’elles aient des propos qui te fassent mal. Mais aucun vêtement ne changera jamais ta valeur et elle est déjà plus haute que n’importe quoi dans cet univers.
Légèrement surprise, je ne réponds pas. Il ne saisit peut-être pas que mon silence est seulement dû à de la stupeur car il déclare simplement :
— Je suis peut-être l’héritier d’une grosse fortune mais je n’ai découvert la véritable richesse qu’après t’avoir rencontrée.
Ses yeux s’humidifient.
— Je n’ai pas honte de toi, vraiment.
Un léger sourire étire mes lèvres.
— Mais enfin, Eren, pourquoi tu te justifies autant ?
Ses sourcils se haussent lorsqu’il penche la tête sur le côté. Là, un hoquet secoue sa poitrine et il chuchote :
— Et bien… Parce que tu pleures.
Surprise, je fronce les sourcils.
Cependant une caresse mouillée sur ma joue confirme ses dires. Touchant ma pommette, je découvre que des pleurs couvrent effectivement mon visage. Fronçant les sourcils, je peine à croire ce que je regarde.
— Je ne comprends pas… Je ne suis pas vexée alors pourquoi je pleure ?
Eren pousse un soupir navré.
— Il est temps qu’on se concentre aussi un peu sur toi, tu ne crois pas ?
Sa voix est douce mais je ne peux consentir à de telles paroles. Pas lorsqu’il semble si mal en point.
— (T/P), tu es aussi malade. Tu mérites aussi une certaine attention.
— Mais j’ai de l’attention ! J’en ai, je te jure ! je m’exclame en entendant ma voix dérailler à mesure que ma gorge se serre. Je te promets, j’ai de…
Doucement, il se lève. Secouant la tête, je le regarde s’approcher. Mon corps se réchauffe à mesure qu’il approche, répondant naturellement à sa présence. Tremblotante, je tente de lutter.
Cependant, je cède dès qu’il entoure son corps de mes bras. Là, mon visage s’enfouit dans le creux de son cou.
Et j’éclate en sanglots.
— Chut… Ça va aller…
J’acquiesce aussitôt entre mes larmes, tentant de lui donner raison. Cependant, chaque jour me fatigue plus que le précédent. Je suis exténuée en permanence.
Il caresse l’arrière de ma tête.
— Les examens de fin de semestre et le fait de prendre soin de moi t’ont épuisée… Tu ne crois pas qu’on devrait un peu s’occuper de toi ?
Cela me coûte mais je secoue légèrement la tête.
— O… Oui…, je balbutie entre deux sanglots.
Les lèvres du brun embrassent mon crâne.
— Je vais m’occuper de toi, ma chérie, ne t’en fais pas.
je sais qu'il n'y a aucune
action en ce moment mais
je kiffe le fluff 😭
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