──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓𝟒












L  E    J  E  U    D  E
—     C    A    R    T    E    S     —




















































           J’ai connu des idées stupides cependant celle-ci se tient assurément au sommet du panier. Et, à en juger par le regard consterné d’Eren, il est tout à fait d’accord avec mes conclusions.

— C’est dans ce genre de moment que je me demande ce que je fais de ma vie, chuchote-t-il.

           Mes lèvres se pincent et je ne peux qu’acquiescer à ses dires, soupirant.

           Assise sur les sièges d’une voiture aux vitres teintées, nous patientons depuis plusieurs heures maintenant. Car tel est le plan de Karim Hafeez : provoquer une colère sur les réseaux sociaux qui se muerait en acharnement médiatique poussant des personnes silencieuses à prendre la parole contre Charlotte.

           Assurément, je ne serais pas à l’aise à l’idée d’avoir cet homme comme ennemi.

— Tu es sûr de vouloir faire cela ? je chuchote en liant mes doigts avec ceux d’Eren.

           Les yeux émeraudes du garçon me détaillent quelques instants. Son pouce caresse le dos de ma main et un sourire étire ses lèvres.

— Je suis terrifié. Mais tu es là. Alors ça va.

           Un frisson me parcourt et il se redresse sur son siège, glissant sa main dans sa poche arrière. Mon cœur fait un bond lorsqu’il me montre un objet que je ne connais que trop bien.

— Tu te souviens de ça ? me demande-t-il dans un sourire taquin.

— Mais bien sûr ! Le jeu de cartes ! Notre jeu de cartes !

           Je ne sais pas pour quelle raison il l’a amené ici mais sa simple vision m’apaise. Je souris avec douceur et caresse du bout des doigts l’objet.

           Eren me regarde faire.

— P… Pourquoi ?

           Il pousse un soupir. Je ne saurais dire si ce dernier semble apaisé ou attristé.

— Je crois que ce soir, je vais avoir besoin de toi alors… Ca te dérange si on va boire un verre de jus en jouant aux cartes ?

           Cette proposition est d’une douceur telle que je n’arrive pas du tout à contenir le geste de mes lèvres qui sourient soudainement.

           Mon cœur bat avec force. Dans ce genre de moment, Eren parvient à me séduire comme au premier jour. Je me sens aimée, invincible.

           Car, lorsque de multiples frissons me parcourent ainsi, je réalise que jamais cet amour ne nous lassera.

— Tu penses à un endroit en particulier ? je demande dans un sourire espiègle, commençant à connaître relativement bien mon petit-ami.

           Il pousse un soupir embarrassé. 

           Bien qu’il tourne la tête, faisant mine de regarder la route au bord de laquelle nous sommes garés, je distingue les rougeurs ornant ses joues. Je ne lutte d’ailleurs pas contre l’envie de déposer un baiser sur l’une d’entre elles. Il sourit plus largement encore à ce geste.

           Là, il ose se tourner vers moi. J’aperçois son teint cramoisi lorsqu’il minaude : 

— Il se pourrait que j’ai réservé la salle d’arcade où on a échangé notre premier baiser.

           Mon cœur bat à tout rompre et je plisse les lèvres, ne sachant comment exprimer l’amour me débordant en entendant ces paroles.

           Eren sait comment me faire sentir spéciale chaque minute de chaque heure de chaque journée. Parfois, il me semble que cela ne lui demande aucun effort.

           Que naturellement, il me comble. Comme si notre union faisait juste sens.

— Eren, si tu savais comme je t’aime ! je craque, lançant cela dans un sourire béat.

           Ses yeux s’écarquillent mais il n’a pas le temps de répondre. Je me redresse brutalement, pointant un point, par-dessus son épaule.

— Alerte ! La morue est là ! La morue est là !

           Désarçonné, mon petit-ami met quelques instants avant de se retourner, découvrant celle que nous attendons depuis plusieurs heures maintenant. Aussitôt, je le vois tressaillir.

           Je saisis la main d’Eren, tentant de le rassurer.

           Mais Charlotte est là.

           Ses cheveux raides coupés en un carré court tombent juste en-dessous de ses oreilles minuscules sur lesquelles reposent une imposante paire de lunettes de soleil…

           …En hiver.

— Putain, t’avais oublié de me prévenir qu’elle était con, je chuchote en découvrant la tenue vestimentaire la plus aléaoitre que j’ai pu rencontrer dans ma vie.

           Une épaisse doudoune descend jusqu’à son ventre dénudé. Puis, une jupe s’arrête au-dessous de ses cuisses rendues rouges par le froid et, enfin, des bottes surmontées de fourrures grimpent jusqu’à son genou.

           La cerise sur le gâteau étant sans doute les moufles qu’elle porte.

           Un grésillement retentit. La talkie-walkie posé sur la tableau de bord émet quelques sons avant que la voix de Karim Hafeez, presque robotique, ne retentisse : 

— Avis aux tourtereaux : si vous vous demandiez si elle a arrêté de consommer des stupéfiants, je crois que nous avons la réponse.

— Arrête ! retentit le rire de Noor. C’est pêché de juger et c’est méchant de me faire rire à ce genre de blague !

— C’est différent, nous faisons face à un fait.

           Eren esquisse un sourire et nous ne répondons pas. Je me contente d’observer le fourgon noir dans lequel ils sont.

           J’espère qu’ils réaliseront leur souhait d’être ensemble.

           Le menton levé, Charlotte atteint un portail de fer ouvragé noir donnant sur une propriété. Je grince des dents en la voyant appuyer sur la sonnette.

— Je maintiens que ce qu’on a fait est très déplacé, je murmure en pinçant les lèvres.

           Il y a quelques heures, Noor a envoyé l’adresse d’un homme féru de technologies à Charlotte en disant que nous avions emménagé ici. Ainsi, lorsqu’elle tambourinera à la porte dans quelques secondes — dans le meilleur des cas — les caméras de surveillance et microphone du propriétaire enregistreront la séquence.

           Cependant, le pauvre homme n’a rien demandé.

— Et ça commence, maugrée Eren en voyant Charlotte appuyer avec plus d’insistance sur la sonnette, commençant à montrer des signes d’impatience.

           Mes doigts se lient aux siens et je caresse l’arrière de sa main, tentant de l’apaiser. Il se blottit contre moi et je l’entoure d’un bras, l’autre étant occupé à tenir mon téléphone.

           J’embrasse le crâne de mon petit-ami avant de démarrer l’enregistrement.

           Pile au moment où elle envoie son pied cogner contre le portail. Un bruit cacophonique retentit, attirant l’attention des passants qui se tournent brutalement vers elle.

           Sans leur accorder la moindre attention, elle frappe à nouveau : 

— EREN ! JE SAIS QUE T’ES LA ! TU POURRAS PAS TE CACHER ÉTERNELLEMENT AVEC TA PUTE ! JE SAIS QUE TU ES LA !

           Les quelques passants qui ne la regardaient pas encore lui accordent maintenant toute leur attention. Ils la dévorent du regard.

           Mais elle s’en fiche, continuant de frapper de toutes ses forces.

— TU M’APPARTIENS ! T’AS PAS LE DROIT DE PARTIR, ENFLURE !

           Je sens Eren trembler contre moi. Un instant, je me dis que je dois avoir un enregistrement, au cas où le propriétaire refuse de me céder les siens. Cependant je ne peux pas laisser mon petit-ami ainsi.

           Posant mon téléphone, je le serre de toutes mes forces. Il se retourne, enfouissant son visage dans le creux de mon épaule.

           Là, il éclate en sanglots.

           Mon coeur se serre douloureusement et je le blottis mieux contre moi. Les bras d’Eren me maintiennent tout près de lui tandis qu’il respire difficilement. Mon épaule se mouille mais je m’en fiche.

           Je me doute que revivre cela, être à nouveau confronté à son passé, le tue à petit feu. Cela       poursuit la lente progression d’un mal qui l’a atteint lorsqu’il a croisé pour la première fois la route de Charlotte.

           Mon regard se pose sur elle. Elle frappe dans des hurlements le portail, ne se contrôlant même pas. Ma mâchoire se contracte d’ailleurs à cette vision et mon regard se fait sombre.

           Charlotte, je jure que dès demain, tu tomberas.








































est-ce qu'on n'atteindrait pas
la fin du dernier arc ?

si ça vous intéresse, j'ai
sorti un conte de Noël
eren x reader
dans mon recueil de Noël :)

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