──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓𝟐















L  E    J  E  U    D  E
—     C    A    R    T    E    S     —











































           Comment annihiler le puissant ? Comment affronter l’invincible ? Comment se mesurer à l’intouchable ? Comment faire ?

           Un soupir franchit mes lèvres et je saisis ma tête de mes mains.

           Tout à l’heure, Charlotte a débarqué dans notre bâtiment universitaire. Furieuse, elle a frappé avec force la porte en hurlant qu’elle devait voir Eren. Comme animée d’une force inouïe, elle a tenté de défoncer la porte.

           Noor est intervenue et nous explique à présent ce qu’il s’est passé.

— Pour gagner sa confiance, j’ai beaucoup mal parlé de toi, disant que tu ne méritais pas Eren et que tout le monde était d’accord, déclare Noor avec embarras, baissant la tête.

           Je n’en veux pas le moins du monde à la jeune femme. Elle tente comme elle peut de maitriser l’indomptable morue des beaux quartiers.

           La main d’Eren se pose sur ma cuisse et son pouce caresse son intérieur, m’apaisant. Assis à côté de moi sur mon lit, il fait face à Noor qui s’est installée sur le mien.

— Explique-nous, s’il-te-plaît.

           Elle acquiesce, embarrassée.

— Je lui ai dit que je ne comprenais pas ce que Eren te trouvait et comme une conne, j’ai laissé échapper que vous viviez ensemble. Je ne pensais pas qu’elle aurait cette réaction, je vous jure, je ne voulais pas mal faire… Je suis tellement désolée, je….

— Ne t’excuse pas, lance Eren d’un ton doux. C’est juste une grognasse, tu n’es pas en tort.

           J’acquiesce, le regard perdu dans le vide. Un soupir franchit tout de même mes lèvres et leur visage se tourne vers moi :

— Le problème c’est qu’on est maintenant certains que ce n’est pas juste une garde bouffée par la jalousie et une prédatrice sexuelle… Elle est vraiment violente et Eren court un danger.

— On devrait porter plainte…

           Eren rit doucement à la proposition de Noor.

— Quand elle m’a fait chanter à l’aide de ses vidéos, j’ai voulu le faire… J’ai porté plainte pour coup et blessures, j’avais honte que ces vidéos de moi existent…

— Et ? je demande la gorge nouée, sentant déjà mon estomac se soulever.

           Il hausse les épaules.

— Les policiers se sont foutus de ma gueule. Et quand j’ai évoqué son nom de famille, ils ont formellement refusé de prendre ma plainte.

           Mes yeux se ferment et je réprime des larmes. Je dois être forte pour lui. Il est celui qui a besoin de soutien, pas l’inverse.

           Posant ma tête sur son épaule, j’embrasse celle-ci et frotte son dos.

— Quoi !? tonne Noor, furieuse, se levant dans un bond et éclatant d’une colère que je ne lui connaissais pas. Mais ils n’ont pas le droit ! Il faut saisir le procureur de la république, aucun policier ne peut refuser une plainte ! Pour qui ils se prennent ?

           Eren hausse les épaules et chuchote :

— Ecoute Noor…. Je me sens déjà suffisamment humilié comme ça. Je crois que j’aimerais lever le pied avec le système judiciaire.

— Mais la justice dans tout ça ? s’exclame-t-elle d’une voix brisée.

— Tu es assez bien placée pour savoir qu’elle n’est pas pareille pour tout le monde.

           Noor se fige, heurtée. Eren ne pensait pas à mal mais il a touché un point sensible. Il ne s’excuse même pas. Rien de malicieux ou mauvais là-dedans.

           J’entends juste dans sa voix qu’il est trop épuisé pour le faire. Trop épuisé par tout. Epuisé d’être en vie, épuisé de tenter d’avancer, épuisé de se battre contre de vieux démons.

— On doit vraiment faire quelque chose, je murmure.

           Eren entrelace ses doigts aux miens. Je sens qu’il a besoin d’être seul et accompagné en même temps, qu’il a honte mais est tétanisé à l’idée d’affronter tout cela sans allié.

           Alors je ne le regarde pas. Mais je demeure là. Serrant sa paume dans la mienne.

— On va trouver un moyen. Et je m’en fous de sa légalité. Mais elle va se casser de notre vie.

           Aucun des deux n’objecte quoi que ce soit.

— Je peux faire une suggestion qui va sans doute vous ennuyer ?

           La voix minaudante de Noor éveille mes signaux d’alarme. Mais je ne dis rien, l’encourageant simplement d’un signe de tête.

— Je…

           Son regard se détourne sans qu’elle n’ose croiser la nôtre. Je remarque les rougeurs sur ses joues et elle chuchote :

— Je crois que Karim pourrait nous aider.

— T’as raison, chuchote Eren.

           Elle se tourne vers lui, surprise, lorsqu’il ajoute :

— C’est vraiment une idée de merde.

— Ce n’est pas exactement le terme que j’ai employé…

           Je laisse filer un rire et le brun pouffe. Cela me fait du bien de le sentir se détendre légèrement.

— Explique-toi, je lance à la jeune femme, histoire qu’on comprenne où tu veux en venir.

— Je sais que se confier à un professeur peut prendre de court et te mettre mal à l’aise mais…

— Non, c’est discuter avec ce professeur.

           Noor ne peut réprimer un sourire face à l’air franchement consterné

— Il sait s’y prendre, avec les fils et filles de richou qui croient pouvoir s’en sortir avec tout sous prétexte de leur réputation, leur nom ou leur compte en banque. Cela fait des années qu’il est confronté à des étudiants qui pensent s’en sortir après un cas de fraude à l’examen ou plagiat grâce à cela.

           Elle a l’air d’en connaitre un rayon sur cet homme…. Je suppose que son histoire d’amour discrète file un bon coton. Bien qu’ils ne soient pas réellement ensemble, d’après ce que j’ai compris.

           Ils discutent simplement souvent.

— Il saurait comment faire pression sur elle ?

           Ses yeux de biche se posent sur un coin de la pièce lorsqu’elle réfléchit un instant.

— Il saura la gérer.

           Je ne suis pas sûre que cela suffise.

           Il ne faut pas simplement la maintenir éloignée de nous mais supprimer toutes les vidéos qu’elle possède d’Eren. Je veux qu’il puisse vivre sans cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.

— C’est d’accord.

           L’affirmation d’Eren me prend tellement de court que je me redresse brutalement, me tournant vers lui. Il me regarde et sourit doucement.

           Sans doute devine-t-il mes pensées car il chuchote soudainement :

— Toute aide est la bienvenue. Nous règlerons les choses en temps voulue.

           Hébétée, je l’observe sans un mot. Il sait ce qui est le mieux pour lui, je ne peux pas le réprimer lorsqu’il voit peut-être la lumière au bout du tunnel. Enfin.

— Alors ? Je l’appelle ?

           J’hésite un instant tandis qu’Eren ne dit rien. Je devine dans son regard qu’il attend mon approbation. Mon cœur se serre à cette vision. Il ne peut pas attendre ma validation pour un sujet si grave qui le concerne, lui.

           Mais cela me touche, d’une façon.

— Bien sûr, j’acquiesce sans lâcher le brun du regard. Appelle-le.

           Aussitôt, elle s’éclipse, son téléphone à la main. Je la vois déglutir péniblement en sortant de la pièce et la devine nerveuse à l’idée d’appeler le professeur.

— Je peux savoir pourquoi sur l’emploi du temps sur votre réfrigérateur, mon nom est barré et remplacé de la mention « triple connard » ?

           Le professeur Hafeez n’a même pas fait semblant d’être ravi de nous voir en entrant dans notre chambre.

— Je vous accueille dans mon humble demeure et vous osez critiquer ? je m’exclame, atterrée.

— Un jour, on discutera du fait que lors de votre salon à New-York, vous avez donné mon numéro de téléphone personnel à tous ceux que vous croisiez.

— Cheh, lâche Eren sans réfléchir.

           Noor rougit violemment et se place entre nous. Les mains levées en signe de paix, toussotant et s’éclaircissant la gorge, elle tente d’apaiser les tensions.

— Ohla ! Ohla ! Tentons d’abord de nous calmer !

— Effectivement, si vous voulez un minimum d’aide, vous allez devoir changer de ton.

           Pour toutes réponses, je lui tire la langue.

— C’est ça, bébé, te laisse pas faire ! lâche Eren.

           Karim lève les yeux au ciel en secouant la tête.

— Ah non mais vous deux, vous faites vraiment la paire, hein !

           Noor couine, embarrassée et commençant à paniquer. Se tournant vers le professeur, elle murmure de façon presque inaudible :

— Je suis vraiment désolée, je pense qu’ils ont du mal à s’ouvrir aux autres mais s’il-te-plaît, ne nous laisse pas pour ça. Ils ont besoin de toi.

           Il la regarde, hésitant.

— J’ai besoin de toi, insiste-t-elle.

           Eren et moi échangeons un regard quand Karim soupire, cédant.

— Bon, d’accord.

           Ses yeux se posent sur nous.

— Racontez-moi ce qu’il se passe.






















































PTDRRR LE CHAPITRE EST PRÊT DEPUIS
UNE HEURE JAI OUBLIÉ D'APPUYER SUR
PUBLIER DÉSOLÉE

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top