──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒𝟔


























L  E    J  E  U    D  E
—     C    A    R    T    E    S     —
































           Nul ne dit mot.

           Comme suspendu dans le temps, nous nous observons. Ses yeux émeraudes luisent dans l’obscurité, m’analysant quelques instants. Nous ne pipons mot.

           Soudain, sa bouche s’entrouvre.

— Je le savais.

           Ces trois mots, murmurés du bout des lèvres, flottent quelques instants dans l’air. A la manière d’un songe, ils stagnent.

           En-dessous, nous nous taisons. Demeurant inertes.

— Tu… Le savais ?

           Un soupir le prend et il sourit doucement. Penchant la tête sur le côté, il adoucit ce moment si tendu d’un regard tendre.

           Mon cœur fait un bond.

— Comment ça, tu étais au courant ? Depuis combien de temps ?

— Je suis pas aussi con que Jean, non plus, lâche-t-il en levant les yeux au ciel dans un sourire désabusé. Je suis capable de reconnaître mon tatouage.

           En effet…

           Pour attirer Charlotte dans mes filets sans trop exposer le brun, j’ai choisi de mettre en ligne des photos des gravures parcourant son corps. Cela a fonctionné car elle les a reconnues.

— Je suppose que tu attendais que je t’en parle, je murmure d’un air contrit.

           Ses épaules se haussent. Une ombre voile un instant son regard.

           Il ne me regarde pas, fixant le vide, lorsqu’il laisse à peine entendre :

— Je suppose que j’avais besoin que quelqu’un d’autre mène ce combat à ma place.

           Sa pomme d’Adam tressaute lorsqu’il déglutit péniblement. Mes yeux suivent ce mouvement inconscient et mes paupières se ferment.

           Les doigts serrant les draps, tête baissée, je n’ose rien dire.

— Je ne t’en veux pas. J’attendais simplement que tu m’en parles.

           Me redressant, je croise son regard toujours aussi tendre. Un frisson me parcourt et ma gorge se serre. Mes bras en tremblent.

— Je sais que je n’aurais pas dû agir de la sorte, dans ton dos… Je suis tellement désolée.

— Tu pensais bien faire, chuchote-t-il dans un sourire. Alors oui, tu te trompais. Mais je n’en suis pas blessé. Car tu ne voulais pas me faire le moindre mal.

           A toute vitesse, j’acquiesce, la gorge nouée. Des larmes coulent le long de mes joues et je tente de maîtriser mes spasmes.

           Délicatement, il se lève. Comme si le moindre geste pouvait briser ce moment, il exécute des pas légers. Puis, s’accroupissant à ma hauteur, il cale son visage entre mes genoux, caressant l’un d’entre eux de sa main.

— Regardes dans quel état tu te mets, ma puce…

           Son doigt caresse ma pommette doucement et je pose ma main par-dessus la sienne, l’enfermant entre ma paume et ma joue. Un spasme me prend.

           De son pouce libre, il exécute quelques mouvements circulaires sur mon genou.

— Je ne devrais pas être celle qui pleure, je ris nerveusement entre mes larmes.

— On se fiche de qui devrait être celle qui fait quoi. Le fait est que tu pleures et ça ne me plaît pas du tout.

           Mes bras coulent le long de son cou et, me recroquevillant complètement sur moi-même, je m’enfonce dans le creux de son épaule et le serre contre moi.

           Je me blottis prés de lui, glissant du lit pour me réfugier dans ses bras.

           Il me conserve dans sa chaleur, me berçant doucement contre lui. Son odeur m’apaise et nous ne disons quoi que ce soit, nous recueillant dans le silence de ce moment de calme.

           Un baiser se perd dans mes cheveux. Je le serre mieux.

— Ne t’en veux pas trop, ma belle. Je sais que tu comptais ben faire.

— Dis-moi simplement si tu veux que j’arrêtes, je chuchote, la joue posée sur son épaule.

           Il ne répond pas tout de suite, ses mains s’attardant dans mes cheveux et grattant l’arrière de mon crâne. Je souris vaguement sous ces quelques frictions.

— Je ne veux plus en entendre parler…

— Je comprends, je murmure doucement.

— …Mais je ne supporte pas l’idée qu’elle soit libre.

           Levant la tête, je plante mon regard dans celui, émeraude d’Eren. La profondeur de son regard m’avale quelques instants. Je m’y repose volontiers, apaisée.

           De ma main tremblante, je caresse son visage.

— N’en dis pas plus.

           Ses yeux se ferment. D’un chuchotement à peine audible, il me remercie.

           Puis, ses lèvres embrassent les miennes. Délicates, elle les caresse avec retenue, comme une crainte de les toucher. Saisissant son visage en coup, je clos les paupières et fond en lui.

           Lorsque nos langues se touchent, ses mains glissent sur mon corps. Ses doigts pressent mes cuisses, mes hanches, mes épaules. Il touche chaque partie de mon corps, comme follement entrainé par mon être, souhaitant en découvrir toujours plus.

           Mes sourcils se froncent lorsqu’un gémissement s’étouffe contre sa bouche. Il rit contre elle, me penchant doucement sur le sol.

           Nous allongeant, il glisse ses bras sous le creux de mon dos pour m’attirer contre lui. Nous ne parvenons à nous détacher, pris dans cette valse endiablée.

           Essoufflé, il pose son front contre le mien. Nous gardons les paupières closes, apaisé dans ce paradis de ténèbres.

— Je t’aime.

           Mon cœur s’emballe et j’inspire une bouffée d’oxygène.

— Je t’aime aussi.

 











           Le film touche à sa fin et Eren dort depuis longtemps. Sa tête déposée tendrement sur mon ventre, il a refermé ses bras autour de ma taille.

           Une main caressant sa tête, je me sers de l’autre pour ouvrir le message de Charlotte.

« Charlotte  :

Saluuuuut, ma belle.

Je suis désolée de t’envoyer ce message mais j’aimerais être au courant, à ta place… »

           Son message s’arrête ici, juste assez pour me mettre l’eau à la bouche… Sans conteste, cette femme est habituée à jouer avec les autres.

« Moi :

Heeeeey, ma belle. Dis-moi tout :) »

           Caressant les cheveux d’Eren, je tente de m’apaiser en m’imprégnant de sa présence. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et mes mains se font moites, autour du téléphone.

           Soudain, à côté de la photo de profil de la jeune femme — un selfie pris par l’intermédiaire d’un miroir, dans une salle luxueuse — un point vert apparait.

           Elle est en ligne. Elle écrit un message.

           Il apparait.

« Charlotte  :

J’ai reconnu le tatouage de ton mec, sur une des photos… Eren Jäger, c’est ça ? »

« Moi :

Oulah, ça me fait peur haha… Oui, c’est lui. Tu es sa sœur ? »

« Charlotte  :

Non, pas du tout ! Je suis son ex, en fait. Je l’ai quitté parce qu’il était vraiment toxique… Mais je sais qu’il s’est remis en couple avec une plouc de son université… »

« Moi :

Je ne suis pas dans son université ? Mais je suis en couple avec lui depuis quelques semaines ! C’est qui cette salope ? »

           Il grogne contre moi. Je chuchote quelques onomatopées incompréhensibles, lui murmurant que tout va bien, qu’il doit m’écouter.    

           Il se blottie mieux contre moi. Mon téléphone vibre.

« Charlotte  :

Crois-moi, j’ai vu le thon et t’es largement au-dessus XD

Ce mec n’en vaut pas la peine… Il m’a fait tellement de mal, à moi aussi… »

« Moi :

Ma pauvre…

Je peux te demander quoi, exactement ? »

« Charlotte  :

C’était un drogué et ça le rendait odieux… Il voulait toujours coucher avec moi et me forçait à acheter de la drogue pour lui… »

           La nausée me vient et je ferme les yeux, tentant de digérer ce mensonge. Il ne me vient même pas à l’esprit d’envisager qu’elle puisse dire la vérité.

           Eren, sous drogue, est loin d’être cordial. Mais je ne vois pas comment il pourrait la forcer à lui procurer de la drogue…

« Moi :

Je savais pour ses problèmes de drogues… Mais comment il pouvait te forcer ? »

« Charlotte  :

Il menaçait de révéler au monde que nous étions en couple alors qu’il se droguait… Cela aurait ternis l’image de ma famille. »

           Je ne peux m’empêcher d’éclater d’un rire écœuré. Cette salope ne manque pas d’air.

« Moi :

Quel connard… Tu as dû le connaitre dans sa pire phase. »

« Charlotte  :

T’as pas idée haha… Tu veux voir ? »

           Ma gorge se serre. Elle n’aurait pas…

           Un hoquet de douleur me prend et j’hésite à accepter cette curieuse proposition. Nous avons à peine parler, elle ne m’enverrait aucun dossier compromettant… Si ?

           A moins qu’elle ne se pense vraiment intouchable, ce qu’elle propose de me montrer ne doit pas être aussi grave…

           Mes doigts tremblent lorsque je tape :

« Moi :

Voir ? Comment ça ? »

           Aussitôt, je verrouille l’écran, tentant de reprendre ma respiration. Je ne m’étais pas rendue que je l’avais retenue, sous tension.

           Un frisson parcourt mon échine.

           Soudain, une vibration. L’écran s’allume. Une notification s’affiche. Je me crispe brutalement.

« Charlotte  a envoyé une vidéo. »





































elle va se faire fumer~

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