──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟐













L  E    J  E  U    D  E
—     C    A    R    T    E    S     —

































           L'ATARAXIE est la tranquillité absolue de l'âme. Selon Epicure, il s'agissait-là d'un objectif auquel tendre tout au long de son existence, un état de bien-être s'approchant de celui que connaissaient les Dieux.

           Le repos. Le calme. La paix.

           Là, maintenant, je le conçois. En cet instant précis, je ne peux qu'appréhender cette idée. A mesure que ses lèvres caressent les miennes, que le temps s'égrène en minuscules grains de sable au cœur du tablier, je la saisis.

           L'ataraxie. L'absence de troubles.

           Sur ma langue, elle a le goût acidulé de bonbons bon marché. Elle fond en une caresse subtile et coule entre mes palais, s'insinuant délicatement en moi.

           Eren.

           Quand l'air s'échauffe sous la dynastie d'Hélio, Eren. Quand Eurus admire les feuilles tombant au sol, Eren. Quand Chioné souffle sa glace sur les mille horizons, Eren. Quand Perséphone teinte nos plaines de pétales, Eren.

           Tous les jours de l'année et les années d'une vie.

           Eren. Ataraxie.

           Deux mains tenant mon visage fermement, me guidant jusqu'au tréfond d'une danse cacophonique. La valse d'une bouche avec la mienne. La langue du brun s'enroulant autour de sa jumelle. L'épopée de nos souffles n'en faisant plus qu'un.

           L'une de ses mains glissent sur ma nuque, me maintenant en place. L'autre parvient jusqu'à la chute du creux de mes reins où il me plaque férocement contre lui. Mes bras l'enserrent, cherchant toujours plus de lui, à l'avoir encore plus près de moi.

           Bientôt, nos bouches se séparent. Aussitôt, comme attirées l'une à l'autre par une force indescriptible, elles se rejoignent.

           Puis encore. Et encore.

           Un instant, il me semble que tout cela va durer. Ces baisers presque timides, ces langues innocentes. Quelques embrassades.

           L'ataraxie.

           Soudain, la passion.

           Un éclair déchirant l'éther incolore de la paix. Une goutte écarlate dans la valse calme.

           Je ne sais trop qui entame cette nouvelle routine en premier. Si ce sont doigts agrippant soudain mes hanches avec vigueur ou mes jambes s'enroulant autour de sa taille. Non, je ne sais réellement pas.

           La seule chose dont je suis consciente est qu'un instant, mes pieds sont au sol et celui d'après, ils ne le sont plus. Les mains d'Eren me tiennent, sous mes fesses, tandis que je ne parviens à m'écarter de lui, gardant les yeux clos.

           Penchée sur ses lèvres, je n'ai de cesse de les goûter. Inlassablement.

           Irrémédiablement.

           Bientôt, il me dépose. Sans cesser de m'embrasser, il m'assoit sur une table. Ses mains libres attrapent alors mes joues, laissant sa langue explorer à nouveau ma bouche.

           Penché au-dessus de moi, ses lèvres continuant leur valse contre les miennes, il m'étend doucement en appuyant son corps contre le mien. Bientôt, mon dos est allongé contre la table et il se retrouve au-dessus de moi.

           Mes doigts glissent dans ses cheveux, trouvant l'élastique tenant son chignon et le défaisant. Sans cesser de l'embrasser, je caresse sa crinière avant d'enrouler mes jambes autour de sa taille, cherchant à l'avoir toujours plus près de moi.

           Doucement, nos gestes ralentissent. Les bruits de nos baisers comblant le silence s'espacent.

           Nous finissons par cesser de nous embrasser.

           Mes paupières s'ouvrent, celles d'Eren font de même et découvrent ce regard émeraude si doux et délicat. Sa main droite, encore posée sur ma joue, la caresse tandis que la gauche fait de même avec mon front.

           Il pose d'ailleurs un baiser sur celui-ci avant de se reculer dans un sourire tendre.

— C'est grave si j'arrive pas à m'arrêter de t'embrasser ? demande-t-il.

           Je hoche la tête de bas en haut avant de chuchoter :

— Le plus grave c'est que cette maladie m'a l'air contagieuse.

           Il sourit doucement avant de déposer un autre baiser sur mes lèvres. Plus timide.

           Puis, s'allongeant à mes côté sur ce qui s'avère être une table de billard, il se tourne vers moi, se calant sur le flanc. Je l'imite, le regardant sans expliquer la bouffée de bonheur grimpant en moi.

           Ses lèvres sont rougies et gonflées. Encore plus attirantes qu'en temps normal.

— Je crois que je n'ai jamais eu un baiser aussi long avec qui que ce soit, chuchote-t-il soudain en continuant de caresser ma joue tendrement. A ma décharge, fallait que je me rattrape pour le truc que j'ai fait juste devant la cure de désintoxe.

— Moi, je l'aimé, ce truc !

           Ses yeux s'illuminent en entendant cela et il rit doucement.

— Moi aussi. Et j'y ai beaucoup repensé... Mais j'aurais quand même pu faire mieux qu'un petit smack de deux secondes.

— Oh, mais tu viens tout juste de faire mieux. Et je t'assure que le record sera très difficile à bat...

           Ma voix meurt dans ma gorge quand il pose à nouveau ses lèvres sur les miennes. Le baiser est bref et, lorsqu'il recule, il ne manque pas de me faire un clin d'œil.

— Ne me lance pas de défie, comme ça.

           J'éclate de rire.

— Quoi ? Tu veux déjà battre ton propre record ? Et quand t'en établiras un nouveau ?

— Alors je le battrais aussi.

           J'éclate de rire en le voyant se dresser au-dessus de moi. Son torse se plaque au mien. Ses lèvres jouent avec leurs jumelles tandis que je savoure la sensation de nos ventres se pressant l'un contre l'autre à chaque respiration.

           Il recule à nouveau.

— Tu veux vraiment passer toute la soirée de ta fête à m'embrasser ? je chuchote. Tu sais, je suis toujours partante mais faudrait profiter de cette salle, quand même.

           Il fait la moue, regardant autour de lui sans trop de conviction.

— C'est vrai que c'était mon rêve de gosse...

— Mais ? je demande, devinant qu'il y en a un.

           Il sourit doucement, observant mes lèvres.

— C'est pas mon rêve d'adulte, lâche-t-il dans un léger rire malicieux, se penchant sur moi.

— Tu n'es pas adulte, Eren.

           Il s'interrompt dans son geste, écarquillant les yeux. Moi qui m'apprêtais à l'embrasser regrette aussitôt mes paroles, comprenant qu'il va chercher à me punir pour cela.

           Et, en effet, il plisse soudain les paupières, me faisant les gros yeux.

— Tu me répètes ce que tu viens de dire ?

           D'humeur joueuse, je mords ma lèvre dans un sourire.

— Eren, à chaque fois que tu changes les draps de ton lit, tu mets trois heures. Et contrairement au commun des mortels, ce n'est pas parce que tu n'arrives pas à faire rentrer la couette dedans ou qu'à chaque fois que tu mets un drap sur un coin du matelas, il quitte un autre.

           Je ris doucement.

— C'est juste parce que tu cours en l'accrochant à tes épaules comme si c'était une cape et que t'étais un super-héros ou tu construits une cabane ou tu fais le fantôme.

— Oui mais un grand pouvoir implique de grandes responsabilités alors, quand je deviens un héros, j'accepte mes responsabilités. Je suis donc plus adulte que n'importe quel adulte.

— Vous avez raison, mon cher ! Navrée d'en avoir douté !

           Posant une main plate sur ma tempe, j'effectue un salut militaire avec tout le sérieux que me permet cette position allongée.

— Pourquoi ai-je la légère impression que tu te moques de moi ?

— Moi ? Que nenni ! Jamais !

           Il éclate de rire. Un son si beau que, le temps d'un instant, j'en oublie même où je suis.

           Mais il me le rappelle bien vite.

— Tu sais quoi ? Je t'affronte sur tous les jeux de la salle. Le plus mature est celui qui gagne.

— Je ne suis pas sûre que ce soit un bon indicateur de...

— T'as peur, c'est ça ? Tu sais que je vais te battre ?

           Je hausse les sourcils, parfaitement outrée par son accusation. Il éclate de rire, encore penché sur moi, avant de se lever d'un bond, sautant hors de la table de billard.

           Aussitôt, je l'imite. Seulement mes mouvements sont trop rapides et des tâches noires apparaissent dans mon champ de vision. Déséquilibrée, je chancèle en arrivant sur le sol.

           Mes jambes se font flageolantes et je manque de tomber. Mon genou se plie brutalement.

— Oula, ça va ? résonne soudain sa voix tandis que ses doigts s'entrelacent au mien, m'aidant à garder l'équilibre.

           J'acquiesce, m'accrochant à son épaule. Peu à peu, battant des paupières, j'arrive à retrouver une vision nette de ce qu'il se passe autour de nous.

           Un sourire étire mes lèvres et je me sens plus à même de marcher. Remerciant Eren, je m'écarte de lui.

— Bon...

           Je me tourne vers lui, curieuse d'entendre ce qu'il souhaite dire.

— Déjà, on est sûrs que c'est moi qui gagne l'épreuve d'équilibre.

— Trou du cul, j'éclate de rire.

           Aussitôt, il se met à courir. Sans réellement réfléchir, je l'imite. Un instant, je crois que nous allons nous adonner à une course-poursuite mais il s'arrête soudain devant deux motos.

           J'éclate de rire en voyant le jeu qu'il a suivi.

— Oh, je vais t'éclater, je lâche en m'asseyant sur l'une d'entre elles.

— Tu sais quoi ? Celui qui perd paye le restaurant de demain.

           Mes sourcils se haussent.

— De demain ? je répète.

           Mais il n'a pas le temps de répondre. Le jeu vient de se lancer et j'éclate d'un rire paniqué en réalisant qu'il a déjà de l'avance sur moi.

           Me repositionnant, je m'empresse de le rattraper.

           Car ce n'est pas n'importe quoi qui est en jeu, là.

           Nous parions, à priori, notre deuxième rencard.























































si j'arrive à publier ce chapitre :

nous sommes dimanche, je
devais le publier
jeudi ! cela fait plusieurs
jours que je GALÈRE

J'Y ARRIVE PAS

mais j'ai réussi à
publier le marchand
de sable depuis mon
ordinateur donc ça
devrait aller...

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