──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟒











L  E    J  E  U    D  E
—     C    A    R    T    E    S     —










































             CE GARDIEN EST décidément fêlé.

             Sous mes yeux, une image floue, prise dans l’obscurité d’un couloir. Deux silhouettes se découpent, inidentifiables. Même leurs contours sont brouillons. Il s’agit ni plus ni moins d’une photographie prise pendant notre course-poursuite, hier.

— J’ai un sacré cul, sur cette photo.

— Eren, c’est pas drôle, je soupire.

             Son bras s’enroule autour de mes épaules, me pressant contre son corps. Une nouvelle fois, l’odeur de mon shampoing hors-de-prix emplie mes narines.

— Et arrêtes de te laver le cul avec mes produits de luxe.

— Non, désolé. Ils sentent trop bon.

             Mes yeux roulent dans mes orbites. Eren est décidément un abruti.

— Eren.

— Oui, mon amour ?

— Utilise encore une fois ce que j’achète avec mes maigres économies pour te curer les fesses et je t’enfonce la tête dedans pour que tu puisses mieux profiter de l’odeur.

             Il éclate d’un rire grave.

— C’est qu’elle mordrait, la… PUTAIN MAIS T’ES MALADE !?

             Il secoue le bras, tentant de me faire lâcher prise. Cependant mes dents sont férocement plantées dedans. Et sa grimace de douleur ne fait que me conforter dans mon geste.

— LÂCHES !

             Remarquant les visages se tournant vers nous, je m’exécute. Embarrassée, j’aperçois les coups d’œil que nous lacent les passants.

— Bon chien-ch…

             J’écrase furieusement mon talon sur son pieds, lui arrachant un hurlement. Il saisit son pied entre ses mains, couinant et j’éclate de rire. Là, son bras s’enroule autour de ma nuque, me penchant en avant de force et il frotte le sommet de mon crâne de ses mains.

— LÂCHES-MOI, TROU DE BALLE ! LÂCHES-MOI OU JE T’EMASCU…

— Puis-je savoir ce qu’il se passe ici ?

             Brutalement, il me laisse filer. Aussitôt, je me redresse. Droite comme un « I », je regarde le professeur Hafeez qui vient tout juste d’arriver. A mes côtés, Eren m’imite, visiblement embarrassé d’avoir été pris dans une telle position.

             Un soupir franchit les lèvres de l’homme. Quelques instants s’écoulent tandis qu’il nous observe minutieusement, analysant nos moindres faits et gestes.

             Soudain, son regard se pose sur l’affiche, dans notre dos. Celle où se trouve la photo floue pise par le gardien. Puis, il observe Eren. Ensuite, c’est mon tour. A nouveau, il regarde l’affiche.

— J’espère que ce n’est pas ce que je crois ? demande-t-il.

— C’est de la faute de (T/P).

             J’écarquille les yeux, me tournant vers lui. Karim Hafeez semble tout autant surpris, foudroyant l’homme du regard. Mais Eren, le menton levé, semble résolu.

— C’est elle qui court sur l’affiche.

— Il y a deux personnes sur cette affiche.

— C’est elle et son ombre qui courent.

             Il a forcément fumé un autre joint, il y a quelques heures. Sinon, ce garçon est définitivement con comme une brique.

— Monsieur Jäger, me prenez-vous pour un abruti ?

             L’intéressé ne répond pas tout de suite. Mais le regard du professeur s’intensifie.

— Bon, d’accord, cède-t-il. C’était (T/P) et Noor.

— Non mais vous vous foutez de moi !?

— Bon d’accord, c’était moi et (T/P).

             Noor a une plume exquise. Elle écrit des poèmes tout à fait touchant qui lui ont valu d’atteindre la finale d’un concours de poésie. Hier, elle était à l’inauguration de ladite finale qui aura lieu ce soir. Des vidéos d’elle ont envahi la page culturelle de l’université.

             Eren aurait vraiment pu choisir un bouc émissaire plus adéquat.

— Vous êtes vraiment un ami pitoyable, remarque Hafeez.

— Contrairement à m…

— La ferme, (T/N).

             Mes lèvres se pincent. Devant nous, le professeur nous analyse quelques instants.

— Je suis prêt à oublier ce que je viens de voir et ne rien dire au gardien si vous vous rachetez vis-à-vis de votre amie. Allez soutenir Noor ce soir à son concours.

             Là-dessus, il tourne les talons. Je le regarde s’en aller, un léger sourire incurvant mes lèvres. A côté de moi, Eren lâche, étonné :

— Il est trop bizarre, ce mec. C’est quoi son problème avec Noor ?

— T’es décidément pas le couteau le plus aiguisé du tiroir, Eren.

— C’est toi la grosse conne.

— Hé ! Je te prierais d’être poli ! je crache, outrée.

             Il hausse un sourcil, visiblement peu intéressé par ce que j’ai à dire. Je serre le poing, prête à le frapper mais il avance de quelques pas, me laissant derrière lui.

— Bon, j’ai cours. Quand je rentre, je veux que mon lit soit fait, la douche nettoyée, le repas cuisiné et la chambre parf… MAIS CA VA PAS MIEUX, TOI !?

             Il masse l’arrière de son crâne, là où ma chaussure l’a percuté. Les bras croisés, je l’observe. Mon pied habillé d’une simple chaussette tapote le sol avec ferveur. Il ramasse ma chaussure et fronce le nez en la ramenant à hauteur de son visage :

— ça me rappelle ces manifestations où les gens lancent des couches sales… Odeur similaire.

— Oh ! Espèce de con !

— C’est ça, bébé, dis-moi combien tu m’aimes.

             Je m’élance, courant vers lui. Il met quelques secondes à réaliser que je l’attaque et tente de s’enfuir. Trop tard. Sautant sur son dos, je referme mes jambes autour de son bassin et mes bras autour de son cou.

             Se secouant avec ferveur, il tente de me faire tomber.

— JE SAIS QUE TU ES SEDUITE PAR MON CORPS DE REVE MA…

— UN CORPS QUI PUE !

— Alors ça, tu vas me le payer.

             Un hurlement franchit mes lèvres quand il saute sur son dos, se laissant tomber sur sa colonne. Mais c’est le mien qui tape le sol, étant accrochée à lui. Un cri de douleur franchit mes lèvres et je me cambre violemment, tenant mon coccyx.

— ESPECE DE MALADE !

             Il se retourne, ses yeux écarquillés. Son sourire fane dès qu’il voit ma position et, aussitôt, il s’accroupit à côté de moi.

— Putain, je suis désolé !

— J’espère bien que tu l’es ! Mais qu’est-ce qui t’a pris !? T’as vraiment un sérieux problème, Eren !

             Sa large main se pose sur ma hanche, je frissonne à ce geste. Délicatement, il commence à me faire basculer sur le flanc, grimaçant :

— C’est douloureux ? demande-t-il.

— Disons que ça peut aller… Mais ne refais plus jamais un truc pareil, espèce d’abruti.

— Hé ! J’ai dit que j’étais désolé ! Tu vas pas te plaindre cent mille ans !

— T’as vraiment un toupet monstrueux.

— Moi aussi je t’aime, ma poule.

             Levant les yeux au ciel, je me relève. Il me regarde faire en silence.

— Bon, je dois aller en cours. On se retrouve ce soir pour aller voir Noor ? demande-t-il.

— De toute façon, j’ai l’impression que tu comptes élire domicile dans ma chambre ?

— Notre chambre, me corrige-t-il.

— Hé !

             Mais je n’ai pas le temps de protester qu’il s’en va. Je laisse filer un rire, amusée par sa démarche. Mais, bientôt, je réalise qu’il a laissé derrière lui une trousse plate.

             Fronçant les sourcils, je me penche et ramasse l’objet.

—Attends, tu as fait tomb…

             Mais ma voix meurt dans ma gorge quand je le saisis. La fermeture éclair ouverte laisse tomber un sachet. Et je suis presque déçue qu’il ne soit pas rempli d’une matière verte tirant sur le marron.














             Non. Sous mes yeux se trouve une poudre blanche.

































haha 😐

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