──── 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝐎
L E J E U D E
— C A R T E S —
MON REGARD SE FAIT assassin quand je le pose sur Eren qui vient juste d’entrer dans la salle de classe. Je crois tout d’abord qu’il va se contenter de m’ignorer royalement, passant devant les pupitres mais à l’instant où nos yeux se croisent, il me fait un clin d’œil. Je gronde intérieurement.
Il me dépasse et s’assoit à côté de Jean. Les cheveux châtain de l’étudiant brillent quand il tourne la tête vers moi. Un sourire étire ses lèvres et il rit. Je lève les yeux au ciel et m’apprête à lui montrer mon majeure quand le professeur apparaît.
Un blondinet dont la partie inférieur des cheveux a été rasée de près en une coupe undercut pose ses yeux de glace sur nous, nous analysant brièvement. Je soupire en regardant ses épais sourcils se froncer. Erwin Smith nous enseigne un cours professionnalisant, visant à nous apprendre à nous comporter de façon professionnel dans le monde du travail.
Cependant il pourrait se montrer professionnel en premier en commençant par apprendre nos prénoms.
— Aujourd’hui, nous allons faire un cours particulier. Je vais vous demander d’utiliser les connaissances que vous avez acquiert au cours du début de ce semestre pour dresser le portrait d’un élève de cette classe.
Je regarde autour de moi, à la recherche d’une personne que je connaitrais assez pour effectuer ce travail. Noor n’est pas dans ce cours. A vrai dire, cela me coûte de l’admettre mais le seul m’étant familier ici est…
Non. Hors de question que je doive travailler avec lui dans une autre matière.
— Excusez-moi, monsieur ? Je suis nouveau dans cette université, je connais absolument personne ici.
Je tourne la tête et ma gorge se serre. Se trouve devant moi sans aucun doute le plus bel homme que j’ai jamais vu.
Quelques boucles d’oreilles ornent ces dernières, perçant son cartilage et le barrant, le couvrant d’anneau. Un nez droit sépare ses deux yeux vert tirant sur le marron. Ses cheveux blonds ont été coupés en undercut. La partie supérieure de celle-ci semble assez longue, étant nouée en chignon. Ses lèvres sont fines. Roses.
Mon cœur bat à toute vitesse et ma gorge se serre.
— J’ai oublié le passage où ça me regarde ?
Je me tourne brutalement vers le professeur, atterrée. Je ne devrais même pas être étonnée du mauvais caractère du blond. Bien qu’ils doivent nous apprendre à désamorcer et éviter les situations de conflits, il est du genre insupportable.
Le nouvel élève hausse les sourcils, visiblement désemparé. Mais il n’a pas le temps de répondre qu’Erwin poursuit :
— Je veux que tous aient un binôme pour le semaine prochaine. Rémy, je vous laisse la liberté de vous démerder.
Mon regard se pose sur le dénommé Rémy. Ma gorge se serre et je sens mon cœur se serrer en voyant son air embarrassé. La trentaine d’élèves présente le fixe et il fait semblant d’être très concentré sur son ordinateur pour ne pas affronter leurs coups d’œil.
Mon téléphone vibre. Je regarde l’écran et aperçois un message écran d’Aïssa.
« Aïssa : s’il tourne la tête sur la gauche et il voit que tu baves autant t’es dans la meeeeeerde. »
Je lève les yeux sur le côté droit de la classe. Une main posée sur ses lèvres, Aïssa me regarde en pouffant silencieusement. Appuyée sur le mur blanc de la classe, son voile noir forme un contraste avec l’arrière-plan. Un trait d’eyeliner blanc souligne l’éclat de sa peau noir. Mais elle rit tellement qu’une larme coule sur sa joue, faisant baver son trait.
Je lève les yeux au ciel mais me raidis soudain. Elle s’est penchée en direction du nouvel élève, assis juste derrière elle. Murmurant quelques paroles, il se penche vers elle et il acquiesce avant de se tourner vers moi.
Mon cœur s’accélère quand nos regards se croisent. Il me fait un signe de main et je mets quelques secondes avant de réagir, lui lançant un sourire se voulant gentil.
Au même instant, mon portable vibre à deux reprises.
« Aïssa : appelles-moi Cupidon, tu es en binôme avec lui maintenant. »
« Eren : t’as l’air conne quand tu souris, arrêtes ça. »
Je foudroie le brun du regard qui me le rend bien, m’observant avec véhémence. Il semble particulièrement agacé par la scène qui vient de se dérouler sous ses yeux. Mais je suis encore plus énervée à cause de ce qu’il s’est permis de me faire, hier.
Bon sang, je suis sûre que si quelques secondes de plus s’étaient écoulées, je l’aurais laissé m’embrasser.
Comment ai-je pu me laisser avoir si facilement ?
« Moi : ça te vaudra une carte. »
« Eren : prépares la tienne. »
« Moi : Et pourquoi, je te pris ? »
Je lève les yeux vers lui, un léger sourire vicieux étirant mes lèvres. Lui ne me le rends pas, semblant plus agacé qu’autre chose. Son regard se fait soudain encore plus dur et presque mauvais. Je ne comprends d’abord pas puis la chaise à côté de la mienne bouge.
Je me tourne et mes yeux s’écarquillent en tombant sur Rémy.
— Salut ! lance-t-il dans un sourire. Aïssa m’a dit que tu connaissais personne dans la classe aussi. Donc on pourrait peut-être passer un peu de temps ensemble pour faire le devoir ?
Mon cœur bat à toute vitesse et je ne réponds pas tout de suite, souriant bêtement. Il est vraiment très beau. Face à mon mutisme, il agite légèrement sa main devant mes yeux pour me ramener à la réalité et je me redresse brutalement.
— Excuses-moi, je suis un peu fatiguée. Mais oui ! Aucun soucis ! Ce serait même génial de pouvoir faire le travail et pas me contenter de…
Espèce de conne. J’ai commencé une phrase sans même faire attention à ce que je voulais dire et maintenant je n’ai absolument aucune idée de comment la finir. Je frémis. Je suis affreusement embarrassée.
Et cela ne fait que croitre quand mon téléphone vibre sur ma table et que l’écran de veille s’allume, laissant voir un message :
« Eren : ridicule. »
Mais, contrairement à lui, Rémy éclate de rire. Je me tourne vers le blond qui semble particulièrement amusé et mon estomac se retourne. Il ne semble pas du tout agacé. Je crois que le fait de discuter avec un homme sans que celui-ci ne soit en permanence agacé par ma présence m’avait manquée.
— J… Je suis désolée, je lance dans un sourie benêt.
— C’est pas grave, t’es juste l’air très fatiguée, lance-t-il. Mais c’est mignon.
Je frémis en sens mes joues chauffer. Je n’ai pas le temps de le remercier qu’Erwin frappe dans ses mains avec force, attirant notre attention. Je tourne la tête vers notre professeur, comprenant que le cours s’apprête à reprendre.
Seulement mes yeux en croisent deux autres. Emeraudes. Et visiblement peu ravis.
Eren me fixe quelques secondes de son regard noir avant de lever les yeux au ciel et me tourner le dos.
ꕥ
— Il a pas l’air très sympa, ce prof, non ? demande Rémy tandis que nous sortons de la salle.
— Il est odieux, vraiment. Il se croit dans un film, à jouer un professeur super inspirant qui aide les autres. Et il te sort les trucs les plus bateaux du monde d’un ton grave mystérieux, comme si ses paroles changeait le sens de rotation de la terre.
Le blond éclate de rire. Nous n’avons pas parlé durant l’heure, suivant le cours. Mais il est naturellement sorti en même temps que moi après le cour et nous nous sommes engagés dans le couloir. Mon cœur bat à toute vitesse depuis.
En temps normal, je prendrais mon téléphone et enverrait un message à Noor du style : « attends un peu la BIG STORYTIME qui arrive ».
— Je supporte pas les profs comme ça. En plus dans les films ils sont censés être super inspirants alors que lui c’est juste un connard.
— Ouais, un mélange entre le mâle alpha et l…
Ma voix meurt dans ma gorge quand Rémy trébuche légèrement, percuté au niveau de l’épaule. Je le rattrape de justesse et lève assez la tête pour identifier l’homme qui vient de lui donner un coup d’épaule en passant à côté de lui.
Je ne sais même pas comment je parviens à être surprise de croiser les yeux émeraudes d’Eren. Celui-ci me lance un regard noir :
— Dis à ton pote de regarder où il va.
— Mon pote regardait où il allait, tête de gland ! Arrête de te venger sur lui parce que je peux te faire une dissertation avec introduction, conclusion, trois parties, neuf sous-parties, problématiques, ouvertures, annexes et bibliographie de pourquoi T’ES LE ROI DES CONS, EREN !
Continuant de marcher, il se tourne et continue à reculons. Brandissant ses majeurs, il me sourit de toutes ses dents :
— Moi aussi, je t’aime, mon amour.
Je le regarde se retourner et disparaitre à l’angle d’un couloir, furieuse. Même une fois qu’il s’en va définitivement, je continue à regarder l’endroit où il a disparu, mes épaules se soulevant difficilement tandis que je respire avec peine.
Je passais un agréable moment avec Rémy mais ce connard a réussi à gâcher mon humeur.
— Je suis vraiment désolée, je lance, c’est juste qu’Eren est…
— Amoureux de toi.
Mes sourcils se froncent brutalement et je foudroie le blond du regard. Mais qu’est-ce qu’il raconte, cet abruti ?
— Absolument pas ! je m’exclame. C’est juste un connard !
— La plupart des hommes ne s’énervent pas quand une fille parle avec un mec s’ils ne sont pas attirés par elle.
Je secoue la tête en fronçant les sourcils.
— Non, vraiment, c’est juste un connard.
Rémy éclate de rire avant d’avancer. Mon estomac se soulève en le voyant faire. J’ai l’impression qu’il est soulagé d’apprendre qu’il n’y a rien entre le brun et moi.
— Bon alors, on se retrouve demain pour un café ? 14 heures, ça te va ? demande-t-il.
Ma gorge se serre alors je me contente d’hocher la tête. Il me sourit et me fait un clin d’œil avant de s’éloigner, disparaissant dans un angle. Je m’arrête de marcher, fixant l’endroit où je l’ai vu pour la dernière fois, le cœur battant à toute vitesse.
Puis, réalisant ce qu’il se passe, je cours à toute vitesse en direction de ma chambre. Je dois prévenir Noor. Vite.
Seulement, au moment où j’arrive devant la porte, je m’arrête. Elle a sûrement mieux à faire que d’écouter quelque chose d’ennuyeux à ce point. Surtout que je n’oublie pas ses dernières remarques. Le fait est qu’elle n’aime pas du tout entendre mes problèmes. Elle les juge liés à un égoïsme profond de ma part.
Alors, les épaules légèrement voûtées, j’ouvre la porte de la chambre, prête à me taire. Mais ce projet tombe à l’eau quand je vois une silhouette allongée sur le lit :
— PUTAIN MAIS C’EST PAS VRAI, T’ES PIRE QU’UN DEMARCHEUR TELEPHONIQUE !
— Vas-y, insultes-moi, bébé.
Je retire l’une de mes chaussures, la balançant sur Eren qui lève ses bras devant son visage pour se protéger. Je recommence aussitôt avec l’autre.
— VIRES TON SALE CUL DE MON LIT, CONNARD !
— MAIS ARRÊTES DE CRIER TOUT LE TEMPS, T’ES CHIANTE, PUTAIN !
— MOI, JE SUIS CHIANTE ? POURQUOI TU TAPES TOUJOURS L’INCRUSTE DANS MON LIT !?
Il hausse les épaules, observant la chambre autour de lui. Puis, il lance simplement sans pour autant se lever :
— Je voulais juste ma carte.
— Pourquoi ? je lance.
— Parce que logiquement, on aurait dû faire le travail ensemble et tu t’es cassée avec le premier connard venu.
Je lève les yeux au ciel.
— Tu veux juste une de mes cartes pour me faire perdre, avoue. Parce que l’un de tes potes est dans ce cours donc je sais que tu aurais aimé être avec lui. Et en plus on peut pas se blairer donc…
— Même, ça se fait pas, répond-t-il en croisant les bras d’un air boudeur.
Je lève les yeux au ciel en tirant le jeu de cartes coincé dans ma poche arrière et grommelle :
— T’es vraiment qu’un connard.
j'ai rien à dire
youpi
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