8
LANA
Finalement, après quelques minutes d'attente, la voiture s'arrêta devant une grande propriété. L'endroit semblait imposant, silencieux, presque menaçant. James tapota un code sur un petit boîtier près de la grille, et celle-ci s'ouvrit dans un grincement métallique. Il engagea la voiture sur la route pavée menant à la maison. Le moteur ronronnait, mais le bruit n'arrivait pas à couvrir l'angoisse qui s'était installée en moi.
Lorsque la voiture s'arrêta, je descendis enfin, mes jambes tremblant légèrement sous l'effet de la nervosité. Mes yeux se posèrent sur la grande porte noire de la maison qui se dressait devant moi, imposante. Je n'étais pas certaine de ce qui m'attendait ici, mais quelque chose me disait que ce serait bien plus que je ne pouvais imaginer.
— Par ici. James fit un geste de la main, un simple signe d'autorité.
Je l'observai un instant, mes pensées en ébullition, avant de m'engager à sa suite. Chaque pas semblait peser lourdement sur mes épaules, l'appréhension m'étreignant de plus en plus.
Une femme assez jeune s'approcha de moi, sa silhouette rigide, un chignon strict, la tenue impeccable. Elle tendait sa main sans un mot, et je la saisis maladroitement. J'eus à peine le temps de retirer ma veste que déjà elle la prenait et s'éloignait, me laissant perplexe. Le temps semblait s'étirer alors que je regardais James s'éloigner.
Je le suivis à travers la maison, mon regard glissant sur les murs blancs immaculés et les meubles épurés. Il n'y avait aucune décoration, rien qui donne une âme à cet endroit. L'atmosphère était glaciale, sans vie. À peine un meuble, une table, une chaise. Pas une photo, pas une trace de personnalité. Le salon semblait plus être une pièce d'exposition qu'un véritable espace de vie. Un grand escalier en bois clair montait en silence à côté de moi, et je le suivis sans un mot.
Nous entrâmes dans une pièce plutôt sombre, que je devinais être son bureau. Il m'indiqua une chaise d'un geste de la main, mais avant que je ne puisse m'asseoir, il fit le tour de son bureau et s'installa en face de moi. Un lourd silence s'abattit entre nous, étrange et pesant. Aucun de nous ne parlait. Il ouvrit un tiroir, sortit un dossier et le jeta sur la table, sans cérémonie. Mon regard se tourna vers le dossier avant de se poser sur James.
— Je te présente Jared Cobley.
Je fronçai les sourcils, perplexe.
— Jared Cobley... Et qui est-ce ?
James ne sembla même pas remarquer ma question. Il continua, implacable.
— Il est en ville pour quelques jours. Il cherche un hébergement digne de son statut... le mec le plus riche au monde, tu sais. Il a besoin de... quelque chose de particulier. Il haussait les épaules, comme si cela était la chose la plus évidente du monde.
Je levai les yeux au ciel, mais il ne sembla pas s'en rendre compte.
— Et alors ? Qu'est-ce que ça a à voir avec moi ? demandai-je, jetant le dossier d'un mouvement brusque sur la table.
James ne se laissa pas perturber. Il se pencha en avant, croisant les bras, comme si la réponse à ma question était d'une simplicité enfantine.
— J'aimerais juste que tu t'occupes de lui quelques minutes. Disons vingt minutes, le temps d'un entretien. C'est tout. Ce n'est pas bien compliqué, non ?
Je serrai les dents. Il me prenait pour une idiote.
— Tu le fais un peu trop facile, là. J'ai plus l'impression que tu m'envoies faire le travail que de me demander d'interviewer ce type. Je croise les bras, la colère me montait en flèche. Je ne suis pas une putain, James.
Il n'esquissa pas un sourire. Seulement un regard froid, presque amusé.
— Pourquoi je ferais ça, au juste ? Qu'est-ce que tu caches derrière tout ça ? Je le fixai intensément.
— Ton travail s'arrête là, répondit-il simplement, un sourire en coin. Tu vois rien de compliqué.
Je le dévisageai avec mépris, incapable de supporter sa nonchalance.
— Tu sais quoi...
— Je suis certain que oui. Il me coupa, sa voix grave marquée par une pointe de condescendance.
Je pris une profonde inspiration, essayant de garder mon calme. Le jeu devenait de plus en plus risqué.
— Tout ça pour dire que ça aura lieu au manoir Austen. Sa voix ne laissait pas place à l'hésitation.
Je clignai des yeux, incrédule.
— Je te demande pardon. C'est chez moi, ça ! Je...
— Je sais, il a un rendez-vous avec ton père. Il ne laissa pas de place à l'indignation dans ma réponse. Jared s'y rendra, et puisque tu y as grandi, tu seras celle qui le recevra. Tu feras passer ça pour un simple entretien. C'est pour ça que j'ai besoin de toi. Tu seras notre contact direct avec lui.
Mon cœur rata un battement.
— Et au cas où je ne lirais pas ce dossier... Comment ça va se passer exactement ? demandai-je, en levant la tête, un ton de défi dans la voix.
— Tu ferais bien de lire ce dossier, répondit-il d'un ton sec.
Je soufflai, exaspérée, avant de lever les yeux au ciel.
— Alors des questions ? Non ? Alors c'est réglé. Un chauffeur va te raccompagner à l'hôtel.
Je me levai d'un coup, prête à partir, mais avant que je puisse faire un pas, la porte du bureau s'ouvrit brusquement. Un homme entra, s'excusant d'un ton pressé, avant qu'une jeune femme ne surgisse derrière lui, jurant à voix basse.
— Lizzie ! James semblait furieux.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? Sa voix s'était durcie, trahissant une colère qu'il ne tentait même pas de dissimuler.
— James, je peux tout expliquer... La femme posa un grand sac sur le sol, laissant échapper un bruit métallique. Elle s'approcha de moi, les mains en avant, comme si elle cherchait à se faire pardonner.
Je m'éloignai un peu, sous le choc, et regardai la scène avec stupeur. Elle portait des sacs pleins de... d'armes, apparemment.
— Est-ce que tu es défoncée ? James la fixa, mais elle resta impassible.
— Non, non... Il faut me croire. J'ai des problèmes, ok ? Je vais tout expliquer. Elle se tourna vers lui, comme si elle espérait encore une forme de compréhension.
— Tu peux recommencer ça ? James s'approcha d'elle, son regard dur.
— Je lui dois cinquante mille dollars, et j'ai pensé... je pourrais revendre les armes, et... Elle haussait les épaules, comme si c'était la solution la plus simple du monde.
— Marco n'est pas débile, Lizzie. Tu aurais dû m'en parler avant de faire ça. Est-ce que maman est au courant ?
Elle secoua la tête, désemparée, avant de se tourner vers moi, l'air suspicieux.
— Et elle, c'est qui ? Une de tes putes ? Lizzie me scrutait de haut en bas, un rictus de mépris sur les lèvres.
Je la fixai sans ciller.
— Je ne suis pas une pute, et moi au moins je ne suis pas une camée.
Elle éclata de rire soudainement, brisant la tension dans la pièce.
— Je suis désolée, d'habitude je ne suis pas comme ça. Je crois que je suis juste nerveuse. Elle tendit la main. Elizabeth Harley, mais tout le monde m'appelle Lizzie.
Je la regardai un instant avant de répondre.
— Lana Austen.
Elle haussait les sourcils, choquée.
— Vraiment, Lana Austen ?
Je haussai les épaules, la conversation devenant de plus en plus surréaliste.
— Héroïne, ecstasy, cocaïne ?
— Un peu de tout, mais je suis clean. Elle se tourna furtivement vers James, comme pour chercher une validation.
— Des conneries. Il la scrutait, ses yeux perçant. Tu as les mains moites, et je vois de la sueur sur ton front. Tu trembles, Lizzie.
Je secouai la tête, lasse de toute cette mascarade.
— Je vais vous laisser régler ça entre vous.
— Je t'accompagne.
— Pas besoin, dis-je rapidement, mais il m'emboîtait déjà le pas, silencieux.
On marchait côte à côte, l'ambiance lourde, presque suffocante. Je sentais son regard sur moi, mais il ne disait rien. Ça m'irritait presque autant que ça m'inquiétait.
—Mon cœur battait trop vite, ma gorge était sèche, et je ne voulais plus rester ici une seconde de plus. Je marchai droit vers la voiture, m'y engouffrai sans un mot et tirai la portière derrière moi.
Mais James la retint avant qu'elle ne se ferme. Il se pencha légèrement, son visage calme, presque trop.
— Attends mes instructions, dit-il d'une voix basse. Tu n'as pas le choix.
Je ne répondis rien. Je ne pouvais pas. Mes mains étaient crispées, mes yeux fixés droit devant. J'avais juste envie que cette voiture démarre.
Après un instant qui me sembla une éternité, James recula enfin, et referma la portière. Le verrou claqua.
Le silence dans l'habitacle était aussi lourd que la tension. Quand la voiture s'éloigna enfin, je sentis un poids sur ma poitrine se relâcher... mais pas complètement.
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