𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖𝟏
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
‣ CH133
grand spoiler
Le calme était revenu dans ce lieu exigüe. Les rares pleures s’étaient taries et un silence de plomb s’était abattu dans l’avion. Nul ne prononçait le moindre mot, le regard encore agité par ce qu’ils avaient vu tantôt. Il leur semblait que rien ne pourrait jamais effacer le spectacle du corps enflammé de la brune emporté dans une chute de plus d’une cinquantaine de mètres.
Autour d’eux, le murmure incessant des moteurs défectueux les berçait quelque peu tandis qu’ils songeaient à l’avenir. Qu’allait-il se passer, maintenant ? Etaient-ils sûrs de ce qu’ils allaient faire ? Tous ici savaient que les intentions des uns différaient de celles des autres. Certains comme Reiner, Pieck, Bosuard, Dan et Emeraude se sentaient prêts à trancher la gorge d’Eren. De leurs côtés, Jean, Conny, Mikasa, Armin et Levi se montraient bien plus réticents.
Nul n’en voulait aux autres pour les sentiments qu’ils éprouvaient. D’un côté, ceux qui avaient trop perdu et ne vouaient qu’une affection limitée au brun voyaient en ce choix un geste limité et aisé. De l’autre, les amis, instructeurs et frères d’arme du garçon ne pouvaient se défaire de l’idée que, dans le monstre survolant les titans colossaux se cachait le suicidaire qu’ils avaient tant aimé chambrer, toutes ces années. Ou même, pour l’un d’entre eux, l’âme de martyrs ayant péris pour lui.
Dans un soupir las, profitant de ce court moment de répit, la jeune femme bascula sa tête en arrière. Juste en face d’elle, Dan la regarda faire de ses yeux perçants tandis que son bras reposait sur sa jambe droite pliée sur son siège de sorte à ce que son genou arrive à hauteur de son biceps. Au bout de son membre, ses cinq doigts jouaient entre eux lascivement sans qu’il ne décroche une seule seconde ses prunelles de la femme.
Il était bien le seul à adopter en ces lieux une position détendue. A vrai dire, tous conservaient la même posture. A gauche de la jeune femme, les mains jointes entre ses cuisses, Levi dardait son œil gris sur le sol, ne tenant plus éveillé que grâce à l’apaisante présence d’Emeraude.
Il se trouvait sous un hublot de verre donnant sur l’extérieur. Plusieurs ouvertures de ce style avaient été pratiquées à intervalles réguliers dans la coque de l’appareil. Des sortes d’arcades fines composées de boulons séparaient les fenêtres à mesure que l’ossature de l’appareil progressait. Avec un faible sourire qui n’échappa ni à Dan, ni à Mikasa située à droite de ce dernier, la jeune femme se dit qu’Hanji aurait adoré se retrouver dans un tel engin, elle qui frétillait à chaque nouvelle découverte.
Aucun des d’eux ne fut surpris par son air détendu. A vrai dire, ils étaient même rassurés. La scientifique était la meilleure amie d’Emeraude, au même titre qu’Erwin. Et ils avaient vu les ravages que la douleur du deuil pouvait occasionner chez elle. Ils s’estimaient donc heureux de ne voir qu’une ombre planant sur ses traits au repos.
Quelques pas les séparaient. Emeraude, Levi, Pieck et Bosuard se trouvaient assis les uns à côté des autres, faisant respectivement face à Dan, Mikasa, Jean et Conny. Aucun ne se regardait. Leurs yeux demeuraient plongés sur le visage rieur qu’Hanji avait su laisser dans leurs pensées.
Au fond, juste devant une cargaison de lances foudroyantes solidement fixées entre elles par des cordes afin de les immobiliser et éviter tout incident —Emeraude et Levi en ayant déjà payé les frais— Reiner se trouvait debout. Sa main accrochait l’un des reliefs de l’ossature détaillée de l’avion tandis que ses yeux se perdaient au travers du hublot, admirant une toute dernière fois un paysage qui virerait bientôt au cauchemar.
A droite d’Emeraude, deux voix attirèrent son attention. Armin, héritier du poste d’Hanji, se tenait au côté d’Onyankopon, un mercenaire Anti-Mahr qui s’était lié d’amitié avec la scientifique. Elle tendit l’oreille sans pour autant bouger la tête.
— On n’a que ça comme carburant ? s’éleva la voix du blond.
La jeune femme prit une inspiration. Décidément, les mauvaises nouvelles s’enchainaient. Et celles-ci étaient tellement nombreuses que pas une seule seconde elle n’avait pris le temps de savourer l’idée que ce splendide engin lui permettait de faire ce qu’elle appréciait le plus en compagnie de l’homme qui comptait le plus : rire au nez de Newton.
— On n’a pu remplir le réservoir qu’à moitié…, répondit le pilote.
Non. Son esprit n’était pas à la rigolade. Mais elle gardait tout de même ses sens en alerte, veillant sur le noiraud sans le lui montrer afin de ne pas envahir son espace privé. Elle savait qu’il ne voulait pas être seul mais avait aussi connaissance de son aversion pour les effusions de sentiments. Elle opta donc pour une simple présence constante mais effacée. Du moins, jusqu’à un certain point.
— Ça suffira pour atteindre Slatoa ?
Un spasme. Rapide. Fugace. Presque imperceptible. Un tremblement avait parcouru la main blessée et cisaillée du noiraud. Même en gardant son regard fixé en face d’elle, sur les doigts joueurs de Dan, elle avait senti le mouvement incontrôlable de l’homme. Il devait avoir mal. Autant à l’extérieur qu’à l’intérieur.
— Je vais faire en sorte que oui.
Là, dans un geste doux qu’il n’anticipa pas, il vit devant son œil fatigué par la guerre une main traverser son champ de vision. Douce, délicate bien qu’abimée par les années à manipuler le système tridimensionnel, elle passa au-dessus de sa cuisse droite et vint s’abaisser à hauteur de ses huit doigts bandés.
— Hanji a donné sa vie pour qu’on puisse s’envoler à bord de cet avion. C’est notre dernier espoir. Je jure de le conduire jusqu’à la base. Sans faute.
Au moment où, annonçant ses paroles d’une voix ferme, Onyankopon attira un autre frémissement à Levi, la main de son amie se posa finalement sur les siennes et il sentit une douce torpeur s’étendre dans son ventre à mesure que la chaleur irradiant de sa paume vint anesthésier la douleur de ses moignons ainsi que celle de son deuil. Un toucher. Il ne lui avait fallut qu’un toucher pour calmer ses soubresauts.
Durant quelques instants, il caressa de son œil valide ces cinq doigts si doux et chaleureux. Elle était là. Et, même rien ne semblait plus aller, il savait que tant qu’elle restait, il lui était encore possible de retrouver la paix.
— De votre côté…, reprit le pilote, chargez vous d’arrêter le Grand Terrassement. Par tous les moyens.
Il y eut un silence. Même si la question ne lui était pas destinée directement, il sentit la jeune femme à ses côtés acquiescer faiblement.
— Oui, répondit simplement Armin avant de se tourner de nouveau vers ses compagnons en lui adressant un dernier encouragement. On compte sur toi, Onyankopon.
Puis, il quitta les deux sièges de pilote afin de dépasser les barres de métal séparant ces deux parties de l’avion. En se faisant, il croisa le regard profond d’Emeraude qui l’ébranla. La jeune femme et son sixième sens affuté avaient toujours su percevoir ce que le commun des mortels ne voyait pas.
Et, maintenant, voyant ses prunelles animées d’un éclat déconcertant, il comprenait qu’elle savait tout. De son cœur battant avec hargne dans sa poitrine face à l’anxiété de succéder à Erwin et Hanji aux larmes menaçant de couler de ses yeux au souvenir si récent des derniers mots du treizième major des bataillons en passant par sa peur panique à l’idée de ne pas réussir à freiner Eren. Oui. Elle savait tout.
Et ce fut pour cette raison précise que, d’un simple battement de paupières particulièrement lent et expressif, elle l’encouragea à avancer. Il ne sut alors pourquoi, peut-être parce que cette femme qui voyait si claire en chacun d’entre eux venait de lui donner son aval comme si elle était convaincue qu’il était un successeur digne de ses meilleurs amis qui l’avaient précédé, mais il sentit une pointe de fierté naitre en lui et gonfler son torse.
— Bon…
Aussi parvint-il à déclarer d’une voix assurée, attirant l’attention de tous sur eux :
— Discutons stratégie.
Fouillant dans sa poche, il avança parmi eux tandis que tous le suivaient du regard et que Levi, avec quelques difficultés, s’arrachait à la reposante contemplation de la main de la jeune femme. Et, au moment où Armin tira un crayon de bois de sa poche en s’accroupissant au sol, une remarque fort déconvenue de Bosuard sur le fait qu’ils n’étaient pas des enfants résonna dans l’espace exigüe.
Personne ne répondit à ses mots et tous firent mine de n’avoir rien entendu. Cela ne gêna pas l’adolescente, au contraire. Avec le temps, chacun s’était rendu compte que ses sarcasmes et remarques acerbes, tout comme sa coquetterie, étaient son seul bouclier face à ce monde qui partait en miette. Alors ils la laissaient faire et, même si elle ne l’admettrait jamais, elle leur en était reconnaissante.
Tandis qu’elle tirait son miroir de poche de sa veste pour vérifier que son maquillage avait tenu face à la chaleur de titans colossaux et le corriger si besoin était, tous se concentraient sur le dessin qu’Armin venait de pratiquer sur le sol. Tous reconnurent aisément la silhouette du nouveau titan d’Eren.
Emeraude eut un frisson. Même sous forme de croquis, il était terrifiant.
Levi sentit son soubresaut et, ôtant sa main la moins blessée de sous la paume de la jeune femme, vint la reposer par-dessus ses cinq doigts afin de presser les siens dans un geste rassurant. Elle rougit à cela et un fin sourire vint étirer ses lèvres mais elle s’efforça de ne pas regarder le caporal qui demeura tout aussi concentré sur la démonstration d’Armin.
— D’après votre description, l’Originel ressemble à quelque chose dans ce genre-là ? questionna le blond.
La jeune femme déglutit péniblement en regardant le dessin. Là, il avait l’air minuscule. Mais la réalité était si différente qu’elle eut la nausée en songeant de nouveau à la terreur l’ayant paralysée lorsqu’elle l’avait vu pour la première fois.
— Oui, répondit-elle. Enfin on ne l’a pas vu très distinctement. En gros, c’est un énorme tas d’os avec un air de mille-pattes.
La jeune femme approuva ses propres dires d’un hochement de tête. La formulation était adéquate. Les deux bêtes étaient répugnantes.
Mais une seule d’entre elles avait dans ses plans un génocide.
— Normalement, l’entité-maître se trouve au niveau de la nuque mais là…, retentit la voix de Pieck.
Le calme de celle de Levi lui succéda et, même si le sujet abordé n’était pas des plus réjouissants, Emeraude ne put s’empêcher d’apprécier son timbre.
— Ouais… C’est pas dit. D’autant que l’exemple du marteau prouve qu’il peut y avoir des exceptions.
La jeune femme resserra sa prise sur la main de Levi. Seulement, cette fois-ci, ce ne fut pas pour le rassurer, lui, mais elle. Oui. Elle était terrifiée depuis la première fois qu’elle avait vu les débuts du Grand Terrassement. Et sa raison était relativement simple.
Ils n’avaient aucun moyen de savoir s’ils en viendraient à bout.
— En sommes, on ignore où se trouve Eren exactement.
Sentant le sang pulsant dans les veines de la jeune femme se faire plus pressant, traduisant son anxiété quant à la suite des évènements, l’homme ôta la main qu’elle gardait prisonnière en réprimant un frisson désagréable face au froid qu’il l’envahit soudain. Puis, glissant ses cinq doigts entre ceux de la jeune femme pour refermer ses phalanges sur ses paumes, il vint naturellement faire passer les trois autres derrière elle.
Un peu décontenancée par son geste, elle ne dit rien pour ne pas perturber la réunion tandis qu’il glissait sa paume de droite à l’arrière de son crâne, pressant celui-ci affectueusement en irradiant une chaleur réconfortante. A ce contact, elle frémit et savoura cette chaleureuse action à mesure que ses entrailles se tordaient délicieusement dans son ventre.
— C’est pas forcément essentiel de le savoir si on le pulvérise purement et simplement, répondit simplement Pieck tandis que le nouveau major se liquéfiait sur place. Comme quand tu as anéanti le port de Revelio. Avec ton titan colossal, c’est parfaitement faisable.
Emeraude ne fut pas surprise par la goutte de sueur qui coula soudainement sur le front blême d’Armin. La demande de la femme n’était pas anodine. Et la brune elle-même savait quels effets avait eu sa phrase mais ne s’en préoccupait point. Il fallait frapper fort si elle espérait que l’un d’entre eux saisissent ce qu’ils devaient faire.
A savoir tuer Eren.
Et ce, quand bien même ses paroles rappelaient douloureusement à Armin le sombre soir où il avait tué des milliers de personnes et insistait sur l’idée qu’il n’allait pas avoir de choix autre que celui d’occire son ami d’enfance. L’heure était grave, elle ne pouvait pas se permettre de le ménager. Alors ses mots se faisaient aiguisés.
— C’est vrai, ce serait sans doute la méthode la plus efficace, concéda-t-il en baissant la tête. Mais je préfère la réserver pour le cas où nos tentatives de persuasion échoueraient et où on n’aurait vraiment plus aucun moyen de le stopper.
Emeraude ne s’agaça point de sa réponse. Elle le comprenait. Si aujourd’hui on lui annonçait que Bosuard, Dan ou même Levi devaient être tués pour la survie de l’Humanité, elle aurait sans doute bien du mal à s’y faire. Dans le dernier cas, elle était même sûre qu’elle lâcherait un rire cynique accompagné d’un simple : « Bah crevez, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? »
Alors elle admirait la force mentale d’Armin mais aussi et surtout celle de Mikasa qui avait blêmit mais ne pipait mot. Les attaches de la jeune femme à Eren étaient solides. Elle pouvait comprendre aisément son désarroi.
— Bon, ça nous fait un plan de dernier ressort en réserve, parfait, vrombit la voix de Levi tandis qu’il continuait de masser délicatement la main et le crâne d’Emeraude. Mais, sauf, erreur, c’est par le biais de Sieg qu’Eren a pris le contrôle de l’Originel, non ? Donc, est-ce qu’il ne suffirait pas de le tuer, lui, pour enrayer le Grand Terrassement ?
Emeraude se redressa aussitôt sur son siège et, affichant un large sourire qui saisit tous ceux qui s’étaient tournés vers eux aux paroles de Levi, elle lança d’une voix enflammée et rieuse :
— Mais oui ! Crevons cette enflure !
Nul ne releva son enthousiasme, parfaitement conscients de ce que cette simple phrase avait comme signification pour la jeune femme. Là où ils avaient appris à voir un ennemi puis un étrange allié ou encore, pour certains, un vieux camarade, elle et Levi ne verraient jamais que l’horrible bête auteur du décès de Mike, Erwin et une centaine de soldats.
Même s’ils tentaient de ne pas le souligner, tous avaient remarqué que la vie de ce duo si efficace et violent s’était arrêtée ce jour-là, lorsque Shiganshina avait été repris. La première n’avait pas réussi à rester à leurs côtés tandis que le deuxième était devenu l’ombre de lui-même.
Oui. Qu’ils l’admettent ou non, eux qui avaient fait le serment de rentrer ensemble ou pas du tout de ce champ de bataille avaient opté, sans même le savoir, pour la seconde option.
— En effet, répondit Armin au bout d’un silence de quelques secondes. Ça pourrait marcher.
— Je peux rien assurer mais c’est ce que Hanji prévoyait, répondit simplement le noiraud.
Aucun n’en fut surpris. Hanji, Levi, Erwin, Emeraude. Ce quatuor bien connu dans les rangs des bataillons s’était vu fort secoué lorsque deux des leurs n’étaient pas rentrés, ce jour-là. Alors, bien évidemment, même si la scientifique avait su mieux le dissimuler, l’envie d’accomplir le dernier vœu du treizième major n’avait pas quitté leur esprit.
— L’ennui, c’est que Sieg non plus, on ne sait pas où il est, objecta Pieck.
Emeraude sentit les mains sur la sienne et son crâne se raffermir. Elle n’en dit rien.
— Et bien il va falloir le dénicher au milieu de tout ce fatras d’os, alors, répondit-il simplement.
Il y eut un silence. Elle sentit le contact de Levi pulser contre sa peau et devina que son sang affluait à toute vitesse dans ses veines, signe que son rythme cardiaque avait augmenté. Il était en colère.
— Cette enflure, je tiens à le buter moi-même.
Il marqua une brève pause.
— Je peux compter sur votre aide ?
Tous se redressèrent quelque peu, souhaitant regarder le caporal pour mieux lui montrer leur sincérité lorsqu’ils acquiescèrent. Et ils virent alors avec quelle intensité il fixait la main d’Emeraude qu’il tenait. Elle était sa toute dernière attache.
Elle opina du chef. Même si elle haïssait le Bestial, elle savait que le geste de l’occire revenait au noiraud de droit et ne souhaitait l’en priver. Seulement, s’il souhaitait le faire souffrir avant, elle se ferait une joie de participer aux festivités.
Le pardon était quelque chose auquel ses ennemis n’avaient pas droit.
— Mon caporal, résonna la voix calme de Jean. Ça va de soi. On a tué beaucoup de nos camarades pour que cet appareil puisse décoller. Il est hors de question que ces massacres restent vains.
Conny se raidit à ses côtés et Emeraude vit ses yeux s’écarquiller. Elle savait à quoi il pensait. Dans son coma, nombreuses choses s’étaient déroulées. Et aucune sans accroc.
— On est déterminés à stopper le Grand Terrassement. En tout cas, moi, je suis prêt à tout.
La main sur le crâne d’Emeraude se fit moins pesante et elle comprit. Sur le visage de ses soldats brisés à un si jeune âge, Levi voyait les siens, la guerre, les années sans trêve, la lutte acharnée et la douleur de la trahison. Et cette vision lui était insupportable.
Se rappelant de ces deux inconnus qu’elle avait rencontré, lors de son court moment de repos aux côtés des martyrs, elle remarqua quelque chose d’assez troublant chez Jean. De la forme de son visage ovale à la couleur de ses cheveux mi-long en passant par quelques expressions faciales subtiles, le garçon ressemblait à Farlan. Et elle se doutait que le caporal s’était déjà fait la réflexion.
De sa main libre, elle vint saisir les trois doigts solidement bandés du caporal pour les ôter de sa tête et faire passer son bras derrière ses épaules. Il n’opposa aucune forme de résistance, se concentrant sur ce toucher si délicat afin d’oublier l’horreur de ses souvenirs. Laissant ses pensées quitter les dires des soldats, il se concentra simplement sur la façon si douce qu’elle eut de ramener soudainement sa main blessée devant sa bouche.
Un frisson le prit lorsqu’il sentit son souffle chaud s’échouer sur sa peau au travers des bandages et il se décida enfin à se tourner vers elle. Son œil argenté scintillant sous le contact de sa respiration sur sa chair qui calmait tant ses maux, il entreprit de détailler la façon qu’avait son regard profond de se poser sans une once dégoût sur ses blessures, comment ses lèvres délicates projetaient des volutes d’air chaleureux dessus pour les apaiser et son élégante main soutenait la sienne afin de lui épargner toute souffrance.
Son cœur s’emballa et, sentant ses entrailles se tordre en lui, il s’autorisa à s’abandonner à la légèreté de ce moment malgré l’horreur de l’extérieur. Il ne savait pas de quoi l’avenir serait fait et, même s’il s’était juré de ne jamais s’embarrasser de telles inconvenances sur le champ de bataille, le fait était qu’il était amoureux de cette jeune femme. Et, face à la possibilité de se voir séparer par la mort au cours d’une future bataille, il acceptait volontiers ce bref instant de paix.
Lorsqu’elle posa ses lèvres sur le dos de sa main au travers des bandages, il sentit tout de même la chaleur de son corps. Et, même s’il ne pouvait pas nettement sentir la douceur de ses lèvres ni leur texture, cette simple pression légère et distrayante lui mit du baume au cœur. Comme d’habitude, sa présence l’apaisait.
Il eut soudain envie que l’avion ne s’arrête jamais. Là, à quelques centimètres seulement l’un de l’autre, tandis que leurs torses se frôlaient, dans la chaleur d’un simple moment intime que nul ne remarquait, occupé par leur douloureuse conversation, il voulut s’enfermer dans l’étreinte de cette femme qu’il aimait pour l’éternité.
Mais la guerre ne leur laissait aucun répit.
Soudain, la main de Levi devint flageolante et Emeraude constata avec surprise que ses forces venaient brutalement de le quitter. Elle n’eut le temps de froncer les sourcils qu’une masse s’abattit brusquement sur son corps depuis le côté gauche. Masse qu’elle identifia bien vite comme étant le caporal, inconscient.
Un vent de panique naquit soudain en elle et elle se retourna vivement, laissant le noiraud glisser sur son buste de sorte à ce que sa tête repose sur sa poitrine. Puis, dans un mouvement presque instinctif, elle passa son bras gauche autour de son torse pour enserrer son buste et ses bras si développés que sa main s’arrêta à hauteur de ses omoplates. L’autre vint atterrir avec délicatesse sur le crâne de l’homme, appuyant très légèrement dessus pour que son oreille se retrouve contre ses battements de cœur et qu’il puisse s’en imprégner.
A quelques mètres d’elle, Bosuard posait sur elle un regard apeuré. Seules elles deux et le pilote étaient encore éveillées. Sous leurs regards déconcertés, Reiner, Pieck, Jean, Mikasa, Dan, Conny, Armin et Levi venaient de s’effondrer de tout leur long dans un mouvement synchrone.
Ils restèrent ainsi durant un temps. Des minutes ou des secondes, ils ne surent le dire. Onyankopon demanda d’une voix effrayée à l’adolescente ce qu’il se passait mais elle eut bien du mal à répondre et, détaillant les endormis de ses yeux paniqués en se demandant ce qu’il se passait, délcara en bégayant au pilote qu’elle ne le savait pas.
Emeraude ne fit rien pour la rassurer, tout aussi paniquée qu’elle. A vrai dire, son seul et unique réflexe fut de serrer davantage Levi contre elle, raffermissant sa prise en tentant de dompter son souffle irrégulier.
Soudain, une pression large et continue vint enserrer sa taille, lui indiquant que Levi avait répondu à son étreinte. Sans bouger le moins du monde sa tête qu’il garda collée à son cœur qu’il entreprit d’écouter pour calmer son corps désarçonné parce qu’il venait de se passer, il répondit à l’embrassade d’Emeraude tandis que, décontenancée par ce qu’il venait de se passer mais positivement surprise de sentir les muscles de l’homme se remettre en marche contre son buste, elle ne dit rien et se contenta de regarder autour d’elle.
— Ça va ? hurla la voix du pilote qui n’avait pas eu de réponse utile de la part des deux jeunes femmes. Qu’est-ce qu’il vous arrive ?
Tout en observant les corps au sol s’animer lentement et certains se relever avec l’aide de Bosuard qui se précipitait pour les aider, Emeraude sentit un toucher délicat et mouillé progresser le long de sa joue. Quelque peu surprise, elle mit quelques instants avant de réaliser qu’il s’agissait d’une larme.
Abasourdie par la surprise, pas une seule seconde elle ne s’était rendue compte de la terreur qui s’était emparée d’elle face à la chute de Levi mais ce dernier, qui pouvait nettement entendre ses rapides battements de cœur, si. Et ce fut pour cette exact raison qu’il conserva leur position et raffermit encore plus son étreinte tandis qu’elle faisait de même.
Là, enfermée dans un contact qu’ils n’avaient jamais eu auparavant, partagée entre l’angoisse de cette nouvelle approche, la terreur s’envolant face aux évènements et la douceur des caresses qu’étaient la simple présence du noiraud contre elle, elle demeura ainsi encore quelques instants. Ils en avaient besoin.
Même si le caporal haïssait les démonstrations d’affection, aujourd’hui, il en avait cruellement besoin. Et les mains de la jeune femme sur son corps, la douce musique de ses battements de cœur et cette odeur puissante de sueur qu’il haïssait à l’ordinaire, en cet instant précis, le comblèrent de confort. En ce lieu précis, dans cette étreinte, il retrouvait une paix qu’il croyait révolue.
— Eh ben on dirait que j’avais vu juste, répondit la rude voix de Reiner.
Renversant sa tête en arrière, Jean déclara d’une voix plaintive :
— C’est foutu alors ? Y’a vraiment pas d’autres moyens ?
Un peu désarçonnée, Emeraude tourna son regard vers l’homme pressé contre sa poitrine dont elle ne voyait que le sommet du crâne et son œil. Ce dernier semblait habité par une douleur encore plus vive que celle qui y brillait auparavant. Et son étreinte, cette fois-ci, ne put rien y faire.
Son corps se raidit et il le sentit nettement. Elle avait deviné. Une seule fois auparavant elle lui avait vu cette ombre si particulière dans les prunelles. Trahison. Il s’agissait d’un sentiment de trahison dont l’origine ne pouvait être qu’une personne. Sa prise se raffermit sur l’homme et elle fulmina de rage tandis que ses yeux s’assombrissaient.
Non seulement elle n’avait jamais vraiment porté Eren dans son cœur, mais elle se sentait encore plus furieuse de voir les dégâts qu’il causait à Levi. Elle ne le supportait pas et ne pouvait le tolérer.
— Nos espoirs de négociation viennent de s’envoler, déclara le noiraud en soupirant contre le torse de la femme avant de remuer quelque peu. On fait quoi maintenant…
Il se redressa, se détachant doucement de la jeune femme qui n’opposa aucune forme de résistance. Tous deux eurent froid à ce geste mais, aussi reposante leur étreinte avait-elle été, l’heure n’était pas aux embrassades.
— …major ? termina-t-il en s’adressant à Armin.
Emeraude se tourna vers le concerné qui affichait un air surpris. Ses yeux écarquillés étaient fixés sur le noiraud qui ne le regardait pas, concentré par ce qu’Eren leur avait annoncé. S’ils souhaitaient l’arrêter, ils devraient le tuer. Un frisson désagréable le prit. J’aurais dû l’écouter, se dit-il en se rappelant des nombreuses mises en garde de la jeune femme.
Ses doigts se crispèrent entre eux et il sentit ses épaules s’alourdir, le poids de la culpabilité y exerçant une forte pression. Egoïstement, il s’était refusé à faire ce qu’il avait toujours su, au fond de lui, être la meilleure des choses. Non seulement parce que le flair infaillible d’Emeraude l’avait guidé sur cette piste mais aussi et surtout parce qu’il avait depuis longtemps conscience du fait qu’Eren était instable.
— Si tu laisses ce garçon poursuivre son but. Sacha ne sera pas la dernière.
Il réentendait nettement sa voix tremblotante et secouée de hoquets d’effroi. Il se souvenait nettement des larmes qui menaçaient de rouler sur ses joues lorsqu’elle l’avait imploré de la laisser occire le garçon.
Mais il avait tout de même refusé.
Tout cela, pour quoi ? Rares étaient les survivants de la prise de pouvoir par les pro-jäger dans leurs rangs et la guerre ne cessait de se déchainer dehors avec rage, condamnant sûrement les populations innocentes. Emeraude avait pressentit l’horreur du Grand Terrassement. Mais il l’avait ignorée.
Soudain, l’interrompant dans ses pensées néfastes, une agitation soudaine le secoua de part en part. A vrai dire, tous dans l’avion se virent particulièrement ébranlés quand la carcasse se mit à trembler.
Mais ce n’était pas là quelques spasmes inquiétants. Non. L’appareil semblait tournoyer sur lui-même et ce, avec une telle violence, qu’il vit la jeune femme à côté de lui se voir projeter au pieds de Dan qui, pour sa part, se retrouvait plaquer contre les parois à cause de la gravité.
Un cri collectif de stupeur mêlé à l’effroi perturba le silence de la cabine tandis qu’il tentait de se précipiter vers Emeraude. Ses jambes étant paralysées, elle ne pouvait pas se redresser seule. Son œil se noircit lorsqu’il vit ses traits tirés en une expression de souffrance.
— Il est là…, lâcha-t-il d’une voix grondante qui interpela tout le monde.
Chaque tête tenta de se tourner en sa direction mais les violents soubresauts de l’appareils étaient tels qu’ils ne demeuraient statiques bien longtemps. Et, quand, dans un cri de panique, Dan s’effondra de façon plus que maladroite en tentant d’éviter Emeraude gisant à ses pieds, il termina sa phrase d’un calme qui ressembla pourtant à un rugissement de colère :
— Cet enfoiré de bestial.
⏂
hier sur tiktok je suis tombée sur une vidéo disant "ne cherchez pas le nom de votre personnage d'anime favori + rule 34"
et donc, bien évidemment, j'ai cherché
et pour résumer...
non plus sérieusement j'ai horreur des gens qui disent "cherchez pas" sans préciser de quoi il s'agit donc je vais être cash
c'est les personnages d'anime dans des positions sexuelles très explicites
sauf que y'a un truc qui m'a vraiment choquée (parce qu'en soit, après avoir traîné sur twitter, c'est pas du hentai qui va vraiment me perturber)
mais enfaite je suis tombée sur un dessin de mikasa
le jour de sa rencontre avec eren
quand elle avait aux alentours de cinq ans.
A QUELLE HEURE TU LAISSES ÇA SUR LES RÉSEAUX ET SURTOUT TU VAS PAS DÉFONCER LA PORTE DU BOUG QUI A PONDU UN BAIL PAREIL ????
MAIS ?
SÉRIEUSEMENT ????
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