𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
Les yeux clos, la jeune femme tentait d’oublier chacun des bruits autour d’elle. Sans succès. Malgré sa volonté, ses sens demeuraient en constant éveil, vieille habitude qu’elle avait hérité de ses années passées dans la rue où bien des choses étaient possibles et où il lui fallait demeurer aux aguets sans arrêts.
Tant et si bien que, alors qu’elle aurait voulu s’endormir afin de fuir ce monde trop réel, son sixième sens avec lequel elle entretenait une relation d’amour-haine très tumultueuse la maintenait dans le monde des vivants. Et elle peinait à ne pas maudire intérieurement Morphée qui refusait dernièrement beaucoup trop de leurs étreintes.
Quelques heures s’étaient écoulées depuis l’entrevue fracassante qu’elle avait eu avec Louise, la chamane de son village. Là, tandis qu’ils s’apprêtaient à se mettre en selle pour rejoindre la base des bataillons d’exploration, la sagefemme avait balancé, de la haine habitant ses iris marrones, ce qu’Edward et Carlos lui avaient si longtemps caché.
L’obscure raison pour laquelle son frère n’avait jamais daigné la baptiser, le motif mystérieux derrière la haine que tous semblaient lui vouer. L’Enfant Maudite. La Née dans la Mort. L’Envoyée du Malin. Le Malheur Innomé. La Peste Innommable.
Sa mère elle-même l’avait compris et ce, avant qu’elle ne vienne au monde.
Comment pouvait-elle continuer de prétendre ne pas croire les villageois après une telle nouvelle ? Qu’est-ce qui pouvait bien justifier que sa génitrice soit d’ores et déjà convaincu de la peine qu’elle engendrerait et décide donc de la punir avant même qu’elle ne la rencontre ?
Sans doute un mauvais pressentiment. Et, sachant combien les siens étaient toujours fondés, l’enfant réalisa que les chances que sa génitrice se soit trompée n’était que très faibles. Peut-être avaient-ils tous raison depuis le début, finalement.
— On y est, déclara la voix devant elle tandis qu’elle sentait sa joue trembler contre le dos de l’homme sous l’impulsion de ses cordes vocales.
Mais elle n’ouvrit pas les yeux.
Après la déclaration de Louise et le malaise dense que celle-ci avait instauré parmi ceux devant l’escorter jusqu’à la base, le silence s’était fait assez long et pesant. Edward demeurait figé dans une posture visant à fuir le regard de sa sœur, Levi était retourné à ses occupations en attelant son cheval et le reste de la troupe les avait fixés sans ne savoir trop quoi faire, pris au dépourvu.
Ce fut Erd, un grand blond aux cheveux ramenés en une haute queue de cheval, qui avait pris les choses en main. Oui. Dans la stupeur paralysante générale, il avait avancé son corps bâti comme une armoire à glace et, dardant ses yeux sombres mais pourtant doux sur le visage de la femme, lui avait tendu une main chaleureuse.
Il s’était à ce moment-là produit quelque chose d’inexplicable en elle, comme une explosion de sentiment réconfortant. Face à ces cinq doigts si accueillants, ce visage fermé où transparaissait nettement une pointe de compassion, cette gentillesse vainement dissimulée, les mêmes émotions l’ayant prises le jour où Marco lui était venue en aide l’avaient assaillie.
Humaine. Elle se sentait humaine.
Point de démon, d’enfant maudit ou mauvais présage. Non. Une simple personne digne de compassion et considération. Une femme que l’on reconnaissait être digne de respect au même titre que ses compères.
Alors, une larme menaçant de couler sur sa joue, elle s’était naturellement avancée en direction de l’homme sous les regards fermes mais pourtant bienveillants de ses collègues. Puis, ignorant délibérément l’immense désarrois se dégageant en volutes denses de son frère dont la nuque demeurait recourbée, elle était montée derrière le blond sans ne rien dire de plus, se contentant de se laisser bercer par ces quatre auras qu’elle trouvait apaisantes.
— Ne la réveille surtout pas, retentit une voix douce à côté de la jeune femme.
Devinant que Petra parlait d’elle, l’intéressée fit de son mieux pour ne pas montrer qu’elle était consciente. Mais elle devina aisément que les soldats, rien qu’à la façon dont ses yeux roulaient avec force sous ses paupières, l’avaient d’ores et déjà compris. Seulement ils firent mine de ne rien y voir afin de lui laisser un peu d’intimité et elle leur en fut reconnaissant.
Sentant les larmes piquer ses yeux, elle avait fermé ceux-ci quelques heures auparavant tandis que la monture sur laquelle elle et Erd étaient assis les faisait se secouer de soubresauts à cause de son pas chaloupé. Puis, sans même songer à son geste, elle avait enterré son visage dans les omoplates du blond pour les dissimuler, faisant mine de s’être endormie.
Elle avait bien senti, au sursaut qui avait alors parcouru le corps du blond, qu’il ne s’était pas attendu à un tel contact. Mais il n’y avait étrangement opposé aucune forme de résistance. Et, se redressant simplement afin de veiller à ce qu’elle ne tombe pas, il était demeuré dans la même position durant tout le trajet, supportant son poids en silence.
— Je pense pas qu’il soit utile de lui remettre les chaines aux pieds, résonna une voix qu’elle identifia relativement rapidement —à son ton calme et avisé— comme étant celle de Gunther. Nous sommes tous armés, au pire.
Un frisson la prit. Les montures s’étaient arrêtées et ils avaient atteints leur destination, elle le devinait au parfum fort de crottin de cheval l’envahissant qui lui signalait qu’elle se trouvait dans des écuries, au fait que son destrier ne bougeait plus et aux bruits divers, des éclats de voix en tout genre lointain et proches, lui signalant que les lieux dans lequel elle se trouvait étaient habités.
Mais elle ne fit aucun geste pour signaler qu’elle était éveillée. Car elle savait pertinemment que, dès lors qu’elle ouvrirait les paupières, elle pleurerait. Et, au terme de ces trois années, elle ne se sentait prête à se laisser aller de la sorte que devant quatre personnes bien précises. Du moins, cinq. Mais la dernière était l’une des responsables de son état donc elle ne souhaitait pas s’entretenir de celui-ci avec elle.
Quoi qu’il en soit, elle apprécia les paroles qu’elle venait d’entendre car elle n’était pas sans savoir que, lorsqu’Erd avait décroché les chaines de ses pieds afin qu’elle puisse prendre place sur sa monture, Levi avait laissé entendre qu’il faudrait les lui remettre. Du moins, au travers d’une phrase énigmatique où il lui stipulait qu’il ne devrait pas perdre la clé au retour, tous avaient compris ses ordres.
Mais, étrangement, aujourd’hui, ils firent mine de ne rien en savoir. Et, sachant quelle crainte leur inspirait naturellement le noiraud, la jeune femme devina que leurs actions étaient davantage motivées par leur envie de calmer la douleur d’Edward en la traitant bien que de se montrer insolents envers le caporal.
Surtout que, même si l’Extralucide n’en savait rien, dès lors qu’il était arrivé, l’homme les avait quittés. Et une partie de lui s’était empressé de les laisser seul par simple désir, bien que dissimulé, qu’ils profitent de son absence pour la traiter dignement.
— Je pense qu’il serait même judicieux de lui retirer ses chaines, tout simplement. Même celle des poignets, intervint la voix d’Erd sur le dos duquel elle demeurait affalée.
Un silence de plomb accueillit sa phrase et même la jeune femme sentit ses pupilles se dilater derrière ses paupières closes. Avait-elle bien entendu ? Faire semblant de ne pas avoir compris un ordre était une chose. Allez clairement à l’encontre des instructions du caporal et du major en était une autre.
Et elle savait qu’elle n’était pas la seule à s’être faite cette réflexion.
— Je… Heu… Comment d… Je…, balbutia soudain la voix de Petra à sa droite.
La prisonnière ne lui en tint pas rigueur. Implicitement, le blond venait de lui demander de désobéir à l’un des hommes les plus effrayants qui existait à l’heure actuelle. Il y avait de quoi se perdre dans des bégaiements de détresse. Surtout quand on savait ce qu’il avait l’habitude de réserver comme châtiment aux insolents.
D’autant plus que, sur un plan plus personnel, sa grande admiration pour ce vaillant héros la pousser à émettre quelques réticences face à l’idée de lui désobéir de façon si flagrante.
Mais étonnamment, elle sembla être la seule de cet avis parmi le trio, Auruo ne s’étant toujours pas manifesté.
— Enormément de soldats des brigades d’entrainement sont arrivés ici hier alors beaucoup de ses connaissances sont là, argumenta Gunther. Que diraient-ils s’ils la voyaient enchainée ?
Seulement, même si l’Extralucide se vit touchée par une telle considération, elle ne put ignorer un point précis qu’Auruo, prenant enfin la parole, ne sembla pas oublier. Pour cause, il n’était pas des moindres.
— Vous semblez oublier qu’il ne s’agit pas d’une promenade de santé mais d’une période de mise à l’essai, retentit sa voix d’un ton ennuyé. Même si elle est proche d’Edward, nous ne devons pas la traiter autrement que comme une prisonnière suspectée de traitrise.
Derrière ses paupières closes, la jeune femme entendit nettement le bruit des graviers à quelques pas de la monture haute où elle se trouvait. Quelqu’un venait de descendre de son cheval. Et, se rappelant des missives de son frère, elle eut bien du mal à contenir un sourire moqueur.
En effet, depuis les quelques mois que ces quatre éléments avaient rejoints le duo de choc que formaient Levi et Edward pour créer l’escouade d’élite ou tactique, la plupart des missives que lui déchiffrait Carlos étaient axées sur le comptage d’anecdotes à propos de ces impressionnants soldats. Et toutes n’étaient pas forcément héroïques.
Elle avait notamment appris qu’ils se plaisaient à enquiquiner Auruo dont les réactions demeuraient toujours particulièrement distrayantes à observer.
Et elle devina alors simplement que la personne ayant posé pied à terre était Petra et que, face aux remontrances du blond cendré, la rouquine avait simplement pris l’initiative de lui désobéir. Comme s’il ne lui avait fallu qu’une objection de son collègue pour être convaincue.
— Edward m’a parlé d’une certaine Sacha Braus, va la prévenir que nous sommes arrivés, Gunther, s’il-te-plaît, résonna sa douce voix. Nous allons lui retirer les menottes et l’escorter jusqu’à sa chambre.
Aussitôt, un bruit de roulement de gravier s’en suivit et elle devina que le brun s’était exécuté. Et ce ne fut pas sans les jérémiades d’Auruo qui retentirent soudain, signe qu’il n’appréciait pas le fait d’avoir été si prestement ignoré.
Alors, tandis qu’elle l’entendait maugréer qu’il n’hésiterait pas à les dénoncer si jamais cela se savait un jour, qu’il ne paierait pas pour leur insubordination, le dos sur lequel elle était affalée bougea quelque peu et elle devina qu’Erd s’apprêtait à la faire descendre.
Et, comme pour corroborer ses pensées, la voix du garçon retentit soudain :
— La ferme Auruo, déjà qu’elle risque pas de rester endormie très longtemps en quittant la scelle alors, si c’est pour parler sans arrêt, vas plus loin.
Profitant de la cohue que fut les mouvements du blond lorsqu’il se mouva pour quitter la monture sans éveiller la fausse endormie, cette dernière s’autorisa un faible sourire en les entendant parler. Malgré tous les éloges qui se racontaient à leur sujet parmi les brigades d’entrainement, Edward n’avait pas menti sur un point les concernant.
Ils étaient incroyablement humains.
***
— Franchement je ne vois pas pourquoi tu écoutes cette femme. De ce que tu m’as dit elle n’a jamais été particulièrement gentille avec toi donc tu devrais te contenter de l’ignorer.
L’intégralité de la 104ème brigade d’entrainement s’était réunie dans la chambre occupée par les femmes de celle-ci. Inquiète quant à l’état de la jeune femme après les propos tenues par Louise mais désireuse de protéger tout de même son intimité, Petra avait prévenu ses collègues que l’état de l’Extralucide la préoccupait sans ne rien dire de la conversation qu’elle avait surprise au sortir du tribunal.
Alors, lorsque la rousse qu’ils admiraient tous du fait de ses capacités et de sa position fort respectée de soldat sélectionné par Levi lui-même s’était plantée face à eux pour leur demander une telle chose, ils n’avaient pas hésité une seule seconde. Surtout que, connaissant cette forte tête à l’égo surdimensionné qui la poussait à ne jamais montrer ses émotions, seul un très grave incident aurait pu la plonger dans un tel état.
— Jean a raison, résonna la voix de Marcel. Cette Louise n’est qu’une vipère. Je suis même sûr qu’elle est un charlatan.
Le brun était adossé à l’armature d’un lit superposé délégué par Ymir et Christa. Les bras croisés sur sa poitrine, il faisait face à une large fenêtre laissant filtrer les vifs rayons du soleil en cette chaude après-midi. Ceux-là illuminaient partiellement son visage qu’il tournait vers la jeune femme.
Celle-ci était assise en tailleur sur un lit simple calé contre le mur qu’elle avait cédé à Mikasa, sachant la jeune femme peu à l’aise à l’idée de partager l’autre mezzanine située dans la pièce. Mais la noiraude, en voyant l’état de l’Extralucide, l’avait naturellement laissée s’installer momentanément sur le matelas et s’était contentée de s’adosser à la vitre, le visage ferme et les yeux détournés de celle au centre de l’attention pour ne pas la gêner.
Cette dernière était solidement entourée. A sa gauche, assis en tailleur de sorte à lui faire face, Conny et Marco posaient un regard doux sur elle. De l’autre côté, à genoux dans la même position que ses amis, Sacha l’imitait. Finalement, assise sur le sol juste devant eux de sorte à ce que seule sa frimousse enfantine ne dépasse, Christa faisait preuve d’une grande compassion.
Là se résumaient les plus capables de montrer leurs émotions au sein de cette fine équipe. Les autres, tout de même désireux d’aider la jeune femme dans ce moment compliqué, avaient opté pour une position plus en retrait. Ceux capables du plus de tact évitaient son regard pour ne pas l’embarrasser tandis que les autres pensaient l’aider en la couvant d’un contact visuel insistant.
— Qu’elle soit un charlatan ou pas, elle reste une connasse, lâcha Ymir de sa voix grave en inspirant une bouffée de la cigarette qu’elle avait coincée entre ses lèvres. Il n’y a rien de plus stupide que de juger une personne sur des éléments qu’elle ne peut pas contrôler.
Assise sur le lit inférieur qu’occuperait l’Extralucide la nuit, la brune ne la regardait pas. Ses yeux semblaient perdus dans le vide, comme hypnotisés par ses propres paroles. Cependant, son interlocutrice ne le souligna pas. Il arrivait que sa collègue montre une attitude mystérieuse assez déroutante mais, au fil des années, elle s’y était habituée.
La porte de bois brune marquant l’accès à la chambre se situait sur le côté droit d’un mur faisant face à la fenêtre. Collés à celui-ci mais sur le côté gauche, les lits superposés de Sacha et l’Extralucide —actuellement occupés par la fumeuse et Jean— reposaient sur le parquet brun mal vernie. Perpendiculairement à ceux-là mais parallèlement les uns aux autres, ceux occupés par Ymir et Christa la nuit —sur lesquels se tenaient présentement Reiner et Eren tandis que Marcel s’y adossait— étaient situés à gauche par rapport à l’entrée et celui de Mikasa, juste en face de celle-ci et donc sur le mur de droit. Entourant ceci, des murs de pierres apparentes semblables à l’intérieur d’une grotte conservaient la fraicheur et l’humidité des lieux.
— C’est vrai que ses paroles étaient très crues, déclara Christa dans un froncement de sourcil innocent, attirant un regard de Reiner et Ymir que tous ignorèrent.
Même si elle n’avait pas forcément été enchantée à l’idée de se confier sur ce qu’il s’était passé devant le tribunal, la jeune femme avait fini par le faire d’une voix froide et neutre ne laissant filer aucune émotion. Sans doute par besoin de se protéger, elle avait tenu à ne rien laisser paraitre de ses sentiments.
Mais, à l’instant même où elle s’était décidée à prendre la parole là où elle se serait toujours crue muette, elle avait réalisé quelque chose. Un élément fondamental à propos des personnes aujourd’hui présentes dans cette pièce.
Elle avait autant confiance en eux qu’ils avaient confiance en elle.
Bien sûr, pas une seule fois elle n’avait douté de la force du lien les unissant et, malgré les évidentes disputes qui menaçaient parfois d’éclater du fait du caractère aussi fort que différent de chacun, elle savait qu’elle avait trouvé sa place parmi eux. Et c’était d’autant plus étrange qu’elle avait le ferme sentiment que, dans d’autres circonstances, elle n’aurait peut-être jamais eu l’occasion de mettre un terme à sa dense solitude.
Cependant, bien qu’elle ait conscience de l’attachement qu’elle leur vouait, sa prédisposition à se méfier de tout et rester fermer sur ses émotions l’avait menée à se voir frapper de stupeur lorsqu’elle avait fait le choix de se confier. Et, même si elle n’avait fait que prononcer deux phrases d’un ton froid et faussement désintéressé, elle les avait dites en sachant pertinemment que tous verraient clair dans son jeu et comprendraient ses souffrances.
Alors, étant donné le risque qu’elle avait pris en s’exposant de la sorte, elle se voyait considérablement réconfortée par la façon que chacun avait eu de s’assoir naturellement à ses côtés pour discuter. Sans tomber dans le lyrique —chose qu’elle ne supportait pas du fait qu’elle assimilait les démonstrations d’affection à du spectacle et le spectacle à de la comédie et donc du mensonge— ils avaient tous su montrer à leur façon un signe d’intérêt pour elle qui l’avait menée à se rassurer sur son identité.
Oui. Face au choc d’apprendre les circonstances de sa naissance, de se voir confortée dans l’idée que les surnoms dont on l’avait affublée plus jeune avaient finalement une origine, ils lui avaient tous démontré que son identité était autre, qu’elle l’avait construite de ses propres mains et n’avait rien à voir avec sa venue au monde, aussi tragique soit-elle.
Elle n’était pas la Née dans la Mort. Non. A leurs yeux, ce visage si ferme laissant filer tant de grossièretés entre ses lèvres n’était que celui de l’Extralucide. Purement et simplement. Et tenter de revenir sur le passé pour modifier cela ne faisait pas sens. Car le soldat désireux de préserver les siens qu’elle était n’avait rien du mauvais présage d’antan.
— Tes actions sont les seules choses pouvant te définir. Tes origines, elles, n’importe que très peu.
La jeune femme leva ses yeux intenses et profond vers les prunelles d’Eren. Le garçon, assis en face d’elle sur le lit d’Ymir, ne la regardait pas. Ses iris semblaient perdues dans le vague de ses pensées tandis qu’il prononçait ses mots de façon presque effacée, comme si elle n’était pas la seule à qui il les adressait.
Et tous savaient pertinemment qu’il parlait aussi et surtout à lui-même, à ce petit garçon en lui désireux de devenir un héros au même titre que les autres, de retrouver son père porté disparu depuis cinq ans, de combattre les titans à la gloire du bataillon, qui se voyait maintenant confronté au fait d’être devenu un des ennemis de l’Humanité.
Oui. C’était à lui qu’il s’adressait. Mais tous dans cette pièce, assis aux quatre coins de celle-ci, choisirent de prendre ses propos personnellement.
Elle ne répondit pas. Il avait raison. Au cours de sa vie, elle n’avait jamais tué mais s’était fervemment débattue lors de l’assaut de Shiganshina, bien qu’ils aient fini par céder la ville aux titans. Alors la qualifier de faiseuse de malheur n’était que pure mensonge quand on prenait en compte le nombre de vies qu’elle avait sauvé.
Cependant —et cette pensée refusait de la quitter— elle avait été celle affectant les soldats lors de la perte du mur Maria. Et même si, objectivement, elle n’avait fait que prendre des décisions lorsque nul ne savait quoi faire, la vérité était là. Aussi déchirante que douloureuse.
Nombreux étaient décédés ce jour-là. Et si elle s’était tue quant au mauvais présage résonnant dans sa tête, si elle n’avait pas fait le choix d’envoyer tant d’adolescents pas encore soldats à l’abattoir, bien des morts parmi leurs rangs auraient été évité.
Soudain, perturbant l’intégralité de ce petit comité dans leurs pensées respectives, le grincement de la porte résonna en ce lieu habité par un silence pesant. Et, à ce bruit, tous se tournèrent vers l’encadrement de celle-ci.
Là, debout en son seuil, le dos raide dans un uniforme lui sciant parfaitement, le caporal-chef se tenait. Ses deux hématites pénétrantes déjà fixées sur la jeune femme qui déglutit péniblement, il garda un visage de marbre avant d’ouvrir les lèvres.
Sans laisser le temps à ses subalternes de se redresser en un vif salut militaire, il annonça d’une voix ferme et glaciale :
— La traitresse. On doit parler. Suis-moi.
⏂
ca fait plusieurs jours que j'ai pas écris de chapitre comme je suis en période d'examen, j'ai peur de pas en avoir assez
je pense que je vais en écrire deux par jour durant deux semaines histoire d'en avoir d'avance
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top