𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕𝟗
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
‣ CH132
grand spoiler
ATTENTION
même si c'est indiqué juste au-dessus, je suppose que beaucoup de personnes ne font pas vraiment attention au mention "grand/petit spoiler affiché en début de chapitre"
mais ce chapitre contient un GRAND spoiler du chapitre 132 dans le manga
!!!!
Le temps semblait figé. Plus rien aux alentours n'existait. Aspirée par un simple frémissement, la réalité n'était plus. Du moins, Levi Ackerman s'en était détaché. Son unique œil tourné vers la seule source de lumière en ces temps si sombre, les cris de la guerre s'étaient mués en un murmure lointain.
Elle avait bougé.
Ses paupières closes depuis trop longtemps maintenant venaient tout juste de s'agiter. Un simple spasme. Un geste inconscient et presque imperceptible. Mais sa perçante hématite n'en avait rien manqué.
Quelques minutes auparavant, une fusillade avait éclaté. Beaucoup de choses s'étaient déroulées depuis l'explosion ayant mené le caporal et celle qu'il aimait dans un tel état, réduisant ces forts soldats de l'Humanité en deux loques dont une aux portes de la mort. Suite à un violent combat, leur groupe fraichement constitué de personnes qui semblaient n'avoir pourtant rien en commun était parvenu à subtiliser un bateau avec lequel ils avaient rejoins leur unique porte de sortie : un appareil volant.
Durant tout ce temps, malgré les cris enragés des titans cuirassé, féminin et charrette se battant à leurs côtés, les hurlements vainqueurs de Bosuard, Dan, Hanji, Armin et Mikasa ou encore les supplications murmurées par le caporal, elle n'avait pas bougé le moindre muscle. Plongée dans un état à peine moins profond que la mort, rien n'était parvenu à l'en tirer. Du moins, presque.
Une porte de sortie s'était enfin dressée devant eux, immense et irrésistible, empreinte du doux parfum de la liberté à laquelle ils aspiraient depuis tant d'années. Une forme particulière que leur vie sur l'île reculée de Paradis ne les avait pas habituées à voir constituait cette unique opportunité. Un avion.
Une sorte d'oiseau sans-âme, prêt à accueillir en son ventre les combattants de cette nouvelle ère. Un espoir évoluant au-dessus des cieux. Une place au plus près des martyrs pour cette toute dernière bataille. Une main tendue vers la paix.
Là était ce qu'ils avaient atteint après avoir volé ce bateau et s'être posés face à cet avion. Voilà ce que représentait cette « simple machine ». Et c'était exactement cette porte de sortie que des balles avaient percé le matin-même.
Alors qu'ils apprêtaient consciencieusement l'appareil pour s'élancer contre la horde de titans colossaux avançant, déterminés, guidés par l'immense squelette sans émotion qu'était devenu Eren, un sbire de celui-ci avait surgi. L'arme au poing, le visage tordu d'un désir de marquer l'histoire et se faire une place aux côtés des martyrs, qu'importe le prix, Floch avait dégainé son arme.
Tout était allé à la vitesse de l'éclair. A peine la première balle avait-elle sifflé aux oreilles du noiraud qu'il s'était élancé en direction d'Emeraude. Allongée sur une planche de bois ficelée à des roues qu'Hanji avait bricolé pour les déplacer plus facilement, elle et Levi, son corps était possiblement exposé au danger.
Alors, ignorant sa faiblesse musculaire qui l'avait maintenu hors des combats, la douleur qui cisaillait si ardemment son corps à chaque pas et les hurlements emplis de souffrance qui menaçaient de franchir ses lèvres maintenues sous son bandage épais, pas une seconde il n'avait hésité à s'élancer sur le corps inerte de la femme, la recouvrant entièrement dans le but qu'elle ne se prenne pas de balles perdues.
Quand bien même elle était déjà aux portes de la mort et son action le mettait en danger, lui, il s'en fichait. Rien n'importait tant qu'elle était sauve. Même plus. L'avion qu'ils comptaient utiliser était dorénavant presque hors d'usage et ils ne semblaient ne plus avoir la moindre issue mais ses pensées n'étaient pas là. Non.
A genoux à côté de cette planche de bois, il laissait couler la douceur de son unique œil sur les traits de la jeune femme. Sa main blessée et mutilée agrippant son avant-bras droit inerte fermement, il ne voulait pas relâcher sa prise. Car, dès lors qu'il avait empoigné cette partie là de son corps, ressentant un besoin irrésistible de nouer un contact ferme et physique avec elle, de toucher sa peau habillée, de rester simplement auprès de sa personne, de s'attarder à ses côtés, son iris argentée était tombée sur ses paupières et les avait vu se crisper brusquement.
Comme si elle était sur le point de se réveiller.
Derrière lui, les bruits caractéristiques d'outils abattus sur le métal lui indiquaient que tous s'acharnaient sur les réparations de l'avion. A sa gauche, le vent frais filtrant par l'ouverture au fond de cette sorte d'immense grange dans laquelle ils se trouvaient lui amenait en plein nez le parfum écœurant du sang qui ne cessait de couler sur le sol depuis que Mikasa avait tranché la gorge de Floch et qu'ils avaient laissé son corps à l'abandon. A sa droite, le lit paisible de la mer, visible du fait que cette grande salle donnait directement sur le port, brillait sous le soleil étincelant.
Mais il ne s'en préoccupait guère.
Face à lui, elle demeurait. Habillée d'une couverture cachant ses jambes solidement bandées —sur celles-ci se trouvaient la majeure partie des dommages de l'explosion— elle ne donnait l'impression que de se reposer. Ses paupières closes bougeant à peine par intermittence, comme si elle s'éveillait doucement, elle semblait vivante. Et, à cette simple pensée, le cœur de Levi rata un battement et son unique œil s'écarquilla vivement.
Son regard caressait ce visage qui avait fini par prêté ses traits à l'intégralité des rêves de l'homme, il s'attardait sur ces lèvres au repos qui l'avaient tant de fois appelées, il détaillait les paupières agitées de la jeune femme tandis que ses entrailles se soulevaient. Vivante. Elle était vivante.
Hésitant, il mit quelques secondes avant de réaliser que sa main gauche, tremblante, avait quitté sa position inerte. Et, lorsqu'il constata que ses cinq doigts bandés s'approchaient du visage apaisé d'Emeraude, il ne fit rien pour les retenir. Il avait besoin de la toucher, de sentir la vie roulant sous sa chair, de constater par lui-même que du sang couraient dans ses veines, de se délecter du moindre spasme presque imperceptible de ses muscles. Oui. Il s'agissait, là, de sa plus grande nécessité.
Son corps le demandait.
Soudain, au travers de ses bandages rugueux, une réconfortante chaleur vint assaillir ses doigts, pansant ses plaies instantanément. Toute forme de douleur venait de disparaitre subitement de son corps. Transperçant la matière, un baiser de tendresse apaisait ses maux. Il avait posé sa main sur sa joue.
Là, tout ne fut plus que paisibilité. Dans son ventre, le murmure de l'alacrité vint apaiser ses entrailles malmenées par l'anxiété, cisaillant auparavant ses mains et jambes, la brûlure froide vestige des éclats du missile figé dans son corps se mua en un baiser de chaleur, dans sa gorge, son œsophage étreint se vit soudain libéré. Comme si le simple fait de la savoir vivante l'avait amené à vivre à nouveau, lui aussi.
Soudain, ses épaules se penchèrent brusquement au-dessus de la comateuse. Les genoux toujours plantés dans le sol, sa main mutilée enfermant avec force son avant-bras et l'autre pressée contre sa joue, il se trouvait maintenant juste au-dessus de son visage, à une poignée de centimètres seulement d'un baiser.
Ses iris. Il venait de voir ses iris. Comme un éclair de couleur dans ce monde sombre, un spasme de profondeur dans cet univers plat, un sursaut de saveur dans ce combat insipide. Ses paupières s'étaient entrouvertes un fugace instant, attirant le caporal au-dessus d'elle à une faible distance.
Elle allait se réveiller. Il le sentait au plus profond de lui-même.
Son cœur s'emballa dans sa poitrine tandis que son œil ne cessait de choyer la proximité entre eux. Là, sa peau n'était que du satin appelant à mille et une caresse. Il distinguait chaque pore, point noire et bouton sur cette étendue qu'il aimait tant, comme des éclats précieux abandonnés sur la surface du trésor qu'elle était.
Oui. Il voyait tout. Ses cils pointant vers le bas, là où son nez laissait à nouveau filer une respiration semblable à une mélodie silencieuse, où ses lèvres se reposaient en une fleur délicate. Il s'attarda sur ses dernières. Elles l'appelaient. L'avaient toujours fait. Mais aujourd'hui, plus que n'importe quand.
Car aujourd'hui, ils se retrouvaient.
Un spasme le prit et la chaleur le cuisant déjà ne devint que plus intense. Elles venaient de s'entrouvrir. Comme s'il ne leur avait fallut que cette soudaine proximité, que la force de cette iris glacée, ses lèvres s'étaient décollées l'une de l'autre, descellant les portes de la Mort et ouvrant davantage celles de son cœur.
— Le... Levi...
Eteinte, presque inaudible, elle avait laissé filer ce murmure. Le cœur du garçon s'emballa et il sentit un soubresaut agiter son menton derrière ses bandages. Elle l'avait appelé. Elle avait parlé. Il ne savait laquelle de ces deux informations le comblait le plus. Mais, en ces temps pourtant sombres, son œil venait de s'illuminer.
Ses deux prises se raffermirent soudain. Imprimant davantage le contact pourtant rugueux de sa main bandée sur sa joue, il s'approcha de nouveau. A tel point que, malgré le tissu le recouvrant, leurs deux souffles n'en devinrent qu'un seul. Même plus, elle l'aida à dépasser l'entrave de ce pansement en projetant sa propre respiration au travers de celui-ci et lui donnant son air. On eut dit qu'elle n'était littéralement revenue que pour l'aider à vivre.
— Je suis là, répondit-il en toute hâte.
Sa voix était tremblante. Cette si grave et stable mélodie que tous lui connaissaient venait de se muer en un couinement grelottant. Jamais il ne s'était exprimé de la sorte. Mais jamais il n'avait non plus ressenti tels sentiments.
Son œil s'écarquilla davantage lorsque, le remontant pour admirer les spasmes de ses paupières, il tomba sur les iris profondes de la jeune femme. Elle avait ouvert les yeux. Pendant que, déconcerté par l'appel de ses lippes, il ne bougeait point, elle avait révélé ses pupilles à la surface du monde, tombant sur le visage de l'homme.
Un bond. Voilà exactement ce que l'organe vital de la comateuse avait fait dans sa poitrine à l'instant où elle était tombée sur le fleuve argenté dansant entre les paupières du noiraud. Malgré les bandages, pas une seconde elle n'avait douté de qui il était. Son aura, son odeur, sa chaleur, son iris. Tout l'avait enveloppé comme une singulière étreinte à l'instant même où, quittant les martyrs, elle s'en était allée rejoindre les vivants.
Et, en pensant justement à eux, une pensée lui vint.
— Isabel...
Elle sentit le corps de Levi se raidir et vit sa pupille se dilater brusquement. Voilà bien longtemps qu'il n'avait entendu ce nom. Son cœur battit davantage dans sa poitrine et, inconsciemment, ils s'étaient tant rapprochés que leur buste se pressaient l'un contre l'autre. L'organe vitale de l'homme cognait avec vigueur le torse encore quelque peu assoupi de la jeune femme, l'éveillant.
Mais, malgré cette réaction, elle choisit d'aller au bout de son propos. Ils lui avaient confié une mission. Et elle la mènerait à bien.
— Isabel et Farlan sont...
Un bruit, à mi-chemin entre une respiration avortée et un couinement s'échappèrent soudain de ses bandages. Elle s'interrompit, la faiblesse de sa gorge inutilisée et déshydratée tiraillant ses mots. Mais, surtout, ce simple son de détresse étrangla ses paroles.
Là, il vit nettement les traits de la jeune femme se tordre. L'intérieur de ses sourcils pointa soudainement le haut de son crâne et son menton s'agita de soubresaut. Une larme coula sur sa joue. Elle ne supportait pas de deviner la douleur du noiraud.
Mais, malgré le fait que l'émotion rendait sa voix presque inaudible, elle poursuivit. Elle devait aller au bout.
— Isabel et Farlan sont fiers de toi, couina-t-elle.
A ces mots précis, il se passa quelque chose que jamais Emeraude n'aurait cru possible. Soudain, un spectacle qu'elle pensait inimaginable implosa sous ses yeux que l'omniprésence réconfortante du noiraud protégeait de la luminosité.
Là, juste au-dessus de ses paupières, l'unique œil du caporal s'était imbibé de larme et, pressé contre sa poitrine, son torse venait de s'agiter brutalement tandis que le contact rugueux de ses bandages sur sa joue et son avant-bras s'était raffermi brusquement. Bref. Fort. Intense. Un sanglot.
Levi Ackerman venait d'éclater en sanglot dans ses bras.
Caché sous ses bandages, ses traits n'en laissaient rien voir. Seuls les plis autour de ses paupières et les soubresauts soudain de son corps laissèrent à la jeune femme le soin de deviner cette information. Et la larme qui tomba soudain en un touché brusque mais doux sur sa joue la conforta dans cette idée.
Les paupières de l'homme se fermèrent soudainement et, connaissant sa pudeur et ne voulant l'embarrasser, elle l'imita. Là, pressés l'un contre l'autre, elle voulait être sûre qu'il savait qu'elle ne partirait pas, qu'elle demeurerait à ses côtés quoi qu'il n'en coûte. Mais en aucun cas elle ne lui imposerait un regard trop envahissant.
Un simple soupir de la part du noiraud lui suffit à savoir qu'il appréciait ce geste alors, levant avec effort son bras gauche encore engourdi par son coma, elle glissa ses cinq doigts derrière sa nuque et les pressa contre celle-ci. Un frisson les gagna tous deux à ce geste mais elle s'efforça de l'ignorer, désirant simplement l'approcher davantage d'elle.
Elle voulait l'étreindre malgré sa faiblesse, s'endormir à ses côtés en dépit de la guerre, plonger ses yeux à jamais dans le sien bien que leur combat ne soit pas achevé. Elle le voulait lui. Son corps autant que son âme le réclamaient.
Alors, pressant sur sa nuque encore tremblante, elle l'amena à réduire cette distance entre eux. Bientôt, elle sentit contre son front le contact rugueux du sien caché sous ses bandages et sur son buste celui plus ferme de son torse. Leurs visages se touchaient sans qu'ils ne se regardent, leur respiration se mêlaient sans qu'ils n'y fassent attention. Seuls leurs cœurs martelant à l'unisson leur poitrine respective existaient pour eux.
Là, coupés de l'horreur des combats, ils n'étaient bercés que par la présence de l'autre. Dans un monde où tout était contingent, ils savouraient l'idée de s'être rencontrés. Oui, malgré ce qu'ils avaient perdu, ils prenaient maintenant conscience de ce qu'ils avaient.
Et, tandis qu'elle sentait les sanglots du noiraud s'apaiser, la chaleur grimpant dans son corps ne fit que s'accroitre. A un point tel qu'elle laissa bientôt filer quelques mots sans les retenir, comme une évidence trop longtemps tue, un souffle qu'elle n'était plus à même de conserver dans sa poitrine.
— Je t'aime.
Aussitôt, les paupières de Levi s'ouvrirent brutalement, dévoilant une iris quasiment engloutie par sa pupille se dilatant. La prise déjà grande de ses mains blessées sur le corps de la femme se raffermit et son cœur se projeta soudain dans une course si effrénée que des tâches noires apparurent devant ses yeux. Son sang circulait à trop grande vitesse dans ses veines, lui arrachant une douleur au niveau de la poitrine mais il s'en fichait.
Une explosion de sentiments chauds et réconfortants venait d'éclater en son ventre, balayant en une fraction de seconde la douleur de l'anxiété, la rage et la tristesse que des années de guerre avait formées. Comme s'il ne lui avait fallut que ces trois mots pour guérir de ses blessures les plus profondes.
La gorge sèche et l'esprit paralysé par l'allégresse, il ne répondit pas tout de suite. Mais, dès lors qu'il ouvrit la bouche, il comprit que les instants de paix qu'ils venaient de passer ensemble seraient surement les derniers avant longtemps.
Car la main que la jeune femme gardait sur son cou s'était soudain fait moite, ses paupières venaient de s'ouvrir, dévoilant des iris habitées d'une lueur qu'il ne connaissait malheureusement que trop bien. Un éclat que tous ici avaient appris à craindre.
La délicate chaleur s'étant étendue dans son être se dissipa brutalement et ses battements de cœur continuèrent leur cadence rapide, mais la douleur que celle-ci lui infligea ne pu être ignorée. Car ces spasmes si peu perceptibles qu'avait Emeraude n'étaient rien de plus que les annonciateurs de mauvais présages.
Et il cru défaillir lorsqu'elle dévoila le nom du prochain appelé dans les rangs de leurs frères.
— Hanji.
⏂
coucou !
nous avons aujourd'hui atteint les 9k vues !!! je suis vraiment ravie de voir que cette histoire plait autant (je me répète c'est pas possible) et j'ai appliqué mon habituel "cadeau" à savoir un double update !
si jamais les vus continuent (et je le souhaite), je ne vais malheureusement pas continuer à faire deux updates toutes les 1000 vues
je ne vais pas me plaindre de ça parce que je suis juste ravie mais les vues s'enchaînent très rapidement ! et à force de publier 2 chapitres tous les deux jours, je n'en aurais bientôt plus d'avance ou même tout court et je ne pourrais plus poster chaque jour 😅
donc histoire de pas tomber en panne, si jamais on atteint les 10k vues (ce serait énorme smjzmelzmzm) je posterai deux chapitres puis je prendrais un système de double update toutes les 5k vues :)
je suis grave gênée de faire un truc pareil j'ai le sentiment de jouer ma star mais j'espère que vous comprendrez 😅
pour tout vous dire, j'en suis au chapitre 4 du tome 2 pour ce qui est de l'écriture donc j'ai un dizaine de chapitres d'avance et pour moi c'est l'écart idéal afin de continuer à être régulière 😅
voilà j'espère que vous comprendrez et gros bisous !
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