𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕𝟑


𖤓

ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬



S04E13
aucun spoiler




             Le regard qu'Emeraude dardait sur son vis-à-vis était noir, presque assassin. Il le lui rendait différemment, se contentant de son éternel expression indéchiffrable. Et, peut-être les années sans se voir aidant, elle n'avait aucune idée de ce à quoi il pouvait bien réfléchir maintenant. Ou même qu'elles avaient été ses pensées lorsqu'il avait commis l'acte qui les amenait dans cette position.

             Quelques heures auparavant, après l'explosion du bureau de Zackley et le décès de ce dernier, une réunion d'urgence s'était tenue auprès d'une alliée, la chef du clan Azumabito, Dot Pixis et Hanji Zoe. Là, ils avaient informé l'escouade Levi, quelques soldats et Emeraude du fait qu'Eren s'était échappé de sa cellule et qu'un groupe se faisant appeler les pro-jäger était à l'origine de cet attentat.

             Bercés des vives tensions suivant cette démonstration de force, quelques disputes avaient éclaté mais le chef de la garnison y avait mis un terme en affectant les soldats présents à différents postes. Et, lorsqu'il avait désigné deux hommes comme messagers pour prévenir Levi, ne sachant pas que Dan s'en était déjà allé juste après l'explosion, son regard s'était arrêté sur la jeune femme.

             Là, à la surprise générale, il avait annoncé sans ciller à celle qui avait participé au Coup d'Etat auprès de lui, Zackley, Erwin qui était resté dans les mémoires, quatre ans auparavant, qu'elle était démise de ses fonctions. Etonnement, la première à avoir montré un signe de protestation à cette annonce avait été Mikasa.

             Se redressant vivement, elle avait fermement déclaré qu'ils n'avaient peu de chances de coincer Eren sans lui faire de mal s'ils se privaient d'un des meilleurs soldats de l'Humanité, d'autant plus lorsque Levi et Dan étaient réquisitionnés ailleurs. Mais ses mots n'avaient pas eu l'air d'impacter l'homme.

             Et, à l'instant même où Emeraude s'était tournée vers Hanji, étonnamment silencieuse, elle avait compris. La scientifique évitait son regard et elle savait ce que cela signifiait. Quelque chose l'embarrassait. Et ce quelque chose, la jeune femme n'avait pas mis longtemps avant d'en cerner la nature.

             Alors soudain, dans cette pièce où les tensions étaient vives, l'escouade Levi abasourdie qu'on l'ampute d'un élément si intéressant, sa meilleure amie honteuse pour une obscure raison, elle avait éclaté de rire. Un rire franc, sincère. Mais incroyablement mauvais. Car elle avait compris.

             Il n'existait qu'une personne hormis Hanji dont les états de service étaient si étincelants, le nom si respecté et les traits si ancrés dans les esprits de la population pour que Dot Pixis lui-même s'incline devant une demande. Oui. Rien ne motivait cet homme, la scientifique ou même Daris Zackley à la renvoyer. En revanche, elle ne connaissait qu'un seul autre individu assez puissant pour mettre en place son licenciement et celui-ci avait d'ailleurs de sérieux mobiles.

             En effet, le matin-même, elle s'était battue avec lui en tentant d'éliminer Eren Jäger.

— Levi Ackerman, dit-elle simplement tandis qu'il ne décrochait pas ses hématites de son visage.

             Autour d'eux, de hauts arbres s'élevaient dans le ciel. Epais, ils étaient si larges que certains soldats se tenaient sur leurs branches, tentant d'ignorer la vive tension émanant entre le caporal et la jeune femme en contrebas. Elle semblait prête à l'étriper.

             Ses yeux le fixaient avec colère tandis que, les bras croisés sur sa poitrine, il lui rendait son regard animal sans un seul soupçon de rage. Comme lors de leurs premiers mois de rencontre, le déséquilibre apparaissait nettement. Si elle peinait à contrôler ses spasmes de colère, lui demeurait stoïque.

             Le soleil était haut dans le ciel mais les branches se faisaient si épaisses que tout ne semblait qu'obscurité autour d'eux. Quelques mètres plus loin, la raison de leur présence en ces lieux les dévisageait. Assis sur un tronc d'arbre, Sieg retenait le sourire mauvais qui menaçait d'étirer ses lippes.

             Eren lui avait touché divers mots sur les combattants de Paradis, corroborant les descriptifs faits par Reiner et Bertolt plus tôt. Tous s'étaient mis d'accord sur le fait qu'il devait se méfier de Levi et il avait vu cette idée se confirmer lorsqu'ils avaient repris Shiganshina, quatre ans plus tôt.

             Mais, même s'il ne l'avait pas encore vue à l'œuvre, l'homme n'oubliait pas que tous parmi eux avaient veillé à mentionner Emeraude dans la liste des personnes qu'il se devait de craindre. Sa technique et rapidité n'étaient peut-être pas aussi développées que celle du caporal mais bien plus poussée que la majeure partie des hommes et, surtout, elle était dotée d'un flair frisant le surnaturel qui lui permettait de parer de nombreuses attaques.

             Alors, confortablement assis à quelques mètres d'eux, Sieg les observait calmement. Même depuis sa position, il sentait aisément la tension s'épaissir autour d'eux, le touchant par la même occasion. L'air semblait crépiter à mesure que les secondes s'écoulaient. Il allait enfin pouvoir assister à un duel entre ces deux noms dont on lui avait tant demandé de se méfier.

             Soudain, comme pour corroborer les réflexions de l'homme, Emeraude lança son poing en direction de la mâchoire du noiraud qui, sans même laisser un soupir d'ennui franchir ses lèvres, plaça son avant-bras contre celui de la femme et l'écarta de sa trajectoire initiale. Il n'avait fallu qu'un geste à peine poussé pour que Levi pare le coup de la jeune femme.

             Pourtant, dès lors qu'il vit la scène, Sieg n'eut d'autres choix que de murmurer entre ses lèvres :

— Eren n'avait pas menti. Cette petite est brillante.

             Levi, de son côté, venait tout juste de repousser son poing droit grâce à son avant-bras et fléchit soudain les genoux au moment où la main libre de la jeune femme s'apprêtait à s'abattre sur sa nuque. Et, profitant de cette nouvelle position, il entoura sa taille de ses mains pour la plaquer au sol.

             Seulement, remarquant qu'il s'approchait de son ventre, Emeraude saisit son crâne et, levant son genou, força la rencontre des deux. Mais il s'empara alors de cette même jambe et, se retournant vivement, projeta la femme loin de lui.

             Celle-ci, roula par-dessus son corps avant de finir sur le parterre d'herbe. Mais, profitant de cette impulsion offerte par le caporal, elle continua de tourner sur elle-même et se repositionna sur ses deux pieds. Elle tenta alors de se redresser mais ne fut pas assez rapide. Dès lors que, remise sur ses deux pieds, elle tenta un regard devant elle pour localiser Levi, une force brutale la plaqua contre le tronc de l'arbre, si grande qu'elle en ferma automatiquement les yeux.

             La collision fut douloureuse, des tremblements vinrent se répandre dans l'intégralité de son corps depuis le point d'impact, sonnant le moindre de ses muscles. Mais elle ne parvint pas à se concentrer sur ces spasmes qu'une forte pression se fit sentir sur son buste. Ouvrant les paupières, elle le vit.

             Ses hématites grises fixées sur elle, aucune colère ne les habitait. Pourtant, dire que le contact visuel qui venait de se tisser n'était pas intense serait un mensonge éhonté. Son avant-bras qu'il gardait pressé contre sa poitrine irradiait une forte chaleur qui la faisait frissonner. La gorge sèche, elle sentait contre sa joue son bras libre grâce auquel il s'appuyait contre l'arbre. L'air s'était épaissi, ils ne voyaient plus rien autour d'eux.

             Leurs cœurs battaient avec force dans leur poitrine et ils étaient si proches que leur corps se pressaient l'un contre l'autre à chaque respiration. Il en sentait les formes, elle pouvait aussi les dessiner mentalement. Leurs vêtements se frottaient l'un contre l'autre, provoquant des frictions de tissus dont le bruit ne parvenait à couvrir celui de leurs souffles forts.

             Dos à l'arbre, elle sentait les écorces de celui-ci s'incruster toujours plus fort dans ses omoplates à mesure que l'avant-bras du caporal s'enfonçait dans sa chair, caressant d'un curieuse façon sa poitrine habillée. Elle était troublée. Non pas seulement à cause de la façon qu'avait son souffle frais de s'échouer sur ses clavicules, de la chaleur qu'il éveillait en son ventre de ses simples yeux d'acier avec lesquelles il la scrutait sans pudeur ou encore de ses lèvres, irrésistibles, qu'il incurvait sous son regard impuissant.

             Non. La raison pour laquelle elle ne déglutissait que péniblement à cause de sa gorge sèche était que, afin de l'empêcher de se dégager en lui assénant un coup de pied, il avait inséré sa jambe entre les siennes, les maintenant ouvertes autour de lui. Et, déglutissant péniblement, elle réalisa combien sa cuisse se pressait contre son bas-ventre, à un point tel qu'elle dut presser ses lèvres de toutes ses forces pour ne pas laisser un son en sortir.

             Aucun parmi eux n'osait faire le moindre geste ni déclarer le moindre mot. Penché sur elle à hauteur de son souffle s'écrasant sur ses lèvres brûlantes, il avait une vue claire sur sa gorge et ses clavicules saillantes qui remuaient faiblement quand elle déglutissait avec peine. De plus, il sentait sous son avant-bras droit et contre son torse la forme d'un corps qu'il n'avait jamais imaginé.

             Occupé à se battre et, plus rarement, se prendre d'affection pour elle en allant jusqu'à apprécier les moments en sa compagnie, jamais il n'avait réalisé quelque chose d'assez simple à son propos. C'est vrai que c'est une femme, se dit-il soudainement au contact de son corps, sentant les formes délicates de son anatomie contre le sien. Sa gorge se fit sèche et son esprit, embrumé. Jamais il n'avait été dans un tel état.

             Soudain, il perçut un sifflement aigu dans son oreille gauche et il n'eut le temps de se tourner qu'un mouvement brusque provenant de ce côté l'interrompit. Emeraude, à la vitesse de l'éclair, avait levé sa main à hauteur de sa nuque et la tenait maintenant fermée en un poing solide au-dessus de son épaule. Il déglutit de nouveau péniblement, mais pas pour les mêmes raisons que tantôt.

             Se redressant légèrement, il défit quelque peu la pression sur le corps de la jeune femme tandis qu'un point froid au niveau de son cou le saisissait. Tout en se reculant, il ôta sa jambe de son emplacement initial, permettant à Emeraude de respirer convenablement de nouveau. Puis, debout face à elle sans ne plus rien toucher de sa personne, il se tourna vers ce poing qu'elle avait gardé serré au-dessus de son épaule.

             Dépassant de ses cinq doigts, ce qui semblait être un boomerang au bord particulièrement tranchant brillait, la pointe d'une de ses extrémités à quelques millimètres seulement de la peau de sa gorge. Elle l'avait attrapé en plein vol au moment où l'objet s'apprêtait à le décapiter. Et c'est là qu'il comprit.

— Comme avec Eren... murmura-t-il, sentant son cœur s'emballer dans sa cage thoracique.

             Il ne savait pas ce qui avait bien pu se passer dans la vie de cette jeune femme au cours des quatre dernières années mais elle en était ressortie meilleure combattante qu'avant. Oui. Elle s'était nettement améliorée, elle qui comptait déjà auparavant parmi les soldats les plus compétents que l'Humanité n'ait jamais connu.

             Son souffle redevenu normal, elle ne se détacha pourtant pas de l'arbre lorsqu'elle murmura dans un sourire espiègle :

— Je ne suis pas assez stupide pour m'élancer contre un Ackerman en tentant simplement un coup de poing au visage.

             Ne pouvant détacher ses yeux gris du boomerang encore enfermé dans la main d'Emeraude, il attendit quelques secondes avant de répondre, abasourdi.

— Lorsque tu m'as donné un coup de poing au début, je n'ai surveillé qu'une seule de tes mains et tu savais que je la maitriserai facilement, murmura-t-il tout bas en réalisant le stratagème de la femme. Pas une seule seconde tu n'as imaginé gagné ce combat au corps à corps contre moi.

             Le sourire goguenard de la jeune femme s'accentua. Levi battait tous les records connus à ce jour en termes d'efficacité, rapidité, tactique et force au combat rapproché. Alors non, elle n'avait pas espéré le battre en se servant de ses mains, même si elle s'était admirablement bien débrouillée.

— Tu t'es servie de ta main libre pour envoyer ton boomerang sans que je ne m'en rende compte au début et ne t'es battue avec moi que pour t'assurer que je sois bien à ce lieu précis lorsqu'il retomberait.

             Il ne savait quoi dire de plus, ébahi. Elle l'avait eue à son propre jeu. Le forçant à se battre, sachant qu'il voudrait recommencer après ce qu'il s'était passé devant la cellule d'Eren pour confirmer certains de ses soupçons, elle l'avait manipulé de façon incroyablement bien menée. Jamais personne ne l'avait embobiné de la sorte.

             Un rictus étira de façon à peine perceptible ses lèvres et elle sentit son cœur s'affoler dans sa poitrine lorsqu'il poussa un faible soupir amusé du nez. Aucun doute n'était possible, sa Emeraude était de retour.

             Enfin, elle ramena sa main le long de son corps. Et, de ses yeux profonds, détailla la façon qu'avait l'amusement d'étirer de façon presque imperceptible les traits du caporal. Ce spectacle était particulièrement magnifique. Reposant.

— Caporal, appela une voix ferme derrière eux, attirant leurs regards. Deux soldats pour vous.

             Le noiraud acquiesça avant de se retourner vers la jeune femme et, la gratifiant d'un dernier contact visuel relativement bref mais chaleureux, tourna les talons. Elle l'observa ensuite s'éloigner d'elle sans se détacher de l'arbre auquel elle était adossée. Son souffle, bien plus stable, demeurait quelque peu troublé parce qu'il s'était passé.

             En s'élançant contre lui, elle n'avait souhaité qu'une seule chose : lui faire comprendre qu'il avait fait perdre un élément crucial à l'Humanité en l'écartant de l'armée. Seulement, même s'il avait montré sa fierté face au stratagème qu'elle avait mis en place, il n'avait pas semblé bien surpris qu'elle le prenne au dépourvu.

             Comme s'il était parfaitement conscient de ses aptitudes.

             Alors pourquoi la renvoyer ? Il aurait suffi de la maintenir à un poste éloigné du brun afin d'être sûr qu'elle ne l'approche pas. S'il ne doutait pas de ses capacités de combat, il devait savoir que l'avoir écartée serait davantage handicapant pour leur lutte qu'autre chose. Il s'était amputé d'un élément prometteur.

             Emeraude poussa un soupir las. Plus elle se rapprochait de Levi, plus sa façon de penser devenait énigmatique. Et, au bout du compte, elle se disait parfois qu'elle n'arriverait jamais à le cerner. Mais cela ne la dérangeait pas forcément.

             A vrai dire, tant qu'il était à ses côtés et en bonne santé, rien n'était en mesure de la déranger. Du moins, en ce qui le concernait, lui. Car certaines vieilles habitudes demeuraient, comme sa langue s'engourdissant dans son palais lorsqu'elle avait une mauvaise intuition.

             Maintenant debout sur l'herbe haute, à quelques mètres de l'arbre qu'elle avait quitté, ses yeux se promenaient à toute vitesse autour d'elle au fur et à mesure que ses mains devenaient moites. Il allait se passer quelque chose, elle l'avait compris. Son cœur battait anormalement rapidement dans sa poitrine et l'air s'était épaissi.

             D'un geste vif, elle tira deux sabres de ses carquois, provoquant un bruit métallique qui résonna dans le silence de la forêt. Quelques soldats lui lancèrent un regard interloqué à l'exception du caporal. Il avait compris que quelque chose n'allait pas. Car Emeraude ne se trompait jamais.

— Levi, l'appela-t-elle d'une voix forte.

             Debout sur la branche d'un arbre, discutant avec deux soldats, il s'était d'ores et déjà raidit en face d'eux, tournant légèrement la tête vers le côté afin de placer son oreille vers la jeune femme. Mais, dès lors qu'il entendit son nom prononcer d'une forte voix entre ses lèvres, il n'hésita pas une seconde de plus et, l'imitant, dégaina ses armes.

             Là, au sommet du végétale, le dos droit et ses lames figées dans ses mains, il fléchit quelque peu les genoux tout en regardant autour de lui. Ses yeux tombèrent soudain sur le tronc d'arbre où se trouvait encore Sieg, quelques secondes auparavant. Il soupira en constatant qu'il n'était plus là.

             En contrebas, Emeraude avait aussi remarqué que le prisonnier avait disparu.



— Je déteste avoir toujours raison.







coucou !

hier, -Sardonyx a préparé entièrement un discord (super beau d'ailleurs) pour me permettre de discuter avec vous tous

le lien est dans ma bio

dessus, vous pourrez me poser des questions sur cette fiction ou même d'autres, me parler tout simplement, exposer vos théories, discuter d'SNK, discuter entre vous ou même vous tenir au courant des futurs fictions qui viendront !

d'ailleurs, en parlant de futures fanfictions, j'ai présentement 7 idées de fanfictions sur Levi en stock que je vais écrire

j'ai déjà un peu teasé celle qui aura pour nom La Caresse du Vent Divin et sera 🍋🍋

par ailleurs, pour les armys, j'avais commencé en début d'année l'écriture d'une FF qui sortira peut-être (il me reste une douzaine de chapitres à écrire)

plot :
Jimin, prince héritier du royaume de Hwa, est enfin parvenu à gagner le cœur de la population en arrêtant celui qui terrorisait celle-ci, le sombre Mage Noir.

Mais dans le feu du bûcher, celui-ci semble avoir laissé un mal bien plus grand. Un être obscur semblant intrinsèquement lié aux mystérieux Seigneurs de l'Ombre.

Une créature aussi redoutable qu'attirante.

si jamais cela vous intéresse, j'avais fait un trailer que voici

(Comme t/p n'a aucune description physique, elle est représentée par un être encapuchonné)

bref, sur tout ce blabla, je vous laisse !

et encore merci au fabuleux -Sardonyx

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