𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔𝟏
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
L’air marin était chargé d’une odeur aussi forte que vivifiante. Et, l’inspirant à plein poumon, elle ne put s’empêcher de se dire qu’un tel paysage n’avait pas d’égal sur terre. Peut-être les yeux de Levi, à la rigueur.
Debout à la frontière de l’endroit dans lequel elle avait grandi et qui s’avérait être une île nommée Paradis, elle observait l’eau s’étendant à perte de vue sous son regard. Là-bas, au loin, le monde libre s’étendait.
La surface de l’océan était plane, à peine en mouvement. Sa couleur émeraude tirant sur le bleu rappelait à la jeune femme les yeux du garçon qu’elle avait tiré de sa cellule, une semaine auparavant. Ce jour semblait si proche mais si loin à la fois. Bien des décisions importantes avaient été prises, depuis.
Ses bottes enfoncées dans le sable chaud, elle ne put s’empêcher de songer au Chemin. Bien des conversations cruciales s’étaient tenues sous la nuit éternelle de ce lieu reculé. Certains évènements déchirants aussi. Une douce torpeur étreignit son cœur lorsqu’elle remarqua la silhouette d’Armin, quelques pas devant elle. Tout comme elle, il observait la mer.
Et elle ne put empêcher le sentiment de fierté qui l’étreignit lorsqu’elle prit un peu plus conscience du nombre de vie qu’elle et lui avaient sauvé. En commençant par les leurs.
Edward. Petra. Erd. Auruo. Gunther. Erwin. Hanji. Eren. Ymir. Sacha. Bien d’autres encore.
Même s’il était sans doute trop tôt pour crier victoire, ils avaient accompli tout cela. Ensemble. Main dans la main. Et, de la même façon, leurs paumes solidement liées, ils s’apprêtaient à engager la dernière ligne droite de ce conflit. Fiers et droits.
— Ils sont où les connards ? retentit une voix dans son dos.
Elle n’eut le temps de se retourner vers son frère. Une voix forte rétorqua au blond :
— Nous sommes là, monsieur.
Se détournant de l’océan, elle remarqua la présence d’un homme assez grand à quelques mètres d’elle, sur sa gauche. A une certaine distance de sa personne, sur l’eau, un imposant bateau stagnait.
Sa coque grise était peinte de lettre noire sur le côté. « Délégation Mahr » se lisait distinctement. Puis, laissant penser que des pièces existaient à l’intérieur du véhicule marin, de hauts boxes truffés de portes et vitres se voyaient sur le pont.
Reportant son attention sur le soldat Mahr qui avait pris la parole, elle poussa un soupir las. Il n’avait pas l’air bien méchant, avec son visage allongé et ses grands yeux gris. Mais sa façon de les regarder, hargneuse, l’indisposait.
Quoi que, peut-être était-ce lié au fait qu’elle, Levi et Edward avaient tous les trois demandé où se trouvaient les « connards » en parlant d’eux avant de les saluer plus respectueusement.
Seulement, contrairement au noiraud et à sa petite-amie, le faux-blond n’avait décidemment aucune envie de se la jouer diplomatique.
— Tu tires une de ses gueules, ça te constipe, les voyages en mer ? lança-t-il.
— Ce n’est pas cela, monsieur, rétorqua-t-il.
Les deux frères et sœurs attardèrent un sourcil haussé sur l’uniforme gris du garçon. De sa chemise boutonnée au col en passant par son pantalon à coupe droite, sa casquette solidement enfoncée sur son crâne, sa posture raide et ses mains jointes dans son dos, il n’avait pas l’air du genre loquace. Le seul élément tape-à-l’œil de sa tenue résidait en son brassard rouge au bras droit.
Il était des leurs. Un eldien. Né à Mahr, mais un eldien quand même.
Seulement il semblait être encore plus hostile à leur présence que son capitaine qui s’était contenté de déplier une passerelle de bois qui permettrait aux soldats des bataillons d’exploration et à la reine de rejoindre le navire étant donné qu’ils n’avaient pas encore construit de port. Malgré la situation, la femme ne s’était permis aucun regard sombre à leur égard, d’après Armin. Seul lui et Erwin l’avaient rencontrée, pour l’instant.
Le brun devant eux semblait bien moins avenant.
— Alors qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Edward.
— Vous m’avez pris ma seule chance de réparer mes torts envers ma patrie, monsieur.
— Quoi ? rétorqua le blond en fronçant les sourcils.
— Le titan colossal, monsieur. J’aurais dû en hériter, monsieur. Ainsi, j’aurais pu mourir pour ma patrie et me repentir d’être né eldien, monsieur. Mais vous avez réussi à le donner à l’une des vôtres, monsieur. Et j’ai perdu cette opportunité, monsieur.
Edward ne sut exactement ce qu’il exaspéra le plus : l’utilisation abusée du mot « monsieur » où l’insulte flagrante à ses origines. Quoi qu’il en soit, il ne tenta aucun effort.
— Mais quel boulet, je te jure, lâcha-t-il simplement, levant les yeux au ciel, avant de continuer sa route vers la passerelle menant au bateau.
Sa sœur le suivit, un faible rictus étirant ses lèvres. Elle savait que, six ans auparavant, Edward avait assuré à Naile Dork, le chef de division des Brigades Spéciales, qu’il avait, citant ses propos, « un balai dans le cul » — cela lui avait d’ailleurs valu un mois de détention. Mais, maintenant qu’il venait de tomber sur ce soldat, elle était sûre qu’il réalisait combien il avait exagéré, à l’époque.
Alors qu’ils s’engageaient sur le pont, mettant de la distance entre eux et le brun et sentant la surface sous leurs bottes tanguer dangereusement car posée directement sur l’eau, elle prit la parole, un sourire trahissant son amusement accroché aux lèvres :
— Tu pourrais faire un effort quand même. On est invité à Mahr pour trouver une solution diplomatique au conflit. Insulter leurs soldats n’est peut-être pas une bonne idée.
— Il a fallut qu’il se souvienne d’une ancienne vie où Eren les a défoncés pour qu’ils arrêtent de vouloir nous envahir, lâcha-t-il en réponse d’un ton anormalement sérieux pour sa personne. Ces connards ont littéralement eu besoin que l’un des nôtres massacre 80% de la population mondiale, incluant des membres de nos rangs pour stopper leur offensive.
Elle ne répondit pas. Il avait raison. Plus tôt dans la semaine, une lettre avait été envoyée à Paradis depuis Mahr, requérant une rencontre diplomatique entre les plus hauts dirigeants de l’île et leurs meilleurs soldats — incluant ceux s’étant battus contre Eren lors du Grand Terrassement. A présent, ils voulaient réussir à parvenir à un contentieux. Alors, effectivement, penser qu’il avait fallu autant de morts pour qu’ils cessent de vouloir cette guerre était saisissant.
Elle n’en voulait pas aux eldiens ayant vécu à Mahr. Elle se rappelait encore du moment où Annie s’était transformée, manquant de la tuer, et avait tenté de la soigner lorsqu’elle était inconsciente. Elle n’oubliait pas ses fous rires avec Marcel. Ils étaient autant victimes de la guerre qu’eux.
Mais rien ne lui ôterait de l’esprit l’idée que, si Reiner et Marcel avaient rompus le mur Maria à l’origine, c’était pour piller leurs ressources, celles-là même qui tapissaient la caverne Reiss. A l’époque, Edward était mort pour cela.
— Cette fois-ci, ils nous écouteront, tenta de relativiser la jeune femme en gravissant les derniers mètres jusqu’au bateau, juste derrière son frère. Si Eren a déclenché le Grand Terrassement, la dernière fois, c’était parce que rien ne nous garantissait que Mahr allait respecter nos accords de paix et nous laisser tranquille. Ils auraient pu les signer et tout de même nous envahir, rien ne les aurait retenus.
— Et qu’est-ce qui change, aujourd’hui ? rétorqua son frère, sceptique, sans un regard pour elle et continuant d’avancer.
— La menace du Grand Terrassement.
— Pour ça, ils n’auront qu’à tuer Eren. Je suis même sûr que c’est ce qu’ils vont faire. C’est un piège, ça se sent. Et c’est d’ailleurs pour ça que seuls les meilleurs d’entre nous sont là aujourd’hui et l’escortent.
Jamais son frère ne lui avait paru si sérieux. Et cela trahissait l’enjeu de cette rencontre. Tout comme lui, elle avait deviné un piège sous-jacent. Il aurait fallu être stupide pour ne pas l’anticiper.
— Evidemment que c’est un piège, répondit-elle.
Son visage s’assombrit lorsqu’elle ajouta :
— Mais il est hors de question que je laisse cela se produire.
Là, alors même qu’ils s’apprêtaient à monter sur le pont principal, tandis que les visages d’Hanji et Erwin se tournaient en leur direction pour les accueillir, que quelques soldats de l’armée Mahr leur lançaient des œillades hostiles, elle vit son frère s’arrêter dans sa marche. Il se raidit mais ne se tourna pas vers elle.
Et sa voix fut étrangement rauque lorsqu’il lâcha :
— Je te suivrais, quelle que soit ta décision.
Fronçant les sourcils, elle l’écouta simplement.
— Et, qu’importe le camp que vous avez choisi à l’époque, je sais qu’eux aussi te suivront, qu’importe ta décision. Car, si l’ennemi refuse de voir la vérité après une telle catastrophe, alors il ne mérite peut-être pas notre souplesse.
Elle se raidit. Avait-il compris ce qu’elle comptait faire ? Elle ne le savait point. Une chose était sûre, en revanche, elle ne pensait pas que ses camarades seraient prêts à se joindre à elle, qu’importe ce que son frère assurait. Mais elle aimait l’idée qu’il la soutienne si fermement.
Même si, au fond d’elle, la crainte de devoir croiser le fer avec ses proches l’étreignait.
— Bien, répondit-elle simplement.
Acquiesçant simplement, Edward rejoignit ses deux collègues d’un pas souple. Quelque peu renforcée par la promesse qu’il venait de lui faire, elle pénétra le pont principal sans un regard pour les soldats Mahr qui la suivirent des yeux. Les souvenirs étant revenus à l’intégralité du monde, certains visages ne leur étaient plus inconnus.
Ainsi, les traits des soldats de Paradis s’étant battus activement aux côtés de ceux de Mahr contre Eren étaient désormais célèbres. Ils ne savaient donc plus trop comment agir en présence de Jean, Conny, Armin, Mikasa, Levi, Hanji ou même elle.
Etaient-ils des ennemis ou des alliés ? Cela, seule cette rencontre le leur dirait.
Dépassant les regards tournés vers elle, elle rejoignit une porte menant aux pièces situées sur le bateau. Selon Erwin, Eren resterait sous la surveillance des Mahr dans l’une d’entre elles durant la durée de leur voyage de trois jours. Elle voulait s’assurer qu’il ne soit pas trop anxieux — si certains soldats de Paradis étaient bien vus à Mahr, lui était en revanche haï.
Elle pénétra donc dans les lieux, quelque peu saisie par le brutal changement de luminosité. Il faisait sombre dans la petite pièce. Deux soldats gardaient l’entrée de la porte de chaque côté, habillés à la manière du brun de tantôt et armés de fusils.
Elle soupira à cette vue. Quand est-ce que ces abrutis allaient réaliser que les armes à feu étaient inefficaces contre les titans ? Même si ceux-là avaient une apparence humaine à première vue ?
Se détournant d’eux, elle porta son regard au fond de la pièce. Et ce qu’elle vit la saisie. Ses yeux s’écarquillèrent d’abord puis elle sentit une vague de colère monter en elle. Comment osaient-ils ?
A genoux sur le sol, Eren semblait à bout de force. A quelques mètres d’eux, le parquet laissait place à du carrelage sur lequel il semblait presque dormir. Ses bras étaient maintenus au-dessus de lui par des chaines reliées au plafond et sa tête tombait mollement sur son torse. Ses longs cheveux bruns dissimulaient son visage qu’elle devinait exténué.
— Eren ! s’exclama-t-elle en amorçant un geste en direction du garçon.
Il ne réagit même pas à sa voix. L’un des soldats, en revanche, posa une main sur son épaule pour l’empêcher d’approcher davantage. Elle se raidit à ce contact. La chaleur de la colère s’intensifia dans son estomac. Il ne retira pas ses cinq doigts de sa peau. Elle se retourna lentement vers lui. Il remarqua l’insistance avec laquelle elle fixait l’endroit où il la touchait.
— Pas la peine de me regarder comme ça, ma jolie, c’est une zone sans soldats de Paradis, ici.
Sa mâchoire se contracta et ses yeux lancèrent des éclairs. Comment ça, « ma jolie » ? Eren était visiblement épuisé, attaché comme un animal et il se permettait de la gratifier d’un tel terme ? Jolie ? Elle était une soldate, la Gardienne du Chemin, la Voix des Martyrs et l’amie de trop de proches décédés.
Alors, non, elle n’allait pas se contenter d’un « ma jolie ».
— T’es bouchée ou…, commença-t-il.
Sa phrase mourut dans sa gorge quand, saisissant le fusil qu’il tenait dans sa main, elle le leva trop rapidement pour qu’il ne songe à émettre la moindre résistance et abattit le manche de l’arme sur sa tempe, le plongeant immédiatement dans l’inconscience. Puis, son geste à peine finit, elle bascula son poids sur sa jambe droite avant d’envoyer le gauche fendre l’air et finir sa course dans les bras de son collègue. Pris, de cours, ce dernier lâcha son arme à feu et elle en profita pour asséner un autre coup de fusil sur le front du deuxième gardien qui s’effondra à son tour.
Pas le moins du monde essoufflée, elle attarda un regard hautain sur leurs corps étendus au sol. Connards de merde, songea-t-elle en lâchant le fusil d’un geste aussi inconscient que dédaigneux. Puis, abandonnant les soldats, elle se dirigea en toute hâte vers son ami enchaîné.
— Eren ! s’exclama-t-elle. EREN !
Accourant devant lui, elle se laissa tomber au sol une fois arrivée à sa hauteur. Puis, penchant la tête sur le côté, elle saisit doucement son menton d’une main et soutint son crâne de l’autre pour redresser sa tête et mieux le regarder.
Ses paupières étaient à peine ouvertes. Sa respiration bruyante semblait peinée. Il ne dormait pas. Mais presque. Il devait être épuisé.
Si elle n’était arrivée que ce matin sur la plage, lui et Erwin y avaient posé pied la veille au soir. Il avait donc passé douze heures dans cette position. Il y avait de quoi être épuisé. Elle fulmina à cette pensée. Elle espérait sincèrement que le major ait juste voulu calmer la situation et respecter la demande des Mahr de ne pas entrer dans cette pièce.
Car, si elle apprenait qu’il avait vu son ami dans cet état et n’avait rien fait pour lui, il n’y aurait pas que ces épais sourcils qui passeraient au rasoir.
— Eren, tu m’entends ? l’appela-t-elle d’un ton anormalement paniqué.
Les sourcils du garçon se froncèrent quelque peu et elle vit vaguement, entre ses paupières presque closes, ses iris émeraudes se tourner vers elle. Aussitôt, ses traits se détendirent. Il la reconnaissait.
Soudain, comme s’il n’avait attendu que cela, de voir un visage familier, il laissa sa tête tomber sur l’épaule de la jeune femme à genoux à côté de lui et lâcha d’une voix rauque contre ses clavicules :
— De… De l’eau… S’il-te-plaît, (T/P)… De l’eau.
Son cœur se contracta dans sa poitrine. Et, posant une main sur le crâne du garçon pour le rassurer, elle se servit de l’autre et dégaina le canif de son frère ranger dans sa botte. Puis, d’un geste habile de la main, elle déplia l’arme.
Ses mouvements furent par la suite aussi rapides que précis. S’assurant de garder le crâne d’Eren contre ses clavicules de sorte à ce qu’il se concentre sur ses battements de cœur — elle savait combien entendre quelqu’un vivre à côté de soit pouvait être apaisant —, elle cisailla les cordes une à une avec une telle intensité qu’elles rompirent vites.
Les bras retombant de chaque côté de son corps dans un bruit sec, elle réalisa qu’il n’avait même plus la force de les lever. Et, au moment où elle se dit qu’elle allait devoir le porter, l’air se rafraichit brusquement et la luminosité augmenta.
Quelqu’un venait d’ouvrir la porte.
Se tournant vers l’entrée, ce fut sans surprise qu’elle découvrit la silhouette d’un soldat habillé de l’uniforme gris de l’armée Mahr. Elle n’eut aucune considération pour sa mine interloquée ni son regard profondément surpris qui passa sur ses collègues assommés :
— Apporte-moi de l’eau, vite !
Il ne réagit pas. Elle ne sut si cela était dû à la sidération ou au fait qu’il ne voulait en aucun cas aider Eren Jäger mais cela suffit à la mettre hors d’elle. Elle n’avait et n’allait pas de sitôt digérer l’état dans lequel elle venait de trouver le brun et la façon qu’il avait de respirer péniblement contre elle.
— Ecoute-moi bien, mon garçon, lâcha-t-elle d’une voix cassante en ancrant ses yeux dans les siens avec hargne, tu n’étais même pas né que mes ancêtres se démenaient pour contrôler les titans et tu avais sans doute à peine appris à marcher que mes parents s’étaient déjà sacrifiés pour que les habitants de Paradis puissent un jour vivre libre. Pendant que tes seules préoccupations étaient de savoir si tu allais oui ou non renifler ton doigt après te l’être carré dans le cul, les miennes étaient de savoir si oui ou non j’allais abréger les souffrances des miens et les tuer. Toi et moi on est très différents et j’ai beaucoup trop perdu pour me laisser emmerder par un connard dans ton genre qui ne sait même pas repasser sa chemise. Alors si tu ne veux pas que j’arrache la balle creuse et vide qui te sert de crâne pour te la carrer dans le fion, je te conseille vivement de m’obéir et d’aller me chercher ce putain de verre d’eau.
Sans doute fut-t-il saisi par son regard noir. Ou alors eut-il trop de mal à encaisser sa logorrhée. Quoi qu’il en soit, lorsqu’elle finit sa tirade, il apporta sa main à sa tempe en un salut militaire avant de se retirer immédiatement.
Mais il n’alla pas bien loin.
Surgissant juste derrière lui et l’interceptant dans sa course, la figure émaciée et ridée d’une femme se découpa. Et elle n’eut qu’à jeter un œil sur son uniforme richement décoré pour deviner qu’elle était le capitaine de la délégation Mahr. Celle qu’elle n’avait pas encore rencontrée.
La plus haut gardée en ces lieux.
— Qu’est-ce que qu’il se passe ici ? demanda-t-elle d’une voix ferme, les mains jointes dans le dos.
Elle ne semblait même pas impressionnée ni surprise par la scène sous ses yeux.
— Je ne tolère pas qu’on traite de la sorte un de mes hommes, répondit la soldate, un regard hargneux posé sur la nouvelle venue tandis que sa main se faisait plus ferme sur le crâne du brun.
— Eren Jäger ? Le génocidaire ? souligna-t-elle d’un air peu avenant, ne tentant pourtant aucun pas en leur direction.
— Je suis une caporale des bataillons d’exploration, répondit-elle sans détour, ignorant le soldat encore debout à côté d’elles et qui assistait à l’échange, médusé. Ceci signifie que le cadet Eren Jäger est non seulement sous mes ordres, mais aussi sous ma protection. Alors je vous interdis de tenter quoi que ce soit contre lui.
Là, à genoux sur le sol, un bras entourant le corps du garçon et se finissant en une main fermement pressée autour de son canif, l’autre posée sur son crâne pour le rassurer, les dents serrées, elle ressemblait à une lionne. Dans d’autres circonstances, elle aurait même sans doute été médusée d’apprendre l’évolution de leur relation depuis leur ancienne vie.
Elle qui l’avait tant haï semblait aujourd’hui prête à affronter l’ennemi à elle seule pour le protéger.
— Vous semblez oublier que le monde entier est contre vous.
— Vous semblez oublier que nous avons vos titans et la possibilité de lancer le Grand Terrassement.
— Parler de Grand Terrassement juste avant un sommet diplomatique, quelle audace, souligna le capitaine d’une voix acerbe, ses cheveux gris filandreux noués sous sa casquette de gradée.
— Je me fous de la diplomatie lorsqu’il s’agit de mes hommes, rétorqua finalement la soldate, ses yeux lançant des éclairs.
Elle se surprenait elle-même, à vrai dire. Jamais elle n’aurait cru être capable de développer d’aussi forts sentiments pour des personnes autres que son frère. Mais la vérité était là. La guerre les avait rapprochés. A un point tel qu’elle serait maintenant prête à sacrifier bien des choses pour eux. Pour leurs rêves.
Pour leur liberté.
Néanmoins, sa dernière pique ne sembla pas agacer la femme. Au contraire. A la grande surprise de la caporale et du soldat encore présent, un coin de ses lèvres se haussa en un sourire presque approbateur.
— Une frontière nous sépare peut-être mais nous sommes bien similaires, vous et moi, lâcha-t-elle seulement.
— Vous pouvez rêver, fulmina la jeune femme en retour, encore furieuse du traitement infligé à Eren.
Le sourire du capitaine ne fit que s’accentuer davantage. Elle ignora son dernier commentaire. De leurs valeurs à leurs caractères bien trempés, oui, elles se ressemblaient.
— Emeraude, c’est cela ? demanda-t-elle.
— C’est comme ça que certains m’appellent.
— Une référence à vote cape, je suppose, répondit-elle, ses yeux glissant sur l’étoffe accrochée aux épaules de la jeune femme.
L’intéressée ne répondit pas. Elle prit cela pour un acquiescement.
— Bien, Emeraude, accorda-t-elle simplement au bout d’un bref silence. Puisque je ressens un certain soulagement à l’idée de voir une femme, qui plus est sensée, s’assoir en face de moi à la table des négociations, je suis disposée à vous accorder cette faveur.
Se tournant vers le soldat derrière elle, elle lâcha simplement :
— Le fiancé de mademoiselle ici présente la cherche depuis un quart d’heure. Amenez-la avec Jäger dans la pièce des invités.
La concernée sentit ses joues la brûler en entendant cela. Le…fiancé ? Elle parlait assurément de Levi et il était vrai que le noiraud l’avait demandé en mariage, à Shiganshina. Mais elle avait jusque-là cru que c’était dans le feu de l’action et qu’il avait oublié sa proposition depuis.
De plus, elle ne s’attendait sûrement pas à ce qu’il se présente à l’ennemi comme étant engagé avec elle.
La surprise et l’euphorie qu’elle ressenti à ce terme lui fit presque oublier où elle se trouvait et quelle était la situation. Mais le capitaine sut le lui rappeler de cette simple phrase :
— Mais si elle ou lui posent le moindre problème, éliminez-les tous les deux.
on y est !! les négociations
vont débuter !
pas de levi dans ce chapitre
mais il arrive bientôt !
j'espère que vous apprécierez
la suite et fin :)
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