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ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
— Bon, ça doit être ic…
La phrase de la jeune femme mourut dans sa gorge lorsqu’elle leva les yeux sur la pièce qu’elle venait de pénétrer. Celle que le caporal, au travers d’une note laissée à sa table par Hanji lorsqu’elle mangeait, lui avait indiqué être sa chambre.
Debout dans l’encadrement de sa porte, elle déglutit péniblement. Il devait s’être trompé, elle ne pouvait pas être affectée en ces lieux. Car, même si elle était à présent cheffe d’escouade et que ceux-là étaient mieux logés que les autres — car dans des chambres simples et non avec des camardes — elle doutait sérieusement que quiconque puisse dormir dans des salles si luxueuses.
Face à elle, agrandissant l’endroit pourtant déjà vaste, un long miroir s’étendait, accroché au-dessus d’une commode brune où trainait un vase garni de fleurs pourpres. Un placard imposant de la même couleur que l’autre meuble se trouvait de l’autre côté du mur, les deux étant séparés par une large fenêtre se finissant en demi-lune et parée d’un voilage fins couleur crème.
— Des rideaux ? Des fleurs ? souligna-t-elle, interloquée.
Sur le mur de gauche avait été placé un lit double encadré par des chandeliers jaillissant des murs. Ses draps pourpres — de la même couleur que les fleurs du vase — rappelaient la teinte du tapis sur lequel il reposait, protégeant le parquet. Mais ce qui attira le plus son regard fut le tableau situé juste au-dessus de la tête de lit, représentant un splendide paysage d’une campagne située dans le mur Rose.
— Un tableau ? Un tapis ? elle marqua une brève pause en voyant les multiples bougies. Des chandeliers !?
Tournant la tête vers le mur de droite, elle remarqua une sorte de portant de bois dépliable ou se voyait des motifs compliqués couleur or sur un fond bleu. Elle fronça les sourcils. Jamais elle n’aurait cru voir un paravent. Car cette invention était bien trop chère pour se trouver dans une chambre de soldat. Mais ses yeux furent attirés par la porte située à côté. Elle déglutit péniblement.
— Non mais… Est-ce que c’est…
— Une salle de bain privée, oui, répondit fermement une voix dans son dos.
Elle parvint à dissimuler le sursaut qui la prit lorsqu’elle reconnut le propriétaire de celle-ci. Sa mâchoire se contracta tout de même, très peu enchantée de se retrouver en tête-à-tête avec cet homme. Mais, s’il était venu la voir dans sa chambre, cela signifiait qu’il souhaitait lui parler.
Elle avança de quelques pas, aussitôt suivie par le nouveau venu. Mais elle ne se tourna pas vers lui, se contentant de rejoindre la commode devant eux et saisir le vase pour humer les orchidées, son regard venimeux allant croiser les yeux clairs du blond dans le miroir.
— Pourquoi tant d’attentions, Erwin ? demanda-t-elle en haussant un sourcil en direction des fleurs onéreuses. Tu cherches à te faire pardonner ?
Elle ne put deviner ce qu’il pensa de sa petite provocation, le blond gardant un visage ferme. Mais, contrairement à ce qu’elle venait de laisser penser, elle savait pertinemment que jamais le major n’aurait consenti à la laisser dans une chambre si luxueuse.
— Les chandeliers, le tapis, les fleurs…, minauda-t-elle pour le pousser à bout. Tu n’étais vraiment pas obligé…
Elle savait qu’il lui en voulait encore. Qu’il était venu la voir pour lui rappeler qu’il n’avait jamais donné son accord à Levi pour la faire sortir de prison. Et elle allait en profiter pour remettre les points sur les i.
— Je n’ai pas placé ces décorations pour toi. Lors du choix de la nouvelle base, Zackley a donné pour ordre de créer une chambre spécialement pour la délégation royale, au cas où celle-ci nous rendrait visite, expliqua-t-il fermement. Tout comme il en existe dans les bases des brigades d’entrainement, de garnison et spéciales. Levi a juste souhaité te la donner.
Un sourire incurva les lèvres de la soldate lorsqu’elle entendit cette dernière phrase. Le noiraud semblait vraiment vouloir se faire pardonner. Et, s’il continuait de la choyer de la sorte en attendant qu’elle lui sourit, elle songerait à ne jamais lui révéler qu’elle lui avait déjà pardonné à l’instant où il l’avait prise dans ses bras.
— Et qu’est-ce qui t’a poussé à donner ton accord pour un geste si généreux ? demanda-t-elle en se jetant un regard dans le miroir, passant ses doigts sur sa peau encrassée et se disant que cette salle de bain privée serait une aubaine.
— Il ne m’a pas demandé mon avis, répondit-il avant de contracter la mâchoire, visiblement agacé.
Elle s’autorisa un regard moqueur en sa direction au travers du miroir.
— Tu l’as traité en chien en lui passant une laisse mais il est un loup et préfère donc la ronger, commenta-t-elle d’un air énigmatique. Je ne vois même pas pourquoi tu t’étonnes.
Elle se montrait mauvaise et le savait. Erwin avait toujours traité Levi comme son égal alors ce qu’elle venait de dire était tout simplement injuste. Mais elle s’en fichait. Elle voulait le faire payer pour l’avoir placée dans cette cellule.
Et s’en prendre à son égo était encore le meilleur moyen.
— Je l’ai toujours traité justement, se défendit-il en posant sur elle un regard noir au travers du miroir. J’ai toujours traité tout le monde justement.
Elle passa ses mains sur le vase rempli de fleurs, observant les orchidées tandis que ses doigts courraient sur la surface de cristal.
— Y compris toi.
Le regard de la soldate se posa sur ses poignets où les marques qu’avaient laissé les chaines étaient encore visibles. Elle prit une profonde inspiration, sentant la colère monter.
— Tu as raison, répondit-elle. Jusqu’au jour où tu m’as fait trainer en cage, tu me traitais justement.
Sa voix ne tremblait pas. Mais il devinait sa fureur grandissante. Elle tentait de se calmer en caressant le cristal.
— Le terme justement sous-entend une forme de justice, alors même ce jour-là, j’en ai fait preuve.
— Evite de te voiler la face, je te prie, répondit-elle simplement sans le regarder.
— Tu devais payer pour le crime que tu as commis, tu n’es pas au-dessus des lois ! s’indigna-t-il.
Un rire jaune franchit ses lèvres en réponse.
— Si mes souvenirs sont bons, ô grand justicier, railla-t-elle, tu étais prêt à enterrer l’affaire jusqu’à ce que je refuse ta promotion. Et maintenant que je suis libre, ce grade m’a tout de même été assigné malgré mon refus.
— C’est différent, se défendit-il.
— Bien sûr que c’est différent ! rit-t-elle en caressant avec plus de ferveur la surface du vase, tentant de se calmer. Parce que Mike ne peut avoir de justice que si l’égo de monsieur est froissé !
— Tu ne sais pas de quoi tu parles ! il haussa le ton. Je ne pouvais tout simplement pas te protéger si tu n’étais pas membre de l’armée !
— Arrêtes de vouloir de faire passer pour un héros lorsque tu n’es qu’un manipulateur ! cingla-t-elle en haussant, à son tour, le ton.
— ET TOI, ARRÊTES DE TE FAIRE PASSER POUR UNE HÉROÏNE LORSQUE TU N’ES QU’UNE MEURTRIÈRE !
Erwin n’eut le temps de réaliser qu’il était allé trop loin, beaucoup trop loin, emporté par la force de sa tristesse.
Emeraude, saisissant le vase qu’elle caressait, le propulsa en direction du blond tout en se retournant d’un geste brutal. Son visage déformé par la fureur, ses muscles enflammés par la dureté des mots du blond, elle ne réfléchit pas un seul instant avant d’agir.
Au dernier moment, il fit un pas sur le côté, évitant l’objet. Mais, à l’instant où un fracas retentit dans son dos, signe qu’il s’était écrasé sur le mur, un coup violent au niveau de sa mâchoire le fit valser sur la droite. Puis un autre dans son ventre le poussa à se courber en avant qu’un ultime dans le creux de sa taille l’envoi s’allonger sur le parquet, haletant et pris de court.
Elle s’arrêta devant le blond, l’observant tenir ses côtes tandis qu’il se redressait péniblement sur ses genoux, blessé. Mais elle n’avait aucune pitié pour lui. Elle devinait l’hématome qui se formerait sur sa joue, son ventre et son torse. Et cela la contentait plus qu’autre chose.
Elle lui apprendrait à faire preuve de respect.
— Si ton cerveau était aussi gros que tes sourcils, on n’aurait même pas cette conversation, soupira-t-elle en se dirigeant vers le placard en quête d’un vêtement de nuit.
Il releva péniblement les yeux en sa direction, encore sous le choc qu’elle se soit permise une telle violence à son égard. C’était inouïe.
Elle ouvrit les portes brunes, poussant une exclamation face aux chemises de soie accrochées sur un portant. Elle évalua leur taille en caressant l’étoffe, concluant qu’elle dormirait avec. Et elle choisit quelques sous-vêtements et savon onéreux dans un tiroir, prétendant ne plus remarquer la présence du major dans son dos.
Il se mit sur ses deux pieds, le visage fermé.
— Je devrais t’envoyer au trou pour ça, la menaça-t-il.
Un rire mauvais et sec franchit les lèvres de son interlocutrice.
— On partagera une charmante cellule, dans ce cas, tonna-t-elle.
Les sourcils du blond se froncèrent et elle se retourna vers lui, l’ombre des chandeliers projetant une lueur fantomatique sur ses traits encrassés par sa captivité.
— Parce que, si je dois payer pour le meurtre de Mike, j’estime que tu devras aussi endosser la responsabilité de ceux des soldats que tu as enrôlés et qui n’ont jamais pu rentrer chez eux, avança-t-elle avec un sourire faussement compatissant.
Il serra les poings. Elle avait touché un point sensible et le savait parfaitement. Mais il n’allait pas rester là et la laisser comparer la guerre à son acte.
— Ce n’est pas comparable, s’indigna-t-il.
— Tu as raison ! répondit-elle d’un ton chaleureux, son faux sourire ne quittant pas ses lèvres. J’ai commis un homicide mais toi…
Elle s’interrompit quelques instants, tordant exagérément ses traits en une moue frappé de stupeur, comme si le blond n’était qu’un enfant.
— …toi, c’était une tuerie de masse !
Abasourdi, il ne songea à rétorquer. Et il vit les traits de la jeune femme retomber en une moue plus commune et naturelle. Sa voix se fit plus douce lorsqu’elle posa ses yeux embués sur lui.
Là, après leur dispute, alors qu’elle venait de proférer d’immondes accusations, elle s’apprêtait à se montrer sincère envers lui pour la première fois depuis le début de leur entrevue.
— Que tu le veuilles ou non, Erwin, Mike a été tué par la guerre au même titre que les recrues que tu as enrôlées, expliqua-t-elle simplement. Et si tu me considères comme une meurtrière et un monstre, alors cela signifie que celle que tu regards en posant les yeux sur moi n’est que ton reflet dans le miroir.
Il serra les poings de nouveau. Il savait qu’elle disait la vérité. Mais l’image du corps sans vie de Mike le hantait. Elle lui avait pris l’un de ses plus proches amis. Les titans n’avaient rien fait, elle avait porté le coup fatal.
Alors, comme pour se convaincre lui-même, il murmura :
— Tu es un assassin…
Elle soupira, las de cette conversation.
— Tout comme toi.
Elle saisit les affaires qu’elle avait mises de côté avant de se diriger vers la porte menant vers la salle de bain. Il ne la suivit pas du regard, fixant un point devant lui tandis que la réalité s’insinuait dans sa tête, écrasante.
Posant la main sur la poignet, elle ne se retourna pas.
— Tu peux disposer.
Elle ouvrit la porte mais n’entra pas dans la salle d’eau, constatant qu’Erwin n’avait pas réagi. Et, ne voulant absolument pas verser de larmes devant lui mais sentant l’urgence de le faire, elle se permit de se montrer plus rude.
— Veux-tu devenir un voyeur en plus d’un tueur de masse ? cracha-t-elle, la sensation de sa main perforant le cœur de Mike lui revenant.
Il sembla tiquer à ses mots, il se redressa.
— Cette discussion n’est pas terminée.
Epuisée, elle entra tout de même dans la salle de bain. Et, se tournant une dernière fois vers lui, elle surprit la larme qui coula le long de sa joue mais déclara tout de même avant de claquer la porte :
— Oh que si.
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plus d'actions dans le chapitre de demain, je le promets.
sinon j'ai écris le chapitre 1 de mon eren X reader X livai et y'a déjà dû lemon dedans ptdrr
mais je peux pas le publier parce qu'il faut que j'écrive le prologue avant
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