𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟖
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
— Du calme, je suis là.
Aussitôt eut-elle entendu cette voix que les muscles d’Emeraude se détendirent, comme apaisés par cette simple présence. Contre le torse de Levi, ses omoplates rentrèrent dans leur chair tandis que la pression que l’homme exerçait sur ses lèvres avec sa main s’amenuisait.
Seulement cela ne dura qu’un instant. Car, dès lors la jeune femme sentit-elle les volutes du soulagement se répandre dans son torse que la réalité de la situation la frappa à l’abdomen. Cet homme, celui-là même qui se tenait dans son dos et l’étreignait comme s’ils s’aimaient et se chérissaient. Lui. Le soudain grand héros qui venait la secourir.
Il était celui qui lui avait passé les chaines aux poignets et l’avait menée à sa cellule.
A l’instant même où la main tenant sa bouche quitta celle-ci, la laissant libre de ses mouvements, elle envoya valser son crâne en arrière, serrant les dents. Celui-ci percuta le nez du noiraud qui poussa un grognement de surprise, lâchant brusquement son ventre qu’il empoignait avant de son autre bras. Là, ramenant ses coudes en avant pour prendre de l’élan, elle les enfonça violemment dans les côtes de l’homme qui se plia en deux sous le choc, écartant la jambe qu’il avait enroulée autour des mollets de la jeune femme pour l’arrêter. S’avançant d’un pas pour être en dehors de sa portée, elle se retourna en prenant appui sur son pied gauche, envoyant l’autre percuter le crâne de Levi dans un mouvement de rotation en se tournant vers lui.
Mais la fête était finie.
A peine la pointe de sa botte pénétra-t-elle l’espace privée du noiraud que la main agile et ferme de celui-ci agrippa fermement son mollet. Tirant brutalement dessus pour déséquilibrer la jeune femme, il vit la jambe sur laquelle elle pesait tout son poids se plier brusquement, signe qu’elle allait chuter. Par réflexe, il attira son corps vers lui en se servant de sa prise sur son mollet pour l’empêcher de s’effondrer. L’instant d’après, il enroulait son autre bas autour d’elle pour la sécuriser.
Le silence se fit alors. Elle n’osa bouger davantage en constatant la rapidité à laquelle s’étaient enchainés leurs actions et la position dans laquelle ils se retrouvaient maintenant.
Leurs torses collés l’un à l’autre, à un point tels qu’ils se pressaient avec ardeur au travers de leurs vêtements à chacune de leur respiration, leurs yeux n’étaient plus qu’à une poignée de centimètres l’un de l’autre. Leurs lèvres aussi, se gonflant à la simple idée qu’ils se touchaient. Sa jambe droite levée et coincée sur la hanche du noiraud, elle sentait ses joues chauffer — ainsi que son entre-jambe — en prenant conscience du fait que la large main de l’homme soutenant cette même jambe se trouvait sous sa cuisse, à quelques centimètres de ses fesses. Son autre bras, passé dans sa cambrure, la maintenait contre lui.
Ils déglutirent péniblement, pris de court par la façon dont l’air venait de s’épaissir et la température, de monter. Elle se plongeait dans ses iris argentées, se délectait de la façon dont la pupille figée dedans ne cessait de s’élargir. Et son cœur cognait avec force à chaque seconde, elle réalisa que le souffle de Levi était ce vent frais qui ne cessait de s’échouer sur ses lèvres. Car ils n’étaient plus qu’à un baiser l’un de l’autre.
La pensée qu’elle devait être malodorante et couverte de crasse après deux semaines passée dans ce trou à rat la traversa. Elle frémit à l’idée qu’une saleté soit coincée à la commissure de ses lèvres ou dans son nez. Pourtant, à deux centimètres de celui-ci, le caporal la regardait comme si elle était la plus belle chose qu’il lui ait été donné de voir.
Les mains de la jeune femme était posée sur son torse, à plat sur ses pectoraux. Ainsi, sous sa paume, elle pouvait sentir la cadence anormale de ses battements de cœur. Et, aussi étrange celui puisse-t-il paraitre, à l’instant où elle perçut cette sensation si apaisante, cette preuve qu’il était bel et bien en face d’elle et qu’elle ne rêvait pas, qu’elle n’était plus seule, une larme vint rouler le long de sa joue.
Soulagement. Rancœur. Peur. Fatigue. Amour. Cette goutte salée n’était qu’un concentré de tant de sentiments.
Lorsqu’il la vit, Levi sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Il se rappela du rêve qu’il avait fait, de cette création de son esprit aux cheveux blonds qui lui avait affirmé qu’il n’avait mis cette femme en cage que parce qu’il se sentait lui-même coupable. Et, en voyant à quel point la souffrance déformait le visage de son vis-à-vis, il réalisa que la culpabilité était un démon qui n’en n’aurait pas bientôt fini avec lui.
— Tu n’avais pas le droit…, commença-t-elle d’une voix étranglée.
Son ton n’était pas accusateur, ses sourcils n’étaient pas froncés. Seules des larmes roulaient sur ses joues. Car elle n’était pas en colère. Seulement blessée par la façon dont les choses s’étaient déroulées.
Il ne répondit rien. Il savait qu’elle avait besoin qu’il l’écoute en silence.
— Comment as-tu pu me laisser seule dans un moment pareil ? demanda-t-elle sans n’espérer aucune réponse, sachant très bien qu’il n’en avait de toute façon pas. J’avais besoin de toi.
Le cœur de Levi se serra douloureusement dans sa poitrine. Il garda ses yeux rivés sur ce visage tordu de douleur, considérant le supplice de la voir pleurer comme son seul moyen de rédemption.
— Est-ce que tu as une idée de ce que ça fait de voir la seule personne en qui on a confiance, l’être qu’on aime le plus nous regarder avec autant de dégoût ? s’exclama-t-elle avec un peu plus de fermeté cette fois-ci, encore saisie par ce qu’il s’était passé, lors de la mort de Mike.
Les yeux du caporal s’écarquillèrent en entendant ces mots. Et, malgré la situation, il ne put s’empêcher de se sentir revigorer par la façon dont elle l’avait qualifié. Son cœur fit un bond dans sa poitrine.
Mais il se serra tout de suite après. Car il avait fait souffrir cette femme, en fin de compte.
— La seule raison pour laquelle je t’ai demandé si tu me pardonnerais ce jour-là…
Elle marqua une brève pause en se pinçant les lèvres, tentant de retenir ses sanglots.
— …c’est parce que je savais que, moi, je ne me le pardonnerais jamais. Et, puisque j’allais devenir un monstre à mes propres yeux, j’avais espéré que tu arrives à me percevoir autrement.
Sa voix devenait de plus en plus aigüe. Elle allait craquer. Et, à sa grande surprise, Levi sentait aussi des larmes piquer ses yeux. Il ne supportait pas de la voir dans cet état. Mais il devait l’endurer.
Car il était en parti responsable de cela.
— J’espérais simplement rester une humaine dans le regard de quelqu…
La fin de sa phrase fut avalée par ses sanglots lorsqu’elle implosa, submergée par ses propres émotions. Trop. Elle en avait trop subi. La mort de Mike, ses mains qu’elle ne parvenait plus à regarder, le départ d’Armin, la faim et la peur de décéder.
Elle n’arrivait même pas à supporter l’idée d’être dans cet endroit.
S’aidant de sa prise sur son dos, il la poussa contre son torse, la laissant s’enfouir dans celui-ci. Et, comme pour la protéger du monde extérieur, il passa son autre bras autour de ses épaules et la pressa contre lui, effrayé à l’idée qu’elle s’en aille à nouveau. Elle lui avait manqué. Peut-être plus que le sourire sur son visage qu’il désespérait de voir.
Il sentit sa chemise se mouiller sur son torse et la berça délicatement, se souvenant des anecdotes d’Edward sur sa sœur où il expliquait avoir souvent calmé ses crises de larmes de cette façon. Alors, profitant de la chaleur de son corps contre le sien, posant sa joue sur son crâne et couvrant le son de ses pleures étouffées d’onomatopées apaisantes, il attendit patiemment.
Jamais il n’aurait cru se retrouver dans une telle position, cajolant un soldat pour l’apaiser. Il était plutôt habitué à leur coller son pied au cul.
Mais elle n’était pas n’importe qui.
Relevant son visage, il posa ses lèvres sur le crâne de la jeune femme dépassant à peine dans ses bras, la sentant se détendre contre lui. Et, l’embrassant sur le sommet de sa tête, il la laissa calmer ses sanglots, ce qu’elle fit rapidement, apaisée par son contact physique avec l’homme.
— Ne me lâche pas, retentit soudain sa voix étouffée contre sa poitrine.
Il recula son visage de son crâne, y posant son menton. La détresse qu’il venait d’entendre dans la voix d’Emeraude l’avait saisi. Mais il n’en dit rien.
— Je te le promets, répondit-il simplement.
Il ferma les yeux, savourant la sensation de cette femme collée à lui, la chaleur émanant de son corps et le plaisir de la retrouver.
— Je te tiens et te tiendrai toujours.
Elle sentit ses larmes se tarir et s’enfonça un peu plus dans le torse du noiraud, revigorée par son odeur fraîche et ses bras chauds.
— Contre les titans, contre ceux qui veulent de tuer et même contre Erwin, je serais toujours là, maintenant, déclara-t-il. Je te promets de tout faire pour te protéger.
Elle ne répondit pas, même si ces paroles venaient de l’apaiser tant elle était convaincue de leur sincérité.
En revanche, derrière la porte close, Edward qui avait cherché sa sœur partout et, ne voulant les interrompre, attendait qu’ils sortent pour leur parler et la revoir, écarquilla les yeux à ces mots.
Adossé au mur situé à côté de la porte, ses bras croisés sur sa poitrine musclée et ses cheveux teints lâchés tombant en rideaux blond autour de son visage baissé, son cœur rata un battement. Avait-il bien entendu ? Oui. Il avait bien entendu.
« Je promets de tout faire pour te protéger. »
Il se raidit.
Il ne savait pas comment fonctionnait le lien de soumission des Ackerman même s’il savait qu’ils n’avaient même pas conscience de son existence. Kenny à l’ancien roi. Dan à son père. Mikasa à Eren. Levi à Erwin. Nul parmi eux ne savait même de quoi ils étaient victimes.
En revanche, lui, savait en quoi consistait ce contrat insoupçonné.
« Je promets de tout faire pour te protéger. »
Edward soupira, prit de court. Il savait que le caporal ne se rendait même pas compte de la prouesse qu’il avait réussi à exécuter. Levi Ackerman venait de s’émanciper d’Erwin pour consacrer sa force à la jeune femme à présent dans ses bras.
Il l’avait choisie. Comme un soldat choisi sa reine. Et son cœur lui revenait maintenant entièrement.
Par loyauté. Par amour.
⏂
chapitre un peu court
mais vous allez kiffez le 51
10 pages
4798 mots
de lemon.
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