𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒


𖤓

ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
MARTYRS














! Attends...

             Derrière elle, la voix de son frère résonnait avec force dans les hauts couloirs. L'acoustique de moindre qualité des vastes lieux donnaient de l'importance à l'écho de ses cris tandis qu'il la poursuivait.

             Mais elle feignait de ne rien entendre, déterminée.

             Sous ses pas, un sol de marbre vert maculé lui renvoyait son reflet. La surface plane réfléchissait leurs ombres se mouvant à toute allure à mesure qu'il la poursuivait dans les couloirs du tribunal, pris de court par le soudain revirement de situation qu'avait pris leur conversation.

             Peut-être quelques secondes avant seulement, ils se trouvaient encore dans les sous-sols de la cour martiale, l'un en face de l'autre et plongés dans un long silence tendu. A vrai dire, depuis qu'Edward avait annoncé à Emeraude le coup de théâtre magistral qu'avait été la découverte de la véritable nature d'Eren, un silence s'était fait durant de longs instants.

             Puis brusquement, sans ne rien annoncer, elle s'était mouvée. Déjà debout suite au bond qu'elle avait effectué en apprenant que le brun s'était fait engloutir, elle avait quitté sa stupeur pétrifiante pour s'en aller d'un pas décidé vers les escaliers menant aux étages supérieurs.

             Quelques peu surpris, le blond l'avait d'abord regardée faire sans un mot. Puis, réalisant qu'il ne pouvait pas se permettre de la laisser flâner n'importe où dans le bâtiment en ce jour si important, il s'en était allé la poursuivre en lui demandant de s'arrêter dans ses déplacements.

             Mais elle ne semblait même pas l'entendre.

             Là, debout dans cette blouse de lin blanche informe abandonnée sur son corps, le dos droit et raide, elle posait à toute vitesse ses pieds sur le marbre vert aux motifs semblables à des écumes blanchâtres, marchant parmi cet esclandre de couloirs compliqués comme si elle les avait toujours connus. Ceci attira d'ailleurs l'attention d'Edward tandis que, dépassant un buste d'ivoire à l'effigie de l'ancien roi décédé trois décennies auparavant, il fronçait les sourcils en direction de sa sœur.

             Là, le regard fixe mais les pas certains, on eut dit qu'elle avait toujours connu cet endroit. Déterminée, elle progressait dans les lieux comme si ceux-là n'avaient aucun secret pour elle. Il s'agissait pourtant de sa première venue à la cour martiale.

             Mais elle marchait tranquillement. Ses muscles semblaient détendus malgré la vitesse anormale avec laquelle elle se déplaçait, distançant tranquillement son frère qui courait derrière elle, essoufflé.

             Tout comme elle ignora son frère, elle ne prêta nullement attention aux détails des lieux. Qu'il s'agisse du large tableau à l'effigie du couronnement du monarque Fritz qu'elle venait de dépasser, de l'arcade donnant sur le hall baigné de lumière, des moulures soignées et détaillées au plafond ou encore des murs immaculés, elle ne daigna se tourner vers les décorations de ce couloir.

             Car la seule chose l'intéressant se trouvait en son bout. Là, tout au fond de ce corridor si savamment ornementé, à la fin de ce couloir dont l'architecture onéreuse n'était qu'une insulte aux familles affamées et désespérées de trouver de quoi se nourrir. En ce point précis. Derrière cette vaste double porte d'un vert forêt.

             Cette dernière avait été taillée dans du bois et gravée avec soin. Les deux parties la composant étaient en tout point identiques, des cadres de différentes tailles s'imbriquant avaient été creusés dedans afin de donner à cette simple ouverture une apparence aussi ouvragée qu'épurée. Puis, une touche de richesse pour tout de même prouver à chaque plaignant passant cette arcade qu'il valait moins que ceux qui l'y jugeraient, d'imposants anneaux d'or servaient à son ouverture.

             De chaque côté d'elle, droit comme des I, deux soldats des brigades spéciales encadraient la porte la tête haute et les traits implacables. Sous leur veste cuir marron brodée du sigle de leur unité —une licorne émeraude à la splendide crinière blanche— placé sur leur pectoral droit se tenait un dos raide. Celui-ci surplombait des jambes tendues à leur maximum habillées de l'habituel pantalon clair de l'armée.

             Dans leur main la plus proche de la porte afin de respecter une certaine symétrie, de hauts bâtons se trouvaient, visant à arrêter au plus vite les visiteurs tentant d'interrompre le procès. Mais, étonnamment, ils ne se tendirent pas le moins du monde en voyant cette jeune femme habillée comme les patients de l'infirmerie s'avancer à grande vitesse de leur position.

             A vrai dire, s'ils restèrent droits, ce ne fut qu'à cause de la présence de l'homme qui la suivait. En effet, même si Edward n'était pas chef d'escouade et que son nom s'était surtout fait connaitre lors des millions de bourdes très dangereuses qu'il avait commis en laboratoire, il n'en demeurait pas moins un membre ancien des bataillons très proche d'Erwin Smith, Dot Pixis et bien d'autres noms célèbres.

             Alors, lorsqu'ils aperçurent le visage fin et barbu du blond suivre une femme que tous —après les rumeurs folles ayant courues sur ses actions à Shiganshina— pouvaient aisément identifier comme étant la mystérieuse Extralucide, sa sœur, ils ne songèrent pas réellement à se mettre en position défensive.

             Quand bien même elle fixait un regard déterminé sur la porte qu'ils gardaient et ne semblait pas prête de s'arrêter dans sa course.

             De son côté, la jeune femme ne comptait dire le moindre mot. Qu'il s'agisse de réponse aux mille et une questions que son frère lui posait ou même d'excuses envers les soldats pour ce qu'elle s'apprêtait à faire. Non. Elle ne comptait pas ouvrir la bouche.

             A vrai dire, toutes ces pensées étaient focalisées sur un autre point. Un élément précis qu'elle ne parvenait à identifier mais qui s'était éveillé en elle dès lorsqu'elle avait fait le lien entre les capacités de métamorphe de son cadet et sa présence au tribunal militaire.

             Quelque chose en elle savait ce qu'il se passait mais elle ne pouvait pas l'expliquer. Là, au plus profond de son être, comme un murmure de son subconscient, une partie de sa personne lui hurlait d'agir, de se lever et de se rendre dans cette salle. Car elle savait que dans cette pièce précisément allait se passer un évènement bien précis.

             Alors qu'elle se tenait encore dans les cachots, quelques minutes seulement auparavant, debout face à la nouvelle frappante de la véritable nature d'Eren, hébétée d'apprendre que ce marmot qu'elle avait pris sous son aile et avait peiné à apprécier s'avérait être un des prédateurs de l'Humanité, une voix s'était soudain mue, la grondant d'agir. Oui. A l'instant même où elle ouvrait la bouche sous la stupeur de cette révélation, elle avait pressenti qu'il fallait qu'elle s'en aille en cette direction précise.

             Il ne s'agissait pas de l'habituel esprit dans sa tête qui lui parlait distinctement à des moments aléatoires depuis son entrée à l'armée. Non. Cette fois-ci, ce n'était que son sixième sens et elle le savait. Cet instinct hors du commun qui l'avait menée à tant d'actions, plus jeune. Il était là. Et elle lui faisait confiance.

Mademoiselle, vous ne pouvez...

             Mais elle n'écouta pas le moins du monde le dégarni basané à sa droite lorsqu'elle atteignit les portes. Celui-ci, sans quitter sa fière position, s'était contenté de raffermir sa prise sur son bâton en la regardant les rejoindre et s'était préparé à devoir bouger pour l'arrêter en la voyant franchir les derniers mètres jusqu'à l'ouverture.

             Seulement elle avait été rapide. Trop rapide. Car avant qu'il ne termine son avertissement et se tourne vers elle, un grand fracas avait retenti dans la vaste salle du tribunal, attirant quarante pairs de yeux sur les portes venant de s'ouvrir.

             Posant ses deux mains sur les surfaces sans interrompre sa course, levant fièrement la tête tandis qu'elle avançait en ignorant le poids des plaques de bois, elle les avait poussées avec un naturel qui ne lui appartenait pas. A vrai dire, à l'instant même où sa force s'était agglutinée contre la paroi pour la faire sortir de ses gongs, une brûlure inhabituelle et pourtant réconfortante avait agité ses bras le temps d'un instant. Comme un fourmillement de puissance.

             Tous la regardaient, maintenant.

             Avançant, la tête haute et le regard déterminé dans sa blouse blanche et déformée, elle semblait n'être qu'un puit de contradiction. De ses iris puissantes, elle dépeignait l'autoportrait d'une meneuse mais le tissu froissé sur son corps s'apparentait à celui des prétendues hystériques que l'on enfermait aux couvents. Sa démarche féline faisait d'elle une conquérante aguerrie tandis que ses pieds nus lui donnaient une allure d'enfant perdue au milieu des loups. Son menton levé intimait à quiconque sur son passage de baisser les yeux mais les traces de draps imprimés sur sa peau lui ôtaient toute crédibilité en lui affublant l'air du cliché de l'adolescente rebelle.

             Seulement il y avait quelque chose, là, invisible mais si puissant, qui mit tout le monde d'accord sur un point. Qu'il s'agisse des personnes la connaissant ou celles ignorant tout de sa personne, aucun ne put nier la puissance percutante de son aura. Celle-là même qui les avait contraints à rester cloués sur place sans ne rien dire alors qu'elle venait d'interrompre de façon manifeste un procès.

             Face à elle, tel un couloir menant à la mort, un chemin long s'arrêtait sur une place carrée. Encadrant celui-ci en faisant dos à la porte, cinq rangées de longs bancs de bois bruns servaient à accueillir un public aujourd'hui peu nombreux aux vues de la confidentialité de ce procès.

             Puis, à droite et à gauche du sol en carreaux gris formant la place où l'accusé était généralement placé, les rangs des partis avaient été construits dans une symétrie parfaite. Derrière des rampes de bois bruns se tenaient trois lignes d'une dizaine de soldats —les plus haut gradés et donc les plus aptes à se prononcer sur l'affaire. Ces derniers se trouvaient devant un large espace de bois visant à les séparer de leurs subalternes, lesquelles présidaient sur des bancs les surélevant quelque peu. Finalement, situés sur le mur droit seulement de la pièce, une estrade en hauteur accueillait les prêtres du Mur au-dessus duquel avait été construit une sorte de balcon où demeuraient les chefs d'escouade.

             Là, dans cette vaste salle bondée de personnes toutes plus gradées ou insérées socialement les unes que les autres, il était facile de sentir dominé. Mais la jeune femme ne songea pas une seule seconde à ces centaines de yeux inquisiteurs tournés en sa direction et continua de marcher, tête haute.

             Ses yeux demeuraient rivés sur la chambre de juge, là où trois personnes se trouvaient assises sous quatre écus représentant chacun un corps de l'armée et faces à la porte qu'elle venait d'ouvrir dans un grand fracas. Là, installé confortablement dans cet imposant meuble de bois brun, le trio énigmatique posait un regard ferme sur le carré blanc vers qui tous se trouvaient tournés.

             Et la jeune femme ne tarda pas à le rejoindre.

             Lorsqu'elle dépassa d'un pas souple mais rapide la dernière rangée de spectateurs et s'aventura dans le centre de la pièce, le regard de celui qui avait tant attiré l'attention depuis quelques heures fut attiré par ce mouvement et il se tourna soudainement vers ce point que tous les soldats s'étaient mis à fixer. Il la vit alors et ne put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement.

             Tandis qu'il se trouvait là, à genoux sur ce sol froid, enchainé comme une bête au poteau de métal dans son dos, jugé sans une once de compassion par des centaines de personnes ne l'ayant jamais connu, essoufflé par les multiples cris qu'il venait de pousser, il trouvait enfin un peu de répit. Car cette femme, aussi brutale pouvait-elle se montrer avec lui, l'avait toujours défendu. Voilà pourquoi il lui vouait une confiance aveugle et une détermination sans limite.

             Alors, se tordant le cou vers la gauche, il entreprit de détailler la silhouette de sa sauveuse qui attirait déjà tant de pairs de yeux. Ses iris tombèrent d'abord sur ses pieds nus s'écrasant avec brutalité et rapidité à mesure que sa marche féline progressait puis remontèrent jusqu'à ses mollets disparaissant sous une étoffe informe et blanchâtre en lin ne laissant rien deviner de sa silhouette. Puis, il atteignit rapidement son buste se gonflant avec fierté et finalement son visage.

             A l'instant même où il croisa ses traits fermes et strictes, son regard froid et déterminé ainsi que son menton relevé, elle le dépassa. Sans la moindre considération pour sa personne chétive enchainée au sol, elle atteignit sa hauteur et le contourna sans vergogne pour venir se placer juste à côté de lui.

             Soudain, dans une exclamation de surprise étouffée générale, elle s'arrêta. Et il ne put s'empêcher de la détailler plus longuement.

             Ses yeux océan se perdirent de longs instants sur les traits si fermes de son ainée et, tandis qu'il admirait la façon qu'eut alors son menton de se relever un peu plus en signe de défi, un frisson le parcourut et il eut du mal à déglutir. Ses prunelles se perdirent dans celles de la soldate ne le regardant point et il se sentit presque nauséeux tant l'éclat de son aura le percutait.

             Là, en cet instant précis, alors qu'une simple tunique de lin informe l'habillait, elle était terrifiante.

             Et ce sentiment ne fut qu'accrut lorsque, se tournant vers le point qu'elle semblait regarder avec tant de dureté, il découvrit la raison pour laquelle un silence si lourd et pesant avait brusquement pris place dans les lieux. L'explication au fait que tous venaient de retenir leur souffle.

             Juste devant ce visage puissant qui lui inspirait une profonde admiration depuis longtemps ne se trouvait ni plus ni moins qu'un autre visage envers qui il vouait de grands sentiments. Les traits impassibles et fermes d'un homme dont le nom berçait les mythes et légendes.

             Le caporal-chef Levi Ackerman.

             Debout face à ce qui n'était autre que le plus grand soldat de l'Humanité, la jeune femme n'eut pourtant pas le moins du monde peur de l'homme. A vrai dire, elle se sentait confiante. Même anormalement sûre d'elle compte tenu de ce qu'elle venait de faire.

             Le dos droit et le regard ferme, affrontant les iris d'acier trempé du noiraud, sa main enfermait avec poigne la cuisse de son interlocuteur. Là, face aux regards ébahis de l'intégralité de l'assemblée, elle gardait ses cinq doigts serrés avec force sur la jambe du soldat.

             Nul n'aurait jamais cru cela possible. Juste devant leurs yeux atterrés, debout dans sa robe de lin telle une enfant égarée, cette jeune femme venait d'empêcher Levi Ackerman de donner un coup de pied au plaignant Eren Jäger et ce, devant l'intégralité de la cour. Oui. Elle avait paré son coup sans que cela n'ait semblé d'ailleurs lui coûter le moindre effort.

             Tous attendaient avec impatience la réaction de l'homme, désireux d'assister au spectacle sublime qu'était une correction infligée par le noiraud à une insolente que nul ne connaissait. Oui. Qu'il s'agisse des membres des brigades d'entrainement, brigades spéciales, bataillons d'exploration, de la garnison où même les simples spectateurs et juges, tous semblaient avoir momentanément oublié l'objet de leur venue qui se trouvait pourtant juste derrière les deux curieux personnages.

             Mais la raison de ce moment d'égarement général n'était dû qu'à une seule chose : la nature de ces individus.

             Tout d'abord, faisant dos au bataillon, le plus grand soldat de l'Humanité se tenait. Ses traits si précis semblant avoir été taillés par Apollon lui-même demeuraient détendu en une moue impassible ne faisant qu'embellir l'angle brute de sa mâchoire et la façon dont celle-ci se poursuivait en un menton élégant sublimant sa posture fière. Cette dernière se voyait elle-même accentuée par un nez fin et droit encadré en sa racine par deux prunelles d'acier projetant leurs ondes d'ordinaire à même de faire plier n'importe qui. Mais pas elle.

             Le dos droit face à cet homme que tous avaient appris à craindre, elle se tenait. Point de nom ni même de grade, seulement des iris ardentes enflammant de leur seul passage les regards qu'elle croisait. Celles-ci encadraient un nez audacieux qu'elle relevait constamment avec panache face à ses interlocuteurs, refusant de se laisser plier devant qui que ce soit. Quand bien même elle avait parfaitement conscience de l'identité de la bête se trouvant devant elle.

             Parmi les gradins, certains réalisèrent qu'ils s'étaient mépris quant aux derniers mois de compétition qui s'étaient déroulés entre Mikasa et la jeune femme. Les deux amies étant particulièrement douées, tous avaient cru avoir assisté aux combats les plus féroces. Mais force était de constater aujourd'hui que le plus grandiose était à venir.

             Car le spectacle qu'ils avaient maintenant sous les yeux, jamais ils n'avaient ne serait-ce qu'imaginé pouvoir y assister un jour. Oui. Ils n'avaient en réalité même pas un instant pensé qu'il pourrait exister plus grande confrontation.

             Mais ils y étaient, aujourd'hui.

             Là, l'un en face de l'autre, dardant avec hargne des prunelles incandescentes dans leurs iris enflammées, respirant de façon à peine perceptible un air que leur seule présence rendait épais, s'affrontant sans le moindre geste, ils démontraient leur puissance. Oui. Du simple fait qu'ils n'avaient même pas encore bougé un cil, tous savaient d'ores et déjà combien un tel combat entre eux serait sanglant.

             La force était là. Tout en retenue. Contenue dans leurs auras bouillantes et crépitantes qui s'affrontaient autour d'eux, tentant de pousser l'autre dans ses retranchements sans ne rien dire ni ne rien faire. Juste en étant. Simplement. Il était enfin là. Ce spectacle qu'ils n'étaient jusqu'à ce moment précis, pas conscients de vouloir voir.

             Le choc des titans.

             Alors qu'il s'apprêtait à frapper le garçon d'un coup de pied au visage bien précis et violent et ce, à la surprise de tous qui étaient alors concentrés sur la nouvelle venue arrivée en trombe, cette même personne avait enfermé d'un geste aussi froid qu'aisé la cuisse de l'homme dans sa main et ne l'avait toujours pas lâchée. Le menton relevé et la poigne ferme, elle le toisait, le défiant sans le dire de poursuivre son geste.

Espèce de bourrique d'imbécile de mon cul, fulmina soudain une voix derrière elle.

             Elle n'eut le temps de se tourner vers Edward que la main large de celui-ci s'abattit avec violence sur son épaule, manquant de la faire chuter. Sous la surprise, elle n'opposa aucune forme de résistance lorsque les cinq doigts de son frère se refermèrent brutalement sur sa peau et la tirèrent avec force en arrière, la faisant basculer en un instant.

             Perdant l'équilibre, elle n'eut d'autre choix que de lâcher la cuisse du caporal qui ne fit le moindre mouvement ni ne prononça mot en reposant sa jambe au sol, se contentant de regarder le blond tirer la femme avec force en continuant de baragouiner de multiples insultes à son attention.

             Et, à mesure qu'Edward la trainait dans l'allée menant à la porte avec hargne et que, sous la surprise, elle se laissait faire sans n'opposer trop de résistance, la température dans la pièce baissa brutalement et les tensions se désépaissirent. Tous les suivirent des yeux sans bruit, encore abasourdis de ce qu'il venait de se passer.

...avec ton gros crâne, là, termina l'homme en franchissant les portes encore ouvertes.

             Celles-ci se fermèrent alors dans un grand fracas, masquant brutalement à leur regard les silhouettes de ces deux individus ne cessant de se déplacer. Mais tous mirent quelques instants avant de revenir à la réalité, encore sonnés par les évènements.

             A vrai dire, celui qui demeura le plus longtemps tourné vers ces doubles-portes closes sans ne rien dire ne fut autre que Levi. Oui, le dos droit et les traits figés comme à l'accoutumée en cette moue impassible, il ne semblait pas bien chamboulé par les brutales actions qui venaient de se succéder à une vitesse anormale dans ce lieu pourtant si prestigieux et stricte.

             Mais la vérité était tout autre.

             Dans sa poitrine, battant à une vitesse qu'il ne lui avait jamais connu, son cœur cognait les parois de sa cage thoracique tandis que ses membres demeuraient figés. A l'intérieur de lui, une dense chaleur s'était abattue dès lors qu'il avait croisé le regard de cette femme inconnue qui l'avait pourtant plongé dans un état de léthargie profond qui ne lui était pas habituel.

             Oui. Lui qui avait toujours su garder la tête froide en n'importe quelle circonstance, son cerveau si pragmatique capable de faire face à toutes les situations avait flanché face à ce visage aux traits si puissants. Ecrasé par le poids d'une aura qui avait anormalement su lui procurer des frissons, lui, le grand Levi Ackerman, s'était contenté de se laisser saisir tel un enfant de cinq ans trop turbulent.

             Et il ne savait pourquoi ni comment là, au fond de lui, ce contact visuel incandescent avait éveillé quelque chose. Un sentiment qu'il ne se croyait pourtant pas capable de ressentir et qu'il ne pourrait nommer. Un feu brûlant au creux de ses reins qui l'avait empêché de se détacher d'elle.

             Mais, plus que tout, à l'instant même où elle avait pénétré les lieux, avant même qu'il ne la voie, son cœur s'était mis à battre avec ferveur dans sa poitrine et une douce torpeur s'était répandue dans son bassin. Une sensation qu'il connaissait mais n'avait plus ressenti depuis le dernier soupir de Kuchel, sa défunte mère.

             Oui. En la simple présence de cette inconnue était né dans son cœur le sentiment d'être rentré à la maison. Et celui-ci l'ébranla si fortement qu'il mit quelques minutes avant de se mouvoir de nouveau, non sans une certaine pensée.




             Qui est-elle ?







hehe la fameuse rencontre

du coup l'atmosphère est un peu tendue

et par ailleurs, j'ai encore utilisé picrew pour créer un personnage. voici donc Edward !

quel beau gosse sérieux





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