𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟓


𖤓

ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
MARTYRS












— Qu’est-ce que tu fais là !? T’étais pas censée te reposer !?

             La voix forte de Jean accueillit Emeraude dès lors qu’elle tira une chaise jusqu’à elle dans un grincement strident. Le bruit attira l’attention de la large tablée bien garnie où chacune des têtes se tourna en sa direction.

             Ils avaient choisi la plus grande d’entre elle, celle-située au fond du réfectoire, près du plan de travail. L’une des rangées faisait face à la porte d’entrée et l’autre à la large fenêtre taillée dans la pierre apparente des murs. Ce matériau donnait d’ailleurs une allure de grotte au lieu qui préservait sa fraicheur.

             C’était assez agréable.

— La ferme, grommela-t-elle en posant lourdement ses fesses sur la chaise de bois, ignorant tous les visages tournés en sa direction.

             Jean, assis juste en face d’elle et dos à la fenêtre, lui accorda un simple rictus. Elle n’était pas des plus matinales ni des plus commodes mais il était rassuré de la voir ici. Cela signifiait qu’elle pouvait se déplacer seule malgré sa grave blessure remontant tout juste à la veille.

             A droite du jeune homme, Marco faisait face à Sacha tandis qu’à sa gauche, Conny se trouvait devant Auruo. Puis, s’étendant le long de la table autour d’assiettes garnies, le restant de leur fine équipe s’apprêtait à dévorer leur petit-déjeuner. Eren, Mikasa, Ymir, Historia, Marcel, Reiner, Erd, Gunther. Ils étaient tous là.

             Tous. A une exception près.

— Où est Petra ? demanda-t-elle en constatant que la rousse manquait à l’appel.

             La rousse avait passé la nuit à veiller sur elle et sa blessure après qu’Edward et Hanji l’aient emmenée dans un lieu adéquat pour parfaire les premiers soins prodigués par Levi. Ils lui avaient d’ailleurs expliqué à propos de ses plaies que celle au ventre s’était miraculeusement arrêtée de saigner, comme si un être invisible l’avait soignée en son absence.

             Seulement elle n’avait pas le souvenir de quoi que ce soit. Pas même du moment où le noiraud était venu la chercher. Non. Depuis la transformation d’Annie jusqu’à son réveil mouvementé où elle avait hurlé sur un villageois, tout n’avait plus été qu’un trou noir.

             Quoi qu’il en soit, l’attention de son amie pour elle l’avait touchée et elle aurait aimé la voir le matin-même.

— A mon avis, elle doit être en train de se cacher dans un trou de souris, répondit la voix d’Auruo juste à sa droite.

             Avec un froncement de sourcils, Emeraude fit savoir au garçon qu’elle souhaitait qu’il poursuive tout en promenant son regard sur la tablée à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent.

             Mais ce fut Conny, s’emparant d’une patate qui trainait devant Sacha avant que celle-ci ne l’engloutisse, qui répondit :

— Son père est allé voir Levi après l’excursion pour lui dire qu’elle avait des sentiments pour le caporal qu’il comprenait mais qu’il n’était pas prêt à laisser quelqu’un d’une trentaine d’années épouser une fille de dix-neuf ans.

             Jean, posant par réflexe un bras devant Sacha afin de l’empêcher de sauter sur Conny afin de récupérer l’aliment substitué, poursuivit à la place de son camarade :

— Du coup le caporal a eu une discussion en privé avec elle dans les cuisines et je pense que c’était dû au stress de devoir rembarrer sa subordonnée mais il ne l’a pas laissée en placer une et lui a dit que les sentiments n’étaient pas pareils de son côté avant de partir.

             Buvant une gorgée de café particulièrement ignoble —à un point tel qu’il avait forcément été préparé par Ymir—, Emeraude foudroya la jeune femme du regard afin de lui signifier qu’elle savait très bien qu’elle avait brisé sa promesse. En effet, après une indigestion générale deux ans auparavant dans leur camp d’entrainement, tous avaient fait promettre à la noiraude de ne plus jamais leur préparer quoi que ce soit.

             Seule Christa, par pure gentillesse, avait accepté de continuer à manger ce qu’elle cuisinait.

             Se détournant de la soldate qui lui avait d’ailleurs répondu avec un rictus moqueur, la jeune femme reprit le sujet de conversation concernant Petra. A vrai dire, elle s’y reporta en espérant arriver à changer la thématique de discussion abordée. Autant elle aurait apprécié être mise au courant si la rousse avait souffert d’une quelconque maladie mais il s’agissait maintenant d’une affaire privée et elle ne souhaitait pas forcément l’ébruiter.

             Alors, saisissant une miche de pain rancie trainant devant Auruo, elle demanda simplement :

— Et comment avez-vous fait pour savoir si clairement ce qu’il se passait dans les cuisines ?

             Un moment de flottement prit place suite à cette question parmi ses proches de la 104ème Brigade. Si Gunther, Auruo, Eren, Erd, Christa et Mikasa gardèrent leurs regards rivés devant eux, les autres échangèrent un regard relativement insistant.

             Puis, posant solennellement une main sur son cœur, Marco laissa un grand sourire transparaitre sur ses lèvres :

— Il se trouve que Petra a toujours vu en moi une personne gentille et calme à qui elle pourrait se conf…

— La vérité, le coupa-t-elle simplement après avoir péniblement dégluti l’aliment.

             Il poussa un soupir, résigné.

— Il se pourrait que, pendant que tu étais au bloc opératoire, nous ayons décidé d’aller chercher des provisions dans la cuisine et que…

— Et que, le coupa soudain Marcel en se tournant vers eux, je maintiens qu’on aurait dû attendre qu’elle se réveille pour écouter son plan à elle. Sérieusement, y’a pas idée de suivre les directives de Jean ! Il est con comme un balai.

             Ignorant les protestations que poussa soudain le concerné, Emeraude se tourna vers le châtain ayant pris la parole. Elle put alors voir l’intégralité du visage du soldat, y compris son profil gauche auparavant dissimulé par sa posture.

             Et sur ce même profil gauche trainait une large trace de semelle noirâtre couvrant sa joue et sa tempe.

             La jeune femme tenta d’étouffer son rire, sans succès.

— J’en conclus que Levi vous a trouvés.

             L’homme répondit à sa remarque en lui tirant la langue, ayant visiblement très mal vécu la scène. Et, même si elle trouvait la situation particulièrement amusante et distrayante en ces temps sombres, elle comprenait son embarras.

             Elle n’avait, pour sa part, toujours pas digéré la défaite cuisante qu’il lui avait infligée en trente secondes de temps.

— En ce qui concerne Petra, reprit Jean en changeant de sujet, je comprends pas pourquoi il l’a rejetée.

             Toutes les têtes se tournèrent vers lui, soulageant Marcel qui avait bien du mal à supporter les pairs de yeux fixées sur la trace qu’il n’arrivait pas effacer de son visage. Comme le sceau de la honte.

— Je veux dire, elle est super gentille, elle est super intelligente, elle est super belle…

— Et toi t’es super en manque, le coupa Ymir d’une voix profondément ennuyée.

             L’homme se tourna alors vers la noiraude, visiblement offusqué, et entreprit d’expliquer pour quelles nombreuses raisons une personne comme lui ne manquerait jamais de quoi que ce soit de cet ordre. Et personne ne l’écouta vraiment, tous habitués à son discours dépourvu de sens.

             Emeraude, pour sa part, réfléchit quelques instants sur le point que venait de soulever le châtain. A vrai dire, ayant été profondément agacée par le comportement du noiraud envers elle au cours de ces derniers mois, elle commençait à peine à le tolérer. Alors jamais elle n’avait envisagé la possibilité que quelqu’un soit attiré par lui car cela lui semblait simplement incongru.

             Seulement, avec le recul, elle pouvait cerner les raisons de ce rejet. Et, sans même songer à la façon qu’elle avait eu de le formuler, elle lâcha ses pensées vaguement :

— C’était évident qu’il allait la rejeter…

             Soudain, le silence se fit à leur table et toutes les têtes se tournèrent vers elle. Réalisant la façon qu’elle avait eu de formuler ses pensées, Emeraude se redressa brusquement en écarquillant les yeux.

             Elle savait que sa phrase portait à confusion.

— Non ! Je veux dire… C’est pas que… Elle est très jolie ! Et super gentille ! Mais…

             Comprenant qu’elle commençait à paniquer et n’étant pas aidée par la dizaine de pairs de yeux rivées en leur direction —y comprit Mikasa qui n’écoutait à l’ordinaire jamais rien de leurs conversations futiles— elle prit une profonde inspiration.

             Et, sans doute trop influencée par les blagues graveleuses de son grand frère, elle fit le choix de s’expliquer au travers d’une phrase bien particulière.

— Vous vous êtes jamais dit que lorsqu’Erwin appelait Levi dans son bureau, lui il allait plutôt sous le bureau ?

             Elle n’eut le temps d’observer le roulement de yeux de Mikasa et Auruo, la surprise d’Eren, Marcel et Christa, l’ébahissement de Conny et Marco, le désintérêt de Gunther, Reiner et Sacha ou même le rire d’Erd, Ymir et Jean qu’une masse tomba soudain sur sa nuque. Lourde. Violente.

             Son sang se glaça dans ses veines et son cœur rata un battement en voyant l’ombre qui se découpait sur la table sous ses yeux. Une silhouette masculine se tenait juste derrière elle. Et, en prenant en compte la forte main qui venait de saisir le haut de son dos afin de la faire ployer de quelques centimètres en avant, elle comprit qu’elle allait bientôt regretter ses paroles.

             Elle sentit bientôt un souffle chaud sur sa nuque se déplacer jusqu’au creux de son épaule, signe que quelqu’un venait de se glisser juste à côté de son oreille pour lui susurrer quelques mots à l’oreille.

— Tu as de la chance qu’aucun des deux n’aient entendu ça.

             Aussitôt eut-elle perçu cette voix qu’elle ne connaissait que trop bien que ses muscles se détendirent un à un et elle poussa un soupir de soulagement. Si jamais l’homme derrière elle s’était avéré être le caporal, elle aurait énormément peiné à faire valoir son droit d’être en vie devant celui-ci.

             Mais il s’agissait que de l’imbécile qui avait passé quatre heures hier à soigner plus profondément ses blessures.

— Tu m’as fait peur, abruti, soupira-t-elle.

             Se tournant de quelques millimètres vers la gauche, la jeune femme parvint à voir les détails de son visage aux traits finement taillée. Et, lorsqu’elle croisa ses yeux bruns animé de leur habituelle lueur, elle devina que leurs cerveaux étaient concentrés sur la même idée.

             Un sourire carnassier étira les lèvres de la jeune femme.

— Je sais que tu penses à ce que je penses…, déclara-t-elle assez fort pour que l’intégralité de la tablée les entendent. Cinq pièces qu’il est dominant.

             Autour d’eux, divers bruits retentirent, signifiant que plus d’une personne venait d’avaler de travers. Mais son frère l’ignora, soudain intéressé par la tournure que prenait les évènements.

             Suite à un cours particulièrement détaillé d’Hanji —qu’absolument personne n’avait d’ailleurs demandé— aucun parmi le groupe n’était sans savoir ce qu’était les dominants et dominés lors de l’acte sexuel. Et, si personne n’avait forcément souhaité réévoquer les schémas surprenant que la brune avait alors dessiné à la craie sur son tableau verdâtre, tous s’en souvenaient.

             Alors pas une seule personne ici n’était sans savoir ce que signifiait leur pari. Et la mine blême de Christa et Eren montraient bien qu’ils n’étaient pas forcément à l’aise avec le sujet.

             Ce qui n’était pas du tout le cas d’Edward.

— Bien, déclara-t-il soudain en se redressant et s’écartant de sa sœur afin de mieux s’installer.

             Tout en poussant Auruo afin de prendre place entre lui et Emeraude, le garçon posa l’objet qu’il tenait entre les mains dans un bruit sec sur la table de bois. Il s’agissait d’un étrange bocal rempli d’un liquide transparent quez nul ne releva, habitués aux expériences diverses du blond.

             L’intégralité des personnes —à l’exception de Mikasa qui était concentré sur son repas— était maintenant tournée vers la fratrie. Chaque jour, au moins un des deux trouvaient le moyen de les angoisser d’une nouvelle façon.

             Ils craignaient le jour où Hanji se joindrait à leur duo. Ils n’étaient pas sûrs de pouvoir gérer trois personnes incapables de respect envers le caporal le plus effrayant ayant jamais existé dont deux savant fous.

— Dominé, six pièces, dit-il simplement comme s’il s’agissait d’une évidence. Si quelqu’un veut renchérir, vous devez garantir un plus haut prix.

             La remarque du garçon fut accueillie par un long silence partagé entre l’âme joueur de tous et leur instinct de survie.

— Non mais ça va pas la tête ! tonna soudain la voix énervée de Jean. J’arrive pas à croire que vous pariez sur quelque chose d’aussi intime ! Il est votre supérieur, vous lui devez le respect et… Je parie sept pièces qu’il est dominant, c’est Emeraude qui a le plus gros instinct entre vous deux.

             La jeune femme répondit à sa remarque avec un clin d’œil complice.

— Non croyez mois je sais reconnaitre les domin…, commença soudain la voix d’Ymir.

             La noiraude s’interrompit aussitôt qu’elle remarqua tous les regards rivés sur elle. Puis, après un toussotement maladroit, elle trancha la question.

— Huit pièces, dominé.

             Edward se frotta les mains avec un rire avant de pointer un doigt complice vers la jeune femme.

— Neuf au nom de l’intégralité de l’escouade tactique, il est les deux ! avança Erd, surprenant Gunther, Auruo et Eren par sa décision en leur nom.

— Ah intéressant, une nouvelle proposition ! commença Edward avant de voir la bouche du titan s’ouvrir en guise de protestation. La ferme, Eren.

             Le brun obtempéra, une mine outrée gravée sur le visage. Même s’il appréciait énormément la bonne humeur récurrente d’Edward, certaines choses l’agaçait chez l’homme.

             Notamment sa rudesse.

— Dix pièces, je rejoins Em…, commença Conny avec un sourire fier avant d’être brutalement coupée par une voix très calme.

— Trente pièces. Le caporal s’en fiche car il n’a aucune préoccupation de ce type, n’a d’ailleurs jamais eu ce genre de relation et ne sait sans doute même pas ce qu’est un dominant ou un dominé.

             Soudain, le silence s’abattit sur la table. De toutes les personnes qui auraient pu prendre part à ce pari, jamais ils n’auraient soupçonné Mikasa. Même s’ils savaient très bien qu’elle avait fixé une somme aussi haute pour que personne ne surenchérisse et qu’elle puisse enfin manger en paix.

             Cela se voyait la façon qu’elle avait eu de ne même pas décoller ses deux yeux noirs du plat devant elle.

             Cependant, sa remarque n’eut pas l’effet escompté. Personne ne se tut, au contraire. Car tous commencèrent à commenter la prise de position nouvelle de la noiraude qui poussa un soupir en entendant Ymir expliquer combien le caporal devrait passer à l’acte pour le bien de tous.

             Et, lorsqu’Emeraude se tourna pour fixer la jeune femme, son regard fut irrémédiablement attiré par le bocal qu’avait posé Edward tantôt et qui se trouvait dans son champ de vision. Alors, se détournant bien vite de la conversation, elle entreprit de le détailler.

             Il était en réalité assez simple. Des parois de verre arrondies entouraient comme une colonne translucide un liquide visiblement fluide et tout aussi transparente. Le tout, scellé avec un couvercle de bois s’enfonçant dans le récipient et une cire de bougie rouge sécurisant la fermeture, demeurait assez banale.

             Intriguée, la jeune femme tendit la main en direction de l’objet. S’il n’était pas étiqueté, peut-être son frère avait-il écrit quelques informations sur le cul du bocal. Et il fallait dire qu’elle était assez intriguée de le voir ici et non en laboratoire.

             Seulement elle n’eut le temps de parcourir qu’une poignée de centimètres, qu’une tape rapide sur ses doigts la força à rebrousser chemin. Et, en remontant les yeux, elle vit la main gantée de son frère à quelques centimètres encore de la sienne et ses yeux sévèrement fixés sur elle.

— Touche pas à ça, c’est toxique.

             Intriguée, la jeune femme haussa quelque peu les sourcils tandis que les autres soldats présents à leur table se détournaient du sujet du pari, peu à l’aise à l’idée qu’une substance mauvaise soit enfermée dans un bocal disposé là où ils mangeaient. Et celui l’ayant amené, constatant toutes les paires de yeux rivées en sa direction, comprit qu’il allait devoir s’expliquer.

             Un soupir ennuyé traversa ses lèvres.

— C’est un poison particulier. Le sentir ou l’ingérer ne vous fera rien. En revanche, s’il trouve contact avec votre épiderme, il peut être létale.

             Soudain, tous se reculèrent en un seul mouvement brutal afin de s’éloigner un maximum de la substance. Et il réalisa qu’il allait devoir s’expliquer plus longuement.

— Du calme. Les actifs létaux ne se déclenchent que grâce à la chaleur : autrement dit, il faut porter le liquide à ébullition et laisser sa vapeur imprégner un matériau quelconque, expliqua-t-il plus longuement. Et, même si vous touchez un tissu plein de vapeur toxique, ça ne vous fera rien. Il faut un contact répété et long.

             Saisissant le bocal d’une de ses mains tout de même protégées par un gant de latex, l’homme souleva le récipient de sorte à ce que tous puissent mieux la voir.

— Le point fort d’un tel poison est qu’il ne laisse aucune trace. Même si on trouve l’objet ayant empoisonné la victime, il est quasiment impossible de trouver qui l’en a imprégné, poursuivit-il. Si on se sert d’un oreiller, n’importe quelle servante peut avoir fait le coût. Mais le mieux reste les lettres glissées dans le courrier du matin. Intraçable.

             Emeraude ne sut exactement pour quelle raison elle eut du mal à déglutir en entendant ce dernier exemple. Un mauvais pressentiment venait de la prendre.

— Et je peux savoir pourquoi t’as acheté un truc pareil ? retentit soudain la voix de Jean devant eux.

             Le blond haussa les sourcils, semblant visiblement assez surpris par cette question. Car la réponse lui semblait assez évidente.

— Mais enfin je ne l’ai pas acheté, c’est moi qui l’ai créé, annonça-t-il en faisant couler son regard sur le bocal. Là, j’attends le coursier du matin pour qu’il fasse ma troisième livraison de ce truc. Faut croire que le client a ses besoins.

             A leur table, un frisson embarrassé les prit. Non seulement il était parfaitement illégal de vendre du poison de la sorte mais ils n’auraient en plus jamais cru Edward capable de prendre part à un tel commerce.

             Le blond dut deviner ce qu’il se tramait dans l’esprit de chacun car il entreprit bientôt de se justifier.

— Croyez-moi, je n’en suis pas fier, concéda-t-il. Mais Emeraude était encore sans-abris quand j’ai intégré l’armée et avait vraiment besoin d’argent. J’ai quand même pris des précautions, ne vous en faites pas. Tout d’abord, j’ai laissé une liste des symptômes à Hanji ainsi qu’un ingrédient secret accompagné d’une recette afin de façonner un antidote. Et, surtout, je n’ai vendu ce produit qu’à une personne.

             Un soupir de de soulagement parcouru la table. Même si ce qu’avait fait le blond était répréhensible, l’idée qu’il ait pris quelques initiatives les réconfortait. Emeraude, quant à elle, se sentit assez mal à l’aise à l’idée que son frère ait été prêt à s’enfoncer dans les méandres des commerces liés au marché noir pour l’aider.

— Comme ça, si jamais un cas de meurtre lié à ce poison survient, je saurais exactement de qui il s’agit.

             Emeraude fronça les sourcils. Il ne pouvait pas garder une telle information pour lui. Si jamais quelque chose lui arrivait, plus personne ne pourrait mettre un visage sur son mystérieux client.

— Qui est-ce ? demanda-t-elle.

             Même Mikasa avait relevé la tête en leur direction, signe que tous étaient très préoccupés par cette histoire de poison.

— Laisse tomber, tu ne le connais pas, répondit le blond en reposant le bocal sur la table avec grand soin.

             Tous se raclèrent la gorge. Cette réponse était loin de les satisfaire. Edward le remarqua d’ailleurs et, promenant rapidement ses yeux autour de lui, finit par les lever au ciel avant de céder.

— D’accord, d’accord, déclara-t-il. C’est un soldat des brigades spéciales.

             Emeraude leva les yeux ne face d’elle, croisant le regard de Jean qui était similaire au sien. A vrai dire, tous avaient eu le même réflexe en s’intéressant à leur voisin de table. Car, même s’ils n’appréciaient pas les brigades spéciales, ils avaient bien du mal à comprendre pour quelles raisons l’un d’entre eux se procurerait une telle mixture.

             Était-ce lié au roi ?

— Son nom, retentit soudain une voix dans leur dos.

             Aussitôt, l’intégralité de la tablée fut prise d’un sursaut. Leur sang se glaça dans leurs veines et leurs yeux s’écarquillèrent. Depuis quand était-il là, derrière eux, à les écouter en silence ?

             Dévorante, l’ombre de Levi Ackerman planait sur la table tel un sombre présage. Et, devinant au dessin de ses contours qu’il avait placé ses bras croisés sur sa poitrine en une position ferme et stricte, aucun ne douta sur le fait qu’il était passablement agacé. Alors nul n’osa se tourner vers lui ou prendre la parole.

             Seul Edward, juste après avoir fermé les yeux et poussant un soupir plein de regret, fit demi-tour sur le banc. Et, plantant sans la moindre hésitation ses yeux bruns dans les billes d’acier de son ami, il répondit d’une voix ferme :







— Lieutenant Dan Eisenstein.

 













vous savez maintenant qui a essayé de tuer émeraude tant de fois dans le tome 1 hehehe

des idées sur ce qui a bien pu le motiver ?

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