𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
— Levi, attends !
Le noiraud se raidit immédiatement en entendant cette voix qu’il reconnaissait bien maintenant. Ses doigts semblèrent s’atrophier sur le pistolet qu’il tenait et, d’un geste quasiment imperceptible, il tourna ses deux billes d’acier en direction de la femme qui venait de l’interpeller.
Celle-ci, le dos droit sur sa monture avançant à toute vitesse, avait su attirer l’attention de l’intégralité des personnes présentes à ses côtés. Directement sur sa droite, à quelques mètres environ, son frère formait avec elle une ligne située juste derrière le caporal et juste devant celle créée par Auro, Eren et Petra. Une dernière, placée à la fin du cortège et se résumant en Erd et Gunther le sécurisait. Ils avançaient à toute allure en veillant à encadrer le titan afin de le protéger.
Tous venaient subitement de lever la tête vers elle. Certains comme Edward s’était complètement retourné en sa direction, d’autres comme le noiraud s’étaient contentés d’osciller légèrement la nuque et la regardaient avec intensité.
Ce dernier n’appréciait pas d’être interrompu. Surtout que cela faisait plusieurs heures maintenant qu’ils avaient franchit les murs et cavalaient à vive allure alors immobiliser le flux d’informations dans un moment pareil, en territoire hostile, n’était pas la meilleure des choses à faire.
Pourtant, il obtempéra.
Le bras quelque peu levé, ses fines mèches noires s’agitant sur son front au rythme de la course effrénée de sa monture noire, l’homme se raidit sur le pistolet visant à relâcher un fumigène vert dans l’atmosphère et informer leurs collègues sur leur progression. Il en avait trois à sa ceinture. Un noir, un rouge et un autre de cette couleur. Le premier devait être tiré si un titan déviant surgissait, un autre si un primaire jaillissait et le dernier si la mission se déroulait sans encombre de leur côté et qu’il fallait donc suivre la direction qu’ils prenaient.
Mais, alors que le caporal s’apprêtait à signaler aux troupes les suivant quelle route suivre et que celle-ci était sécurisée, la jeune femme l’avait soudain interrompu dans son geste. Et, comme s’il commençait à croire en ses capacités divinatoires, l’homme s’était immédiatement exécuté.
Alors il se tenait là, maintenant. Son arme tendue vers le ciel tandis que leurs montures ne cessaient de cavaler, attendant le feu vert d’une subordonnée.
— Emeraude, tu pressens quelque chose ? retentit une voix féminine derrière elle, Petra.
Elle ne répondit pas. Ses yeux écarquillés fixés sur les alentours, elle se contentait d’observer. Son cœur battait à tout rompre, défiant le rythme soutenu de leurs chevaux. Mais, étant donné qu’ils n’avaient croisé aucun monstre depuis le début de l’excursion remontant à plusieurs heures, ceci n’était pas normal.
Son corps était dans un état proche de la panique alors qu’aucun titan n’avait croisé leur route. Quelque chose clochait. Sa langue engourdie vint se coller à son palais tandis qu’elle déglutissait péniblement en passant ses prunelles sur le paysage se dessinant loin devant elle.
Sa force résidait en sa capacité à écouter son corps. Et, tandis qu’autour d’eux s’étendait un vaste terrain d’herbe agréable, que de hauts arbres jaillissaient du parterre humidifié par la rosée du matin à certains endroits, que de larges montagnes se devinaient au loin en contrejour, que le soleil projetait une intense lueur sublimant les lieux, elle savait que quelque chose n’allait pas.
Là, dans ce décor aux allures éthérées, sous l’astre vivifiant et scintillant donnant une allure si vibrante à un spectacle ordinairement gris se trouvait un mal bien sombre. Oui. Elle le devinait à ses battements de cœur anormalement rapides, ses mains moites pressant ses rênes, ses cuisses parcourues de fourmillements et cette sensation que cette voix à l’intérieur de sa tête ne cessait de hurler sans qu’elle ne parvienne à l’entendre.
Car il y avait dans cet étau qu’était son crâne des caresses parcourant les parois de celui-ci depuis l’intérieur, chatouillant désagréablement ses conduits auditifs et tentant d’atteindre ses tympans sans succès. En plus de son corps en constante alerte, elle sentait que cette entité en elle tentait de la prévenir d’un mal bien grand.
Oui. L’être habitant son crâne les savait proche d’un grand malheur. Mais elle ne parvenait à l’entendre. Elle devinait qu’il lui parlait seulement rien ne traversait ses tympans.
— Emeraude, que se passe-t-il !? retentit une voix d’un ton plus virulent et inquiet appartenant à son frère.
Elle voulut lui répondre. Là, assise sur cette monture affolée, les poils de sa nuque hérissés, l’idée qu’il ne lui faudrait qu’une poignée de secondes pour se tourner vers lui et rétorquer lui traversa l’esprit. Mais une poignée de secondes était trop.
Car il était trop tard. Le mal était là.
Parmi l’assemblée, seul le caporal comprit ce qu’elle s’apprêtait à faire. De sa position légèrement avancée et quelque peu tournée vers la femme, il pouvait voir ce que nul autre ici présent ne voyait.
Son visage.
Et lorsqu’il remarqua le scintillement qui alluma soudain le regard de la soldate, son cœur rata un battement. Cela n’avait duré qu’un fragment de secondes mais il avait compris.
— EMERAUDE, NON ! rugit-il.
Tout se passa ensuite en une fraction de seconde.
Saisi par le cri de cet homme d’ordinaire si réservé, tous se tournèrent en sa direction. Et, à l’instant-même où ils tombèrent sur ses yeux froids rivés sur la soldate, un bruit métallique retentit depuis la position de cette dernière, brisant le silence des sabots étouffés contre l’herbe. Comme un sifflement aigu et létale.
La promesse d’une bataille.
Leur cœur rata un battement lorsqu’ils se tournèrent de nouveau vers elle, constatant sa position. Les paupières closes et le visage légèrement penché vers l’avant en signe de concentration, son bras droit était tendu derrière elle, en direction d’Eren qui put alors voir ses doigts tendus à leur maximum. Le gauche, pour sa part, était plié en angle droit au-dessus de sa tête et les phalanges situées en son bout imitaient les autres dans leur posture. Posture qu’ils ne connaissaient que trop bien pour l’avoir vu à maintes reprises en entrainement.
Elle venait de lancer ses boomerangs.
Cela signifiait non seulement qu’un danger était là, mais qu’il était à moins d’une cinquantaine de mètres. Et, lorsque leurs yeux encore rivés sur Emeraude la virent soudain lâcher ses rênes pour ramener ses mains à sa ceinture, là où se trouvaient ses bouteilles de gaz, ils comprirent pourquoi le caporal avait hurlé.
Elle n’allait pas se contenter de les tuer avec ses boomerangs. Non. Ses mains dévissant d’un geste si aisé ses réserves avant de se placer sur les pédales de son système tridimensionnel leur confirmèrent ce qu’ils avaient redouté.
Elle allait se déplacer seule jusqu’aux ennemis approchant mais dont ils ne connaissaient pas encore le nombre.
En plus de rompre la formation, cela signifiait que le danger était trop grand pour qu’elle s’en occupe à distance. Et sans doute aussi trop grand pour qu’elle puisse l’affronter sans coéquipier et espérer en réchapper. Il fallait la retenir.
Mais leur attention fut déviée.
— Bordel de merde, c’est quoi ça !? retentit soudain la voix d’Auruo, situé sur le flanc est de leur formation, juste derrière Edward.
Au moment où tous se tournèrent vers ce que le blond grisonnant pointait du doigt, un sifflement aigue et familier retentit à gauche de Levi avant de faiblir subitement en intensité, signe que son origine s’était éloignée. Tous connaissaient ce son. Il s’agissait de celui que provoquait l’ouverture d’une bouteille de gaz. Le bruit ayant disparu aussi rapidement qu’il avait retentit, cela signifiait que la soldate ayant ouvert ses réserves s’était déjà envolée loin dans le ciel.
Et, ne pouvant se permettre de rompre la formation afin d’aller chercher la jeune femme, nul ne se tourna vers Emeraude qui venait de décoller de sa monture. Car là où elle était, ils ne pouvaient y aller sans mettre Eren en danger.
Emeraude était à présent seule.
A vrai dire, si leurs inquiétudes avaient pu vouloir les pousser à rattraper la soldate lorsque celle-ci avait posé ses doigts agiles sur sa ceinture, leur attention s’en était très vite détournée au moment où, se tournant la droite de leur groupe et suivant le doigt d’Auruo, ils avaient compris l’ébahissement dans la voix de celui-ci.
Petra, ses grands yeux bruns fixés sur ce qui n’était autre qu’un mauvais présage quant à la survie des troupes de l’est, formula tout haut ce que tous s’étaient dit tout bas en voyant la scène :
— Si autant de titans sont là, ça veut dire que personne ne les a arrêtés là-bas…, réalisa-t-elle.
A sa droite, pile dans son champ de vision étant donné qu’elle se tournait vers l’est, ses yeux virent nettement ceux d’Eren s’écarquiller brutalement. Il avait compris. A vrai dire, dès lors qu’il s’était rendu compte de la colère qui animait les gestes d’Emeraude lorsqu’elle avait lancé ses boomerangs, il avait su tirer les conclusions adéquates.
La soldate ne se battait pas contre les titans mais pour ses camarades. Alors il avait su, en la voyant quitter sa position, qu’une seule chose aurait pu la pousser à s’en aller si brusquement de son cheval.
Et le noiraud le savait aussi, ce qui l’avait poussée à tenter de la retenir. En vain.
— Vous pensez qu’il y a ne serait-ce qu’un survivant sur l’aile droite ? demanda-t-elle d’une voix étranglée.
A cette question, nul ne répondit. Ses yeux noisette vinrent balayer l’assistance du regard, croisant la mine effarée d’Eren, la peine difficilement cachée d’Auruo, l’inquiétude grandissante d’Edward et la posture comme à l’accoutumée indéchiffrable du caporal. Ils savaient pertinemment que la réponse était négative.
Ou plutôt, ils espéraient qu’elle le soit. Car, s’il y avait eu des survivants, il ne serait qu’un trop petit nombre. Et, après avoir vu l’intégralité de leur troupe se faire décimer, le traumatisme en résultant serait tel qu’ils ne demeureraient plus l’ombre d’eux-mêmes.
Alors sincèrement, ils espéraient que tous aient péri. Que nul n’ait à affronter la réalité après une telle épreuve. Parfois, mieux valait se laisser emporter par la faucheuse. Pour avoir été désignés par cette dernière comme ceux condamnés à survivre, ils savaient ce qu’il en était.
— Quoi qu’il arrive, vous ne devez pas imiter Emeraude et rompre la formation, tonna soudain la voix de Levi. Car on ne peut pas se permettre de vous attendre ni d’aller vous chercher.
Sous leurs yeux, les silhouettes immenses et pour l’instant dépourvues de détails du fait de la position trop éloignées de six titans approchaient d’eux en courant. Ils étaient tous déviants, cela se voyait à la façon qu’avait leur bras de se hausser si étrangement à hauteur de leur taille tandis qu’ils avançaient à vive allure.
Et, alors qu’ils observaient ses monstres constitués d’ombres seulement qui ne cessaient de tenter de réduire la distance entre eux, Edward se redressa vivement. Il fallait savoir lire entre les lignes.
Le blond venait de comprendre le sous-entendu du noiraud. Et celui-ci ne prit pas la peine de nier en remarquant la raideur soudaine de son ami.
— Navré mais elle connaissait les ordres et nous n’irons pas la chercher.
Tous se raidirent sur leurs montures au moment où leurs oreilles captèrent ces mots si rudes. Avaient-ils bien compris ?
Au loin, un éclat de lumière perça soudain la voûte céleste à l’endroit précis où se situaient les monstres. Ils savaient de quoi il s’agissait. Le reflet des boomerangs.
Quatre de leurs ennemis plièrent brutalement et violemment la nuque en arrière tandis que des éclaboussures qu’ils devinaient écarlates jaillissaient à cet endroit précis de leurs corps. Les boomerangs avaient atterri, transperçant le mal et sécurisant leur formation. Emeraude les avait sauvés.
Les titans s’immobilisèrent soudain dans leur course tandis que deux de leurs compères —qu’elle n’avait pas pu atteindre avec ses projectiles— continuèrent d’avancer à vive allure. Ils ne se trouvaient plus qu’à une vingtaine de mètres de leur position et ce, malgré la rapidité de déplacement des humains qui les aidait à garder une certaine distance avec les monstres.
Lorsque les quatre premiers corps s’effondrèrent, provoquant un tremblement du sol sous leurs pieds, la troupe qui n’avait pas quitté la scène des yeux remarqua une ombre filer à toute allure en direction des deux survivants, située un peu plus haut qu’eux dans le ciel. Mais si la distance rendait impossible une description précise de la femme, tous devinaient la détermination déformant ses traits.
Là, avançant toujours plus loin tel un cortège s’amenuisant, chacune des têtes à l‘exception d’une seule observait celle qu’il devinait être Emeraude se déplacer en grande vitesse. Dans le bleu de l’éther, sa silhouette armée se découpait tandis qu’elle s’agitait autour des monstres, prête à fondre sur leur point faible et le cisailler comme ceux de leurs quatre compères.
Parmi le groupe, tous observèrent avec une pointe d’admiration la distance se réduisant entre la jeune femme et ses cibles. Mais Levi n’en fit rien. Il savait pertinemment ce qui allait se passer.
Alors il préféra ignorer le sourire fier qu’affichèrent ses soldats en la voyant approcher les titans. Et celui-ci s’effaça d’ailleurs soudain.
Avec horreur, ils distinguèrent bientôt un groupe d’autres silhouettes aussi hautes jaillir de l’horizon, au point exact où avaient surgis leurs prédécesseurs. Et, tandis qu’elle s’occupait encore de deux d’entre eux, les nouveaux venus fondaient déjà sur elle. Située entre eux et l’escouade, elle ne semblait maintenant n’être plus qu’un obstacle facilement éliminable tant ils étaient nombreux.
L’attroupement de monstres était tellement compact qu’ils ne pouvaient les compter mais ils devinaient qu’ils étaient bien plus que ceux de la première vague. Sans doute une douzaine, peut-être même quinze.
Leurs muscles se raidirent. Les mots de Levi étaient clairs : ils n’iraient pas la chercher, ils ne pouvaient pas se le permettre. Alors si elle ne rentrait pas d’elle-même, elle ne rentrerait pas tout court.
Un frisson les parcouru. Les nouveaux titans étaient trop nombreux, même pour eux pourtant membres de l’escouade dite Levi. Ils peinaient donc à s’imaginer que cette jeune recrue vivant sa première mission puisse survive seule à ce qui ressemblait à une horde de monstres.
Même cette fine soldate, loin devant eux, y songea lorsque ses yeux croisèrent avec horreur la dense nouvelle vague. Ses lames dégainées tandis que ses vêtements se retrouvaient plaqués sur son corps à cause du vent provoqué par ses mouvements, ses prunelles auparavant fixés sur les nuques des deux survivants, elle avait repéré l’assombrissement soudain du paysage devant elle.
Alors, accordant un rapide regard au soleil situé à l’est, son cœur avait raté un battement en constatant qui se trouvait dans l’axe de l’astre et obscurcissait le paysage. Et, maintenant qu’elle reportait son attention sur ses deux cibles qu’elle atteindrait sous peu, elle ne put s’empêcher de déglutir péniblement.
L’urgence de l’attaque qu’elle menait l’avait empêchée de regarder très longtemps les nouveaux assaillants ou même de les compter. Mais un frisson parcouru son échine lorsqu’elle réalisa que, même sans avoir attesté de leur exact nombre, une partie d’elle avait réalisé quelque chose d’important.
Erd, Gunther, Petra, Auruo, Edward, Emeraude. La veille, ses noms avaient traversé son esprit en une ronde infernale, une partie d’elle ayant compris que ce jour serait le dernier des personnes situées sur cette liste.
Elle comprise.
Et ceci, le noiraud l’avait réalisé. Elle était courageuse mais trop inexpérimentée. Rares étaient ceux pouvant survivre à tant de titans. Son manque d’actions sur le terrain faisait d’elle une soldate novice et donc inapte à exécuter un tel exploit. Alors, d’une voix froide d’où on ne pouvait distinguer la moindre émotion, il déclara bientôt à l’attention de son ami encore tourné vers l’ombre de sa sœur filant à toute vitesse :
— Son sacrifice ne sera pas vain.
Là enfin, il accorda un regard en direction d’Emeraude. Tournant lentement sa nuque en direction de la femme, il se surprit à avoir une sensation nouvelle. Ou plutôt, une qu’il n’avait plus connu depuis le décès de Farlan et Isabel. Oui, même s’il ne connaissait pas bien cette soldate, au moment où il posa les yeux sur sa silhouette, un grand vide vint scinder son corps en deux.
Alors que son cœur se faisait anormalement lourd dans sa poitrine, ses prunelles se perdirent sur l’ombre qui fila bientôt à toute allure derrière les titans de la première vague, surgissant depuis leur gauche.
Leur tête bascula en arrière dans un éclaboussement écarlate tandis que la silhouette rapide de la jeune femme apparaissait de l’autre côté des monstres, à leur droite. Cela avait été rapide, net, professionnel. Avec un soupir ému qu’il ne comprit même pas, il observa la façon qu’elle eut de fondre soudain en direction des nouveaux venus sans une hésitation.
Elle n’a même pas essayé de nous rejoindre, songea-t-il. Sa méthode d’exécution si furtive des titans et sa froideur face à la mort faisait d’elle une soldate talentueuse. Pour sûr, ils s’apprêtaient à perdre un élément prometteur.
Ses hématites vinrent se couvrir d’un voile opaque. Même s’il savait que les autres personnes ici présentes auraient fait la même chose à la place d’Emeraude, il ne put empêcher une légère douleur de le prendre à la poitrine en la voyant, elle, s’éloigner tel un point noir en direction de ces gigantesques ennemis.
Elle était seule. Ils étaient nombreux. Elle était minuscule. Ils étaient titanesques.
La gorge de Levi se serra.
— Puisse-t-elle reposer en paix.
⏂
je suis désolée pour la qualité du chapitre, je l'ai relu pas mal de fois avant de le poster et j'ai pas l'impression qu'on arrive à être embarqué dans l'action, je tâcherai de faire mieux pour le prochain
je crois que le stress des exams impacte mon écriture mais tout se termine mercredi donc je devrais arranger tout ça✌️
bref, j'espère que tout va bien pour vous !
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