𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟏


𖤓

ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
MARTYRS









             Les cris résonnaient dans la clairière, rythmant ceux de claquements secs retentissant de façon régulière. Le brouhaha que formaient ces derniers se voyait accompagné de divers commentaires émanant des soldats rassemblés sur le côté du terrain d’entrainement, dos au château.

             Erwin Smith était arrivé une heure auparavant, posant pied à terre et s’empressant d’envoyer les soldats qu’il croisait sonner le cor afin de rassembler leurs pairs. Ceux-là s’étant exécutés rapidement, le blond avait eu le temps de rejoindre les différents chefs d’escouade et Edward, échanger quelques mots en leur compagnie sur le programme de la matinée avant de rejoindre la clairière.

             Plusieurs dizaines de minutes s’étaient écoulées depuis qu’il y avait mis les pieds aux côtés du blond, de Levi, Dita, Hanji et Mike. Ce dernier ayant pour habitude d’écouter les conseils avisés d’un de ses subalternes, Nanaba, avait invité celle-ci à les rejoindre du côté de ceux qui encadreraient cet entrainement.

             Et ils observaient les différents membres de la 104ème brigade se battre en système de round depuis un certain temps, ayant tout de même gardé deux personnes à l’écart des combats.

— Ymir c’est un entrainement, résonna soudain la voix de Dita, pose ce couteau.

             Ils se trouvaient à droite du public composé de l’intégralité des soldats. A vrai dire, ces derniers formait une longue masse dense s’attroupant aux pieds de la façade du château à qui ils montraient le dos tandis qu’eux ne voyaient que le profil de leurs instructeurs, ceux-là s’étant installés en une ligne droite et stricte perpendiculaire à eux. Ils étaient tous disposés de sorte à regarder au centre de la cour, là où se tenaient les différents combats.

             Un système d’équipe avait été mis en place. En effet, il s’agissait de voir quelles affinités seraient à mettre en avant sur le champ de bataille et, étant donné que les seules nouvelles recrues étaient celles de la 104ème brigade et que les anciennes n’étaient aujourd’hui là qu’en tant qu’observateurs, ils devaient se battre entre eux.

             Des trios. Chacun composé des mêmes atouts.

             D’un côté, la force offensive de Jean se voyait renforcer par celle défensive de Marco, le tout sécurisé par l’instinct de Sacha. Celle-ci faisant partie des deux seuls à l’avoir et Erwin tenant étrangement l’autre à l’écart depuis le début de la séance, ils avaient dû improviser pour y poser une réplique similaire de l’autre côté. Mais ce dernier se voyait composé en attaque d’Ymir, en défense de Christa et d’une ceinture renforçant le tout, Mikasa.

             Et cela coûtait à l’Extralucide de le penser mais le premier groupe s’était fait laminer. Entre Mikasa et Ymir, les pauvres avaient eu des chances mais celles-ci étaient moindres. Surtout que, même si elle ne le laissait pas beaucoup paraitre, la blonde pouvait aussi se montrer redoutable.

             Au cours des combats que la jeune femme avait observé avec minutie, certains détails lui avaient sauté aux yeux. A l’époque où leur instructeur était Keith, les entrainements n’avaient pas la même configuration : tous se battaient en même temps et lui passait dans les rangs pour observer leurs techniques. Jamais ils n’avaient vraiment eu l’occasion de s’arrêter sur ce que faisaient leurs collègues.

             Mais maintenant qu’elle avait pu voir de ses propres yeux un combat entre six d’entre eux, elle était capable d’identifier les faiblesses de chacun.

             Jean, même s’il ne le montrait pas, avait une prédisposition à paniquer. Cela ne passait pas nécessairement par une perte de contrôle qui l’amenait à pousser de grands cris, plutôt par quelques détails qui, en période de véritable guerre, lui joueraient des tours. Sa force était par exemple diminuée par la crainte et sa capacité à viser, altérée.

             Sacha, de son côté, n’avait principalement que des atouts. Un œil de lynx, une capacité de réactivité étonnante du fait de son instinct, une force d’adaptation rare. Mais ce qui lui faisait défaut était sans nul doute ce qu’avait façonné son enfance au sein de la forêt. Elle était solitaire. Et cela se voyait dans sa façon de ne pas communiquer avec autrui. Ce qui ne pouvait être qu’un problème quand son rôle reposait sur son habilité à le partager avec ses pairs.

             Marco, finalement, était assez doué. A vrai dire, il était visible dans sa technique au maniement des lames qu’il faisait partie des dix membres les plus performants de sa brigade. Mais il n’en demeurait pas moins un problème conséquent qui rappela à la jeune femme les paroles d’Edward lorsqu’elle s’était réveillée. Et elle voyait clairement ce que son frère avait souhaité dire en affirmant que le brun ne savait pas utiliser son système tridimensionnel. Ce qui était un frein pour lui était en réalité sa gestion désastreuse de ses réserves de gaz.

— Stop ! retentit la voix d’Edward soudainement. Allez sur le côté. On va inviter le trio suivant à prendre place.

             La jeune femme maugréa intérieurement. Qu’attendaient-ils pour la faire passer, à la fin ? Depuis le début de la séance, certains s’étaient déjà battus plusieurs fois tandis qu’elle n’avait pas bougé d’un pouce. Mikasa, Reiner et Sacha étaient déjà entrés sur la zone de combats trois fois chacun mais elle, non.

             Sa patience avait des limites. Surtout qu’elle savait qui était responsable de cela.

             En effet, la jeune femme n’ayant pas de nom et les chefs d’escouade se refusant à la baptiser « peste » comme Keith —car ils jugeaient cela insultant— ou Extralucide comme le restant des soldats —car ils ne voyaient rien de professionnel à ce surnom— ils la désignaient régulièrement du menton en l’évoquant, ce qu’elle les avait vu faire à chaque fin de combat depuis plusieurs dizaines de minutes.

             Mais à chaque fois qu’ils la mentionnaient —surtout Mike, Nanaba et Dita qui avaient vu de quoi elle était capable et voulaient y assister plus longuement— le visage ferme et stricte de Levi Ackerman s’animait toujours quelque peu. En effet, régulièrement, sans qu’il ne lui accorde le moindre regard ni ne montre d’ailleurs des signes de réactivité oculaire, elle apercevait ses lippes s’entrouvrirent et, aux expressions qu’affichaient par la suite le trio ainsi qu’Hanji qui avait tant entendu parler de la jeune femme par Edward et souhaitait la voir en action, la concernée devinait alors qu’il avait refusé.

             Cela l’agaçait considérablement. Bien sûr, elle pouvait comprendre ses doutes quant à sa loyauté. Mais cette façon de l’écarter des entrainements, surtout pour la seule session qui serait supervisée par Erwin Smith était puérile et insensée. Il gâchait son talent.

— Conny tu vas passer une deuxième…, commença la voix d’Edward.

             Le blond, un parchemin en main, lisait attentivement les brèves lignes déposées derrière chaque nom et décrivant rapidement ceux-là. Depuis le début de la séance, il était celui constituant les groupes et cela semblait convenir aux autres, même s’il n’était pas chef d’escouade. A vrai dire, à l’exception justement d’une escouade attitrée, le blond présentait les mêmes attributs que ses collègues : de l’ancienneté, un nom respecté et des capacités développées.

             Mais, en cet instant précis, l’un d’entre eux avait fait le choix de ne pas le laisser donner ses directives plus longtemps.

— L’imbécile va passer.

             La voix de Levi, utilisant pourtant un ton modéré, s’était abattue comme une faux dans l’assistance. Sa fermeté et puissance contenue qui menait chacun à se plier à chaque instruction qu’il prononçait avait eu raison du faible brouhaha qui avait pris place chez les soldats pendant que les anciens combattants quittaient le centre de la cour.

             En prononçant ces mots, il n’avait rien changé de sa position. Ses bras croisés fermement avaient continué de s’articuler telle une statue stricte jusqu’à son dos droit et son menton quelque peu baissé continuait, de par son orientation, à incliner ses traits où s’articulaient en tâches terrifiantes des ombres. Ces dernières tranchant nettement avec le haut soleil tapant fort sur le sol de terre partiellement touffue d’herbe, il n’en ressortait que plus intimidant.

             Seulement, à la fin de sa phrase, alors qu’il avait déjà su attraper l’attention de tous, ses iris s’étaient soudain mouvées dans leurs orbites et, sans ne bouger le moins du monde, il s’était contenté de les poser sur la jeune femme. Et celle-ci s’était vue frappée de plein fouet par l’acier trempé de ses prunelles.

             Tous les regards étaient sur elle. Elle déglutit.

— Contre moi et moi seul, ajouta-t-il simplement.

             A ces mots, un murmure parcouru l’assistance derrière elle et elle l’entendit nettement. A ses côtés, les regards de l’escouade tactique se firent soudain plus insistants que les autres et elle entendit nettement ses collègues de la 104ème brigade maugréer des protestations dans leurs barbes, n’osant les prononcer trop haut de peur de s’attirer les foudres du caporal.

             Mais elle savait pertinemment quelles exactes raisons motivaient leur indignation. A vrai dire, les mêmes avaient suscité l’étonnement du restant des soldats et l’inquiétude de Gunther, Petra, Erd et même Auruo. Elle ne faisait pas le poids. Tout simplement.

             A un point tel que cela en devenait dangereux.

             Cependant, au grand étonnement des autres chefs d’escouade lorsqu’ils entendirent le noiraud, le frère de la jeune femme n’eut pas la moindre réaction. Aucun spasme ne parcourut son visage ni cri de colère franchit sa gorge. Aucun n’était pourtant sans savoir son désir démesuré de protection envers la jeune femme. Et Erwin, qui était demeuré silencieux à leurs côtés, avait tout à fait comprit pour quoi.

             Elle n’avait aucune chance de le vaincre, soit. Mais lui n’en avait pas de la blesser. Elle était bien plus redoutable que ce qu’il pensait et, après que le noiraud se soit amusé à la traiter comme il l’avait fait dans sa cellule, Edward avait hâte de voir comment sa sœur mettrait à profit le cadeau qu’il lui avait fait la veille.

             Il s’autorisa même un fin sourire que le caporal, situé devant lui mais lui montrant le dos, ne vit pas. Je sens que Rumpletitskin va être surpris, songea-t-il en redressant simplement la tête pour regarder sa sœur avancer jusqu’au centre de la clairière.

             Elle était confiante. Cela se voyait. Le pas déterminé et le menton relevé en une posture impériale, elle avançait en balançant naturellement ses hanches pourtant alourdies par les bouteilles de gaz et carquois de son système tridimensionnel. Mais elle n’en semblait pas le moins du monde impacté dans ses déplacements. Au contraire, l’imposant attirail sublimait sa silhouette combattive.

             Il y avait quelque chose en elle, là, dans le pas de ses jambes, sur son visage relevé, à l’intérieur de sa poitrine gonflée. Une émotion violente, une aura crépitante, une force assourdissante. Quelque chose qui amena le caporal, dès lors qu’il la vit s’arrêter au centre de la clairière et se tourner vers lui, à frissonner légèrement.

             Une guerrière. Voilà ce qu’il avait en face de lui.

— Levi, résonna soudain la voix ferme d’Erwin.

             Celui-ci se trouvait directement sur sa droite, de sorte à ce qu’ils ne puissent se voir l’un l’autre, simplement se deviner. Mais il ne se tourna pas vers le major qui savait pourtant qu’il avait son attention.

             Et il profita de celle-ci pour le mettre en garde. Il ne tolèrerait aucun débordement.

— Ce n’est pas un combat à mort.

             Le noiraud n’eut aucune réaction à l’exception d’un simple hochement de tête. Il comprenait ses inquiétudes. L’aura du caporal avait une façon de crépiter en sa présence qui défiait tout ce qu’il avait pu voir par le passé. L’habituel calme ferme de l’homme semblait systématiquement laisser place à un violent torrent d’émotions brûlantes face à la jeune femme.

             Alors, maintenant qu’ils s’apprêtaient à se battre et qu’ils connaissaient tous assez bien l’égo des deux pour savoir qu’aucun ne se plierait et ne demanderait l’arrêt des combats, il semblait bien qu’ils se dirigeaient vers ce type d’affrontement.

             Mais Erwin ne l’accepterait pas.

— Ecoute-moi bien la morv…

             Mais le caporal n’eut le temps de terminer sa phrase ni même de s’approcher de son adversaire qu’un bruit puissant de succion doublé de soufflements l’interrompit. Et ce fut avec stupeur que tous observèrent la jeune femme s’élever dans les airs en fixant avec insistance le groupe en contrebas, plus précisément l’homme l’ayant demandé en duel.

             Un soupir quelque peu condescendant franchit son nez en la voyant faire. Une telle manœuvre ne lui permettrait pas d’aller bien loin. Mieux aurait-elle valu pour elle qu’elle fonde directement sur lui en profitant de l’effet de surprise.

             Et tous étaient du même avis à ses côtés.

— Ce sera encore plus rapide que ce à quoi je m’attendais, déclara le noiraud en s’avançant quelque peu, se tordant le cou pour ne pas quitter la jeune femme du regard.

             Elle s’était rapidement élevée plus haut dans le ciel que la cime des arbres et, de là où elle était, nul ne distinguait bien ses mouvements. Pourtant tous murmuraient entre eux dans les rangs des soldats qu’elle semblait particulièrement peu douée pour une personne ayant fini deuxième de sa promotion.

             Tous, à l’exception de cette dite promotion, l’escouade tactique et le bras droit d’Hanji, Moblit. Ceux-là regardaient la scène avec intérêt, curieux de savoir ce qu’elle s’apprêtait à faire et convaincus que sa manœuvre était bien plus censée que ce qu’elle donnait actuellement l’air d’être.

             Et leur cœur se figea dans sa poitrine lorsque son corps suspendu dans les airs à une trentaine de mètres du sol bascula soudainement d’une façon qu’ils ne connaissaient que trop bien. Mikasa soupira d’ailleurs face à cela, disant tout haut ce tous avaient compris tout bas.

— Elle a encore coupé son gaz.

             Le caporal l’avait aussi deviné. Immobile sous la soldate, les yeux levés sur celle-ci mais le corps détendu, il n’avait néanmoins pu empêcher ses pupilles de se dilater en la voyant soudainement basculer tête en avant vers lui et fondre à une vitesse vertigineuse. Et sa rapidité était tellement grande qu’il faillit bien ne pas parvenir à anticiper son atterrissage.

             Lorsqu’un mètre seulement les sépara, il put voir ses traits. Et la détermination qu’il lut dans son regard ferme le saisit. Elle semblait savoir exactement ce qu’elle faisait. Mais rien n’avait de sens dans son geste.

             Pourquoi s’élever dans les airs avant de s’écraser sur un homme sans se servir d’aucune technique de combat et risquer aussi la mort au moment de l’impact ?

             Il ne sut ce qui le poussa à adopter un tel mouvement mais, sans qu’il n’y songe forcément, sa jambe gauche vint se raffermir sur le sol et sa hanche ploya soudain tandis qu’il balançait avec force la droite au-dessus de lui, percutant sans vergogne le ventre de son assaillante au moment où celle-ci s’apprêtait à s’abattre sur lui. Et, en entendant son hoquet de douleur retenu et sentant la masse corporelle de la femme rebondit sur sa botte pour être expulsée plus loin, il poussa un soupir avant de reporter son attention sur elle.

             Elle atterrit brutalement quelques mètres plus loin. Il soupira en la voyant faire. Il aurait mieux fait de ne pas la frapper et la laisser s’écraser au sol en l’esquivant. Son geste, bien que douloureux et violent, avait évité une mort des plus stupides à la jeune femme en la faisant rebondir avant l’impact. Décidemment, elle comptait parmi les pires adversaires qu’il n’ait jamais eu.

— Relève-toi, la traitresse, maugréa-t-il en avançant d’un pas ferme en sa direction.

             Cependant, quelques mètres plus loin, les yeux écarquillés des chefs d’escouade semblaient dire le contraire de la pensée du caporal. Les lèvres entrouvertes et les pupilles dilatés, tous avaient observé la scène, interdits.

             Car, en voyant cette femme se projeter volontairement dans le vide comme elle l’avait fait, jamais ils ne se seraient attendus à ce que ce geste apparemment stupide et suicidaire ne cache une manœuvre des plus travaillés. Tous, sauf Erwin et Edward qui avaient deviné qu’elle cachait derrière ses traits fermes et sa grossièreté bien des choses.

             Et, tandis qu’ils regardaient le noiraud avancer jusqu’à cette masse recroquevillée sur elle-même au sol, Nanaba fut celle qui prit la parole.

— Pendant qu’il la frappait et avait son attention détournée du reste, on est bien d’accord qu’elle a lancé quelque chose ?

             Mike acquiesça. Il avait en effet cru apercevoir des objets jaillir de ses bras qu’elle avait écarté avec brutalité au moment où, lui assénant un coup de pied, Levi n’y faisait pas attention. Mais le geste avait été si rapide et la cohue des évènements, si grande, qu’il avait cru s’être trompé.

             Et il se doutait que Levi, de son côté, ne s’en était même pas rendu compte, habitué aux manœuvres « classiques » de combats.

— Qu’est-ce que c’était ? ne put s’empêcher de demander Dita au moment où le noiraud s’arrêtait devant la jeune femme encore allongée.

             Il n’avait pas réellement posé cette question en espérant obtenir une réponse, se contentant de formuler tout haut ce que ses collègues se demandaient tout bas. Mais Edward avait la réponse.

             Et ce fut avec un rictus en coin qui n’échappa point à Erwin qu’il répondit sans quitter les combattants des yeux :

— Des boomerangs.

             Et, à l’instant même où il lâcha ses quelques syllabes, sur la seconde précise où le caporal s’apprêta à sermonner la jeune femme encore inerte, au moment exact où tous pensaient le combat perdu, un sifflement sonore retentit soudain. Perçant le silence de plomb qui avait pris place dans les lieux aux alentours des deux adversaires.

             Levi l’entendit avant les autres mais il était trop tard. Ce genre d’objet ne s’arrêtait pas, on ne pouvait que les éviter. Et ils étaient maintenant trop proches.

             Il n’eut le temps de se tourner. Elles se situaient derrière lui. Et elles avançaient à une vitesse si grande qu’il n’eut le temps de se demander quand aurait lieu l’impact qu’un soubresaut particulièrement violent ébranla sa taille, lui arrachant des spasmes dans tout le corps.

             Et lorsqu’il réalisa ce qu’il se passait, il ne put s’empêcher d’avoir une pensée bien particulière pour la masse recroquevillée au sol qui n’avait toujours pas bougé. Un mot à propos duquel il songea alors qu’il n’aurait jamais cru la qualifier ainsi, même en son for intérieur. Brillante. Oui, elle était brillante.

             Un cliquetis mécanique retentit. Le coup qui avait secoué son bassin acheva de faire trembler ses membres et il vit nettement les deux masses plates dont il ne pouvait distinguer davantage de détail à cause de leur vitesse le dépasser. Une dense chaleur le prit. Il s’était fait avoir.

             Les boomerangs, en le frôlant, avaient tranché de façon nette la corde de ses grappins et abimer considérablement ses pédales de gaz, sectionnant leur lien à l’ouverture des bouteilles et rendant ainsi celles-ci inutilisables. A l’exception de ses sabres, elle avait rendu obsolète son appareil tridimensionnel, faisant preuve d’une tactique auquel aucun de ses assaillants n’avait encore pensé : ne pas l’attaquer lui mais son matériel.

             Il eut un frisson. Pour la première fois, il existait une chance —bien qu’infime et presque inexistante— qu’il perde un combat. Car jamais auparavant on ne l’avait pris de la sorte au dépourvu. Et si elle décidait de s’élever dans les airs pour l’attaquer depuis les hauteurs, il ne pourrait pas faire grand-chose à part courir, n’ayant plus de quoi voler.

             Mais il ne lui laisserait pas le temps de décoller.

— Bien, concéda-t-il en observant ses grappins s’échouer au sol, séparés de leurs cordes. Tu es plus…

             Seulement il n’eut le temps de finir sa phrase.

             Violemment et brusquement, la masse s’était de nouveau mise à bouger. A l’instant même où les boomerangs l’avaient survolée, un sabre brillant avait soudain jaillit du corps de la soldate tandis qu’elle se déployait à toute vitesse et l’arme avait percuté avec précision les projectiles, déviant leur trajectoire dans un tintement sonore.

             Seulement Levi ne comptait pas se laisser avoir de nouveau. Elle était parvenue à le surprendre mais, maintenant qu’il savait ce que la boite d’Edward renfermait et combien la jeune femme savait déjà les manier, elle ne pourrait plus espérer l’embobiner de la sorte. Surtout qu’il avait compris que, afin de le désarmer définitivement, elle viserait ensuite ses pommeaux ou plutôt la base de ceux-ci, là où se trouvait le système permettant de le fixer à des lames.

             Alors, lorsqu’elle frappa avec hargne les armes en se retournant et qu’il vit ces éclats argentés brillant à la lueur du soleil revenir à sa position, il n’hésita pas une seule seconde. Ses mains vinrent saisir la cible même de la jeune femme et, après un rapide cliquetis mécanique, il dégaina ses sabres dans un tintement sonore.

             Elle n’eut le temps de se relever. Sa fourberie avait bien trop titillé l’homme qui, s’il avait d’abord été agréablement surpris de se rendre compte de son intelligence, s’était senti presque insulté qu’elle tente de nouveau l’exacte même manœuvre. Après tout, penser qu’il tomberait dans le panneau deux fois d’affiler était similaire à insulter son intelligence et il n’appréciait pas vraiment cela.

             Alors, dans un geste tellement rapide qu’elle n’eut même pas le temps de se tourner davantage afin de se relever ni même de cligner des paupières, il se projeta en sa direction, frappant d’une première lame les boomerangs tandis qu’il arquait l’autre vers son assaillante. Un tintement violent retentit lorsque les projectiles se virent dévier vers le sol par la seule force de son sabre et le monde sembla immédiatement s’arrêter de tourner.

             Elle n’avait pas tenu bien longtemps. Beaucoup plus que la plupart de ses adversaires mais pas non plus une éternité. Et tous pouvaient aisément le voir à présent.

— Perdue, dit-il simplement.

             Allongée sur le dos, ses omoplates adhérant avec douleur au sol irrégulier, elle n’exécuta le moindre geste. Le soleil l’aveuglait avec une telle force qu’elle ne pouvait détailler ce qu’il se passait au-dessus d’elle.

             Mais elle sentait nettement la pression d’une lame sur sa gorge. Un frisson la prit. Les rayons du soleil en cet instant précis, projetaient une chaleur bien différente de celle soulevant ses reins. Ce combat l’avait grisée. Cependant le caporal disait vrai sur un point : elle avait perdu.

             Du moins, par entièrement. Car jaillit dans la tête du noiraud, tandis qu’il gardait cette arme figée sur la peau de son adversaire, une pensée précise. Et celle-ci lui parut d’autant plus percutante puisqu’elle lui était familière.

 




             J'ai du mal à y croire mais tu avais raison, Edward. Cette imbécile a gagné mon respect.


















oui.

elle s'est fait victimiser.

mais on est face à caporal-chef super puissant quand même.

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