𝐁𝐎𝐍𝐔𝐒 : 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐯𝐞 𝐞𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
LE SOLEIL PERÇAIT difficilement les rideaux clos de la chambre à coucher. Celle-ci, au cours des années, avait connu quelques modifications. La première fois que Livai et sa femme y avaient posé pied, il ne s’agissait plus que d’un champ de ruines. Puis les réparations avaient fait jaillir un lieu dépourvu de meubles.
Aujourd’hui, sur un doux tapis était disposé un lit large de bois couverts de draps toujours soigneusement tendus. Deux tables de chevets parsemées de chandeliers encadraient celui-ci. A droite, une large armoire était en réalité une porte dérobée menant sur une autre pièce, au fond, une commode était visible.
Quelques peintures à l’effigie des bataillons d’exploration étaient visibles sur les murs. Et d’autres objets apportaient de la vitalité au lieu.
— Chérie, il serait temps que tu te laves, tu ne crois pas ? retentit la voix de Levi.
Allongée sur le matelas depuis plusieurs heures, elle ne bougeait pas. Au-dessus d’elle, son imposant ventre arrondi pesait sur son corps et semblait prendre toute la place. La seule pensée de devoir se lever malgré celui-ci l’éreintait.
Mais cela faisait des heures que le noiraud servait les clients seuls, en bas.
Non pas qu’il ne pouvait pas gérer tout cela. Dès qu’il avait appris que son épouse était enceinte, il s’était empressé de lui ordonner de rester à l’étage, dans leurs appartements privés. Et, s’il l’avait toujours accueillie chaleureusement lorsqu’elle avait descendu les escaliers pour le rejoindre, elle se faisait régulièrement sermonnée quand il la surprenait à servir les clients.
Il craignait qu’elle ne se fatigue.
— Tout à l’heure, grogna-t-elle en fermant les yeux, éreintée.
— Il est important que tu te douches, insista-t-il.
Elle ne pouvait pas le voir, fixant le plafond, mais devinait bien son air sérieux et concentré.
— Imagine le jour où je le ponds je me chie dessus. Ça va te faire tout drôle, toi qui hais la saleté, lâcha-t-elle dans un rire particulièrement immature.
Livai leva les yeux au ciel.
— Je hais la saleté donc je te nettoierais, ça va pas plus loin.
— Quand je t’ai épousé, je m’imaginais pas qu’un jour tu me promettrais de me torcher le cul et que ça sonnerait comme une déclaration d’amour.
Il secoua la tête en l’approchant avant de s’assoir à côté d’elle, le matelas s’affaissa. Il remarqua qu’elle le regardait, maintenant, son visage fatigué tourné vers lui. Et il ne put s’empêcher de laisser un faible sourire se voir quand il s’attarda sur la fine couche de sueur enduisant ses traits et son sourire épuisé.
Aussi étrange cela pouvait-il paraitre, elle n’était jamais aussi belle que dans ces moments de vulnérabilité.
— Tu es sûre que ça va ? demanda-t-il.
Son épouse n’avait pas des sauts d’humeur similaire à ceux qu’avaient pu avoir Historia ou même Annie. Non. Pas de larmes, plutôt de violentes crises de rage. Et, la veille encore, elle avait demandé à un client de se « carrer sa tasse dans le cul ».
Il la connaissait assez pour savoir que les hormones n’étaient pas la seule chose la minant.
Et, étant donné la façon qu’elle eut soudain de détourner le regard, il réalisa qu’il ne se trompait pas.
— Chérie ? appela-t-il d’une voix douce.
Mais elle ne répondit pas tout de suite, inspirant difficilement. Alors, posant une main sur son ventre arrondi à travers le tissu blanc élargi l’habillant, il se pencha jusqu’à son front qu’il embrassa tendrement.
Et elle frissonna à cette sensation avant de tourner à nouveau la tête vers lui.
— J’ai peur, avoua-t-elle enfin.
— Peur de quoi ? demanda-t-il en caressant doucement sa tempe, posant une main sur sa joue.
Elle ferma les yeux, profitant de cette sensation. Plus les années s’écoulaient, plus la guerre se faisait lointaine et plus leur quotidien devenait paisible.
Quoi que Edward débarquait encore de temps à autre, débitant un nombre de conneries incalculables.
— Peur d’être une mauvaise mère, peur que tu veuilles plus me toucher, peur que tu me trouves plus belle, peur que l’enfant me déteste… Peur de tout. De ce qu’il pourrait lui arriver.
— Chérie…, lâcha Levi dans un soupir tendre.
Puis, il s’allongea à ses côtés. Aussitôt, elle enfoui sa tête dans ses pectoraux, le laissant passer ses bras sur son corps et la serrer contre lui avec vigueur. Son parfum mêlant thé, papyrus et cire de bougie emplie aussitôt son nez. Rassurant.
Elle souffla d’aise, réalisant à quel point elle avait eu besoin de cette étreinte.
— Tu seras une excellente mère et il est impossible que cet enfant te déteste… Sinon je lui collerai mon pied au cul, chuchota-t-il. Et en ce qui concerne le fait que je ne veuille plus te toucher…
Là, il passa un de ses jambes par-dessus les cuisses de la femme, comme pour l’enserrer. Mais elle ne put se détourner de la bosse dure qu’elle sentit à nouveau de sa hanche et sentit une vague de chaleur la prendre à cette pensée.
Il avait une érection. Là. Alors qu’elle était sale, pas habillée et non apprêtée.
— La seule raison pour laquelle je me retiens c’est le fait que tu es très clairement exténuée par la grossesse, chuchota-t-il à son oreille, projetant son souffle dans le creux de son épaule. Mais si tu savais combien j’ai envie de te prendre chaque matin, chaque soir, quand tu marches, quand tu t’assois… Tout le temps.
Elle frissonna. Ses mots l’apaisaient autant qu’ils l’excitaient.
— Maintenant si tu viens dans le bain avec moi, je saurais te récompenser, murmura-t-il en empoignant vigoureusement l’un de ses seins sensibles.
Un gémissement violent franchit ses lèvres et elle bascula la tête en arrière, aussi surprise que grisée par ce contact. Aussitôt, son vagin se contracta ainsi que ses cuisses et, contre son cou, son mari lâcha un faible rire avant d’embrasser sa peau.
Ses yeux roulèrent dans ses orbites. Qu’importe le lieu, l’état dans lequel elle était, il savait toujours comment susciter les réactions les plus vives chez elle.
La main toujours fermée sur son sein, il frotta son téton de son pouce à travers le tissu, se délectant de ses frissons. Elle soupira d’aise, chamboulée par la précision de son toucher. Il savait toujours comment la saisir et de quelle façon pour faire jaillir le plus violent spasme chez elle.
— D’accord, murmura-t-elle. J’accepte de venir. Mais tu me portes.
— Je sais que tu dis ça car tu t’imagines que je vais renoncer. Mais tu oublies que j’ai porté un appareil tridimensionnel durant des années et qu’aujourd’hui, c’est le cul bourré d’Hanji et d’Edward que je promène dans la ville quand un garçon débarque, furieux, disant qu’ils ont ruiné le bar de son père.
Un jour, ce même garçon avait eu la fort mauvaise idée de poser un pied ferme dans le salon de thé lorsque seule elle s’y trouvait, son époux étant parti réceptionner une cargaison de thé onéreux. Il avait d’abord tenté de pousser une gueulante, exigeant qu’elle se dépêche de réparer les bêtises de ses amis.
Bien grand mal lui en avait pris. Déjà ronde comme une soucoupe, elle s’était emparée d’un balais et l’avait coursé sur deux pâtés de maison, menaçant de l’embrocher et lui demandant de répéter ses ordres, s’il l’osait, avant de faire un malaise.
Eren et Mikasa, qui passaient par là, avaient vu la scène et ramené son corps inconscient au salon de thé.
Elle se souvenait encore de l’avoine qu’elle s’était prise quand Livai avait appris.
— Allez, en route.
Un cri aigue franchit les lèvres de la femme.
Dos au torse de son époux, ses jambes étaient écartées. Il avait passé un bras sous chaque cuisse et, la hissant, marchait parmi la pièce, se dirigeant assurément vers la salle de bain.
— MAIS C’EST QUOI TON PUTAIN DE PROBLEME !? hurla-t-elle. Y’A UN ETRE HUMAIN LA-DEDANS QU’EST CENSE ETRE LE FRUIT DE NOTRE AMOUR !
— Je t’ai dit que je pouvais te porter, pas que je le ferais avec grâce.
Sa mâchoire se contracta tandis qu’ils franchissaient le seuil de la porte.
— Qu’est-ce que la guerre me manque…, soupira-t-elle. Un coup d’épée entre tes omoplates et j’aurais accusé l’ennemi, ça nous aurait fait des vacances.
Il ne sembla pas furieux. Des années auparavant, elle se serait sans doute prise un énergique coup de pied au derrière après avoir osé le menacer de mort.
Mais aujourd’hui, il avait compris qu’il s’agissait de sa manière bien singulière de lui montrer son affection.
Lorsqu’elle aimait quelqu’un, elle le menaçait de mort.
Lorsqu’elle ne l’aimait pas, elle ne prenait pas la peine d’émettre une menace avant de l’exécuter.
Arrivés à hauteur de la vaste cuve qui leur servait de baignoire et était tapissée de draps, il la déposa précautionneusement à l’intérieur. Puis, elle leva les bras. Il tira la robe blanche lui servant de tenue et qui l’habillait. Puis, ouvrant les robinets, il s’éclipsa avec le tissu pour le mettre dans leur bac à linge sale.
En revenant, il constata que sa femme somnolait dans la baignoire, l’eau grimpant autour de son corps plus massif qu’à l’ordinaire. Alors, s’asseyant sur le bord de la cuve, il l’observa quelques instants.
Il aimait la regarder. Surtout quand elle n’était pas au courant qu’il le faisait. Il se délectait de son visage doux, ses expressions bien à elle et sa façon d’animer le moindre de ses traits.
Il lui semblait que dans n’importe quelle vie, il la reconnaitrait et l’aimerait.
— Bon, je suppose que ce ne sera pas pour cette fois.
Ignorant son érection et comprenant que, malgré son excitation, sa femme était bien trop épuisée pour cela, il se contenta de couper le robinet et de saisir un gant qu’il enduit d’un savon solide. Puis, s’emparant du bras de sa femme, il commença à le récurer.
Il savait que son humour vulgaire n’était là que pour dissimuler combien elle avait peur de cette nouvelle étape de leur mariage.
Ce n’était pas la première fois qu’elle évoquait la possibilité qu’elle se fasse dessus durant l’accouchement ou même son corps qui serait entièrement changé. Elle avait même déjà abordé la possibilité qu’elle ait des fuites urinaires, plus tard. Elle craignait qu’il ne la voie plus comme son épouse mais comme l’être qui avait donné la vie à son enfant. Elle avait peur.
Alors elle faisait des blagues graveleuses et vulgaires. Elle le vannait sur le fait de la torcher.
Elle était juste effrayée.
Elle savait qu’il haïssait la saleté. Et elle était tétanisé à l’idée qu’après l’avoir vue, couverte de sueur, peut-être de déjections et placenta, il se détourne d’elle.
Là était la raison pour laquelle il faisait ce qu’il faisait maintenant.
— Je me fiche bien de tout ça, mon amour. J’aime m’occuper de toi. Je hais moins la saleté que les flemmards qui ne veulent pas s’en débarrasser. Et là, tout est différent.
Elle ne l’entendait pas. Il était donc plus facile pour lui de lui parler.
Les années s’étaient écoulées mais il trouvait toujours aussi délicat de s’ouvrir sur ses sentiments. Alors, souvent, il attendait qu’elle s’endorme pour le faire. Cela pouvait sembler stupide. Mais il se disait simplement qu’il restait des étapes à franchir dans leur couple.
Cela avait quelque chose d’excitant, de ne pas avoir tout accompli.
— J’ai simplement hâte de fonder une famille avec toi.
Il insista en passant le gant entre ses doigts. Puis, saisissant une tige de métal, récura le dessous de ses ongles.
— Lorsque j’ai intégré l’armée, je me fichais de l’avenir. Lorsque Farlan et Isabella sont morts, je… Je me disais que je mourrais avant de voir la fin de cette guerre.
Continuant à frotter sa peau, il changea d’outil et opta pour un linge très doux en arrivant sur son ventre — il était terrifié à l’idée d’endommager son contenu d’une quelconque façon.
— Et puis, tu es arrivée… Et j’ai très fortement songé à commettre un meurtre dans mes rangs. Mais il y a eu la toute première mission d’Eren.
Son cœur se pinça. Cela datait d’une autre vie. Ils avaient depuis eu une nouvelle chance qui avait tout changé cependant… Ce souvenir demeurait douloureux.
— Je crois que ce jour-là, j’ai réellement compris que je risquais de voir la fin de cette guerre, contrairement à ce que je pensais. Mais que les chances que ceux que j’aime la voient aussi étaient minces.
Faisant glisser son corps avec soin, il sortit l’une de ses cuisses de l’eau. Il reprit le gant et l’astiqua.
— L’idée de fonder une famille ne m’avait même pas effleuré l’esprit.
Il s’attaqua au mollet.
— Mais tu as récupéré celle que j’avais déjà. Et nous avons survécu à la guerre. Du moins, en partie.
Il reprit la tige de métal pour les ongles. Il ne fronça même pas les sourcils ni ne fit de grimace de dégoût. Trop absorbé par son récit, il ne songeait plus à la saleté.
— Puis, tu m’as offert un rêve. Un rêve tel que je n’avais jamais vraiment osé le rêver.
Il répéta ses gestes sur l’autre partie de son corps. Puis, la penchant en avant, il déposa la joue de sa femme sur son épaule et la mis à genoux. Reprenant du savon, il frotta précautionneusement son dos.
Chuchotant à son oreille avec douceur, il déclara :
— Alors crois-tu que je me préoccupe réellement de tout cela ? Des vomis liés à l’enfant que tu portes ? Aux mésaventures de l’accouchement ? A ce qu’il se passera après ? Non. Non, le seul moment où je m’en préoccuperais sera plus tard, lorsque nous chérirons ces moments car je t’assure qu’il viendra un jour où nous veillerons sur chaque instant passé l’un avec l’autre.
Doucement, il la reposa. Puis, plongeant un bol dans le bain, il versa l’eau chaude sur ses moindres membres, la rinçant.
Finalement, il s’empara d’une éponge propre sur laquelle il déposa de quoi désincruster son visage. N’y tenant plus, il s’installa, habillé, dans la baignoire. Puis, à genoux devant sa femme, leurs nez se frôlant il commença à laver ses traits.
Tout près d’elle, il en profita pour l’observer, détailler la beauté de celle qui partageait ses jours.
Il rinça son minois.
Il déposa un baiser chaste sur ses lèvres.
— Bonne nuit, mon amour.
Après l’avoir sortie, enduite d’huile pour le corps et séchée, il la plaça dans le lit dont il avait changé les draps. Dans son sommeil, elle poussa un soupir d’aise. Il rit doucement en la voyant faire.
Puis, se levant, il s’apprêta à se rendre au rez-de-chaussée pour ouvrir le salon de thé.
— Livai…
Elle marmonna son nom dans son sommeil. Son cœur se souleva. Il se retourna. Elle s’était retournée mais dormait encore.
Il se sentit plus léger, face à cette vision.
Alors, décidant que le salon de thé serait exceptionnellement fermé, aujourd’hui, il marcha jusqu’au lit. Puis, se glissa sous les draps, enlaça son épouse. Cette dernière enfouit son visage dans le creux de son épouse et il sourit.
Il souriait beaucoup, en sa présence.
Il fallait admettre que cette vie-là avait tout d’un rêve éveillé.
𖤓
bon.
ça fait plus de deux ans
que les bonus étaient
censés sortir "dans les
mois à venir"
je me demande si
j'aurais encore des lecteurs
pour eux mdrrr
mais bon !
une promesse est une
promesse et ça m'a
fait plaisir de retrouver
ce couple !
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