CHAPITRE 9 : ADIEUX



CHAPITRE 9 : ADIEUX



   Akane se demandait comment sa grand-mère pouvait demeurer aussi calme, en un moment aussi critique. Un instant elle osa se dire que l'avenir de son fils lui préoccupait peu, mais la lueur de tristesse dans ses beaux yeux gris venait la contredire aussitôt. Cette vieille dame portait si bien son nom, Iwa, qui signifiait solide comme un roc en japonnais.


-  Comment fais-tu grand-mère ? commença l'adolescente. Comment fais-tu pour être aussi forte ? 

-  Akane, tout ce que je fais c'est croire en ton père. Je crois en lui et ses capacités. 


Son ton ne trahissait aucun doute, elle était convaincue de la véracité de ses propos. Malgré le fait que sa grand-mère était désireuse de la réconforter, il était impossible pour Akane de ne pas penser au fait qu'elle était impuissante. Elle peinait à s'apercevoir autrement qu'un poids handicapant. Si son père luttait c'était en parti pour la protéger, elle, qui devait rester cloîtrée dans un bureau contrainte d'attendre que les choses se passent. 

La brune sentit une boule immense s'immiscer dans sa gorge. En quelques secondes, c'était comme si toutes les émotions auxquelles elle avait su échapper, venaient de lui bondir dessus. Elle se mordit la lèvre inférieure en espérant cesser ainsi son tremblement, mais, elle ne parvint pas à tenir et craqua. Ses sanglots étaient silencieux, et ses larmes dévalaient ses joues jusqu'à se laisser tomber sur son sweat. Apercevant l'étendue de sa peine, sa grand-mère la prit dans ses bras. 


-  Je... Je n'y arriverai jamais, sanglota-t-elle. Je ne serai jamais aussi extraordinaire que maman ! Tout ce que je fais... Tout ce que je fais c'est me cacher, et attendre que le mal soit fait pour pleurer sur mon sort. 


Iwa Isayo regarda sa petite-fille dont le visage était dissimulé derrière sa chevelure abondante. Bientôt, ses sanglots devinrent plus bruyants. L'adolescente serra des poings, se maudissant jusqu'au plus profond d'elle-même. 


-  Je suis désolée maman ! hurla-t-elle. Pardonne-moi... Je ne serai jamais assez forte. 


-  Akane, chuchota sa grand-mère en posant une main rassurante sur sa frêle épaule. Cesse de t'attribuer une image aussi péjorative. Tu es bien plus forte que tu ne le crois, et ça, même ton père en est conscient. Crois en toi, en tes capacités. Tu deviendras cette héroïne que tu voulais tant devenir lorsque tu étais plus jeune. 


La jeune fille conserva le silence pendant que ses larmes étaient en train de s'atténuer. Elle savait que ses proches désiraient qu'elle accomplisse ses rêves, mais pour elle il était impossible d'avancer en sachant que son père, tapi dans l'ombre, menait un combat seul contre toute une organisation secrète. Ce fut dès la formulation de cette dernière pensée que le choix d'Akane fut fait. 





Pour que son plan fonctionne à merveille, Ken Isayo ne devait pas plus lutter contre Zachariel. Par ailleurs, celui-ci avait toujours été vu comme le plus sanguinaire de la Guilde, alors l'idéal était de lui faire croire qu'il menait le combat pour donner satisfaction à son âme de psychopathe. Ken effectuait un travail sur lui-même qui relevait du domaine de l'exploit. En face de lui se situait l'assassin de son père, et celui qui n'avait pas hésité à faire du mal à sa fille. Ses mains tremblaient d'envie de lui ficher un poignard en pleine poitrine, mais faire cela n'aurait aucun but. En effet, s'il voulait réintégrer les rangs de la Guilde, et surtout, posséder leur confiance, le meilleur n'était pas d'assassiner l'un de ses membres les plus importants. 


Zachariel se positionnait en face de lui, la main resserrée autour de son cou. Ken avait le malheur de sentir son souffle chaud s'écraser contre son visage. Ses yeux bleus foncés exprimaient un sadisme dont lui seul était capable de faire preuve.


- Tu n'oseras pas me tuer, déclara-t-il. 

-  Ah ouais, t'en es sûr ? Va dire ça au vieux papi, grinça-t-il entre ses dents. 


Ken demeura impassible et parvint à faire abstraction de la douleur que lui provoquait la poigne de Zachariel. 


-  Tu n'oseras pas, parce que je reviens, et accepte de livrer tous les secrets de mes armes. Mais à une seule condition. 


Le visage haineux de son adversaire se métamorphosa, et laissa voir ses lèvres tâchées de sang se relever en un sourire. 


-  Et quelle est cette condition Ken ? 

-  Vous laissez ma fille en dehors de tout ça. 


Le blond fronça des sourcils, et retira sa main du cou de Ken qui put enfin respirer de manière convenable. 


-  Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais refusé, il y a tellement de potentiel chez cette gamine. Mais ce n'est pas moi qui donne les ordres, tu t'arrangeras avec Henael. 


Le choix de Ken était fait. Il n'attendait plus que Zachariel dont l'alter était la téléportation, les transporte dans ce lieu qu'il répugnait désormais jusqu'au plus profond de son être.


-  Allé Ken, heureux que tu sois de retour à la maison ! Sans rancune hein ? déclara-t-il en ouvrant ses bras. 


Le père d'Akane ne prononça pas le moindre mot. Il laissa ses yeux gris observer au loin le corps sans vie de son père. Une flamme vengeresse brûlait au fond de lui. 


-  Tu peux ouvrir le portail. 


Ken avait conscience que son départ était peut-être éternel. Il eut un dernière pensée à l'égard de son enfant, Akane. 

" Je sais que tu es forte. Tu retrouveras mes armes, qui j'en suis sûr, deviendront ta plus grande force. J'espère aussi, que tu liras la lettre." 



Akane ouvrit le coffre, elle aperçut bel et bien une mallette noire. C'était  celle qui contenait les véritables versions des armes de son père. Elle s'en saisit avec assurance, elle savait que ces objets constituaient son héritage. En s'en emparant elle ne put passer à côté de la petite enveloppe blanche, sur laquelle il était écrit en belles lettres attachées : Pour ma fille, Akane. 


Elle inspira avant de l'ouvrir avec précaution, veillant à ne pas abîmer l'enveloppe. En un instant, elle reconnut l'écriture de son géniteur. 


" Ma chère Akane, 


Si tu lis cette lettre c'est que je suis parti, et que la vérité a finit par éclater. Désormais, j'imagine que tu connais mon passé, tu sais qui je suis et par dessus-tout la raison pour laquelle j'ai confié une majeure partie de ton éducation à tes grands-parents. 

J'ignore si je te verrai avant de partir, ni même si l'on se reverra après. Alors ma grande, je te prie de bien retenir les mots que je vais t'écrire d'ici quelques lignes. 

Akane, évite d'être trop gourmande à l'instar de ta mère. Ne sois pas tête en l'air, comme moi ton père. Mais si jamais tu as eu le malheur d'hériter de cette facette de ma personnalité, veille à te faire plusieurs petites notes pour te souvenir de toutes ces petites choses que tu serais susceptible d'oublier. 

Ensuite, fais-toi des amis. Qu'ils soient nombreux ou pas du tout, l'essentiel est qu'ils soient sincères envers toi, et qu'ils t'apprécient pour ce que tu es. N'oublie jamais toute la bonté dont faisait preuve ta tendre maman envers les autres, et tâche d'en faire de même. 

N'oublie pas de travailler au lycée, ne néglige pas les mathématiques, matière où je n'ai jamais été bon. Ne t'en fais pas s'il t'arrive de récolter des mauvaises notes, il existe toujours des domaines où nous excellons et d'autres où nous sommes moins bons. 

Écoute tes grands-parents, ou les personnes désireuses de t'aider à avancer. Fais attention à l'argent, économise-le même si avec moi tu as pu avoir l'impression qu'il tombait du ciel. Ne bois pas d'alcool, et évite les mauvaises fréquentations. 

Bats-toi pour tes rêves, ils sont nobles et beaux. Deviens une héroïne, et je suis sûr que si j'échoue dans ma mission, tu sauras réparer mes erreurs avec justice et loyauté. 

Il y a aussi les hommes Akane. Parce que oui, dans ta route tu croiseras des hommes et je ne serai pas là pour te protéger à mon plus grand regret. Si jamais tu dois te mettre en couple, veille à choisir le bon, un qui n'est pas bizarre et qui saura te montrer ce qu'est ce sentiment de l'amour. Ne joue pas avec le cœur de qui que ce soit, et surtout, protège le tien. Préserve-toi Akane. 

Je suis désolé de te laisser maintenant, alors que je viens juste de te retrouver. Je ne vais pas te le cacher, le chemin pour devenir un héros s'annonce compliqué. J'aurais aimé être à tes côtés, t'épauler, mais le devoir m'appelle. Je crois en toi, et j'espère qu'on se reverra une prochaine fois. 


Je t'aime. 

Ton père. 


P.S : Un dernier conseil : évite de fréquenter les lieux tels que le Dröm Party, et n'oublie pas de te coucher tôt et de ne pas faire le mur. "

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