𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕











𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 𝐈 𝐓 𝐑 𝐄  7

















           L’OBSCURITE EST QUASIMENT omniprésente, dans ce manoir. Et la femme qui nous a menée ici en a été si effrayée qu’elle est déjà repartie dans un éclat de fumée. Mais le principal est que nous soyons arrivés au laboratoire.

           Des béchers, récipients, outils en tout genre sont répartis sur les tables de bois. Les murs, percés de fenêtres allongées et surplombées de vitres circulaires ne laissent pas filtrer la lumière du soleil, étant recouvertes d’épais rideaux pourpres.

           Sur mon épaule, la femme inconsciente s’écrase. Je la redresse d’un coup de hanche habile avant de l’étaler sur la table. Je le fais maladroitement mais elle prend place sur l’objet d’auscultation. Je me tourne vers la salle m’entourant, détaillant son contenu.

           Ma respiration se fait sifflante. Jamais je n’ai vu un tel laboratoire.

           Au fond, un escalier semble mener à un donjon, sans doute une salle où sont pratiquées des chirurgies. Autour de moi, en revanche, les élixirs, herbes et pierres semblent désigner un traitement plus… direct.

           Aussitôt, je me mets en quête d’une eau cristallisée ainsi que de plantes qui permettront de l’endormir. Elle semble déjà inconsciente mais ma carrière m’a amenée à rencontrer des personnes qui ne réagissaient pas, semblant en proie à un sommeil profond, mais qui ressentaient absolument tout. Je ne veux plus faire subir cela à qui que ce soit.

           Trouvant quelques plantes séchées, jetées dans un pêle-mêle grossier au fond d’un panier d’osier, je les trie en tout hâte.

— Bon sang, quel abruti se prêtant praticien et les mélange de la sorte ? Cet assortiment n’a aucun sens !

           Craignant de prendre trop de temps et ainsi ôter quelques secondes précieuses à ma patiente, je me précipite vers elle dans une grimace. Je ne vais pas pouvoir lui garantir les meilleurs des soins.

— C’est un comble ! Ce laboratoire est plus élaboré que la clinique spécialisée de mon village et il n’a même pas de pochon d’anesthésie !

           Grimaçant, j’observe autour de moi. Pour une anesthésie, il me faut placer une boule à thé ou un sachet garnie de plante et remplir sa bouche d’eau cristallisée. L’infusion l’endormira.

           Je ne peux pas me contenter de lancer les plantes dans sa gorge. Leurs pétales sont trop puissants et, non diluées, leurs fibres risqueraient de la tuer. Il me faut absolument une passoire ou un tissu à grosse maille.

— Ménélas ! Trouve-moi n’importe quoi pour faire infuser tout ça ! je lance.

           Du coin de l’œil, je vois l’animal sauter sur la rampe afin d’obtenir une meilleure perspective de la salle autour de lui.

— Tant pis. Le début devra se faire sans anesthésiant. J’espère que vous êtes réellement inconsciente, j’ajoute en observant l’endormie.

           M’emparant d’une lame, je lacère les ficelles de son corset que j’arrache avant de déchirer les tissus de sa robe. Son torse apparait à mes yeux plus nettement. Je déglutis péniblement.

           De son épaule droite à sa hanche gauche, une large entaille apparait. Ses coins, boursoufflés et jaunies, suintent une odeur pestilentielle. Autour, quelques éclats et griffures apparaissent aussi.

           Je doute sincèrement de parvenir à la sauver.

— Bon, je vais devoir commencer par la plaie principale. Vue la couleur de la peau, je crains que l’objet qui ait fait ça ait été empoisonné. Si les organes ont été touchées, nul ne sera capable de sauver cette pauvre enfant.

           Enfant ? Elle est plus vieille que toi.

— Nous sommes tous des enfants des dieux.

           Je ne cesse de me remémorer cela, dès que je soigne quelqu’un. Cela m’empêche d’asséner parfois le coup fatal en apprenant les actes des personnes défilant dans ma maisonnée.

           Il m’est arrivé de panser les plaies d’un homme que Ménélas avait attaqué pour avoir tenté de s’en prendre à moi.

           Saisissant deux pinces, j’écarte soigneusement la peau. Mes sourcils se froncent tandis que j’essaye d’évaluer la profondeur de la plaie. Plongeant ma main dans l’eau cristallisée, j’enfonce ensuite un doigt dans la blessure, cherchant le moindre indice d’une plaie trop profonde.

           Mes sourcils se froncent tandis que je retire ma main.

           Elle est morte ? Parce que je viens juste de trouver de quoi l’endormir réellement.

— N… Non, elle n’est pas morte. En fait, elle ne présente absolument aucune blessure interne.

           Ménélas bondit sur la table et penche le museau en direction de la bouche ouverte de la femme. Il y dépose une minuscule passoire de métal conçue spécialement pour la pratique de la médecine.

           Revenant à moi, je place les plantes séchées sur le plateau percé avant de couvrir le tout de l’eau cristallisée. Je me recule, attendant que le tout face effet avant de recommencer la moindre action.

— Oui… Il n’y aucune blessure… Je ne dois que la recoudre et déposer sur la plaie recousue un cataplasme, en espérant que sa peau dégonfle et reprenne sa couleur d’origine.

           Tu as l’air préoccupée ? Il me semble que cette nouvelle est pourtant des plus réjouissantes.

— Non, Ménélas, tu te trompes, je réponds sombrement en me dirigeant vers l’un des placards, espérant y trouver de quoi le refermer.

           Tu rigoles ? Ton travail sera bouclé en un tour de main ! Enfin… Je n’irais pas jusqu’à dire que coudre les bordes de la plaie sera chose aisée compte tenu du fait qu’ils ont triplés de volume.

— Oui mais ceci est inexplicable et je n’apprécie pas ce qui est inexplicable… Si sa peau a gonflé de la sorte et s’est jaunie, cela doit avoir une cause. Or aucun de ses organes, ni os, ni nerfs n’a été touché. Et le sang n’a nullement réagit au contact de l’eau cristallisé donc il n’y a pas d’infection, ni de poison…

           Il y a des mystères partout, ce n’est pas bien grave.

— Les mystères ont un tout autre coût, en médecine. Là, il signifie que je ne suis pas sûre que cette femme va se réveiller ou même si elle le fera dans de bonnes conditions car je n’ai pas pu identifier les raisons de son mal-être.

           La plaie gigantesque dans sa poitrine me semble une raison toute désignée.

— Tu ne comprends pas, Ménélas.

           Trouvant de quoi la refermer, je prépare une aiguille. Je n’aime pas vraiment agir à la manière des chirurgiens, préférant me servir de cataplasmes qui recousent la peau sans laisser de cicatrices, comme le font tous les druides. Cependant, face à ce cas nouveau, je préfère ne pas poser trop de mélanges sur sa plaie.

           S’il s’agit d’une maladie obscure, certaines plantes pourraient exacerber ses symptômes et aggraver son cas. Le métal et le bon vieux fil de cuivre demeurent la meilleure des options.

           Quelques minutes plus tard, je me redresse, peu fière de mon travail. Soit, il est minutieux mais je n’apprécie jamais de refermer de cette façon. Pas quand je sais que des alternatives existent, qui pourraient effacer sa cicatrice et l’aider à atténuer ses traumatismes.

— Cette agression a dû être particulièrement violente…, je murmure en songeant à la femme littéralement morte de peur sur ma table, hier. J’aurais apprécié qu’elle n’ait pas de piqûre de rappel à chaque fois qu’elle s’habille.

           Les potions d’amnésie existent.

           Je pouffe. Ménélas aime avoir et a toujours réponse à tout.

           Et puis, de toute façon, le sélénite est toujours planté entre ses clavicules alors, que tu le veuilles ou non, elle gardera une trace de cette intervention.

           Il n’a pas tort.

           Sans plus de cérémonie, je plonge un linge propre dans l’eau cristallisée et nettoie le reste de ses plaies. Il me faut plusieurs minutes pour toutes les recoudre mais je finis par me tourner vers le panier d’osier garnis de fleurs séchées.

— Plus que le cataplasme à préparer. Je ne suis pas très enchantée à l’idée d’en mettre sur des plaies inconnues mais il faut à tout prix qu’elles dégonflent pour que cela puisse cicatriser. Sais-tu où se trouve l’eau de lune ?

           Ménélas désigne de la tête un bocal gravé des phases de la lune, au pied d’une des fenêtres. M’en emparant, je reviens au chevet de ma patiente et saisit un bol de terre cuite au passage.

           Jetant quelques plantes finement choisie dans le récipient, je fouille ensuite les poches de ma cape. Quelques fioles que j’emporte partout avec moi s’y trouvent. Versant des pétales de fleurs exotiques, des graines, des plumes ainsi que des pépites de pierres précieuses, j’écrase le tout avec un pilon de bois.

           Jetant un soupçon d’eau de lune, je veille à ce que la mixture ne baigne pas et soit simplement humectée. Je forme une bouillie avant d’ajouter au nouveau de l’eau. Je recommence.

— Et voilà !

           A la main, j’étale grossièrement la pâte. Certain charlatan jure qu’il est plus propre de le faire avec des outils. Mais le contact du métal avec les pétales annule leur propriété. Et le bois contre la peau risque de laisser quelques échardes.

           Les doigts sont la meilleure des options.

           Je n’aurais jamais cru dire cela mais merci à ce cataplasme qui put, mais pas autant que la patiente. Il recouvre son odeur ! C’était une infection.

— Ménélas ! je le rappelle à l’ordre.

           Cesse donc de prendre la mouche pour rien.

           Je lève les yeux au ciel et empile les instruments dont je me suis servie.

— Bon, le plus important est de tout nettoyer, maintenant.

— Non.

           Mon sang ne fait qu’un tour et je me fige, les yeux écarquillés. A côté de moi, Ménélas n’ose pas non plus bouger. Car, tout comme moi, il vient distinctement d’entendre une voix qui n’appartient à aucun de nous deux.

           Une voix grave. Masculine.

— Le plus important est d’expliquer ce qui a pu vous faire croire que vous aviez le droit de pénétrer mes terres sans mon autorisation.


















voici le septième chapitre
de cette nouvelle fanfiction !

la rencontre ! coupée à ras...

j'espère que ça vous aura
plu !














Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top