𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔
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𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 𝐈 𝐓 𝐑 𝐄 6
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SI LES PROFESSEURS n’étaient pas bien heureux de voir une inconnue aux pieds boueux accompagnée d’un chat débarquer dans leur établissement, ils se sont montrés bien plus enclin à la collaboration en entendant la gardienne mentionner l’Ange de la Mort.
Assis dans notre carrosse, nous nous laissons ballotter par les aléas de la rue, sous les roues. Dans ma main se tient le parchemin me permettant de me rendre sur les terres du duc. Ne sachant quel motif y inscrire, ils ont laissé cette ligne libre.
Je dois me creuser la tête pour trouver une justification valable.
Je dois avouer que la façon qu’ont les gens de courber l’échine dès qu’on mentionne l’Ange de la Mort est absolument déroutante… Tu crois que je pourrais m’en servir pour voler de la viande au boucher ?
— Hervé est adorable avec toi et tu souhaites le voler ? Tu n’es qu’un goujat, Ménélas.
Ce doit être épuisant…
— Quoi donc ?
De pleurer pour un rien.
Je lui souffle au visage. Il miaule, agacé, avant de bondir sur la banquette me faisant face. Puis, ses yeux se posent sur l’extérieur. Aussitôt, ses oreilles se dressent et il se tend.
Il nous enlève ! Ce n’est pas la bonne route ! Cet homme veut nous séquestrer !
— Du calme. Je lui ai demandé de nous emmener directement chez le duc. Je veux m’occuper de cela au plus vite.
Quoi ? Mais je n’ai même pas eu le temps de m’emmener un casse-croûte !
— Ménélas, l’auberge du Taureau n’est qu’à une heure du village.
Et alors ? Ils refusent de me nourrir depuis que j’ai soi-disant volé un jambon.
— Effectivement, tu n’as pas volé de jambon mais le porc entier, je soupire en levant les yeux au ciel.
Il n’empêche que je suis puni pour quelque chose que je n’ai pas commis.
Je lève les yeux au ciel. Ménélas est décidément parti…
— HALTE LA !
Le carrosse se secoue violemment et le chat saute sur mes genoux, cherchant à se protéger. Je l’enserre de mes bras tandis que le cheval hennit bruyamment.
Bon sang, qu’est-ce que qu’il se passe ?
Je descends du carrosse dès que celui-ci se stabilise. Ménélas me suit, ne voulant rester une seconde de plus dans le véhicule. Dès que je me retrouve dehors, j’identifie la cause de l’affolement de la monture.
Allongée sur le sol, recroquevillée sur elle-même, une femme se trouve. Ses vêtements sont en lambeaux sur sa silhouette. Elle tremble, affolée. Ses bras cachent son visage.
— Elle s’est jetée devant mon pauvre cheval ! s’exclame le conducteur. Elle a de la chance de ne pas être piétinée !
J’accoure sur la demoiselle. Me jetant, à genoux, à côté d’elle, j’observe à la hâte son corps.
— Elle est déjà sacrément amochée, je murmure, atterrée.
— Il y a un village, pas loin ! A quelques secondes, à vrai dire, juste derrière ce groupe d’arbres. Mais je doute qu’ils aient de quoi la soigner…
— Ils ont des taureaux ? je demande.
L’homme édenté hausse les sourcils avant de gonfler les joues.
— Il n’y a pas ce genre de bestiaux dans la région, mais…
— Pas l’animal, crétin ! Le signe astrologique ! Est-ce qu’ils en ont ?
J’observe son buste. Sa robe blanche est maculée de sang. J’entrouvre une déchirure pour observer les dégâts sur sa côte.
Mon sang se fige.
Une plaie zèbre son torse. Bien qu’elle soit couverte de sang, je reconnais bien quelques caractéristiques de cette dernière.
Jaunie et boursoufflée.
— ECOUTEZ, C’EST VRAIMENT URGENT DONC SI VOUS CONNAISSEZ DES TAUREAUX LÀ-BAS, DITES-LE-MOI !
Il acquiesce.
— Oui, mais…
— BOUGEZ-VOUS ET ALLEZ LES CHERCHER !
Il se rue à toute vitesse sur le bosquet. Je retourne la femme sur le dos et lui écarte les bras de force. Elle se débat, comme la précédente, et hurle.
Se secouant à toute vitesse, elle tente d’échapper à mes mains. Ses boucles noires tombent sur son front hâlé. Elle s’agite avec force.
— Ménélas ! Va me chercher un sélénite !
Quelques instants plus tard, la large pierre laiteuse se trouve dans ma main. La posant sur la poitrine de la femme, entre ses clavicules, je serre les dents quand elle écorche ma peau de ses ongles.
Soudain, elle les plante dans la chair au-dessus de mon coude. Je profite qu’elle cesse de toucher à mes mains et appuie brutalement sur le sélénite.
— Eyias atyel.
Un craquement retentit. Ses yeux roulent dans leurs orbites. Elle cesse de bouger. Ses bras retombent.
Je me recule, respirant difficilement.
La pierre est incrustée dans sa poitrine. Jamais elle ne pourra en ressortir.
— Je déteste faire cela à mes patients. Ils gardent à jamais une trace de l’intervention mais je n’avais pas le choix…
Les sélénites apportent sérénité. Je ne m’en sers qu’en dernier recours quand mes patients sont bien trop agités. Et le fait de l’enfoncer dans sa cage thoracique a une chance sur deux de la tuer. Alors je déteste cette procédure.
Mais elle semble avoir survécu.
— Je suis là ! De quoi avez-vous besoin ?
Une femme aux cheveux coupés sous les oreilles et visage rond arrive, tenant sa jupe longue et brune dans ses mains abîmées. Elle doit avoir une quarantaine d’années.
— Vous êtes taureau ? je demande.
— Je n’ai pas de licence.
M’emparant du parchemin signé par les professeurs, je lui montre mon laisser-passer.
— Maintenant, vous en avez une.
Elle le saisit.
Ce laisser-passer ne signifie pas seulement que je peux rendre visite au duc mais aussi et surtout que je peux autoriser certains à se servir de leurs pouvoirs.
La plupart des personnes ont des pouvoirs magiques mais très peu ont l’autorisation de s’en servir. La gardienne, tout à l’heure, a le droit car elle travaille dans une école.
— Vous êtes de signe taureau alors faites ce que les taureaux savent faire, je vous l’autorise, je lâche. Téléportez-nous.
Sa poitrine se gonfle fièrement et elle acquiesce.
— Je… D’accord. Où ça ?
Je prends une profonde inspiration. Un instant, je songe à lui demander de nous ramener chez moi mais il y a peu de chances qu’elle sache où cela se trouve. Or il me faut à tout prix un endroit où je pourrais dispenser des soins à ma patiente.
Je me fige. Il existe un lieu où se trouvent les meilleurs remèdes et dont tous les taureaux d’ici connaissent la localisation.
Je déglutis péniblement et plante mes yeux dans ceux de la femme :
— Téléportez-nous directement dans l’enceinte du manoir du duc Fushiguro, dans sa salle de laboratoire.
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voici le sixième chapitre
de cette nouvelle fanfiction !
je vous promet qu'ils se
rencontrent bientôt, il
faut juste le temps de poser
l'intrigue
je suis désolée de ne pas avoir
publie ce weekend, j'ai eu
quelques soucis familiaux
j'espère que ça vous aura
plu !
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