𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟑








𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 𝐈 𝐓 𝐑 𝐄  𝟒 𝟑



























           LE SILENCE EST de plomb mais les bijoux, d'or. Ces soldats respirent l'opulence, l'élégance, le raffinement. Nul n'a leur égal, nul ne peut leur rivaliser.

           Cela ne m'étonne guère. Ils sont supposés être les représentants des Dieux sur terre.

           Pourtant, une subsiste. Ne les égalant point, elle les surpasse, les écrase de son aura teinté d'obsidienne. Droite, fière, son menton demeure levé tandis qu'elle observe la foule lui faisant face.

           Egarca Evilans se trouve assise sur son trône. Celui à sa gauche est vide, déserté par son époux ainsi que Ménélas. Le chat, accompagné de son confrère Citrouille, se trouve à mes pieds. Nous lui faisons face, aux côtés de notre éblouissante escorte.

           A ma droite, immense, Hank s'élève. Dans sa main, un spectre torsadé et figé d'une pierre émeraude se trouve. Ses doigts puissants parcourus de runes se referment avec force autour de l'objet.

           A ma gauche, Meeva demeure droite. Une splendide robe au jupon fluide couvre son corps, laissant deviner une absence totale d'armes. Mais la façon qu'elle a de lever le menton est limpide. Elle est l'arme.

           A une extrémité, sous un turban rose orangé rappelant l'héliotite, le visage de Giaa apparait. Lumineux mais calme, presque réservé. Des boucles d'oreille taillées dans cette pierre s'harmonisent avec la longue robe aux manches larges l'habillant. Dans son dos, une traine à faible opacité enchante ses pas.

           A l'autre extrémité, Mael disparait sous une cape obsidienne. Seule la chaine d'or de ses menottes ressort.

           Dans notre dos, habillés de simples capes rappelant la couleur de leur pierre de naissance, le restant des pages ancestraux s'étend. En une ligne scrupuleusement respectée, ils se tiennent. A certains endroits, des espaces sont laissés vides.

           A la gauche et la droite d'Hector, les places de Meeva et Sullyvan sont désertes. Noovcahron se retrouve aussi encerclée par le vide, Sullyvan et Giaa n'étant pas là. Yevhen se trouve dans le même cas de figure, sans Giaa et Mael. Puis, une ligne semble enfin se constituer dans les personnes de Yeon, Maal, Naal, Lynda, Ilus. Jusqu'à l'endroit qu'est censé occuper Hank.

           Plus loin, tout autour de nous, des soldats s'étendent, droits, armés de lances. Le regard fier, ils montent la garde.

— Ce jour marque le début d'une nouvelle ère, annonce Egarca Evilans à haute et distinctive voix. Trop longtemps, les Pages Ancestraux se sont crus au-dessus de nos lois.

           Je frissonne presque face au regard abyssal qu'elle pose sur la foule.

— Le sort qu'a subit Lycus, vous en serez victime à votre tour si vous ne vous souvenez pas de votre place. Quelle que soit votre faute, pourvue que celle-ci soit grave.

           S'avançant en avant, elle gronde :

— Je m'adresse au complexe de Dieu qui pousse à massacrer des populations. Mais aussi à celui qui vous amène à exiger d'un peuple qu'il vous appelle Votre Majesté.

           Un rire résonne dans mon dos. Je frissonne.

           Noovcahron, la prêtresse Sagittaire, est une guerrière immensément reconnue. Ses conquêtes et ses batailles lui ont mené à donner son nom à un océan. Dans certaines contrées du Désert des Evilans, le pouvoir d'Egarca est largement remis en question.

           On estime que la prêtresse a mieux défendu l'empire, là où sa rivale n'a fait qu'hériter d'un titre.

— Mais je m'adresse aussi à celles qui s'imaginent que le titre de prêtresse les exsanguent de rester fidèles aux lois divines.

           Le regard d'Egarca Evilans se pose sur la tête de Mael, retirée sous sa capuche. Puis, elle le reporte sur le restant de la foule.

— Il y a dix ans, lorsque nous avons appris que Mael avait eu recourt à un sortilège d'inversement pour vaincre sa stérilité, vous tous avez désapprouvé l'idée de la bannir du Cercle des Pages Ancestraux.

— Seule Héra peut décider d'ôter à Mael son titre de prêtresse. Nous n'avons pas ce pouvoir, objecte Noovcahron en levant le menton.

— Vous n'êtes pas non plus censés avoir le pouvoir de recourir à des sortilèges interdits.

           Je frissonne. Je comprends mieux la colère de l'impératrice.

           Lorsque Mael s'est présentée en prisonnière, l'idée qu'elle soit enchainée pour avoir enfanté m'a prise de court. Cependant, le sortilège d'inversement va plus loin. Il s'agit d'un traité avec la mort. Seul un nécromancien peut en être à l'origine.

           L'échange d'une vie contre une autre.

           Afin de tomber enceinte, Mael a décidé de sacrifier une autre personne. Faisant, non seulement de sa progéniture un être maudit, mais le liant aussi au nécromancien qui l'a aidée.

— Lycus et Mael auraient dû être bannie, ce jour-là. Mael a sacrifié la vie d'un prince Evilans pour son propre intérêt, crache Sa Majesté en frappant son torse avec douleur. Une vie qui partageait mon sang et mon nom ! Et Lycus est devenue la propriétaire de l'existence d'un enfant qui n'avait rien demandé !

           Pointant la foule d'un doigt rageur, l'impératrice reprend :

— L'existence d'un enfant ne doit pas pâtir des actes de ses parents alors je ne me suis jamais opposée à l'avènement de Sullyvan en prêtre. Mais votre règne inconsidéré de terreur est terminé.

           Rageusement, la femme se lève.

— Lycus est restée sur son trône et, se prenant pour une déesse, a massacré une population. Asservissant l'âme de Toji Fushiguro, elle a fait de lui un pantin aux services de ses plus sombres désirs de pouvoir. Mael est demeurée à vos côtés, timide et réservée. Mais son asservissement à Lycus, lié à l'enfant maudit qu'elle lui avait permis d'avoir, l'a poussée à courber l'échine et se laisser faire !

           Soudain, l'impératrice se lève.

— Aujourd'hui, la population cancer n'a plus de prêtre ! Son image est à jamais dégradée d'avoir été régie par une sombre vermine ! Sullyvan s'en est allé mener des projets sur mes terres ! L'Ange de la Mort, aux pouvoirs divins, semble pourtant asservi à un être on-ne-peut-plus humain ! Et Lycus est introuvable !

           Debout, elle les surplombe depuis l'estrade impérial. Son regard se fait noir, abyssale, ténébreux.

— VOUS ETES SUR MON EMPIRE, MES TERRES ET CE SONT MES LOIS ! VOS CAPRICES ONT TROP DURE !

           Je déglutis péniblement.

— Alors à présent, vous suivez mes ordres ou vous mourrez.

           Je sens bien que les pages ne supportent que difficilement le fait que l'impératrice les sermonne. Bien qu'elle leur soit hiérarchiquement supérieur, elle demeure une personne d'Etat là où ils sont des gens de Culte.

           L'air s'épaissit et la tension en devient presque palpable.

— Je ne tolère que difficilement qu'une femme n'étant pas fichue de gouverner ses terres sans nous se permettent d'ouvrir sa gueule pour nous parler de la sorte.

           La voix de Yevhen est sèche. Je peux presque sentir l'acidité de sa salive dans la façon qu'il a de claquer les mots.

           Cependant, Sa Majesté se contente d'un sourire mesquin lorsqu'elle pose les yeux sur lui.

— Vraiment ? demande-t-elle en penchant la tête sur le côté.

           Je me raidis sentant mon cœur battre avec brutalité dans ma poitrine. Appréhensive, je pince les lèvres quand elle prend à nouveau la parole d'une voix douce, mais pourtant différente, comme modulée d'une puissance divine :

— Alors étrangle-toi dans ton insolence.

           Aussitôt retentit le bruit d'un corps tombant au sol. Ne pouvant lutter, je me retourne, constatant que le prêtre se trouve à quatre pattes. Autour de lui, nul ne fait un pas pour l'aider, le laissant se débrouiller.

           D'une main, il se maintient péniblement au-dessus du sol. De l'autre, ses doigts tentent de tirer sur sa cape pour libérer sa gorge tandis qu'il crachote dans des bruits de suffocation. Sa peau vire au rouge et je panique légèrement.

— Finalement... Non.

           Dès que Sa Majesté prononce ces paroles d'un ton joueur, Yevhen inspire bruyamment. Quelques toux plus tard, il se redresse dans des mouvements pénibles avant de se relever.

           Son regard croise le mien, venimeux. Je devine sa rage de voir que moi, vulgaire druidesephtis, ai assisté à son humiliation.

           Un frisson me parcourt et je me retourne.

— D'autres ont-t-ils des suggestions ? demande-t-elle.

           Nul ne pipe mot.

           Egarca Evilans est du signe astrologique Lion. Son rugissement est celui du roi des animaux. Alors son pouvoir impose littéralement le respect. Lorsqu'elle donne un ordre, les gens n'ont d'autre choix que de l'exécuter.

           Même si cet ordre requiert... Qu'ils meurent.

— Bien, reprend Egarca, satisfaite. Hank, Giaa, Meeva, Mael et la sephtis iront chercher Sullyvan. Hector, Noovcahron, Maal, Naal et Ilus iront chercher Lycus. Quant à Lynda, Yeon et Yevhen, je vous ordonne de retrouver l'Ange de la Mort.

           Egarca Evilans, reprenant sa place sur son trône, croise les jambes.

— Aucun refus ni échec ne sera toléré.

           Un sourire venimeux étire le coin de ses lèvres.

— J'espère que vous tous savez qui est censé vous hériter le jour où vous serez démis de vos fonctions car mon petit doigt me dit que cette journée se fait très proche.

           Un rire mauvais franchit ses lèvres.

— Trêve de plaisanteries. Ne me décevez pas...

           Hank tape de son sceptre sur le sol. Aussitôt, une lueur émeraude baigne la vaste salle du trône, m'éblouissant. Je ferme les yeux, sentant une magie crépiter autour de nous et m'attirer vers le sol.

           Mais, au loin, j'entends l'impératrice ajouter :

— ...Pour une fois.

























ils y vont enfin !

d'ailleurs, navrée, je me
suis emmêlée les pinceaux
et ai écris yeon à la place de
meeva, hier !

mais meeva est bien la
prêtresse scorpion.

j'espère que ça vous a
plu !
































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