𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒






𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 𝐈 𝐓 𝐑 𝐄  4














           JE MAINTIENS LES dires des chats errants. Tu es une escroc.

— Ménélas, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même.

           Mon compagnon et moi nous connaissons depuis un long moment, maintenant. Assez long pour que ses stratagèmes n’aient plus d’effets sur moi. Alors, lorsque je lui ai tendu la viande tout à l’heure, il n’y avait évidemment qu’une pièce dans le torchon et les autres se trouvaient dans mon cabas.

           Tandis qu’il se repaissait du morceau sans partager quoi que ce soit avec les chats errants, je les ai nourris discrètement et il reste, à présent, moins de la moitié de ce que nous avions acheté.

           Tu as donné ma nourriture à des crasseux !

           Je ne réponds pas, me contentant de lever les yeux au ciel tout en passant mes doigts sur la fourrure du chaton que j’ai recueilli. Sa patte est maintenue avec un atèle de bois que je viens de façonner et je frotte minutieusement quoi que délicatement son pelage.

— Tu avais bien besoin d’un bain, je chuchote dans un sourire attendri en m’attardant sur ses oreilles.

           Est-ce que ce serait trop demandé de systématiser le processus !?

— Ménélas, pour la énième fois, je ne laverais pas notre patiente dans son sommeil ! J’ai déjà nettoyé son visage, ses bras et son ventre car je l’ai soignée mais je ne vais pas la dévêtir sans qu’elle ne le sache !

           Vous autres, humains, avez des règles de bienséances tout à fait stupides. Cela explique sans doute pourquoi vous sentez si mauvais.

           Je lève les yeux au ciel.

— Elle ne sent pas si mauvais que cela, en plus, je bougonne en enduisant le corps du chaton d’un cataplasme qui le protègera des vers.

           D’ailleurs, je trouve que cela pue tout autant que notre patiente.

— Ménélas, les vermifuges sont extrêmement utiles. Et si tu n’étais pas si bougon, tu me laisserais de retirer tes puces, tes vers ainsi que tes tiques, je tente une énième fois. Tu verras, c’est le jour et la nuit !

           Hors de question. Je ne suis pas un chat domestique. On ne me tartine pas de choses qui puent !

— Ménélas.

           Oui ?

— Tu te nettoie avec ta langue en te couvrant de ta salive. Il est un peu tard pour refuser la possibilité d’être « tartiné de choses qui puent ».

           Il ne répond pas, se contentant de me regarder. Perché sur la table de bois circulaire où je fais mes consultations, juste devant le lit de camp où ma patiente dort, il m’observe un instant.

           Puis, il lève la patte avant. Me fixant droit dans les yeux, il pousse un vase de fleurs qui se brise sur le sol.

— Tu n’es pas croyable, je soupire sans être particulièrement surprise de son accès de vacherie. Je rangerais cela tout à l’heure, en attendant va me chercher de l’eau cristallisé pour notre deuxième patient. Je vais nettoyer le cataplasme.

           Ménélas obtempère, sautant sur le plan de travail. Poussant la carafe, il la fait glisser sur l’autre meuble posé à côté et qui se trouve être un chariot. Puis, il pousse ce dernier jusqu’à moi. Je saisis le récipient et arrose le chat qui pousse des piaillements.

           Aussitôt, à l’aide d’un linge chaud, j’essuie le surplus d’eau et entreprend de le débarrasser au possible de l’eau l’habillant. Il continue à miauler avec force et je l’enroule dans une couverture épaisse et ridiculement grande par rapport à sa taille. Puis, je le dépose au milieu de mon lit.

           Eh ! Eh ! Où tu vas avec monsieur puant, là !?

— Ménélas, le lit de camp est pris par ma première patiente et il faut bien que le deuxième ait un endroit pour se reposer !

           Mais c’est mon lit !

— Non, il s’agit de mon lit. Ton lit à toi est l’énorme panier posé là-bas et dans lequel tu refuses de dormir ! je peste. Alors qu’il est assez grand pour que je m’y couche.

           Bah dors-y, alors.

           Je lève les yeux au ciel et pose le chat au milieu du lit. Puis, je sors une minuscule pipette imbibée de lait de chat que j’insère dans sa gueule pour lui donner à manger. Ses pattes se serrent autour d’une masse invisible et je souris.

           Elle se réveille.

           Je tourne la tête vers le lit de camp. La femme dedans commence à bouger. Ses longs cheveux entremêlés de feuilles et insectes remuent avec le restant de sa tête quand elle se redresse. Je souris en la voyant faire.

— Restez allongée ! Vous devez préserver vos forces.

           Ses yeux bruns se posent sur moi. Elle me regarde un instant avant d’obtempérer.

— Où suis-je ? demande-t-elle d’une voix faible.

— Je suis la druide d’Uaz. Vous vous trouvez dans la forêt bordant le village Hylar. Cela vous dit-t-il quelque chose ? je demande. Vous vous êtes arrêtée, gravement blessée, devant ma porte.

           Elle fixe le plafond d’un air hagard durant un moment. Puis, elle finit par chuchoter :

— Je me rendais au cœur de ce duché. Le duc Fushiguro devait diner avec moi.

           Le duc Fushiguro ? Cela est la deuxième fois en peu de temps que j’entends le nom de cet homme. Cela ne me plait guère. D’une part, il est d’avis que la Complainte des Déchus sied un diner banal. D’autre part, ma patiente devait le rencontrer lorsqu’elle a fini dans cet état.

           J’hésite un instant. Etant donné l’étendue de ses blessures, je ne peux que deviner son traumatisme. Mais certaines questions doivent être posées. Alors, me levant en gardant le petit garnement dans mes bras et continuant de le nourrir à la pipette, je m’assois sur le tabouret bordant le lit de camp. La femme me suit des yeux.

— Avez-vous… Le moindre souvenir de ce qu’il s’est produit ? je demande.

— Vous ne le savez pas ? Je croyais que les druides pouvaient reconnaitre les agresseurs aux types de blessures infligées.

— Je n’en ai jamais vu de telles, je réponds en secouant la tête. J’ai pourtant acheté un ouvrage dans l’unique but de les étudier mais je n’ai rien trouvé pouvant m’orienter sur ce qu’il vous était arrivé.

           Elle fixe le vide un instant. Je devine sa gorge se serrant et sa tête se secouant. Elle déglutit péniblement et finis par lâcher à toute vitesse :

— Il est venu pour moi.

           Des larmes roulent sur ses joues. A toute vitesse, elle les dévale. Aussitôt, je garde le chaton contre moi d’une main et essuie son visage d’un tissu.

— Tout va bien, tout va bien, je chuchote en tentant de l’apaiser. Qu’importe ce qui vous a attaqué, il ne peut plus rien contre vous. Ne vous en faites pas, tout va bien !

— Il… Non, tout ne va pas bien ! C’est lui ! Il est venu pour moi !

           Mes sourcils se froncent.

— Qui cela, « lui » ? Qui vous a fait cela ? Je peux prévenir les gendarmes si un homme vous a…

— Un homme ? lâche-t-elle dans un rire triste. Ce n’est pas un homme, c’est… C’est lui !

           Elle panique, s’agitant sur son lit. Je dépose le chaton sur la table, aux pattes de Ménélas qui le garde contre lui. Puis, tentant d’empêcher ma patiente de se relever, j’attrape ses épaules que je garde plaquer contre le matelas.

— Restez calme, je vous en p…

— C’est lui ! Vous ne comprenez pas ! Il est venu pour moi ! C’est lui ! Il est venu !

           Sa respiration se fait rauque, semblable à de longs râles. Je tente de la maintenir avec moi, agrippant ses épaules. Mais je ne sais pas quel mal la ronge. Je n’ai aucun renseignement sur la bête si terrifiante qui l’a attaquée.

— C’est lui ! continue-t-elle tandis que des larmes coulent sur ses joues.

— Qui, « lui » ? Madame, vous devez me dire qui vous a fait cela sinon je ne trouverais pas de remède pour vous soigner ! j’insiste en la tenant fermement par les épaules, l’empêchant de se lever avec ses graves blessures.

— Il n’y a pas de remède ! Seul Hadès peut m’aider en me recueillant dans son royaume ! Il n’y a que le seigneur des Enfers qui peut me protéger de lui !

— Mais de qui, par tous les dieux !?

           Ses yeux s’écarquillent. Son nez frôle le mien. Elle respire difficilement. Ses mains sont refermées sur mes joues. Sa poitrine se soulève avec force quand son front se plaque au mien.

           Et elle chuchote, des larmes emplissant ses yeux bruns :

— L… L’Ange de la Mort…

           Je n’ai pas le temps de réagir. Ses yeux se révulsent. Ses paupières se ferment. Elle tombe en arrière et s’écroule sur le matelas.

           Morte.

























voici le quatrième chapitre
de cette nouvelle fanfiction !

on passe aux choses sérieuses...
de mon côté, j'ai écris
aujourd'hui le chapitre 16 et
j'ai faillit PLEURER

j'espère que ça vous aura
plu !
















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