โง
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โง
โ MENELAS, FUIT !
Le chat ne se fait pas prier et, sโรฉlanรงant ร toute vitesse, fend lโair avec rapiditรฉ. Bientรดt, il disparait derriรจre un arbre et un certain soulagement sโempare de moi ร cette vision.
Cependant, le hurlement tonitruant que pousse la crรฉature chasse aussitรดt cette รฉmotion.
โ VOUS AUSSI, VOUS FERIEZ MIEUX DE FUIR ! sโexclame le duc, lโรฉpรฉe ร la main. JE SAIS QUE VOUS VOULEZ PROUVER VOTRE VALEUR, MAIS INUTILE DE RESTER. JOUER LES HEROโฆ
Je nโentends plus ses paroles, trop loin pour percevoir le son de sa voix. Mes pieds martรจlent le sol ร toute vitesse tandis que je mโรฉloigne de la crรฉature.
Je suis une druide nโayant pour moi que les pierres et les plantes, complรจtement dรฉsarmรฉe et ne sachant absolument pas tenir une arme. Croit-t-il sรฉrieusement que je ne vais mettre ma vie en danger face ร une crรฉature tirรฉe du Tartare ?
Ce fou furieux a lu bien trop de romans dโaventure.
Sans un regard derriรจre moi, je cours. Les alentours ne sont plus quโun amas de lignes vertes filant ร toute vitesse tandis que je mโรฉloigne. Jamais je nโai รฉtรฉ aussi rapide. Pas mรชme lorsquโun chasseur complรจtement ivre mโa pris en chasse sur une douzaine de lieux dans la forรชt. Il a fini en sharpie entre les griffes de Mรฉnรฉlas.
Je me demande dโailleurs oรน est mon compโฆ
Brutalement, je bascule en avant et ma tรชte cogne le sol. Mon menton, plus exactement, heurte une รฉcorce. Un goรปt mรฉtallique envahit ma bouche tandis que mes yeux se ferment. Sonnรฉe, je mets quelques instants avant de revenir ร moi.
Le dรฉcor vacille autour de moi puis se stabilise. Je grogne en me relevant pรฉniblement, tentant de comprendre ce quโil vient de se passer.
Mes muscles se fige en voyant, sur le sol, une ombre se dรฉcouper ร la lumiรจre du soleil. Lโombre dโune silhouette se trouvant dans mon dos. Une silhouette immense et pourvue dโailes.
Cette chose est juste derriรจre moi.
Mon sang se fige. Je nโai aucune idรฉe du comportement ร adopter. Dois-je feindre dโรชtre dรฉcรฉdรฉe, comme avec les ours ? Dois-je lancer un bout de viande, comme avec les chats ? Dois-je courir en faisant de grands mouvements afin de lโeffrayer, comme avec les oiseaux ?
Si je nโopte pas pour la bonne solution, je meurs.
Soudain, mon corps se fige. Un hurlement retentit, si fort et sourd que je plaque mes mains sur mes oreilles. Le sol en tremble avec tant de violence que mon corps tressaute et bascule sur le dos.
Je me retrouve face ร la bรชte. Ma poitrine se soulรจve avec force, tentant de lutter contre un poids imaginaire. Mes yeux รฉcarquillรฉs fixent la crรฉature.
Je ne sais pas quoi faire pour rester en vie.
Ses billes globuleuses plantรฉes dans son large crรขne mโinspectent. Cependant je ne saurais dire sโil voit quoi que ce soit. Peut-รชtre le monstre est-t-il aveugle ?
Lโun de ses six bras pourvu de piques et de griffes se lรจve dans les airs. Je me crispe. Reculant sur les fesses, je tente de mโรฉloigner malgrรฉ ma terreur. Il va me frapper comme les autres. Je le sens.
Mes yeux se ferment.
โ Hadรจs, Pluton, Aidรดneusโฆ Je tโen prie, viens chercher la crรฉature. Entends mes priรจres et sauves-moi de ce mal.
Mes paupiรจres sโouvrent. Le bras de la bรชte sโabaisse avec lenteur. Elle ne semble pas vouloir me frapper, seulement me toucher ร la maniรจre dโun enfant dรฉcouvrant un chat. A vrai dire, dโune certaine faรงon, je pourrais presque avoir lโimpression quโelle ne me veut pas le moindre mal.
Mes sourcils se froncent en la voyant immobile, son bras avanรงant avec douceur. Ses griffes brillent sous le soleil et du sang sรฉchรฉ les tapit seulement elle ne semble pas violente ร mon รฉgard.
โ RESTE EN PLACE !
Ce cri de rage est suivi dโun mouvement si vif que je ne le vois presque pas. Un รฉclat de lumiรจre traverse mon champ de vision. Lโinstant dโaprรจs, un lasso de feu entoure le bras levรฉ de la crรฉature.
Un hurlement sourd retentit, grondant dans la forรชt. Je plaque mes mains sur les oreilles, regardant la chair de la bรชte fumer lร oรน la liane de flammes lโenserre.
Au bout de celle-ci, le lieutenant du duc se tient, debout dans sa robe dโivoire, des boucles รฉbรจnes tombant sur son front plissรฉ par lโeffort. Seule, elle retient la patte de cette crรฉature qui bouge avec force.
Puis, ouvrant la bouche, elle hurle avec puissance :
โ ฮฯฮฏฮถฯ !
Aussitรดt, la crรฉature tombe ร genoux. Ses paupiรจres font de mรชme par-dessus les globules blancs lui servant de yeux. Elle sโรฉcroule de tout son long. Mรฉlania, sans grimacer de douleur, repli la liane de flamme et la range ร sa hanche.
โ Tout va bien ? demande-t-elle en approchant la crรฉature inconsciente.
โ Jeโฆ Oui ! Je crois que oui ! Maisโฆ Comment vous avez fait รงa ? je mโexclame. Vous avez maitrisรฉ une crรฉature pareille toute seule ?
Un sourire esquisse ses lรจvres, haussant le bout de son nez en trompette tandis quโelle caresse la crรฉature.
โ Je nโai jamais vu aucun รชtre humain faire รงa ! je mโexclame.
Lร , je rรฉalise. Les taches de rousseur blanche sur sa peau noire ne semblent pas รชtre du maquillage. Et, mรชme si des humains prรฉsentent parfois ce genre de caractรฉristiques, la plupart des personnes possรฉdant ce trait physique sont lesโฆ
โ Vous รชtes une demi-dรฉesse ? je demande.
Elle grimace, รฉtirant ses yeux de biche ainsi que ses lรจvres aux reflets semblables ร du verre. Sa tรชte se penche sur le cรดtรฉ et je rรฉalise que les papillons que je croyais รชtre des dรฉcorations dans ses cheveux sont en rรฉalitรฉ vรฉritables.
โ Vous รชtes la fille de Gaรฏa, cโest รงa ? je demande. Ou bien Aphrodite ?
โ Eh bien, cโest trรจs flatteur, dรฉclare-t-elle. Mais je ne suis pas lโenfant dโun dieu ou dโune dรฉesse.
โ Je refuse de croire que vous รชtes entiรจrement humaine. Pas quand vous avez maitrisรฉ ce truc ร main nue.
โ Je nโai jamais dit que jโรฉtais humaine. Ma mรจre lโรฉtait. Moi, cโest une tout autre histoireโฆ
Mes sourcils se froncent. Je ne sais si elle est trop occupรฉe ร inspecter les griffes du monstre ou quโelle ne souhaite simplement pas sโรฉtendre sur ses origines. Quoi quโil en soit, elle sโexprime avec assez peu de clartรฉ.
Semblant comprendre quโelle se montre peu explicite, elle finit par lancer :
โ Mon pรจre sโappelle Promรฉthรฉe. Cโest un titan.
Je me fige. Celui qui a donnรฉ le feu aux hommes ? Lโรชtre que Zeus a fait enfermer, condamnant un aigle ร lui dรฉvorer le foie la journรฉe tandis que la nuit, il se recomposait ? La divinitรฉ quโHercule est allรฉ libรฉrer au Tartare ?
โ Cโestโฆ Woaw ! je mโexclame, nโayant pas les mots pour expliquer combien cela mโimpressionne. Vous devez รชtes adulรฉe !
Espรจce dโabrutie, je mโinsulte en rรฉalisant la bรชtise de cette remarque.
โ Eh bienโฆ, lance-t-elle. Aprรจs la titanomachie, il nโest plus vraiment de bon ton dโapprรฉcier un titan ou une descendante de titan.
โ Promรฉthรฉe est pourtant la divinitรฉ des Verseaux ! Cโest le seul titan pour qui des temples ont รฉtรฉ bรขti ! Il fait partie des divinitรฉs primordiales, la premiรจre gรฉnรฉration, ilโฆ
Je me tais, comprenant que le sujet est douloureux pour elle. Les gens aiment Promรฉthรฉeโฆ Mais juste assez pour ne pas sโattirer la colรจre des dieux.
โ Alors ? Quโavons-nous lร ? retentit une voix.
Nous deux nous tournons vers le duc qui vient de pรฉnรฉtrer la clairiรจre. Je me demande oรน il รฉtait passรฉ. Sans Mรฉlania, je ne sais pas ce qui aurait pu mโarriver.
โ Je ne saurais pas vraiment lโexpliquer, dรฉclare celle-ci. Hadรจs nous en dira sans doute plus lorsque nous la lui livrerons.
โ Jeโฆ Je crois que cโest un ancรชtre des sirรจnes.
Les deux sโรฉchangent un regard appuyรฉ en entendant ce que je viens de dire. Je me doute quโils luttent contre lโenvie dโรฉclater de rire, consternรฉs.
Le noiraud hausse un sourcil.
โ Les sirรจnes ? Les filles dโAchรฉloos et Calliope ? Les femmes ailรฉes qui charment les marins avec leurs voix ? Tu parles bien de ces sirรจnes ?
Jโacquiesce.
โ Juste avant que Mรฉlania nโintervienne, je me sentais bien. Il avait levรฉ la patte et se sentait prรชt ร mโรฉgorger, je sais que quelque chose de terrible serait arrivรฉ si elle nโรฉtait pas intervenue mais je nโai rien faitโฆ
โ Et bien, cela nous รฉclaire simplement sur le fait que tu es stupide et que tu nโas pas lโรขme dโune guerriรจre, lance-t-il.
Je nโarrive mรชme pas ร rรฉtorquer, encore chamboulรฉe par ce qui a รฉtรฉ dit. Mรฉlania, elle, semble disposรฉe ร mโรฉcouter. Elle ne fait aucun commentaire.
Prenant une profonde inspiration, jโexplique :
โ Je crois quโelle mโa envoutรฉe pour que je me laisse faire. Et cela expliquerait pourquoi la femme qui sโest livrรฉe ร ma chaumiรจre, il y a une semaine, marchait si normalement alors quโelle avait dโรฉnormes griffures dans le ventre. Elle ne ressentait pas la douleur parce quโelle รฉtait sous un charme !
Je lรจve le nez en leur direction. Ils se regardent ร nouveau. Cependant, cette fois-ci, ils ne semblent pas prรชts ร se moquer de moi.
A vrai dire, ils donnent presque lโimpression dโavoir peur.
โ Quoi ? Quโest-ce quโil y a ? je demande.
โ Eh bienโฆ, lance la demi-titan. Je crois que les lรฉgendes sont vraies et queโฆ Enfinโฆ
Elle nโarrive pas ร terminer sa phrase. Curieuse, je me lรจve enfin, approchant pour les presser. Le duc le comprend et, contractant la mรขchoire, finit par lรขcher :
โ Ce quโelle veut dire cโest que ta description nous permet de comprendre quโon vient de mettre la main sur le dieu des sephtis : lโAnge de la Mort. Et que non seulement il existe, mais on va devoir affronter un chรขtiment divin aprรจs sโen รชtre pris ร lui.
โง
voici le quinziรจme chapitre
de cette fanfiction !
j'espรจre que รงa vous a plu !
โง
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