𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓








𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 𝐈 𝐓 𝐑 𝐄  1 5


















— MENELAS, FUIT !

            Le chat ne se fait pas prier et, s’élançant à toute vitesse, fend l’air avec rapidité. Bientôt, il disparait derrière un arbre et un certain soulagement s’empare de moi à cette vision.

            Cependant, le hurlement tonitruant que pousse la créature chasse aussitôt cette émotion.

— VOUS AUSSI, VOUS FERIEZ MIEUX DE FUIR ! s’exclame le duc, l’épée à la main. JE SAIS QUE VOUS VOULEZ PROUVER VOTRE VALEUR, MAIS INUTILE DE RESTER. JOUER LES HERO…

            Je n’entends plus ses paroles, trop loin pour percevoir le son de sa voix. Mes pieds martèlent le sol à toute vitesse tandis que je m’éloigne de la créature.

            Je suis une druide n’ayant pour moi que les pierres et les plantes, complètement désarmée et ne sachant absolument pas tenir une arme. Croit-t-il sérieusement que je ne vais mettre ma vie en danger face à une créature tirée du Tartare ?

            Ce fou furieux a lu bien trop de romans d’aventure.

            Sans un regard derrière moi, je cours. Les alentours ne sont plus qu’un amas de lignes vertes filant à toute vitesse tandis que je m’éloigne. Jamais je n’ai été aussi rapide. Pas même lorsqu’un chasseur complètement ivre m’a pris en chasse sur une douzaine de lieux dans la forêt. Il a fini en sharpie entre les griffes de Ménélas.

            Je me demande d’ailleurs où est mon comp…

            Brutalement, je bascule en avant et ma tête cogne le sol. Mon menton, plus exactement, heurte une écorce. Un goût métallique envahit ma bouche tandis que mes yeux se ferment. Sonnée, je mets quelques instants avant de revenir à moi.

            Le décor vacille autour de moi puis se stabilise. Je grogne en me relevant péniblement, tentant de comprendre ce qu’il vient de se passer.

            Mes muscles se fige en voyant, sur le sol, une ombre se découper à la lumière du soleil. L’ombre d’une silhouette se trouvant dans mon dos. Une silhouette immense et pourvue d’ailes.

            Cette chose est juste derrière moi.

            Mon sang se fige. Je n’ai aucune idée du comportement à adopter. Dois-je feindre d’être décédée, comme avec les ours ? Dois-je lancer un bout de viande, comme avec les chats ? Dois-je courir en faisant de grands mouvements afin de l’effrayer, comme avec les oiseaux ?

            Si je n’opte pas pour la bonne solution, je meurs.

            Soudain, mon corps se fige. Un hurlement retentit, si fort et sourd que je plaque mes mains sur mes oreilles. Le sol en tremble avec tant de violence que mon corps tressaute et bascule sur le dos.

            Je me retrouve face à la bête. Ma poitrine se soulève avec force, tentant de lutter contre un poids imaginaire. Mes yeux écarquillés fixent la créature.

            Je ne sais pas quoi faire pour rester en vie.

            Ses billes globuleuses plantées dans son large crâne m’inspectent. Cependant je ne saurais dire s’il voit quoi que ce soit. Peut-être le monstre est-t-il aveugle ?

            L’un de ses six bras pourvu de piques et de griffes se lève dans les airs. Je me crispe. Reculant sur les fesses, je tente de m’éloigner malgré ma terreur. Il va me frapper comme les autres. Je le sens.

            Mes yeux se ferment.

— Hadès, Pluton, Aidôneus… Je t’en prie, viens chercher la créature. Entends mes prières et sauves-moi de ce mal.

            Mes paupières s’ouvrent. Le bras de la bête s’abaisse avec lenteur. Elle ne semble pas vouloir me frapper, seulement me toucher à la manière d’un enfant découvrant un chat. A vrai dire, d’une certaine façon, je pourrais presque avoir l’impression qu’elle ne me veut pas le moindre mal.

            Mes sourcils se froncent en la voyant immobile, son bras avançant avec douceur. Ses griffes brillent sous le soleil et du sang séché les tapit seulement elle ne semble pas violente à mon égard.

— RESTE EN PLACE !

            Ce cri de rage est suivi d’un mouvement si vif que je ne le vois presque pas. Un éclat de lumière traverse mon champ de vision. L’instant d’après, un lasso de feu entoure le bras levé de la créature.

            Un hurlement sourd retentit, grondant dans la forêt. Je plaque mes mains sur les oreilles, regardant la chair de la bête fumer là où la liane de flammes l’enserre.

            Au bout de celle-ci, le lieutenant du duc se tient, debout dans sa robe d’ivoire, des boucles ébènes tombant sur son front plissé par l’effort. Seule, elle retient la patte de cette créature qui bouge avec force.

            Puis, ouvrant la bouche, elle hurle avec puissance :

Βρίζω !

            Aussitôt, la créature tombe à genoux. Ses paupières font de même par-dessus les globules blancs lui servant de yeux. Elle s’écroule de tout son long. Mélania, sans grimacer de douleur, repli la liane de flamme et la range à sa hanche.

— Tout va bien ? demande-t-elle en approchant la créature inconsciente.

— Je… Oui ! Je crois que oui ! Mais… Comment vous avez fait ça ? je m’exclame. Vous avez maitrisé une créature pareille toute seule ?

            Un sourire esquisse ses lèvres, haussant le bout de son nez en trompette tandis qu’elle caresse la créature.

— Je n’ai jamais vu aucun être humain faire ça ! je m’exclame.

            Là, je réalise. Les taches de rousseur blanche sur sa peau noire ne semblent pas être du maquillage. Et, même si des humains présentent parfois ce genre de caractéristiques, la plupart des personnes possédant ce trait physique sont les…

— Vous êtes une demi-déesse ? je demande.

            Elle grimace, étirant ses yeux de biche ainsi que ses lèvres aux reflets semblables à du verre. Sa tête se penche sur le côté et je réalise que les papillons que je croyais être des décorations dans ses cheveux sont en réalité véritables.

— Vous êtes la fille de Gaïa, c’est ça ? je demande. Ou bien Aphrodite ?

— Eh bien, c’est très flatteur, déclare-t-elle. Mais je ne suis pas l’enfant d’un dieu ou d’une déesse.

— Je refuse de croire que vous êtes entièrement humaine. Pas quand vous avez maitrisé ce truc à main nue.

— Je n’ai jamais dit que j’étais humaine. Ma mère l’était. Moi, c’est une tout autre histoire…

            Mes sourcils se froncent. Je ne sais si elle est trop occupée à inspecter les griffes du monstre ou qu’elle ne souhaite simplement pas s’étendre sur ses origines. Quoi qu’il en soit, elle s’exprime avec assez peu de clarté.

            Semblant comprendre qu’elle se montre peu explicite, elle finit par lancer :

— Mon père s’appelle Prométhée. C’est un titan.

            Je me fige. Celui qui a donné le feu aux hommes ? L’être que Zeus a fait enfermer, condamnant un aigle à lui dévorer le foie la journée tandis que la nuit, il se recomposait ? La divinité qu’Hercule est allé libérer au Tartare ?

— C’est… Woaw ! je m’exclame, n’ayant pas les mots pour expliquer combien cela m’impressionne. Vous devez êtes adulée !

            Espèce d’abrutie, je m’insulte en réalisant la bêtise de cette remarque.

— Eh bien…, lance-t-elle. Après la titanomachie, il n’est plus vraiment de bon ton d’apprécier un titan ou une descendante de titan.

— Prométhée est pourtant la divinité des Verseaux ! C’est le seul titan pour qui des temples ont été bâti ! Il fait partie des divinités primordiales, la première génération, il…

            Je me tais, comprenant que le sujet est douloureux pour elle. Les gens aiment Prométhée… Mais juste assez pour ne pas s’attirer la colère des dieux.

— Alors ? Qu’avons-nous là ? retentit une voix.

            Nous deux nous tournons vers le duc qui vient de pénétrer la clairière. Je me demande où il était passé. Sans Mélania, je ne sais pas ce qui aurait pu m’arriver.

— Je ne saurais pas vraiment l’expliquer, déclare celle-ci. Hadès nous en dira sans doute plus lorsque nous la lui livrerons.

— Je… Je crois que c’est un ancêtre des sirènes.

            Les deux s’échangent un regard appuyé en entendant ce que je viens de dire. Je me doute qu’ils luttent contre l’envie d’éclater de rire, consternés.

            Le noiraud hausse un sourcil.

— Les sirènes ? Les filles d’Achéloos et Calliope ? Les femmes ailées qui charment les marins avec leurs voix ? Tu parles bien de ces sirènes ?

            J’acquiesce.

— Juste avant que Mélania n’intervienne, je me sentais bien. Il avait levé la patte et se sentait prêt à m’égorger, je sais que quelque chose de terrible serait arrivé si elle n’était pas intervenue mais je n’ai rien fait…

— Et bien, cela nous éclaire simplement sur le fait que tu es stupide et que tu n’as pas l’âme d’une guerrière, lance-t-il.

            Je n’arrive même pas à rétorquer, encore chamboulée par ce qui a été dit. Mélania, elle, semble disposée à m’écouter. Elle ne fait aucun commentaire.

            Prenant une profonde inspiration, j’explique :

— Je crois qu’elle m’a envoutée pour que je me laisse faire. Et cela expliquerait pourquoi la femme qui s’est livrée à ma chaumière, il y a une semaine, marchait si normalement alors qu’elle avait d’énormes griffures dans le ventre. Elle ne ressentait pas la douleur parce qu’elle était sous un charme !

            Je lève le nez en leur direction. Ils se regardent à nouveau. Cependant, cette fois-ci, ils ne semblent pas prêts à se moquer de moi.

            A vrai dire, ils donnent presque l’impression d’avoir peur.

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? je demande.

— Eh bien…, lance la demi-titan. Je crois que les légendes sont vraies et que… Enfin…

            Elle n’arrive pas à terminer sa phrase. Curieuse, je me lève enfin, approchant pour les presser. Le duc le comprend et, contractant la mâchoire, finit par lâcher :

— Ce qu’elle veut dire c’est que ta description nous permet de comprendre qu’on vient de mettre la main sur le dieu des sephtis : l’Ange de la Mort. Et que non seulement il existe, mais on va devoir affronter un châtiment divin après s’en être pris à lui.




























voici le quinzième chapitre
de cette fanfiction !

j'espère que ça vous a plu !


















Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top