𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝐎𝐎
✧
𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 𝐈 𝐓 𝐑 𝐄 𝟏 𝐎 𝐎
✧
Les débris jonchent le sol en un pêle-mêle compliqué. Mon regard se perd sur les traces de sang maculant les colonnes brisées et les mains de cadavres dépassant des troncs étalés sur le sol.
Une main se pose dans le bras de mon dos. Je laisse les lèvres de Toji embrasser le sommet de mon crâne.
— Megumi va bien ? je demande en observant les villageois marcher, tenant des civières sur lesquels sont étalés des corps.
— L’influence d’Elio l’a épuisé à un point considérable. Il dort. Mais ses jours ne sont plus comptés.
J’entends le soulagement dans la voix du père et me blottie contre lui.
Je suis consciente que je devrais rejoindre les recherches de survivants et aider mais, il y a quelques heures, j’ai cru avoir perdue mon âme-sœur. Le choc demeure et je ressens le besoin de rester avec lui.
Alors je ne peux m’empêcher de grappiller quelques étreintes, çà et là.
— Madame ? retentit une voix, derrière nous.
Je me retourne en même temps que Toji, découvrant un paysan tenant une civière. Celle-ci s’étend derrière lui, soulevée de l’autre côté par une dame couverte de suie.
Un hoquet me prend en découvrant l’intérieur du lit.
— La reine Egarca m’a dit de vous présenter ses condoléances.
Mon cœur se serre devant le cadavre de Nime. Les yeux exorbités, ses doigts encore refermés autour de cette maudite pipe, elle semble regarder le ciel.
Je tremble et Toji approche de la femme, fermant ses paupières d’une main. Je récupère la pipe à opium et recule de quelques pas.
Même morte, cette femme énigmatique ne perd rien de sa superbe.
— V…Vous avez vu son frère ? Le prêtre Yevhen ?
— Les prêtres et prêtresses sont venus combattre avec les dragons contre des gens possédant la magie élémentaire. L’un d’entre eux a mis le feu à la forêt.
Mes sourcils se haussent.
— Réellement ? Où sont-t-ils ? Ont-t-ils survécu ?
Les deux villageois échangent un regard. Je n’apprécie guère l’allure embrassée brillant dans leurs prunelles.
Ils finissent par reporter leur attention sur moi.
— Ils ont disparu. Egarca a désigné des personnes pour les trouver.
— Disparus ? je répète. Vous voulez dire qu’ils se sont éloignés pour se battre ?
Ils secouent la tête.
— Il y a eu une grosse secousse et une lumière violette. Les villageois ont tous été aveuglés et on s’est couvert les yeux. Quand l’obscurité est revenue, ils avaient disparu.
Mon cœur tambourine et je tourne la tête vers Toji. Ce dernier me regarde d’un air inquiet, réfléchissant aux paroles qui viennent d’être prononcées.
Les villageois s’en vont, emportant le corps. Je continue de dévisager le noiraud, interdite.
— Les Taureaux téléportent, mais pas autant de personnes, je chuchote d’un air sombre. Et pas dans une lumière violette.
Toji ne répond pas, ne voulant dire tout haut ce que nous deux soupçonnons, plus bas. Il se tait simplement, méditant sur les paroles qui viennent d’être prononcées.
Quant à moi, mes tympans sifflent.
— Monsieur Fushiguro ? Madame ? L’impératrice m’envoie demander si vous pourriez survoler la zone à la recherche de blessés ?
J’acquiesce en direction du soldat qui répond par l’affirmative. Je ne prends même pas le temps de me dire que je n’ai encore jamais volé, toujours médusée par la révélation.
Toji m’attire dans un endroit où il y a moins de monde afin de profiter d’un peu de calme pour prendre son envol. Nous marchons jusqu’à l’intérieur du palais.
Moins de débris le jonche et il fait plus frais.
— Gros vilain chat ! tonne une voix depuis les cuisines.
La porte s’ouvre en un claquement et Ménélas en jaillit, une cuisse de dinde entre les dents. Médusée, j’observe le quadrupède s’en aller à toute vitesse, courant autant qu’il le peut.
Un soupir franchit mes lèvres et je fais signe à la cuisinière, qui sort armée d’un rouleau de pâtisserie, de s’arrêter.
— Mais je dois nourrir les blessés, moi !
— Une cuisse de dinde ne changera pas grand-chose, déclare Toji dans un sourire diplomate. Je vous apporterais ce qu’il vous manque, au cas où.
La femme aux traits serrés s’apprête à le houspiller quand des rougeurs apparaissent sur son visage. Son regard se fait soudain plus doux et elle enroule une mèche autour de son doigt.
— Bien sûr, monsieur le duc.
Il la salue et me rejoins. J’attends que nous soyons assez éloignés pour pouffer de rire.
— « Bien sûr, monsieur le duc », je l’imite de façon peu flatteuse.
— La jalousie est un vilain défaut.
— Je ne suis absolument pas jalouse, je ris bruyamment, haussant les épaules.
Un torse se presse à mon dos et mes ailes se replient. Deux bras s’enroulent autour de mon corps, m’empêchant de faire un pas de plus.
Basculant la tête en arrière, je croise les doux yeux émeraudes de Toji. Ceux-là sont bercées d’une lueur maligne.
— Je ne suis réellement pas jalouse.
— Mais oui, bien sûr, sourit-t-il sans conviction.
Un raclement de gorge nous fait sursauter. Tournant le regard, nous découvrant Sullyvan, un sourcil haussé en une moue écœuré, une cuisse de dinde à la main. A côté de lui, Ménélas est assis.
Mes yeux s’écarquillent.
— Je rêve, tu l’envoies voler ta nourriture !?
— Je viens de sauver ton chat roux, Citrouille. Il me devait un service, répond simplement le blond en mordant avidement dans la chair sans se préoccuper du fait qu’elle ait été dans la gueule du matou.
Ménélas m’observe calmement.
— Citrouille ? je répète.
Je l’avais confié à Egarca. Je me demandais ce qu’il était devenu. Ce connard d’Elio l’avait balancé dans la forêt. Heureusement que Sullyvan était là.
La boule de poils rousse apparait d’ailleurs, sa tête jaillissant de la poche du blond dans laquelle il semble très confortablement endormi. En un an, il n’a toujours pas grandi ?
Citrouille piaille en ma direction, fermant les yeux avec amour. Il semble heureux de me voir… Et très flemmard.
Se retournant, il se rendort.
— Dans la forêt, vous n’auriez pas vu d’autres choses ? demande Toji.
— Comme quoi ?
J’échange un regard avec le noiraud.
— Les villageois disent que les dragons, prêtres et prêtresses qui étaient là-bas ont disparu.
Rien de bien grave. Ce soit être un Taureau qui a fait le coup. Les dragons reviendront ici dans quelques jours.
Toji penche la tête sur le côté, dubitatif.
— Selon les villageois, ils ont disparu dans une lumière violette.
Sullyvan cesse aussitôt de manger. Ménélas écarquille les yeux et nous nous contemplons quelques instants.
Ils seraient encore en vie ?
— Impossible, grogne Sullyvan d’un air sombre. Lycus les a faits tuer.
— Le fait qu’elle les massacre m’a toujours semblé étrange… Après tout, elle vient de chez eux.
Je ne peux m’empêcher d’acquiescer aux dires de Toji. Le blond médite quelques instants sur les paroles de ce dernier.
— Putain, si vous dites vrai, on a un sacré problème.
Vous vous trompez forcément.
— C’est des conneries, tout ça ! Ce putain de clan est mort quand l’Ange de la Guerre a disparu ! tonne Sullyvan d’un geste énergique.
— Et s’il revenait ?
Le blond me regarde et je jurerais apercevoir une lueur inquiète, dans ses yeux. Je comprends cette dernière.
Il prend quelques profondes inspirations.
— Donc vous pensez réellement qu’ils sont revenus ?
Toji et moi ne répondons pas tout de suite. Observant un silence presque recueilli, nous attendant quelques instants.
Quand une voix retentit, dans notre dos.
— Evidemment que oui.
Nous retournant, nous découvrons la silhouette d’Egarca. Droite, malgré sa jambe de bois et ses blessures, ses cheveux filant dans son dos, elle nous observe avec calme.
Et sa voix n’en ressort que plus dramatiquement lorsqu’elle déclare :
— Les temps à venir seront plus incertains encore que ce que nous venons de connaitre.
Pour la première fois depuis que je la connais, il me semble voire une pointe d’inquiétude dans son regard lorsqu’elle déclare :
— Le clan Gojo est encore en vie.
Mon cœur tombe dans ma poitrine et mon souffle se coupe. Toji lie sa main à la mienne tandis que mes yeux se ferment.
Hélas, ce que je croyais être la fin de la guerre ne marque que l’ultime action d’une bataille. Le plus rude est à venir.
L’avenir du monde est incertain.
Quelles sont noires, les ailes qui planent tel un voile dans le vestige de mes songes.
✧
moi ? préparer une ff
sur gojo ?
...
vous voudrez l'épilogue
demain ou lundi ?
j'espère que ce chapitre
vous aura plu !
✧
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top