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𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 𝐈 𝐓 𝐑 𝐄  9 6







































           Ma tête bascule brutalement sur le côté lorsqu’une giclée de sang s’échappe de mes lèvres. Sonnée, je chancèle quelques instants avant de m’effondrer à nouveau sur le sol.

           Je ne sais combien de fois cette maudite Balance m’a frappée.

           Le dos rond, respirant difficilement et tentant de me relever malgré ma faiblesse, j’observe Toji. A genoux, il garde la tête baissée. Ses ailes tombent le long de son dos et il ne remue pas.

           Seulement les paroles qu’ont prononcé le Lion me restent en mémoire :

« …Et bien, Toji, je t’ordonne de tuer ta compagne. »

           Affalée sur le sol, le visage tuméfié, je tremble presque. Mes armes ont volé loin de moi durant le combat et je ne sais comment leur remettre la main dessus. Des spasmes parcourent mon corps par endroit et je crachote du sang.

           Péniblement, je me dresse sur les pieds.

           Un sifflement. Je glisse sur le côté mais il est trop tard. Une main saisit mon mollet et me tire en arrière. Je m’étale sur le ventre, mon menton cognant le sol.

— Et bien… Ce que l’on peut s’ennuyer, dans ce combat, soupire Megumi, le coude planté dans l’accoudoir du trône et sa tête oubliée dans le creux de sa paume.

           Dans un regard mauvais, j’inspecte le sourire viscéral que le garçon esquisse en me regardant en si mauvaise posture.

           Je n’ai pas mes armes ni de pouvoirs. Deux personnes, un Lion et une Balance, nous attaquent. L’un peut nous ordonner de faire n’importe quoi. L’autre est si rapide qu’on ne l’entend pas venir.

           Par ailleurs, Toji a reçu pour instruction de me tuer. Un décret magique auquel il ne peut échapper, qu’importe son statut d’Ange. Car la personne qui a prononcé les paroles fatales est aidée par Elio Evilans, un être divin.

           La façon qu’a son corps entier de trembler, luttant contre la magie, ne laisse aucun doute. Toji ne le veut pas, mais il va me tuer. Sauf si je l’en empêche.

           Mes yeux se ferment et je ne peux me soustraire au regard que m’avait lancée la sentinelle, au sommet de ce poste. Les larmes qui dévalaient ses joues m’ont captivée un instant, ainsi que la danse de son corps bougeant sans qu’il ne le veuille.

           Puis, il a sauté. Son corps s’est écrasé au sol dans un bruit spongieux et brutale.

           Une larme coule sur ma joue.

— Quoi ? ricane Megumi. Ne me dites pas que la Grande Prêtresse Nime a un trop gros bobo ? C’est ça qui lui fait mal, à la petiote ? Est-ce qu’elle aurait besoin d’un bon gros câlin, la pleurni…

           Mais les paroles de Megumi meurent dans le torrent de mes pensées. Yeux clos, je ne vois rien. Respiration affutée, je me soustraie à mes songes. Concentrée sur la traversée de l’air dans mes poumons, je m’efforce de vider mon esprit.

           Là, assise en tailleur au milieu de ce champ de ruines. Je prends pleinement conscience de mon corps.

           Chaque hématome, plaie, inconfort m’apparait. Sans aucun jugement sur la douleur que je ressens, sans penser à son intensité, je note simplement sa présence.

           Là, comme si plus rien n’existait, je demeure.

           Toucher. Les gravas s’enfonçant sous mes cuisses et les plis de mes vêtements accrochant mes entailles. Vue. Le calme de l’écran noir de mes paupières closes. Odorat. Le fumet des jardins s’enflammant, au loin. Goût. La saveur métallique qu’a mon propre sang, sur mes lèvres.

           Ouïe.

           Elle. Le sifflement. Là. Juste à côté de moi.

           Mes yeux s’ouvrent à nouveau. Ma main s’est refermée sur quelque chose. Un poing qui s’apprêtait à percuter mon visage. Juste là, solidement enfermé entre mes doigts.

           Sa propriétaire tire dessus, tentant de s’enfuir. Mais ma poigne est bien trop forte. J’observe son bras laiteux s’agiter avec vigueur, sans succès.

           Remontant le long de ce membre, je découvre la manche évasée et blanche d’une robe. Sur cette dernière, une cascade enflammée de cheveux roux tombe. Je n’ai même pas besoin de regarder les yeux écarquillés de stupeur de la femme pour la reconnaitre.

— Mael…, je ricane tandis qu’elle panique presque, incapable de se défaire de ma prise.

— C… Comment… Tu es une sephtis… Une vulgaire sephtis… Comment… Seule la magie peut me battre… Non…

           Un rire secoue mes épaules et je me relève doucement. Malgré mes blessures, je regarde son visage intact non sans une lueur victorieuse au fond des yeux.

— Pas la magie, non. Simplement un art plus évolué que celui de la magie. Un art ancestral façonné par nos estimés dragons.

           Ses joues se teintent de rouge tandis qu’elle remue de toutes ses forces. Seulement, sans le moindre effort, mes doigts conservant leur position, je la maintiens en place.

— Non… Non… Ce n’est pas possible ! s’exclame-t-elle en commençant à perdre pied, agitant plus furieusement son corps pour se déloger. TU ES UNE SEPHTIS ! UNE IMMONDICE DE CREATURE ! TU N’ES RIEN !

           Un sourire esquisse mes lèvres.

— Alors je suppose que cela ne rend ta défaite que plus cuisante encore.

           Elle cesse de gesticuler, écarquillant les yeux en comprenant combien j’ai raison. Son autre main saisit mes doigts, tentant de les arracher.

           En vain. Elle glisse sur ma peau.

— Non… Tu ne peux pas…

           Lors de mon bref passage dans mon ancienne tribu, le comportement de Nime m’a surprise. Sa façon de se tenir droite, en tailleur, sur son trône. Son regard droit et concentré ainsi que l’aura brûlante et apaisée émanant de sa personne…

           Akenir m’a appris que les enfant-dragons renonçaient à leur signe astrologique pour s’élever dans les mêmes conditions que leurs pairs. Nime, par habitude de cette éducation, passe son temps à méditer.

           Et cet art vient de vaincre la magie de cette petite sotte.

— NON ! TU NE PEUX PAS !

           Glissant ma main libre sur sa joue, je la force à me regarder. Tendrement, je lisse sa pommette en l’observant par-dessus mon sourire.

— Si, je le peux. Rumine donc ta défaite.

           Là-dessus, gardant son visage droit grâce à ma prise, j’abats mon front contre le sien. Aussitôt, son corps s’effondre au sol, assommé.

           Je lâche enfin sa main et me tourne vers le restant de la salle. Calmement, je cherche le Lion. Mon regard s’attarde sur Toji.

           En boule, il tremble, luttant contre l’ordre. Je sais qu’il ne tiendra pas longtemps. Mais je suis aussi consciente que, si le Lion s’éloigne trop ou qu’il cesse de se concentrer sur sa victime, son ordre s’évanouit.

           Je dois l’assommer, lui aussi.

           Les hommes que j’ai éliminés, dans le couloir, n’étaient pas sous l’influence d’Elio. Sinon, ils auraient usé de magie. Etant donné ce qu’elle a fait à son propre fils, je me doute que Mael n’est pas dans son état normal.

           Je ne peux exclure la possibilité que le Lion soit dans le même cas de figure et ne peut donc l’occire.

— Allons, allons, où te caches-tu ? je demande en marchant doucement en direction de mes sabres, abandonnés sur le sol. Tu as donné ton ordre, tant qu’il ne l’a pas réalisé, tu ne peux pas en donner d’autres. Qu’importe l’aide que t’apporte Elio Evilans.

           Megumi, assit sur son trône, ne dit rien. Cependant, je l’ai nettement senti se tendre, dès l’instant où Mael s’est effondrée, inconsciente. Il me regarde d’ailleurs ramasser mes armes en silence.

           Les manches caressent mes paumes quand, me retournant, je détaille la salle. Il n’est visible nulle part, aux alentours.

— Allons, allons… Cesse donc de te cacher…

           Il semble s’être évaporé. Aucun bruit ne trahit qu’il soit en train de s’enfuir et, pourtant, il ne se trouve derrière aucune colonne visible ou invisible. Je me déplace et ne le vois pas.

— Je ne suis pas réputée pour ma patience et tu le sais.

           Soudain, je me fige. Un sourire incurve mes lèvres.

           Il vient de faire un bruit.

           Juste au-dessus de ma tête.

           Je glisse sur le côté au moment où il atterrit. Une épée trouve l’espace entre mon épaule et ma tête. Plantant un pied dans le sol, je trace un arc dans les airs de l’autre et fauche l’arme qui tombe au sol.

           Revenant en position, j’observe les yeux écarquillés de l’être chétif qui me détaille. Une goutte de sueur parcourt un front proéminent et dégarni.

— Quelque chose me dit que tu n’aurais sans doute pas dû utiliser ton pouvoir tout de suite, n’est-ce pas ?

           Je ricane lorsqu’il court vers son épée. Le laissant faire, je fais tournoyer les miennes dans mes mains.

— Elio nous a fait croire qu’il se servait de personnes maitrisant la magie élémentaire et ayant accédé à leurs trois signes. Mais je trouvais étrange qu’il soit parvenu à rallier à sa cause des personnes réputées pour être une secte.

           L’homme ramasse son arme en tremblant.

— Tu n’es pas un mage élémentaire… Tu n’as qu’un pouvoir que tu as bêtement gaspillé. Alors, tente de me battre sans ton pouvoir. Petit mage de pacotille.

— Sale sephtis, siffle-t-il dans un regard noir.

— Ouh…, je grince en tournant la tête dans un sourire viscérale. Mauvaise réponse.

           Il se jette sur moi. Je croise mes lames, parant son coup. Mon corps agit de lui-même, sans que je songe à mes actions. Malgré la Cérémonie de l’Ash, mes muscles ont gardé en mémoire tous mes entrainements.

           Alors, lorsqu’il recule pour charger à nouveau, je n’ai qu’à l’esquiver d’un pas de côté et frapper sa nuque du plat de la lame.

           Il s’effondre de tout son long.

           Rangeant mes armes, je me tourne vers Toji qui a cessé de trembler. Un long soupir franchit ses lèvres et il se redresse en ma direction. Souriant, il lâche :

— Dis donc, t’as pris ton temps.

— Ca te va bien de dire ça, je t’ai presque entendu ronfler.

           Il ricane. Mais ce son est aussitôt englouti par le vacarme que fait Megumi en se redressant brutalement :

— NON ! NON ! VOUS NE POUVEZ PAS ! JE SUIS L’EMPEREUR ! JE SUIS LA FORCE ! JE NE VOUS LAISSERAI PAS !

           Dans les années à venir, je resongerai souvent à ce moment précis. A la façon que j’ai eu de soupirer, levant les yeux au ciel, en me tournant vers le garçon.

           Je crois que jamais je n’oublierai ma manière de le dédaigner, comment moi, qui ait tant fait pour les sephtis, ne me suis pas donnée la peine de réagir car il en était un. Comment je l’ai sous-estimé.

           Mais surtout, je songerais souvent à l’effroi qui me glace soudainement le sang en réalisant que Megumi tient, dans sa main, une dague.

           Un hurlement franchit mes lèvres quand mes yeux s’écarquillent. Il projette l’arme et je cours, tentant de l’attraper.

           Mais il est trop tard.

           Un bruit sourd retentit. Mon sang se fige. Il me semble que mon monde s’écroule lorsque, sous le choc, je tourne lentement la tête en direction de Toji.

           Lequel me regarde, la dague figée dans la poitrine.























































attendez le chapitre
de mercredi avant
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j'espère que ce chapitre
vous aura plu !
























































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