ℭ𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟓

















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           LES REMORDS SONT inutiles, à présent. Je n'ai même pas la sensation d'avoir perdu grand-chose. Quand bien même un creux s'est formé dans mon ventre, presque douloureux, il n'en demeure pas moins qu'une légère gêne.

           Un faible prix à payer... Je crois.

           Cependant, Eren ne semble pas de cet avis. Silencieux, les yeux écarquillés, il fixe le sol depuis plusieurs minutes, à présent. Je crois qu'il n'a toujours pas digéré mes paroles.

— Allons, ne te tracasses pas avec cela...

           Il ne répond rien.

           La blessure que j'ai infligée à mon corps en rompant avec le monde des Voyageurs m'a épuisée. M'effondrant de tout mon long, j'ai perdu connaissance. Les soldats m'ont trouvée et se sont empressés d'appeler Eren.

           Paniqué, le roi m'a portée jusqu'au lit et m'a veillée. A mon réveil, j'étais tellement soulagée de pouvoir lui prouver mon amour que je me suis empressée de lui raconter la vérité.

           Je tenais à occire le Serpent car il m'avait trahie. Mais aussi car il s'agissait-là d'une promesse faite devant les Dieux et que revenir sur une telle promesse signifierait renoncer à ma place au sein de mon peuple.

— Eren, cela fait longtemps que ce peuple n'est plus le mien...

— Jamais.

           Surprise, je hausse les sourcils. Ses yeux émeraudes se plantent dans les miens, traversés d'une colère qui me prend au dépourvu.

— Jamais je ne t'aurais imposé un tel choix si j'avais su ce que cela représentait. Je ne voulais pas que tu sacrifies ton peuple pour moi.

— Eren, ne t'en fais pas. Je t'assure que je me fiche de mon p...

— Cesse de mentir.

           Je ne rétorque rien.

           Soit, je suis généralement habituée à fermer le clapet du brun en une simple formule. Dans notre relation, j'aime lui faire perdre ses moyens, observer ses joues se teinter de rouge et me moquer gentiment de lui.

           Cependant, aujourd'hui, je suis bien consciente d'être trop affaiblie pour feindre une telle confiance en moi.

           Le silence s'éternise et je détourne le regard, ne supportant plus cette chose brûlante animant ses prunelles d'émeraude. Seulement, même loin de ses iris, je sens leur chaleur sur moi.

           Un soupir franchit mes lèvres.

— Je t'assure que ce n'était pas ma natio...

           Mais ma voix meurt dans ma gorge qui se serre trop violemment. Mes larmes imbibent mes yeux avant d'en couler.

           Enfin, j'ose affronter le regard d'Eren qui s'écarquille en réalisant que je pleure.

— J'étais censée être l'une des leurs.

           Mon menton tremble.

— Pourquoi m'ont-t-ils laissée ici ?

           Un éclat de peine traverse les iris du brun. Il ouvre la bouche, comme pour me répondre. Mais il doit réaliser que rien ne réparera jamais ce qu'il s'est produit.

           Alors il se ravise, demeurant silencieux.

— Oui, j'ai servi le Serpent. Mais ils l'ont tous fait. Edward est son fils, la Vipère a été son bras droit durant des années, la Louve l'a même épousé et Olympe n'aurait jamais eu ses pouvoirs sans lui.

           Un hoquet me prend.

— Lorsque l'Imperecea a voulu tuer le Serpent afin d'être la seule à régner, c'est moi qui l'ai occis. Pour l'équilibre de notre peuple, pour notre démocratie ! Parce que notre rôle a toujours été de veiller à ce que le pouvoir ne se focalise pas dans les mains d'une personne.

           Ma gorge s'étrangle.

— J'aimais cette femme. Elle était ma sœur. J'aurais tout donné pour l'aider. Et je t'assure que ce n'était que pour mon peuple que j'ai décidé de la tuer.

           Un frisson me parcourt.

           Elle et l'Impereceo étaient le même genre de personne. J'ai simplement réalisé plus tardivement que le Serpent aussi, voulait régner seul.

— Tu as raison, je chuchote, je mens effrontément quand je prétends ne rien ressentir à l'idée de ne plus faire partie de ce peuple.

           Un frisson me parcourt.

— J'ai mené des armées pour les Voyageurs, livré de déchirantes batailles. Car je les aimais.

           Les yeux d'Eren sont brûlants, sur moi.

— M'ont-t-ils aimée, eux ?

           Levant la tête, je regarde le plafond ouvragé de la chambre. Mes paupières se ferment et je tente de lutter contre les larmes m'envahissant.

— La guerrière la plus redoutable de mon peuple est aussi celle qui m'a tout enseigné. Elle a quitté le Cercle Impérial car son combat lui avait trop coûté, à elle aussi.

           Un léger sourire étire mes lèvres.

— Dans les légendes, on l'appelle « la femme qui a renié les Dieux ». Mais à mes yeux, elle sera à jamais la Vipère.

           Un frisson me parcourt.

— C'est ironique, non ? je ris. Elle est celle m'ayant tout appris et a renié les Dieux. Je suis celle ayant tout appris d'elle et ai été reniée par eux.

— Je ne pense pas que tes Dieux t'ont reniée, objecte-t-il.

           Mes sourcils se froncent. Je jette un regard au brun. Un léger sourire étire ses lèvres.

— J'aime à penser qu'ils t'ont, au contraire, donné une chance d'être heureuse.

— Qu'est-ce qui te fais dire ça ? je demande.

— Après avoir quitté ton peuple, je me serais attendu à ce que Camelot soit foudroyé par la colère divine. Or le soleil brille, dehors et la chance nous sourit. En l'espace d'une heure, des champs arides se sont trouvés couverts de jeunes pousses.

           Il penche la tête sur le côté.

— Je crois qu'ils savent que tu as consacré ta vie à ton peuple et que, même si cela a été douloureux au départ, ils t'ont intentionnellement placée ici.

— Mes Dieux ne sont pas du genre entremetteurs, je souris doucement. Et je représente celui de la Forge et du Métal, ils ne nous auraient sûrement pas fait rencontr...

— Je crois que notre amour n'était pas dans leur projet.

           Se levant, il s'approche du lit. Se plaçant juste à côté, sa main vient caresser ma joue et son pouce lisse ma pommette. La tendresse de son regard me désarçonne.

— Réfléchis, mon amour. Qu'as-tu le plus désiré, au cours des dernières années ?

— Le contrôle. Le pouvoir.

           J'étais lasse de me plier aux ordres et de voir que cela ne suffisait pas à amener la paix.

— Et à Camelot, tu as carrément renversé un pouvoir pour mieux t'implanter. Je ne sais s'il s'agit de la volonté de tes Dieux, si je suis trop optimiste ou que tu as eu de la chance quand l'épée que tu as fabriquée est devenue la nouvelle Excalibur...

           Un sourire étire ses lèvres.

— ...Mais je crois bien que l'heure est venue pour toi d'être heureuse.

           S'agenouillant à côté de mon lit, il saisit ma main. Mon cœur bat à toute vitesse quand ses lèvres se posent dessus, l'embrassant.

           Là, il plante à nouveau ses émeraudes dans les miennes.

— Tout ici t'appartient. Mon royaume, mon cœur et mon âme. Tout est à toi.

           Il me semble qu'un soleil sourit dans mon cœur.

           Ma main glisse jusqu'à sa joue et je prends son visage en coupe. Me penchant, mes lèvres se posent sur les siennes.

           Le baiser est doux, délicat, tout en retenue. Nul ne bouge, nous demeurons inertes, savourant ce répit.

           Point de valse endiablée ou de grognements étouffés.

           Simplement cela. Le repos.

           Nous reculant, nos fronts se posent l'un contre l'autre. Un sourire étire les lèvres du brun dont les yeux s'illuminent.

— Nous allons nous marier, chuchote-t-il.

— Oui.

           Une lueur doit étinceler dans mes yeux car ses lèvres s'élargissent plus encore en voyant mon regard. Mes paupières se ferment, savourant l'apaisement qui me prend au contact de sa présence.

— Pour être honnête, je murmure, je n'ai pas encore le contrôle sur tout. Il me reste une chose à régler avant de me sentir entièrement chez moi, ici.

           Ouvrant les yeux, je me défais dans un frisson désagréable de sa chaleur. Ôtant les draps me couvrant, je m'en vais, me levant.

           Cependant, je n'ai pas le temps d'atteindre la porte de ma chambre que la voix du roi retentit, dans mon dos :

— Inutile d'aller chercher Erwin.

           Je me fige, atterrée.

— Il est mort.

           Prise de court, je me retourne. Les yeux écarquillés, j'observe la mine qu'arbore Eren, non sans un frisson.

           Soudain, il ne porte plus le visage de l'homme profondément gentil que j'ai toujours connu. Quelque chose de sombre git dans l'émeraude de ses iris et une certaine amertume anime le moindre mouvement de son corps.

— Je l'ai tué, conclut-t-il d'une voix grave.

           Hébétée, je fronce les sourcils.

— Wow..., je souris sans joie. Jamais je ne t'aurais cru capable d'une telle chose pour consolider ton po...

— Cela n'a rien à voir avec le pouvoir.

           Il se tait un bref instant. Puis, il doit comprendre que j'attends de plus amples explications car il déclare sombrement :

— Lorsque tu as bu la potion de réalité, j'ai regardé tes yeux. Et j'ai vu ce qu'il avait fait.

— Tu croyais pourtant qu'il s'agissait d'une potion d'amour... Que tout chez moi était travesti en une réalité fantasmée.

— Oui mais cela... Non, ça, je savais que c'était sincère. Je n'aurais pas ressenti la douleur que j'ai ressenti si cela ne l'avait pas été.

           Mes doigts tremblent au bout de mes bras. Il me fixe, une ombre planant sur ses traits.

— Tu ne voulais pas en parler par honte. Et j'aurais aimé te dire que tu n'avais pas à avoir honte mais j'ai préféré me taire car je savais que le sujet était douloureux.

           Ma gorge se serre.

— Seulement il était hors de question qu'il survive après ses actions. Je ne pouvais tolérer l'idée même de son existence.

— Comment as-tu su où il était ?

           Un faible sourire étire les lèvres d'Eren.

— Tu sous-estimes énormément mon intelligence, ma belle.

           Là-dessus, il se lève. Doucement, il marche jusqu'à moi. Son corps s'approche avec grâce du mien et, se plantant devant moi, il saisit mon visage en coupe.

           Ses mains solidement posées sur mes joues, il ajoute dans un murmure sensuel :

— Mais il me reste toute une vie pour te montrer combien tu as tort de me sous-estimer.

           Puis, ses lèvres se posent sur les miennes.



























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beaucoup de
fluff à venir
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