ℭ𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟒
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— VOUS PAIEREZ vos actions, Forgeron. Je vous assure que…
— La ferme, je lance dans un grimace exaspérée.
A genoux sur le sol d’une cellule, les bras levés et sanglés par des chaines, sa tête tombe sur sa poitrine. Laquelle se soulève difficilement, déjà éreintée par cette position. Cela fait un moment maintenant que nous l’observons tous, prêts à regarder sa mutation.
« Nous » n’est autre que le chevaliers de la table ronde. A quelques exceptions, bien évidemment. Armin, Livai et Eren manquent à l’appel. Ce n’est pas pour me déplaire. Je ne suis pas sûre qu’ils n’interviendraient pas s’ils voyaient ce qu’il se passe dans ces cachots.
— Bon, tout cela est d’un ennui mortel… Sire Marco ?
Le gamin aux taches de rousseur sort des rangs, tremblotant sous son armure. Il jauge la fiole que je viens d’extirper de mon corset et lui brandit sous le nez. Ses sourcils se froncent. Il ne semble pas comprendre que je lui demande de la boire.
Mes yeux roulent dans leurs orbites. Bon sang, quel boulet…
— Je te donne là une chance de me prouver que tu n’es pas un traitre. Bois ce sérum, raconte-moi ta version des faits. Et si elle me satisfait… Eh bien, mon époux ne saura jamais rien de ce qu’il s’est passé.
— Ton époux, grince Mikasa, son teint commençant à évoluer légèrement, changeant légèrement de ton, comme s’il entamait une mutation.
Je hausse les sourcils sans lui répondre. J’ai mieux à faire que de m’occuper d’une souillon pas foutue de veiller sur son propre trône.
Marco, lui, lance un regard aux chevaliers. Ceux-là semblent soulagés par la perspective de rédemption s’offrant au garçon. Ils l’encouragent. Le gamin finit par s’emparer de ma fiole et en boire une gorgée. Je la lui reprends immédiatement après.
Tremblotant, il l’ingère avant de lâcher à toute vitesse :
— Un jour, je l’ai surprise alors qu’elle portait son vrai visage. Elle m’a dit qu’elle prenait une potion de polymorphie mais que le roi était au courant. Que celle qui portait son visage, le Forgeron, avait été chassée après le jour où elle avait tenté de mener un Coup d’Etat. Il s’agissait du jour où elle a pris Excalibur durant le couronnement d’Eren et qu’il lui a repris l’arme par la pensée. Elle s’est ensuite poignardée, il l’a soignée, l’a expulsée et pour ne pas effrayer les foules, Mikasa a pris son apparence.
— Mikasa ? s’exclame Jean.
Les regards des chevaliers se posent sur la noiraude. Elle porte toujours mon visage mais celui-ci se déforme en spasmes incontrôlables. Tournant la tête, elle tente de le cacher mais n’y parvient pas. Nous voyons nettement ses véritables traits reprendre leur allure.
— Je… J’AI DIT LA VERITE A MARCO ! ELLE A VOLE CE TRONE ! ELLE A ESSAYE DE MENER UN COUP D’ETAT, NOUS VOULIONS JUSTE PROTEGER CAMELOT !
— Vraiment ? je susurre.
Je finis d’une traite la fiole sous le regard atterré des chevaliers. Puis, je jette le récipient vide au pieds de la noiraude qui observe les morceaux de verres brisés. Là, je sors un rouleau de mon corset avant de le déplier.
— J’ai ingéré cette potion pour vous le prouver mais vous savez de toute façon que le sceau magique des Azumabito est inimitable. Et il s’agit de celui qui orne cette lettre. Cette missive est donc authentique et il s’agit de celle que j’ai volé à la lavandière, tout à l’heure.
Feignant l’indignation, je pose une main sur ma poitrine et essuie de fausses larmes sous mes yeux.
— Rendez-vous compte que j’ai été contraint d’immobiliser mes propres hommes à cause de cette femme. Mais au moins, j’ai découvert cette lettre !
Là, Mikasa se redresse dans un sourire victorieux. Je ris doucement en la voyant faire. Elle pense sincèrement je viens de commettre une erreur.
Comme si j’étais à son niveau…
— VOYEZ ! LES GARDES QUI ONT ETE IMMOBILISE PAR UNE FEMME QUI A VOLE UNE LETTRE DESTINEE A LA REINE S’EN SONT PRIS A L’IMPOSTEUR PARCE QU’ELLE NE CONNAISSAIT PAS LE CODE ! C’EST UNE PREUVE QUE JE DIS LA VERITE !
Mes yeux roulent dans leurs orbites.
— Je n’avais pas pris la peine de faire le code car je comptais boire le sérum devant eux pour leur prouver que j’étais la vraie reine, j’objecte. Je n’ai pas recommencé cette erreur plus tard, lorsque j’ai rencontré le chevalier Jean.
Les yeux de Mikasa s’écarquillent. Puis, elle fixe la fiole brisée à ses pieds.
Je viens de mentir.
J’ai prétendu ne pas avoir fais le code car je le jugeais inutile alors que je ne connaissais juste pas son existence. Je viens de mentir alors que j’ai bu sous leurs yeux un sérum de vérité…
Ou plutôt une copie de ce dernier, sans aucun effet.
Tout à l’heure, j’ai proposé de prouver mon identité en faisant boire à Mikasa et à moi un sérum de vérité. Jean m’a devancé en tendant sa propre flasque pour être sûr que je ne les dupais pas. Et il a eu raison de prendre cette précaution car aucune de ces deux flasques ne contenaient de sérum de vérité.
Aucune des deux fioles n’avait d’effets. Mikasa aurait de toute façon refusé de la boire pour ne pas avoir à montrer son véritable visage. Et moi, je ne voulais pas me trahir en disant que ces traits étaient les miens mais je n’étais pas la véritable reine malgré cela.
Finalement, en jouant sur les mots, je suis parvenue à m’en sortir en ayant ingéré la véritable potion de Jean. Puis, nous nous sommes rendus dans ce cachot.
Il me fallait convaincre les soldats que la potion dans mon corset était un vrai sérum. J’ai donc fait venir Marco qui, tétanisé à l’idée d’être exécuté pour traitrise, aurait de toute façon dit la vérité. Et quand Mikasa s’est écriée qu’elle avait bel et bien dit toutes ces choses au gamin, cela a prouvé la véracité de ce qu’il racontait.
Aux yeux de tous et même aux siens, Marco a bu un sérum de vérité. Et comme j’ai bu dans la même fiole, je suis incapable de mentir…
En théorie.
Mikasa, les yeux écarquillés, est la seule à avoir compris la supercherie. Mais elle ne peut même pas m’en accuser car j’ai brisé la fiole dans laquelle nous avons bu. Il n’y a plus de moyens de l’analyser pour savoir ce qu’elle contenait. Les vapeurs magiques se sont estompées.
— Je vous promets, je lance en posant la main sur le cœur. Ce que je raconte est vrai. Cette femme ment. Elle a refusé d’ingérer le sérum et elle nous sort sa version des choses, tout à fait rocambolesque, tandis que moi, j’en ai bu et à deux reprises ! Je pense vous avoir largement prouvé que je compte davantage me montrer honnête que cette créature !
Elle se tend. Les chaines teintent.
— FAITES-MOI EN B…
— Silence, je la coupe.
Puis, je brandis à nouveau la lettre que je montrais, auparavant.
— Ne croyez pas un mot de ce qu’elle vous raconte. Pas après ce qu’elle comptait faire à l’homme de ma vie. Lisez vous-mêmes ! je lâche en tendant la missive à Jean. Les sceaux du clan Azumabito sont infalsifiables car magiques ! Vous savez que cette lettre est forcément authentique. Et la lavandière prétend m’avoir donné beaucoup d’autres de ces lettres, or je n’en ai jamais vu la couleur !
Le châtain la saisit.
— Je vous affirme que j’ai régné sur Camelot. Mais Marco a vu une femme boire une potion pour me ressembler. Et une lavandière prétend m’avoir régulièrement fait parvenir des lettres du clan Azumabito. Je ne vois qu’une seule explication… Mikasa rode dans les couloirs depuis des mois en prétendant être moi. Et tout cela dans la but de mettre à exécution le plan infâme dont sa tante lui parle dans cette lettre !
Jean lit rapidement la missive sous les regards inquiets des autres.
— Alors ? demande Conny.
Il lance un regard à Mikasa. Je sens dans l’ombre qui le traverse qu’il se sent trahi.
— Il s’agit d’un plan pour assassiner Eren, faire croire que la reine est responsable de cela puis l’exécuter. Mikasa aurait alors pris le trône sous son « véritable visage ».
Cette lettre est authentique. Et il s’agit peut-être de la seule chose qui me pousserait à respecter la noiraude.
Je ne comprenais pas une telle dévotion à l’égard du brun.
Mais ce n’était pas à lui qu’elle était dévouée. Seulement à la tâche de le séduire pour s’emparer du pouvoir, d’une façon ou d’une autre.
— J’aimerais que les meilleurs chevaliers, c’est-à-dire vous, alliez veiller sur mon époux. Montrez-lui la lettre et dite-lui que le Forgeron s’est occupé de tout.
Ils acquiescent. Ils partent.
Je me retrouve seule, dans cette cellule individuelle, devant Mikasa. Elle me fixe avec rage, ses bras tremblant et son regard noircissant.
— Tu crois réellement que tu vas t’en sortir, sale pute ? gronde-t-elle.
— Je vois enfin ton véritable visage…
Il est plus agréable que la parodie soumise qu’elle a toujours manifestée.
— Je te mettrais à genoux !
— Tu es celle qui a les fers aux poings, ma belle, je ris doucement.
Puis, je m’approche. Elle tire rageusement sur ses chaines, comme pour me frapper. Je ne cille même pas.
Un poisson serait plus effrayant qu’elle.
— Je te l’avais déjà dit, pourtant. Tu ne soulevais pas ta première épée que je guidais mes armées sur les champs de bataille. Les ennemis que j’ai terrassés étaient grands, bien plus grands que toi et ton pathétique clan.
Je saisis sa mâchoire avec fermeté.
— Croyais-tu réellement pouvoir figurer parmi mes rares défaites ?
Elle crache. Je saisie sa cape pour essuyer ma joue en levant les yeux au ciel.
— Tu seras vaincue ! Peut-être pas aujourd’hui ou demain ! Mais je te vaincrais !
Un soupir franchit mes lèvres et je lui lance un regard mauvais avant de m’en aller. Je lâche en partant :
— Tu ne mérites même pas de mourir de ma main.
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slay
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