ℭ𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟑
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L’OBSCURITE PENETRANTE habille la salle de son voile opaque. La nuit est tombée sur Camelot, dévorante. Plus rien n’est discernable, pas même la dorure des récipients ornant la coiffeuse à laquelle Mikasa aime à s’assoir peu de temps avant le couché du soleil, afin de mieux ravir la silhouette qu’elle m’a subtilisée.
Aujourd’hui, pourtant, elle n’est pas venue. En regardant les allées et venues des gardes dans le palais, j’ai compris assez rapidement qu’elle avait lancé l’alerte et me cherchait. Les lavandières sont escortées de gardes. Les soldats la fixent avec méfiance jusqu’à ce qu’elle gratte le bout de son nez.
Là est le code. Dorénavant, pour m’adresser à eux, je ferais ce geste.
Seulement, juste avant, je me dois d’enfiler une toilette convenable. Et, malgré les ténèbres ambiantes, je sais que celle que je me suis trouvée souligne chaque aspect de ma grandeur. Je me sens grande et forte, majestueuse. Il ne manque guère qu’une seule chose…
Ma couronne.
Sortant, la tête haute, j’avance de quelques pas dans les couloirs. Mikasa… Quelle pauvre petite chose… Si elle avait fait preuve d’un peu plus de jugeotte, elle aurait aussi fait fouiller sa chambre et je n’aurais même pas eu l’opportunité de l’atteindre.
— Ma reine.
Dans mon dos, la voix d’un soldat retentit. D’un geste las, je me gratte le nez. Aussitôt voit-t-il le code qu’il pose un genoux à terre.
— Ne vous donnez pas cette peine, mon brave. Il s’agit d’une situation critique d’urgence. Point de genoux à terre, je vous prie.
Il se relève aussitôt. Dans son dos apparaissent quatre gardes, en nage dans leur propre sueur. Ils respirent difficilement sous leur lourde armure, jaillissant d’un couloir où ils ont visiblement couru avec force.
Je lève la main, prête à exécuter le code mais ils ne m’en laissent pas le temps. L’un d’eux pousse un hurlement rageur, brandissant son épée en courant vers moi. Je fais un pas de côté, l’évitant. Il poursuit sa route jusqu’à percuter le mur de plein fouet et s’effondrer.
— ENFIN, MARCO ! hurle Jean, juste derrière lui. Tu ne lui as même pas laissé le temps de faire le code !
— Pas besoin, grogne le dénommé Marco en se tordant au sol, tentant de se relever malgré sa très lourde armure. Elle n’est pas notre reine, je le sais.
— Et comment sauriez-vous une telle chose, je vous prie !? je cingle, la tête relevée en une posture impériale.
Au sol, le garçon qui ne soit pas être âgé de plus de dix-neuf ans et présente un visage maculé de taches de rousseur me lance un regard des plus noirs.
— Déjà…, crache-t-il en respirant difficilement, basculant sur le ventre. Ma reine ne me regarderait jamais avec autant de condescendance.
— Vous pensez sérieusement mériter autre choser que du mépris ?
— Voyez ! s’exclame-t-il.
En toute honnêteté, je m’attendais à ce que l’un des soldats, même avec le code, remette en question ma nature véritable. Mais j’aurais surtout imaginé que cela se produirait si j’entrais dans la même salle que Mikasa et que nous deux exécutions le code.
Seulement ce n’est pas du tout le cas. Qu’importe, j’ai prévu une solution de repli.
— J’ai un sérum de vérité pour prouver qui je suis, je lance. Deux fioles. Une pour moi, une pour l’autre imposture.
Je me tourne vers les autres chevaliers. Ils se lancent un regard méfiant, fronçant les sourcils.
— Pourquoi avoir prévu une fiole puisque vous avez un code ? demande Jean.
— Parce que, espèce d’abruti, elle a aussi appris le code.
Tous s’échangent un regard éloquent. Un petit trapu aux oreilles décollés et au crâne rasé de près finit par prendre la parole :
— Je suis d’accord avec Marco, elle ne ressemble pas du tout à celle qu’on connait.
— Bien. Alors je n’ai plus qu’à boire.
— Attendez.
Jean ouvre sa cape et passe la main dans sa doublure. Je hausse un sourcil en le voyant sortir une flasque.
— Que voulez-vous faire ? Me saouler ?
— Je ne bois pas d’alcool. Elle est remplie de sérum de vérité. Un bon chevalier doit toujours en avoir sur lui afin d’interroger n’importe qui.
Je lève les yeux au ciel. Je rêve ou l’abruti qui n’a pas été fichue de comprendre qu’une imposture régissait son royaume tente de me donner quelques leçons cruciales sur la chevalerie ? Un bon chevalier possède surtout des neurones dont il est capable de se servir.
Qu’importe. Je saisis la flasque et boit une longue gorgée. L’avalant, j’ouvre la bouche et soulève la langue dans une grimace volontairement peu élégante pour leur montrer que j’ai bien ingérer le liquide.
Nous patientons quelques instants. Rien ne se passe. Je conserve encore mon visage.
— Vous voyez, les génies ? je lance, excédée.
— Bon, ça v…, commence Jean.
— Etes-vous la reine !? s’exclame Marco, le coupant.
Les chevaliers se fige. Je fais de même. Le dos raide, je me retourne. Il sait très bien que je ne peux pas mentir. Du moins, pas avant une heure. Mais il sait aussi que mon apparence ne le trompe pas. Serait-ce possible que certains soient au courant du fait que Mikasa a ingéré une potion de polymorphie ?
Jean, embarrassé par le comportement de son subordonné, le rappelle vivement à l’ordre :
— Marco ! As-tu une idée de l’affront que tu commets envers notre souveraine ? Crois-tu qu’elle doive te prouver quelque chose de plus ?
— Elle n’est pas la reine ! gronde Marco. Je le sais ! Elle n’a pas le même regard que…
— Que qui ? je demande en penchant la tête sur le côté, esquissant un rictus vile.
Aussitôt, les yeux du garçon s’écarquillent. Il doit regretter d’en avoir trop dévoilé. Seulement l’heure est trop tardive pour les remords. J’aimerais régler ces imbécilités dès l’aube.
Et ce pauvre petit caniche vient de tendre majestueusement le bâton pour se faire battre.
— Etant donné que je viens de prouver mon innocence, que ce visage m’appartient, lorsque Marco prétend qu’il a prêté allégeance à une autre femme ayant mon visage mais un regard différent… Cela signifie qu’il suit les ordres de celle qui tente de s’accaparer mon trône, n’est-ce pas ? je demande.
Jean semble comprendre où je veux en venir. Autour de lui, les soldats se taisent. Mais le châtain, penchant la tête sur le côté et poussant sa joue de sa langue, prend une profonde inspiration avant de déclarer :
— Je sais de quoi ça a l’air, mais…
— Je ne tolèrerai aucun « mais ». Pas quand une femme prenant mon visage rôde dans ce château, me contraignant à me réduire à la pathétique tâche d’éviter les coups d’épées de mes hommes et leur prouver mon apparence. Pas quand, en dépit de cela, ils persistent à m’accuser de traitrise car ils ont été séduits par la vile imposture.
— Je n’ai pas été séd…, commence Marco.
— SILENCE !
Il s’exécute.
— Sa Majesté et moi déciderons de votre sort. Mais vous ne vous en tirerez pas indemne après votre affront et, surtout, votre traitrise.
Autour de moi, les chevaliers serrent les dents, tournant la tête sur le côté, sans doute pour s’empêcher de dire quoi que ce soit. Pour sûr, il ne serait pas de bon ton de m’importuner davantage. Seulement l’un d’entre eux s’octroie tout de même le droit de le faire.
— Madame, ce n’est qu’un enf…
— Ce sera à nous seuls d’en décider.
Là-dessus, Jean aide Marco à se relever. Ils se rangent dans mon dos et nous nous en allons en groupe, dans le couloir. Je souris, profitant que nul ne puisse me voir. Rien de tel qu’une menace pour canaliser un groupe. Ils ne veulent pas subir le même sort que le noiraud.
Nous avançons, franchissons les corridors. Au fur et à mesure de notre route, nous croisons de plus en plus de soldats. Ceux-là se rangent derrière nous quand ils entendent de Jean que j’ai bu une potion de vérité.
Soudain, nous franchissons une arcade. Derrière cette dernière se trouve une silhouette que je ne connais que trop bien.
La mienne.
Mikasa se retourne et, dès qu’elle me voit, écarquille les yeux. Un sourire étire mes lèvres. Elle pointe un doigt rageur sur moi.
— IMPOSTURE ! ARRÊTEZ-LA !
Mais aucun soldat ne bouge. Tous rangés derrière moi, ils demeurent droits dans leur armure.
Un sourire viscéral étire mes lèvres et je penche la tête sur le côté.
— Enfin… Que de haine, ma chère…, je souligne, faussement atterrée. Pourquoi ne pas se détendre autour d’une tasse de thé ou… De sérum de vérité ?
Mikasa se raidit, arborant une moue apeurée qui ne me met sûrement pas en valeur.
— Ne fais pas cette tête. A quoi cela sert-t-il de voler mon visage si c’est pour l’enlaidir de la sorte, je te pris ? je crache.
Là-dessus, Jean marche jusqu’à elle, la flasque à la main. Dévissant son bouchon, il la lui tend. Mais elle demeure droite, ne daignant attraper la potion. Au lieu de cela, elle se contente de me lancer un regard noir.
Prise dans les filets du piège qu’elle a elle-même tendue.
— Bon… Il me semble que nous avons notre réponse, je lance. GARDES.
Là-dessus, deux hommes sortent des rangs, chaines à la main. Mikasa garde la tête haute lorsqu’ils attachent ses bras dans son dos. Elle se contente de m’observer, une lueur animale animant son regard.
Mais qu’elle ne s’avoue pas trop vite vaincue.
Après tout, je compte bien me servir d’elle pour écraser Eren.
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bon ceux
qui regardent
mes stos
savent mais
j'ai vécu un truc
aujourd'hui qui
m'a tellement
énervée que j'ai
oublié de publier
mdrrr
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