ℭ𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝐎






























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             LA FETE BAT SON plein et la plupart des convives dansent, célébrant la fin de la venue des différents représentants des nations. Quelques personnes gardent une mine grave, comprenant ce qu’il s’est produit tout à l’heure, que l’action menée n’est guère moins qu’un Coup d’Etat.

             Livai Ackerman, ministre des Armées, le sait. Et ce qu’il sait aussi est que mon rôle n’a pas été anodin dans cet évènement. Sa façon de me fixer si durement depuis la venue d’Eren, assis sur la table au fond de la salle de bal, le trahit.

             Le nouveau roi, lui, n’est pas resté là-bas. S’avançant parmi les convives, il a salué nombre d’entre eux, un sourire recueilli aux lèvres. Mais il sait bien qu’il n’a pas un soutien totale des personnes ici présentes. Et le problème réside en sa force armée.

             Les chevaliers les plus chevronnés n’ont pas posé genou à terre pour lui présenter ses hommages. Cela ne me surprend pas. Ils ne suivent les ordres que d’un seul homme, Livai Ackerman. Et, tant que le noiraud n’aura pas prêté allégeance à ce nouveau monarque, nous garderons bien des opposants au sein même des remparts.

             Or là est bien quelque chose que je ne peux tolérer.

— Comment comptez-vous faire ? demande une voix féminine, à ma droite.

             Je suis légèrement surprise de découvrir le seigneur Ackerman — ou plutôt, sa cousine, Mikasa, qui porte le même titre — à ma droite. Même elle ne savait pas exactement ce que comptait faire l’homme qu’elle aime. Je suppose qu’elle se sent trahit en réalisant que je suis plus au fait de ses projets qu’elle, sa promise.

             Et je ne sais pas réellement pour quelle raison mais cette pensée me grise.

— Vous avez chassé l’orchestre et fait venir les bardes, lance la noiraude. Nous deux savons que ce n’est pas parce qu’ils chantent bien car ce serait une grande première. Vous avez pris cette décision donc je peux en conclure que vous saviez ce qu’il se passerait aujourd’hui. C’est même sans doute vous qui avez instigué cela.

             Dans le royaume de Logres où la majorité de la population est illettrée, la presse écrite ne pèse que très peu dans les outils de propagande. Les véritables médias, les informateurs du peuple, sont les bardes qui s’en vont chanter dans des villages les actualités de leur doux pays. Alors il fallait qu’ils soient présents aujourd’hui pour raconter cette scène.

             Eren sortant de là où on attendait Erwin. La célèbre et enflammée Excalibur à la main, dans une salle construite par le tout premier détenteur de celle-ci, l’homme qui a marqué tant de légendes, le roi Arthur. La salle se faisant silencieuse pour l’accueillir et les monarques de chaque contrée, comme frappés par sa lueur divine, lui prêtant allégeance.

             Mais surtout, la représentante d’un peuple barbare et sauvage, un Ordre avec lequel nul n’est jamais parvenu à sympathiser qui reconnait pour la première fois l’autorité d’un chef. Les Voyageurs sont réputés pour sillonner les terres, à la recherche de royaume duquel ils peuvent s’emparer. Ils n’ont jamais reconnu la légitimité d’un quelconque souverain, agissant comme si n’importe quelle terre pouvait être la leur.

             En prononçant cette phrase, tout à l’heure, j’ai émis un symbole fort. Qui d’autres que l’héritier d’Arthur Pendragon pourrait civiliser les inciviles ?

— Il lui faudra prouver que l’épée lui appartient, je lance. Nous organiserons un banquet avec les membres les plus influents de chaque région et quelques pécores, histoire de montrer que contrairement à Erwin, Eren se soucie du sort des petites gens et les convie même dans son palais. Là-bas, il prouvera qu’il est le véritable pr…

— Eren n’aime pas l’appellation pécore et il ne manipulerait jamais de simples villageois pour leur faire croire qu’il tient à eux.

             L’un de mes sourcils se hausse et je lance un regard appuyé à la jeune fille. Le sien se fait noir, hostile.

— Qui vous a parlé de manipulation ? Eren s’intéresse vraiment à leur sort et sera plus que ravi de les accueillir sous ce château.

— Mais vous, non ? demande-t-elle, acerbe.

— Et depuis quand ce qui me ravie importe-t-il ? Vous me semblez bien enclin à me faire plaisir, monseigneur. Mais veillez tout de même à ne pas en oublier votre amant.

             Les poings de la noiraude se serrent et je lève les yeux au ciel. Que cette fille peut être ennuyante. Je ne comprends vraiment pas ce que le brun peut bien lui trouver. Elle me semblait droite et claire, au début, j’étais intriguée par cette guerrière redoutable.

             Mais à quoi bon être une arme si c’est pour laisser les autres se servir de nous ?

— Je me fiche de votre bonheur, je sais juste que vous le manipuler et je ne vous laisserais pas faire. Je ne veux pas que votre mentalité pourrisse un homme bon et loyal, en fasse un roi déviant et putride. Je ne vous laisserais pas faire et…

— Mon ange, je chuchote dans une moue faussement navrée, je serais vraiment ravie de t’écouter m’expliquer à quel point tu me hais et comment tu comptes me mener à ma perte mais, vois-tu, je dois régler certains détails avant.

             Je vois sa mâchoire se contracter et elle ouvre la bouche, prête à rétorquer. Je la distance alors, m’en allant. Elle ne me court pas après ni ne crie, ne voulant attirer l’attention. Mais je sens son regard vorace sur mes omoplates.

             Qu’importe. Quelle s’étouffe dans sa frustration sans même lever le petit doigt pour tenter de changer ce qui la déplaît. Elle mourra ainsi comme elle a vécu.

— Sire.

             Ce nom roule sur ma langue quand je le fais résonner de ma voix suave. Les joues d’Eren se teintent de rouge lorsqu’il tourne la tête vers moi, m’observant dans ma toilette émeraude. J’ai choisi celle-ci sans vraiment réfléchir, la préférant naturellement. Et je réalise en plongeant mes yeux dans les siens qu’elle est de la même couleur que ses iris.

             Se détournant des contes auquel il adressait quelques mots, il saisit ma main qu’il baise tendrement. Ma poitrine se soulève avant de se bloquer. Je tente de réprimer un cri dont je ne comprends pas bien l’origine.

— Je voulais vous parler de la cérémonie que nous ferons pour prouver que vous êtes le prop…

— Venez me voir, après, me coupe-t-il à mi-voix, de sorte que personne ne puisse nous entendre.

             Quelques regards trônent sur nous — ce qui est naturel puisqu’il est le roi — alors je fais de mon mieux pour ne rien montrer de ma surprise. Souriant cordialement, je penche la tête sur le côté et demande assez bas :

— Avez-vous besoin de quelques précisions sur vos nouveaux devoirs ?

— Non. Je veux juste fêter cela en bonne compagnie.

             Je me fige tandis qu’il se retourne, appelé par un duc qui lui sourit. Ils se saluent et entament une discussion. Comme tous les autres auparavant, l’homme a quelques questions sur ce qu’est devenu l’ancien roi, comment Eren peut prétendre être légitime, dans quelles circonstances il a ôté Excalibur du rocher.

             Cependant, moi, je demeure hébétée. Je peine à réaliser ce que vient de me demander Eren. Que j’aille le voir ? Serons-nous seuls ? Je suppose que non. Car il souhaite fêter cela en bonne compagnie donc auprès des personnes de confiance de son entourage. Armin et Mikasa seront aussi là, je n’ai pas de quoi m’en faire.

             Alors pourquoi mon cœur bat-t-il si rapidement ?

— Dame (T/N), retentit une voix dans mon dos.

             Je me retourne et tombe nez-à-nez avec un blondinet aux yeux bleus. Je n’ai que rarement vu Armin, auparavant. Il n’a pas reçu l’exact même punition que ses amis, après leur tentative de Coup d’Etat, étant plus érudit. Mais, à part de maintenant, il risque de se découper plus régulièrement dans mon sillage.

             Je ne sais pas encore quelle opinion j’ai de lui. Pour sûr, j’émettrais bien des réserves puisque Mikasa et lui, si on en croit la tradition, sont censés avoir une relation qui constituerait une trahison menant à la chute d’Eren.

             Et, si j’ai déjà anticipé la chute d’Eren, il est hors de question qu’ils me la sabotent pour une histoire d’amour à la con.

— Seigneur Arlet, je salue simplement. C’est un plaisir de vous revoir.

— Le plaisir est pour moi.

             Le blond semble soudain bien embarrassé. Ses joues se font rouges. Je crois un instant que je l’intimide — ce ne serait pas le premier homme à qui je fais tel effet — mais je réalise que sa gêne vient du sujet qu’il compte aborder.

— Vous ne m’avez pas vu mais je vous ai vu, quand vous êtes parti en courant de chez Erwin, un soir…

             Je me fige. Je ne me suis rendue qu’une seule fois dans la chambre du blond.

— Je tenais à vous dire que si vous voulez convaincre le seigneur Ackerman de prêter allégeance à Eren et remettre en doute sa loyauté à Erwin, là est le genre d’argument qui pourraient peser, à ses yeux.

— Je peine à croire qu’un chevalier proche d’Erwin ne sache pas qu’il est un violeur notoire.

             Le blond hausse les épaules avant de jeter un regard au brun, lançant énigmatiquement :











— Vous ne savez pas ce qu’on refuse de voir, par loyauté.
























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             La fête s’est poursuivie jusque tard mais je l’ai quittée avant. Je ne sais pas pour quelle raison mais l’idée de ne pas être tout à fait présentable ne me sied pas. Je ne veux pas impressionner Eren mais je ne suis plus obligée de m’habiller comme une dame de la cour. Nerveuse, je m’observe dans le miroir de ma chambre.

             Je me demande ce qu’Eren pensera de la tenue de guerrière que j’arborais, quand je servais sous les ordres de l’Impereceo.

             Un jupe en toile marronne et transparente couvre l’arrière de mes jambes mais dévoile le devant, habillé de noir. Laquelle est rentrée dans un corset où sont accrochés des couteaux. De là, une chemise en soie brune jaillit, laissant voir mes clavicules entre lesquelles brille un talisman émeraude. Un long manteau habille le tout. Je ressemble davantage à une pirate qu’une princesse. Un instant, j’hésite à me changer.

             Mais je me reprends aussitôt. Me changer ? Pourquoi ? Pour qui, surtout ! Eren ? Rions un peu, ce n’est guère qu’une petite fête en comité réduit.

             Marchant dans les couloirs vides, je me rends à sa chambre, la tête haute. Lorsque je frappe sur sa porte, je suis surprise de n’entendre aucun rire ou éclat de voix derrière. Peut-être la fête se déroule-t-elle ailleurs ? Il n’a rien mentionné donc j’ai naturellement songé à sa chambre…

             Coupant court à mes interrogations, la porte s’ouvre sur Eren.

             Il est bien là. Mais il est seul. Tout seul.

             Mes sourcils se froncent et je le regarde tandis qu’il m’invite à entrer. Il referme derrière moi et, sans même me laisser le temps de partager mon étonnement, lance :

— Je vous attendais ! J’avais peur que vous ne veniez pas.

— Nous serons… seuls ? je demande.

— Oui.

             Ses traits s’affaissent aussitôt et il semble embrassé :

— C’est un problème ?

             Ma gorge s’assèche brutalement et je secoue la tête vivement. Je ne sais pourquoi mais je préfère encore cette idée.

— N… Non ! Loin de là !

             Je serre le poing en réalisant que je bégaye. Mais le brun ne dit rien, ne voulant me mettre mal à l’aise. Il a toujours été particulièrement courtois.

— Pourquoi vouliez-vous me faire venir ? je demande tandis qu’il se place devant moi.

— Je…

             Sa voix meurt dans sa gorge. Il semble chercher ses mots.

— J’ai réalisé certaines choses, récemment, et je suis las de me mentir à moi-même, je crois.

— Vous croyez ?

— Je suis sûr.

             Mes sourcils se froncent, je ne suis pas sûre de bien comprendre. Il avance d’un pas et saisit mes mains. Ses yeux se plongent dans les miens et je manque de m’étouffer, oubliant de respirer brièvement.

— Vous êtes sans conteste la meilleure chose qui me soit arrivé.

             Sa phrase me fait l’effet d’une claque. Ne voulant rien laisser voir de mon trouble, je lâche :

— Parce que je vous ai placé sur le trône ?

             Il secoue la tête.

— Non, pas du tout. Je…

             Ses yeux se posent sur mes lèvres.

— Pour ça, murmure-t-il.

             Et, ses mains lâchant les miennes pour prendre mon visage en coupe, il s’approche de moi.
















             Tendrement, ses lèvres se posent sur les miennes.


































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voici venu le
moment qu'on
attendait tant
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