ℭ𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔









































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             ASSEZ NERVEUSE, je m’assois sur mon lit. Eren, debout devant le bureau ouvragé, observe la potion vide dans ma main. Je viens de l’ingérer. A présent, je ne pourrais avoir aucun secret pour lui. Il m’observe quelques instants, réfléchissant sans doute à la meilleure question à poser à présent que je suis sous l’influence du sérum de vérité.

             Je déglutis péniblement, consciente d’être sans la moindre carapace. La potion d’honnêteté montre ce que je suis à l’intérieur. Et celle de vérité me force à ne dire aucun mensonge.

             Jamais je n’ai été aussi vulnérable.

— On va commencer par le commencement, soupire-t-il. Votre nom complet ?

— (T/P) (T/N).

             Je n’ai même pas réfléchi avant de parler. Les mots ont glissé hors de ma bouche sans que je ne les contrôle. Cela m’effraie un peu. Il peut réellement tout savoir de moi.

— Avez-vous utilisé un philtre de beauté pour m’amadouer ?

— Non.

             Ses sourcils se froncent. Il penche la tête, visiblement surpris par ma réponse. Puis, après une légère hésitation, il tente une autre approche.

— S’agissait-il réellement d’un philtre d’honnêteté ?

— Oui.

             Là, son regard change. Un éclair traverse ses yeux, comme de l’émerveillement. Le temps d’un instant, il oublie qui je suis. Regardant seulement mon visage. Et je n’ai pas la moindre idée de ce qui traverse son esprit à ce moment-là mais me doute que ces mots sont puissants.

— Je croyais que tu étais une mauvaise personne.

— Je le croyais aussi.

             Il semble surpris. Je tourne les yeux.

— Comment le démon des plaines rouges peut-il avoir une âme si belle ?

— Vous êtes le seul à me trouver belle.

             Désarçonné, il fronce à nouveau les sourcils. Je n’ai pas croisé beaucoup de personnes mais toutes ont semblé réellement terrifiées par mes nouveaux traits. De la servante s’étant urinée dessus au garde qui m’a traitée de monstre ou encore à l’impératrice qui semblait si satisfaite de ma nouvelle tête.

— Je suppose que vous nouez un certain attrait pour… L’obscurité.

             Il me foudroie du regard et j’esquisse un sourire venimeux.

— Vous mentez.

— Je suis sous sérum de vérité.

— Mais vous ne l’étiez pas quand vous avez affirmé fièrement avoir tué toutes ses personnes. Vous n’êtes pas le démon des plaines rouges.

— Hélas, si.

             Il secoue la tête de droite à gauche.

— Cela ne fait pas le moindre sens ! Comment expliquer alors l’état de votre vous intérieur ? Etaient-ils des monstres ? Les avez-vous tués pour les empêcher d’égorger des bébés ? Dites-moi !

— Je n’ai pas décidé de le faire.

             Je mords ma lèvre aussitôt que ces mots la franchissent. Mon cœur bat plus fort. Je déglutis péniblement. Non. Je ne veux pas parler de cela.

             Il se raidit, semblant comprendre que quelque chose cloche.

— Vous n’avez pas décidé de tuer les chevaliers de Camelot ? Ni les généraux gibraskiens ? Alors pourquoi sont-ils morts ?

— Je n’ai aucun souvenir de ce qu’il s’est passé.

             Aussitôt cette phrase franchit ma bouche que je me relève, furieuse. Fourrant la fiole vide dans les mains d’Eren, je marche jusqu’à ma porte que j’ouvre.

— Il suffit. Hors de question que vous persistiez. Cela relève de ma vie privée et je suis outrée que vous vous permettiez de telles ques…

             Je n’ai pas le temps de me retourner pour l’inviter à sortir. Sa large main se pose sur la porte, la claquant juste devant moi. Je sens son torse frôler mon dos. Je me raidis. Il est juste derrière moi. Penché sur moi. Son souffle s’échoue sur ma nuque, brûlant.

             Je déglutis péniblement.

— Dites-moi.

             Son murmure résonne à peine dans l’air épaissi. Comme un secret, il le glisse juste derrière mon oreille. Brumeuse, mes paupières se font lourdes tant l’air est chargé. Je respire difficilement.

— J’ai vu votre âme, je ne vous jugerais pas, chuchote-t-il.

             Mes yeux se ferment.

— Mon empereur est une divinité. Il est à la fois humain et serpent. Ses crocs sont chargés d’un venin qui dissipe la faculté de contrôle.

             Le visage d’Eren se glisse dans mon cou. Son torse manque de se presser à mon dos à chaque inspiration. Je le sens inspirer une bouffée de mon parfum.

Etayez.

             Je pince mes lèvres avec force. Sa façon de chuchoter, à quelques centimètres de mon oreille, son souffle s’échouant sur moi et mon corps tremblotant me consume. Mes jambes sont flageolantes. Et même si mon récit est douloureux, la présence du brun m’apaise.

— Il m’a mordue. Je me suis évanouie et je me suis réveillée, couverte de sang. C’est arrivé trois fois. Trois moments où je n’ai plus eu le contrôle sur moi-même et qu’il m’a manipulée. J’étais sa meilleure soldate, son plus bel élément. Il était logique qu’il se serve de moi mais…

             Ma gorge se serre et des larmes coulent le long de mon visage. Je tourne la tête. Je ne veux pas qu’Eren me voit ainsi. Mais aussitôt, sa main saisit mon menton, le forçant à s’orienter vers lui. Je croise ses yeux émeraudes.

             Et pour la première fois depuis que je le connais, il pose sur moi un regard empli d’empathie. D’une douleur partagée.

— Ce n’est pas de votre faute, chuchote-t-il.

— Je les ai tués. Tous. Même mon peuple ne me croit pas. Ils ont préféré me livrer plutôt que d’entendre ma version des faits.

             Ses sourcils se haussent légèrement et il me semble voir dans ses pupilles l’exacte même souffrance déchirante que celle qui m’habite. Il me comprend. Oui. Il ne me juge pas. Il ne voit pas une meurtrière en moi, seulement une soldate abusée.

             Mon menton tremble. Je crois que c’est la première fois que je ne me sens pas regardée comme un monstre.

— Je veux juste retrouver ma liberté, Eren.

             Ma voix est aigue, étouffée par les sanglots. Mais je me fiche de paraitre vulnérable. L’éclat allumant son regard, jamais je ne l’ai croisé auparavant.

             Eren est unique.

             Doucement, je me retourne pour lui faire face. Mon dos se presse contre la porte froide. Il se trouve juste devant moi. Une dense chaleur émane de nos corps, occupant l’air nous séparant et nous attirant l’un vers l’autre. Je déglutis péniblement.

             Les yeux du brun brillent dans l’obscurité tamisée de la pièce.

             Soudain, il s’agenouille. Mes yeux s’écarquillent en le voyant poser un genou au sol et baisser la tête, me présentant sa nuque en signe de respect. Mon cœur bat avec force, les larmes de tout à l’heure brillent encore sur mes joues et il déclare :

— (T/P), je vous promets que je porterai la couronne et ordonnerais votre libération.

             Là-dessus, il saisit ma main. Et, dans un geste tendre, presse ses lèvres humides à celle-ci. Aussitôt, mes cuisses se pressent sous ma robe et je laisse filer un faible son. Courtois, il fait mine de n’avoir rien entendu et garde sa bouche contre ma peau quelques instants, levant ses yeux vers moi et m’observant par en-dessous.

             Malgré moi, je ne peux m’empêcher de remarquer que son visage se trouve à hauteur de mon entrejambe. Des pensées impures se matérialisent dans mon esprit le temps d’un instant. Son corps nu et moite contre le mien, sa langue s’égarant en moi, ses doigts me pénétrant tandis qu’il attraperait mon téton entre ses dents.

             Je me reprends aussitôt, honteuse d’avoir eu de telles pensées.

             Eren se redresse mais garde sa main enroulée autour de la mienne. Je le regarde faire, respirant difficilement et le dévisageant. Il fait de même en retour, ses yeux louchant sur mes lèvres le temps d’un moment. Trop longtemps.

— Je… Je crois que je vais y aller…, chuchote-t-il.

             J’acquiesce.










             Avançant d’un pas, je le laisse sortir de la salle.



























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             Mes pas sont rythmés et je marche vite. Mon cœur bat à toute allure. Jamais je n’ai ressenti de telles émotions. Pas avec Mikasa ni personne d’autre. Nauséeux, je tente d’oublier la vision du Forgeron, plaquée à cette porte, me regardant par-dessus en respirant difficilement. Il me faut aussi mettre de côté le souvenir de ses irrésistibles lèvres.

             Mais dès que j’oublie ce que j’ai vu, je me souviens de ce que j’ai senti. Son parfum délicat, sa fièvre, son corps presque pressé au mien. Jamais je n’ai eu aussi chaud. Pas même lors de mes étés les plus brûlants au sommet de la falaise epsylon.

             Elle a éveillé en moi des choses inconnues.

             Ouvrant la porte de ma chambre, je pousse un soupir. Non. Je suis promis à Mikasa, je ne peux pas penser à elle de cette façon. En plus, il s’agit du Forgeron, une maudite manipulatrice qui… Non plus. Je ne peux plus me rassurer en songeant à cela, maintenant.

             L’idée qu’elle soit le démon des plaines rouges m’empêchait souvent de songer au moment où elle me fait rire et ceux où elle parle, remuant ses lèvres si attrayantes. Mais maintenant, que faire pour me retenir ?

— Eren ? Tout va bien ?

             Je sursaute en découvrant Mikasa. Juste devant la fenêtre, habillée de sa robe blanche qui lui donnait auparavant un air angélique, elle semble maintenant juste ennuyante.

             Je m’octroie aussitôt une gifle mentale. Non. Je ne peux pas penser comme cela. Je n’ai pas le droit. Je dois me marier avec elle. Hors de question que je songe à une autre femme ni ne la déprécie.

— Mikasa, que fais-tu ici ?

— Eh bien, j’ai réfléchi à ce que tu m’as dit tout à l’heure et il est vrai que je t’obéis trop. Tu dois sans doute attendre de moi que je prenne un peu plus de décisions par moi-même et je suis désolée de ne pas l’avoir compris plus.

             Voilà. Exactement. Tout va rentrer dans l’ordre.

             Mikasa va évoluer, cessez de faire ce qui m’insupporte et je vais aussi m’adoucir. Oui. Tout va pour le mieux. Il ne s’agit que d’une mauvaise passe, nous pouvons arranger tout cela, je n’en doute pas le moins du monde.

             Seulement, soudain, elle retire sa robe. Mes yeux s’écarquillent tandis que son corps entièrement nu apparait devant moi. Je n’ai même pas le temps de le voir que je détourne les yeux. Je la sens cependant s’approcher de moi.

— Inutile d’être timide, Eren, on le fera souvent, bientôt.

             Cette phrase devrait me plonger dans un état second. Cependant, je ne ressens que de l’appréhension à cette idée.

— Rhabilles-toi, Mikasa, s’il-te-plait.

— Tu préfères me déshabiller toi-même ? demande-t-elle en restant debout devant moi.

             Je ferme les yeux, mal à l’aise. Mais, aussitôt, l’image de la poitrine se soulevant difficilement, prisonnière de son corset, du Forgeron me revient. Je secoue la tête et recule aussitôt.

— Je ne comprends pas, Eren. N’importe quel chevalier à ta place serait ravi de cette prise d’initiative ! Et toi aussi, tu l’es !

             Pointant mon érection du doigt, elle m’arrache un bruit étranglé et affreusement embarrassé. Je ne me vois décemment pas lui expliquer que l’origine de cette bosse n’est pas elle mais une femme que nous sommes tous les deux censés détester.

             Non, je ne peux pas laisser Mikasa continuer à s’humilier. Ce serait cruel de la laisser continuer, l’allonger dans mon lit et lui faire l’amour alors que je ne pourrais pas me sortir le Forgeron de l’esprit.

             Et ce serait irrespectueux.

— Désolé, Mikasa. C’est juste que… J’ai trop d’images en tête et…

— Des images ?

             Je n’ose pas répondre, détournant à nouveau le regard. Sa façon de rester statique devant moi m’embarrasse. Elle ne semble même pas être gênée par sa nudité. Mais elle ne semble pas non plus être excité.

             Il me semble presque qu’elle s’avance vers moi comme si le sexe n’était qu’une tâche dont elle devait s’acquitter, qu’elle ne ressent aucun plaisir à l’idée de le faire.

— Oui, des images…

— Quelles images ? lâche-t-elle d’une voix soudain cassante en croisant les bras sous sa poitrine.

             Je ne réponds pas, sentant des plaques rouges couvrir mon visage. Me forçant de regarder sa tête et non son corps, je la vois serrer les dents et acquiescer à plusieurs reprises en lâchant :

— Je vois.

             D’un geste agacé, elle se penche et ramasse sa robe blanche qu’elle enfile. Je me sens à nouveau plus détendu.














             Et ce, même quand elle parte en claquant la porte.
















































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msk mikasa
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