ℭ𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏






















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           Les cieux rient sûrement de moi.

           Marchant, la tête basse, je ne parviens à réfléchir correctement. Dans mon dos, Armin et Mikasa dévalent la colline à une vitesse plus modérée. Ils veulent me laisser le temps de me plonger dans mes pensées et ordonner celles-ci. De choisir ce qu’il conviendrait mieux de faire. Mais cela fait une heure maintenant que nous marchons silencieusement et je n’ai aucune idée de la décision à prendre.

           Un soupir franchit mes lèvres. Le soleil cogne avec ardeur sur ma nuque dégagée par le chignon dans lequel j’ai noué mes cheveux. Sur mon torse, une simple chemise en lin au col lacé m’habille. Il s’agit d’un vêtement des plus banales. Mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’il m’étouffe tel un étau.

           La chaleur n’aide pas, bien entendu. Mais elle n’est rien, comparée au poids de la lame dans ma main.

           Lorsque j’ai sorti cette épée de son rocher, je n’étais pas moi-même. Une force invisible s’était emparé de mon corps, inhibitrice. Je n’ai su me contrôler et me suis jeté sur l’arme avant de la brandir aux cieux. Cependant, mon exaltation est depuis retombée et je réalise le poids de mes actions.

           Selon les lois, quiconque ôte cette épée du rocher devient roi, poussant Erwin Ier hors du trône. Car bien des personnes s’imaginent qu’il s’agit d’Excalibur. Cependant il n’en est rien, j’en suis convaincu. Et je n’ai sûrement pas l’étoffe d’un gouverneur.

           Brutalement, je m’arrête dans mes déplacements.

— Je vais la remettre, je lance.

— Pardon ? répond aussitôt Armin.

           Me retournant, je lui fais face. Mikasa et lui m’observent d’un air inquiet. Je ne peux m’empêcher de remarquer qu’ils ne fixent pas mon visage mais plutôt ma main, refermée sur l’épée.

— Ce truc est un mensonge, une mauvaise blague. Je ne vais sûrement pas décréter la couronne alors que…

— Alors que quoi ? le coupe la jeune femme, les sourcils se fronçant. Alors que tu as été éduqué pour n’être qu’un chevalier ?

— Je n’ai aucun sang royal coulant dans mes veines.

— Le sang n’est rien face aux ordres des dieux. Tu as ôté Excali

— Ce n’est pas Excalibur !

           M’entendant hausser le ton, les deux échangent un regard marqué. Je fais mine de ne rien en voir, vexé. Ils me sous-estiment, croient que je refuse ce devoir car j’ai trop peur. Mais si les dieux m’avaient réellement désigné souverain, malgré la terreur, j’aurais déjà pris place sur le trône. Seulement il n’en est rien.

           Cette épée est sans aucun doute une simple arme enchantée par un mage peu recommandable pour créer une blague particulièrement douteuse.

— Qu’en sais-tu, Eren ? demande Armin au bout d’un silence relativement long.

           Mes lèvres se pincent.

— Le sang d’Arthur ne coule pas dans mes veines, je tonne, catégorique.

— Mais cela n’a rien avoir avec les liens du sang. Il s’agit d’être désigné par les dieux.

— Je ne suis pas sûr de l’être. Encore une fois, n’importe quel mage douteux aura pu enchanter l’épée pour que je sois le seul à l’en retirer et faire croire que je suis le nouveau roi.

— Mais pourquoi faire ? s’exclame Mikasa.

— J’en sais rien ! je tonne en balançant l’épée dans l’herbe.

           Aussitôt celle-ci quitte-t-elle ma main que les flammes parcourant sa lame s’éteignent. Je ne peux m’empêcher de remarquer que les légendes mentionnaient aussi un tel phénomène — quand Arthur s’emparait de l’arme, celle-ci s’allumait de mille feux qui s’évanouissaient dès qu’il la posait.

           Cependant quelque chose me gêne, ici. Si cette lame était vraiment celle des dieux, pourquoi ne pas m’avoir envoyé de signes pour confirmer cela ?

— Alors on va remonter et la remettre dans le roch…

— Hors de question.

           La voix de Mikasa est froide et ferme. Sans appel. Ses yeux en amande me fixent, intransigeants. Je sais qu’elle ne me laissera pas la dépasser pour rebrousser chemin. Je le vois dans son dos droit et son air assuré.

           Soupirant, je me détourne d’eux.

— Bien, alors je la laisse dans l’herbe ! je m’exclame en levant les mains de chaque côté de ma tête. Un meilleur roi le saisira sans d…

           Un sifflement retentit à mon oreille et un pommeau vient soudain se figer entre mes doigts écartés. Par réflexe, je les resserre avant de réaliser que je viens d’attraper l’épée. Atterré, j’écarquille les yeux en fixant la lame ouvragée.

— V… Vous me l’avez lancé ? je demande en me retournant vers mes amis.

           Mais le regard qu’ils affichent en dit long sur leur effarement. Ils semblent aussi effarés que moi, fixant l’épée d’un œil surpris.

— N… Non, répond Armin en secouant légèrement la tête. A l’instant où t’as levé la main, elle s’est envolée toute seule pour atterrir dedans.

           Regardant à nouveau l’arme, j’observe quelques instants les flammes orangées tournoyant autour de la lame. Tout est fidèle à la légende. Jusque dans les moindres détails… Le mage qui a réalisé cette copie est résolument doué.

           Il semble que je vais devoir garder cette arme avec moi, même si je ne grimperai pas sur le trône.

— Eren, rends-toi à l’évidence, c’est la véritable Excalibur, tente Mikasa d’une voix plus douce.

— Non.

           Je n’ai même plus d’arguments. Mais je m’en contrefiche. Ils ne peuvent pas me forcer à croire en un mensonge.

— Eren, commence Armin sous mon regard méfiant. Je te propose un marché qui nous irait à tous…

           Plissant les yeux, je le laisse poursuivre.

— Nous pouvons faire analyser cette épée par un mage, un de confiance, une femme qui a bercé ton enfance et ne te trahirait jam…

— Il est hors de question que je retourne voir ma marraine, je tonne. 

— J’aimerai tout de même avancer que Merlin a autant bercé l’enfance d’Arthur qu’Ymir a eu d’effets sur la tienne.

— Merlin veillait sur son protégé, Ymir m’a appris à voler des bouteilles de rhum. On a pas la même définition de « bercer », je tonne en jetant un regard noir à Mikasa.

           Celle-ci hausse simplement les épaules.

— Eren, s’il-te-plaît, lance Armin. En plus, s’il s’agit d’une fausse, Ymir pourra trouver le mage responsable de ça et en expliquant la vérité à Sa Majesté, il ne deviendra pas fou de rage en apprenant que l’épée est plus dans le rocher.

— On sait très bien comment il va réagir quand la rumeur se répandra, ajoute la noiraude.

           Un soupir me prend. L’idée de revoir celle à qui je dois mon éducation — au cours de laquelle j’ai été arrêté huit fois par la garde royale — ne m’enchante guère. Chacune de nos retrouvailles est assortie de remarques peu charmantes à mon égard.

           Mais mon amie dit vrai sur Erwin Ier. Celui-ci n’a accepté qu’à contrecœur que la personne qui ôterait l’épée du rocher serait sacré régnante. De plus, il ne l’a fait qu’en étant convaincu que nul n’arracherait jamais cette lame à son socle.

           Lorsqu’il apprendra que ceci a été fait, il se mettra sûrement en tête de tuer le responsable avant que celui-ci ne réclame le trône.







— J’accepte.




















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           La demeure d’Ymir empeste mille lieux à la ronde. Plantée au milieu de divers commerces, le long d’une route pavée non loin du palais, elle est reconnaissable par sa devanture. Partout sur la façade beige, du lierre noir grimpe. Celui-ci condamne même les fenêtres, empêchant de les ouvrir.

           Cette plante n’est pas naturelle et ne pousse que dans les endroits où se concentre une importante dose de magie. La plupart des mages ne cherchent pas à s’en débarrasser, cela permet aux potentiels clients de les reconnaitre.

           Un renvoie me prend quand je toque quatre fois à la porte de bois. Derrière moi, Mikasa tient l’épée afin que sa lame éteinte n’attire l’attention de personne.

— Entrez ! s’exclame une voix bourrue, de l’autre côté.

           Le ton d’Ymir annonce la couleur. Me tournant vers mes amis, j’hésite un instant. Ils semblent aussi peu emballés que moi à l’idée de rejoindre cette femme mais je comprends au mouvement de tête que fait Armin que nous n’avons de toute façon pas le choix.

           Poussant la porte, je tousse violemment en passant l’avant-bras sur mon nez. Un déluge d’effluves percute mon odorat. A la fois épicé, sucré, salé, naturel, chimique… Le parfum qui m’assaille est des plus déstabilisants.

— Installez-vous, installez-vous !

           Dos à nous, Ymir s’affaire sur la large bibliothèque de bois brun constituant le mur du fond. Des livres aux reliures de cuir, boites bourrées de racines, sachets d’herbes et pierres sont étalés dans les cases et forment de toute évidence un bazar très soigneusement pensé.

           Entre elle et nous s’étend une table de bois parsemé de plantes en tout genre ainsi que d’une imposante marmite en ébullition — qui ne repose pourtant sur aucun feu.

           J’ai beau regarder autour de moi, aucune chaise ou fauteuil ne sont visibles pour nous « installer ».

— Ymir, j’appelle simplement en la voyant se hisser sur la pointe des pieds pour s’emparer d’une fleur.

           Aussitôt reconnait-elle ma voix qu’elle se fige. Puis, se retournant dans un geste qui fait tournoyer sa cape noire, elle me fait face. Ses cheveux noirs sont attachés en une queue de cheval basse d’où s’échappent quelques mèches adoucissant son visage anguleux. Sur ses pommettes hautes s’étale une pluie de taches de rousseur qui, elles aussi, lui confère une allure plus avenante.

           Mais ses yeux noirs en disent long sur son caractère froid.

— Tu veux quoi ? lance-t-elle abruptement. Une potion pour ton visage ingrat ou une pierre qui te feras pousser une vraie paire ?

— Sans ces mêmes pierres tout le monde saurait que t’as pas vingt ans, vieille peau.

           Je l’observe un instant, inerte. Ma mâchoire se contracte sans que je ne brise notre contact visuel.

           Puis, brutalement, nous éclatons de rire, franchissant la distance nous séparant pour nous étreindre. Etant plus petite que moi, son visage se loge sous mon menton. Notre embrassade est brève, elle se recule immédiatement.

— Et que font tes mains droites et gauches avec toi ? lance-t-elle en regardant brièvement mes deux amis.

— On est venu te parler de cette épée, je lance en désignant l’objet que tient Mikasa.

           Aussitôt, les sourcils d’Ymir se fronce et elle mord l’intérieur de sa joue. Ce geste, elle ne l’exécute que lorsqu’elle est soucieuse. Une pierre tombe dans mon estomac et je la regarde s’approcher de la noiraude en silence.

           Sans même demander à celle-ci l’autorisation, elle s’empare de l’épée qu’elle tenait et plisse les yeux.

— Je t’écoute.

           Prenant une inspiration pour me donner du courage, j’essuie mes paumes moites sur ma chemise en lin.

— C’est l’épée plantée dans le rocher. Je pense qu’elle a été charmée. J’ai pas réussi à lutter contre l’envie de la retirer du rocher et ai réussi. Elle s’enflamme quand je la tiens, reviens à moi quand je l’abandonne…

— Et ? demande Ymir sans détourner le regard des motifs sur la lame.

— Je sais pas… J’ai vraiment pas l’impression que c’est Excalibur.

— C’est normal puisqu’elle n’est pas Excalibur.

           Toujours en fixant l’arme, elle me contourne afin de rejoindre sa table. D’un geste brutal, elle balaye les plantes et flacons qui viennent s’écraser sur le sol. Puis, sans se soucier du nouveau bazar, elle pose l’épée.

           Interloqué, je mets quelques instants avant de répondre.

— Vraiment ? C’est pas Excalibur ? Alors ça veut dire qu’un mage l’a ensorcelée ! je m’exclame.

— Non plus.

           Enfin, ma marraine lève les yeux vers moi.

— Excalibur était l’épée que les dieux ont donné à Arthur, ils ne vont sûrement pas aller la redistribuer à n’importe qui. Elle est décédée avec lui. Elle, lance-t-elle en désignant l’arme, est différente et a un autre nom.

           Mes sourcils se froncent.

— Attends, tu es en train de me dire que…

— Que cette épée a aussi été posée là par les dieux et que tu es le prochain roi, Eren.

           Sa phrase me fait l’effet d’une claque. Atterré, je la fixe, les yeux écarquillés, durant de longs instants. Je ne peux décemment pas avoir correctement entendu ce qu’elle vient de dire. Jamais Ymir ne me mentirait.

           Mais tout ça est…si soudain.

— Félicitations, sire, raille-t-elle. J’espère que tu me dégoteras une meilleure piaule que celle-ci, au palais.

— A… Attends ! Si c’est pas Excalibur, comment s’appelle-t-elle ? C’est à moi de trouver un nom ?

           Ma marraine secoue mollement la tête de droite à gauche.

— La prochaine fois, sers-toi de tes yeux. Le nom est sur la lame, entre les motifs gravés.

— Quoi ? je m’exclame en approchant.

           Me penchant au-dessus de l’épée, je plisse les yeux. Ymir dit vrai. Depuis le pommeau et sur quelques centimètres, des motifs sont gravés dans la lame. Au milieu de ceux-là, je distingue le fameux nom.

           Mon cœur bat à toute vitesse lorsque je le lis à haute voix :







— (T/P).






















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voici le tout premier
chapitre de cette
fanfiction, navrée
de ne pas avoir update
mercredi dernier je
faisais une pause

j'espère que ce
chapitre vous aura
plu
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