𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐗𝐕










A    R    T       D    U
—      C      R      I      M      E      —
































— J’AI COUCHE avec Livai.

             Edward lève la tête du pot de glace dans lequel il avait planté sa cuillère. Ses sourcils se haussent et il me jauge quelques instants. Cela fait littéralement dix minutes qu’il est arrivé dans cette maison et nous ne nous connaissons quasiment pas.

             Mais à qui puis-je en parler ? Livai ? Inutile, j’ai justement besoin d’extérioriser. Sieg ? je suis complètement perdue, entre lui et le noiraud. Avant, Mikasa tenait ce rôle de confidente à qui j’aimais déballer ma vie. Cette expérience m’a appris qu’il est stupide de se confier au premier venu.

             Seulement j’ai vraiment besoin d’extérioriser. Et Edward est le seul parti neutre ici.

             Reposant sa cuillère dans le pot, il s’assoit plus confortablement sur le canapé et me fait signe de l’imiter, les sourcils froncés. J’obtempère et prends place devant lui. Puis, comprenant qu’il attend de moi que j’étaye ce que je viens de dire, je m’explique :

— J’ai eu une aventure avec Sieg dont je suis amoureuse. Mais je crois que j’aime aussi Livai… Enfin, si c’est possible. C’est possible d’aimer deux personnes en même temps ?

— Bien sûr que oui, c’est possible.

             Il semble catégorique. Mes épaules s’affaissent sous l’étonnement.

— Tu n’as jamais vu de films avec des triangles amoureux ? lance-t-il, semblant étonné par ma surprise.

— Si mais elle choisit toujours quelqu’un à la fin.

— Et tu ne sais pas qui choisir, lance Edward d’un air compatissant avant d’avaler un morceau de glace. A ta place, je prendrais celui qui donne les meilleurs orgasmes.

             Je lève les yeux au ciel bien que je ne sois pas surprise de l’entendre sortir une ânerie pareille.

— Non. Le problème c’est qu’ils m’ont proposé de sortir avec eux… En même temps…

— Tu te fous de moi ? s’exclame le blond. C’est ça ton énorme problème !? Tu sais combien de personnes dans le monde aimeraient avoir ce problème ?

— Je sais, mais…

— Sérieusement, (T/P) ! Le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière ! lâche-t-il avant de réfléchir un instant. Des crémiers, même.

             Je mords ma lèvre pour ne pas sourire et secoue la tête, amusée. Mais je redeviens assez vite sérieuse.

— Je sais pas… Ce ne serait pas bizarre ? je demande.

— Bizarre ? Non. Peu commun ? C’est sûr. Mais (T/P), je trouve cela bien plus sain de sortir avec deux personnes et que celles-ci soient au courant plutôt qu’elles l’ignorent.

— Certains te répondraient que le plus sain c’est de ne pas sortir avec plusieurs personnes.

— Au cas où tu l’as pas remarqué, je m’en tamponne de ce qu’on me dit.

             J’éclate d’un faible rire, amusée par les pitreries du blond. Il me sourit en me voyant faire et avale une autre bouchée de glace.

— Sérieusement, j’ai vu beaucoup de mariages malheureux, tu sais ? De personnes qui souffraient malgré la belle robe blanche et l’alliance. Crois-moi, (T/P), c’est ce qui t’attend si tu choisi l’un d’entre eux. Tu passeras ton temps à te demander ce que tu aurais peut-être fait avec l’autre.

             Il plante ses yeux dans les miens.

— Tu as la chance d’avoir leurs accords et tu sais pourquoi ? Ils t’aiment et veulent te voir heureuse. Ils savent que ce bonheur n’existe pas sans eux et Lila.

— Lila…, je murmure. Comment être sûre que cela est sain pour elle ?

             Edward plante sa cuillère dans son pot, visiblement exaspéré.

— Tu es à la tête d’un cartel et a fait condamner ta meilleure amie qui t’as accessoirement fait croire que ta fille était crevée, ce qui t’a poussée à quitter sa vie pendant des années et aussi celle de son père que tu menaçais régulièrement de mort mais, OUI, CONCENTRONS-NOUS SUR LA PARTIE IMMONDE OU TU ES EPANOUIE.

             Je ris doucement en voyant ses grands gestes puis secoue la tête.

— Merci, Edward. Je crois que tu m’as un peu aidé.

— Un peu ? Je suis la voix de la raison.

—Une voix qui a l’art de tout gâcher, je grommelle en secouant la tête. Bon, comment je fais, au juste ?

             Il hausse un sourcil, visiblement curieux.

— Le trouple, le polyamour, le fait que j’acceptes… Je débarque pas devant eux en leur disant que je suis d’accord ?

— Et pourquoi pas ?

— Je sais pas, c’est un peu brutal.

— Brutal ? répète-t-il. Une femme à la tête d’un cartel et ayant la main sur plus de la moitié du monde trouve qu’avouer ses sentiments c’est brutal ?

             Je me renfrogne. Je n’aime pas montrer mes émotions. Mais la situation est aujourd’hui plus inédite pour moi que n’importe quoi d’autre. Je me sens donc légèrement appréhensive. Je ne suis pas sûre que frapper à leur porte en lançant un rapide « c’est d’accord » soit quelque chose de très courageux.

             Quoi que j’imagine bien Livai levant les yeux au ciel en me voyant filer à toute vitesse et Sieg rire légèrement en marmonnant une vacherie sur combien je suis mignonne quand je suis embarrassée.

             Edward semble remarquer mon inconfort car, soupirant, il lance simplement :

Ecoute, il n’y a pas de recettes magiques. Ils sont d’accord et tu l’es aussi. Ne te tracasse pas juste pour ça. Et au pire, si c’est trop dur, tu peux même leur envoyer un texto à base de « salut mon poto, je veux bien avoir deux mecs ».

— Vraiment ?

— Bien sûr que non. C’est quoi ton problème ?

             Je pousse un soupir. Bon, rien ne sert de tergiverser trop longtemps. Malgré mes entrailles se tordant de nervosité dans mon ventre, je me lève et remercie le blond avant de quitter le salon. Le premier d’entre eux que je trouverais sera mis au courant.

             La porte de la chambre de Livai est fermée mais aucune lumière ne trahit de présence quelconque. Celle de Lila est dans le même état mais je l’ai couchée une heure auparavant après une journée animée à faire de la cuisine et de la poterie ensemble.

             Grimpant l’escalier, je suis surprise de trouver le couloir vide. Aucun interstice de porte ne laisse voir de pièces éclairées à l’exception de celle de Sieg. M’approchant, je toque à plusieurs reprises.

— Entrez.

             Nerveuse, je déglutis péniblement en ouvrant la porte. Et mon cœur rate une série de battements en découvrant Sieg, assis sur la chaise de son bureau, une cigarette à la main et Livai, debout devant la fenêtre et sirotant un verre de whisky.

             Ils sont tous les deux ici.
















— Quelque chose à nous demander, poupée ?

































j'ai été ravie de voir
vos réactions sur le
dernier chapitre,
merci

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