𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐕











A    R    T       D    U
—      C      R      I      M      E      —





























             LE BRAS SUR MA taille est fort, imposant. Battant des paupières, je mets quelques instants avant de réaliser où je viens de me réveiller. La chambre de Sieg Jäger. Et celui-ci dort juste à côté de moi à poings fermés.

             Soupirant, je défais son bras et me lève. Le soleil commence à peine à se lever, dehors. Je me suis endormie rapidement après avoir longuement pleuré dans les bras du blond. Mais mon moment de faiblesse est à présent terminé.

             Je veux voir ma fille.

             Saisissant une chemise appartenant au blond, je l’enfile tout en quittant la pièce. L’air frais de la matinée me fait frissonner et je dévale les escaliers en frottant mes bras. Le temps d’un instant, j’hésite à gagner la cuisine et préparer un petit-déjeuner afin de servir ma fille directement au lit. Mais aussitôt cette pensée me traverse-t-elle que je réalise que je n’ai aucune idée de ce qu’elle aime.

             Alors, à pas de loup par crainte de la réveiller, j’approche de la porte fermée. Mais, à l’instant où je pose la main sur la poignée, la voix de mon enfant retentit :

— Mais je croyais qu’elle ne reviendrait jamais ?

— Je l’ai longtemps cru. Mais quelque chose me dit que vous allez vous retrouver très bientôt. Et il me semble que tu es en droit de savoir qui a mis ton joli visage au monde.

             Mes muscles se figent en entendant la voix de Livai. Il parle de moi.

— Ta mère et moi nous sommes connus quand je travaillais avec ta grand-mère.

— Et les monsieurs tatoués ? demande-t-elle.

— Et les monsieurs tatoués, confirme-t-il dans un léger rire.

             Me posant contre le mur à côté de la porte, je croise les bras, attentive. Mon estomac remue.

— C’était une femme extrêmement gentille et elle était marié avec quelqu’un mais cela ne lui convenait plus. Il n’appréciait pas ses…activités. Et lorsque j’ai posé les yeux sur elle pour la première fois, ils étaient en pleine dispute.

             En effet, malgré mon amnésie, quelques bribes de mes premiers pas dans le milieu du crime organisé — quand j’ai commencé à réaliser des faux par manque d’argent — me parviennent, encore aujourd’hui. Et autant dire qu’Armin n’a pas toujours été le cruel homme de main et traitre qu’il est, à présent.

             Il fut un temps où il craignait tant pour moi qu’il est même allé jusqu’à m’enfermer à l’intérieur de ma propre maison pur m’éviter de rencontrer mes clients. Je me souviens que notre couple traversait une phase compliquée, à l’époque.

             Mais en ce qui concerne une procédure de divorce ainsi qu’une rencontre avec le noiraud… Tout cela ne m’est jamais venu à l’esprit.

— J’avais eu rendez-vous dans sa maison pour acheter une toile. J’y étais avec quelques employés mais en entrant, le rez-de-chaussée était vide. Nous sommes restés plantés devant ce salon parsemé de chalets et toiles inachevées jusqu’à ce que des éclats de voix nous parviennent.

             Un faible rire nostalgique franchit ses lèvres. Je suis un peu étonnée en l’entendant.

— Elle a débarquée, vêtu d’une simple chemise ouverte sur un débardeur blanc et une culotte. Ses jambes étaient couvertes de peinture, une vraie gorette. Un peu comme toi quand tu manges de pates, tu t’en mets partout !

             Elle éclate de rire et mon cœur se chauffe à ce souvenir.

— Alors maman, elle se baladait à moitié cul-nue-nue ? lance sa voix en riant lorsqu’elle prononce l’expression enfantine.

— C’est ça. Et quand je te vois débarquer en tee-shirt par flemme de mettre ton pantalon, le matin, je me dis que t’as un peu trop hérité d’elle.

             Un rire lui répond. Il poursuit.

— Elle était magnifique. Moi qui étais si concentré par mon travail, je crois que c’est la première fois qu’en rencontrant quelqu’un, je me suis dit « woaw ». Et la seule autre fois que ça m’est arrivé, ça a été la première fois que j’ai posé les yeux sur toi.

             Malgré ma colère, un sourire niais étire mes lèvres.

— Elle criait et, quand j’ai toussoté pour lui faire savoir que j’étais là, elle m’a juste lancé : « Merci, j’avais remarqué, vous voyez pas qu’on est occupé !? »

             Il éclate de rire, aussitôt joint par sa fille. Son imitation ressemblait beaucoup au ton excédé qu’il m’arrive de prendre.

— Elle t’a cassé !

— Oui, elle m’a cassé.

— Mais comment vous êtes devenu amoureux ?

             Il ne répond pas tout de suite.

— Elle aimait mon visage. Tellement qu’elle voulait le peindre. Quand je lui ai tendu mon chèque, elle l’a saisie et m’a regardé un instant. Puis, elle me l’a redonné en m’affirmant que, si j’acceptais de poser pour elle, j’aurais gratuitement la toile.

— T’as accepté ?

— J’ai posé le chèque sur la table et suis parti sans un mot, lance-t-il. Mais en rentrant chez moi, je n’arrêtais pas de penser à elle, à la sensation qui m’avait pris quand mes yeux s’étaient posés sur elle. Alors je suis revenu la voir.

— Et vous avez fait des bisous ?

— Jeune fille, ça, ce n’est pas de ton âge.

             Aussitôt, elle éclate d’un rire embarrassé mais aussi fier de sa petite blague. Assise sur le sol, dos au mur, je fixe pour ma part le vide, ébranlé. Alors là est le commencement de tout… Nous nous sommes connus comme ça et, plus tard, elle est apparue.

             Dire que je n’en ai aucun souvenir.

— Allez, chipie, douche-toi pendant que je prépare le petit-déjeuner.

             Je n’ai pas le temps de réaliser que la voix de Livai vient de retentir juste derrière la porte de la chambre. Celle-ci s’ouvre et le noiraud ne fait qu’un seul pas avant que nos regards se croisent. Aussitôt, le vestige de son sourire retombe en son expression habituellement froide et il referme derrière lui.

             Puis, il me dépasse. Je me lève immédiatement et le rattrape en quelques pas.

— Je rêve où tu me fais fait la gueule.

— Tu me la fais aussi donc on est quitte, tonne-t-il en déboulant dans la cuisine.

— Sauf que j’ai une raison de le faire ! Non, à vrai dire, j’en ai une ribambelle ! M’avoir enlevé, avoir caché l’existence de mon enfant, que tu en étais le père et que t’étais tellement doué dans ce domaine que tu l’as laissé se faire kid…

             Brutalement, il se retourne en empoignant le col de ma chemise. Mes pieds quittent le sol tandis qu’il me surélève de plusieurs centimètres, dardant sur moi un regard venimeux. Ses pupilles se dilatent tandis que la noirceur de sa colère me frappe.

             Il a de la force, beaucoup de force. Je me contente de poser mes mains sur les siennes.

— Je t’ai aimé, crache-t-il. Dans chacun de mes baisers, je t’ai aimé. A chaque fois que je te voyais, cela me convainquait de la nécessité de m’éloigner de ma famille de yakuzas et je l’ai fait. Tu étais ma seule et unique raison de vivre. Tellement que lorsque tu as fait tes valises et a emmené Lila avec toi, je t’en ai pas voulu et t’ai simplement cherchée. Tellement que lorsque je t’ai retrouvée et que, pour te débarrasser de moi, tu as passé un coup de fil anonyme à Sieg pour dénoncer mon clan, je t’en ai pas voulu.

             L’une de ses mains quittent le col de ma chemise pour se refermer sur ma gorge. Il n’y exerce aucune pression. Mais je sens qu’il se retient de le faire. Une rage bouillonnante le consume.

— Mais mon amour a des limites, (T/P). Et ne viens pas me dire que je suis un père indigne quand tu as littéralement vendu ta fille pour te faire de la thune.

             Mon cœur rate un battement et mes yeux s’écarquillent.

— Q… Quoi ? je lâche d’une voix étranglée.

             Brutalement, il me relâche. Je m’écroule au sol dans un fracas et, lorsque je me redresse en me massant le coude, il se retourne pour fuir mon regard.

— On parle, en prison. Un soir, j’ai appris que ma petite-amie avait eu une énorme rentrée d’argent. Puis un autre, que la fille du grand Livai Ackerman avait été vendue à Foucault. Le lien a été rapide à faire.

             Sa voix se fait plus basse et presque sombre, semblable à un murmure.

— Une semaine avant que je sorte pour bonne conduite, j’ai appris que ma petite-amie avait été admise en réanimation après avoir été retrouvée dans les décombres d’une explosion. Et que mon père y était décédé en trouvant et protégeant ma fille. Il avait organisé une vente d’arme en échange de mon enfant. Il espérait la récupérer après les horreurs qu’avaient commis sa mère indigne.

— NON ! JAMAIS J’AURAIS FAIT CA !

— BIEN SÛR QUE SI ! POURQUOI AURAIS-JE EMPECHER MON ENFANT DE VOIR SA MERE PENDANT DES ANNES, SINON ? POURQUOI AURAIS-JE LAISSE MA FILLE PLEURER DEVANT DES SCENES ENTRE MERE ET FILLE EN SE DISANT QU’ELLE NE VIVRAIT JAMAIS CA ?

— PARCE QUE T’ES QU’UN PUTAIN DE CONNARD EGOISTE DE MERDE ! TU VOULAIS TE VENGER PARCE QUE JE T’AVAIS FUI ET BALANCE PARCE QUE T’ES SUREMENT PAS LE PERE DE L’ANNEE MAIS JUSTE UN PUTAIN DE CRIMINEL DE MERDE !

             Brutalement, il se retourne et pose les mains sur mes joues, attrapant mon visage et plaquant son front au mien dans un geste menaçant.

— Regarde-moi en face et ose me dire que t’es une bonne mère ! Ose même juste me dire que t’es un être humain décent ! Bordel, t’avais même pas compris qu’Armin te haïssait et voulait se venger de ton adultère depuis des années, que ce qui l’avait changé n’était pas le décès de sa gosse mais ta tromperie.

             Il éclate d’un rire sans joie, dardant sur moi un regard venimeux.

— Regardez-la, la grande gourou, prêtresse, Corbeau Blanc… Si Lila avait vécu sous le même toit que ce malade, il l’aurait encore mise en danger de mort et pour se venger, il l’aurait peut-être tuée. Et là encore, ça aurait été de ta fa…

             Sa voix meurt dans sa gorge quand sa tête bascule sur le côté dans un claquement sonore. Ma main est tendue, brûlante, tandis que sa peau vire déjà au rouge. Quelques instants, il garde la tête penchée sur le côté. Puis, touchant lentement sa lèvre, essuie le sang y perlant avant de lever à nouveau les yeux sur moi.

             Son regard est glacial, presque tétanisant.

             Soudain, nous interrompant, quelques claquements répétitifs se font entendre. Marchant dans la pièce, une tête blonde que je reconnaitrais entre mille applaudit. Quand on parle du loup…

             Noués en leur habituel demi-chignon, les cheveux doré d’Armin adoucissent un visage déjà doux. Ses yeux bleus, profondément tendre à l’accoutumé, nous fixent aujourd’hui avec un certain mépris.

— Accusations, cris, étranglement… Une vraie télénovela. Mais avant de porter de telles accusations sur moi, Livai, je vous serais reconnaissant de vous renseigner un minimum, sourit-il. Je suis venu car j’ai appris que notre employeur avait été arrêté par vos soins mais je dois dire que vous me décevez assez, maintenant.

             Respirant difficilement, je dévisage l’homme qui m’a trahi. Celui qui, à une période, m’a maintenu en vie.

— Jamais je ne m’en serais pris à une enfant car j’aime cette enfant. Et sa mort m’a réellement bouleversé mais quand j’ai appris par Mikasa qui n’a jamais mis (T/P) au courant de peur de lui donner de faux espoirs, que son enfant était peut-être encore vivante car son ancien amant, Livai, avait été surpris souvent avec une fillette dans des parcs, je me suis penché sur les missions de ce dernier afin de l’approcher.

             Glissant les mains dans ses poches, il lance :

— J’ai effectué quelques missions dans le dos du Corbeau Blanc en espérant attirer Livai qui se dirait que sa vieille ennemie a un point faible, un traitre. Mais au lieu de ça, Foucault a sonné à ma porte pour l’Annuaire. J’ai failli refuser mais en apprenant de qui serait constituer l’équipe, à savoir son ex-mari, Livai, et l’homme qu’elle avait contacté pour écarter ce dernier, Sieg, j’ai sauté à pied-joints.

             Mes sourcils se froncent.

— Q…Quoi ? C’est pour ça que tu m’as trahie !? Mais pourquoi ne pas m’avoir dit la vérité !?

— Parce que je savais pas si c’était vrai, ne vouait pas te faire de faux-espoir, que Foucault payait une coquette somme et que, l’air de rien, j’aimerai bien jeté un petit coup d’œil dans l’Annuaire, moi aussi.

             Il marque un temps d’arrêt.

— Et aussi parce qu’après l’humiliation de l’adultère, même en pleine procédure de divorce, t’humilier en te kidnappant c’était kiffant, admet-t-il.

             A sa seule exception, personne ne rit. Il hausse les épaules er tourne les talons, prêt à sortir de la cuisine pour visiter la demeure. Mais, sur le seuil de celle-ci, il s’arrête une dernière fois avant de lancer, l’air de rien :


















— Ah oui et j’oubliais, (T/P) n’a pas vendu Lila. Si elle a fait tuer la collègue de Sieg et cafté ton clan, c’était parce que Foucault retenait sa fille en otage. Et c’est parce qu’on était parti la chercher qu’on était là-bas, le soir de l’explosion. Bye, les poulettes.


























2197 mots

j'espère que ça a été claire
j'avoue que j'ai trouvé ça
brouillon à la relecture
mais j'ai pas eu le temps
de corriger

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