𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗









A    R    T       D    U
—      C      R      I      M      E      —























             LA VASTE PIECE EST illuminée par la puissante lueur du soleil. Autour de nous, diverses arcades forment les issues menant aux autres salles. Décorées de carrelage orangée, celles-là s’harmonisent avec les murs crème. Mais mon regard ne s’attarde pas longuement sur cela.

             Au centre de la salle, un ilot central en marbre plat se voit envahi par des dossiers de papiers craft. Tous sont traversés d’un tampon rouge renseignant leur nature confidentiel. Pourtant, les photographies et autres photocopies capitales s’éparpillent sous nos yeux.

— Quel vilain petit garçon qui vole à ses supérieurs, je charrie Sieg.

             Celui-ci se tourne vers moi, un sourire en coin.

— Tu dis ça parce que tu veux me punir ? répond-t-il en m’adressant un clin d’œil.

             Je ne peux m’empêcher de rouler des yeux. Depuis notre rencontre, il n’a eu de cesse d’agir de la sorte. Joueur, sarcastique et moqueur, il a passé le plus clair de son temps à me draguer jusqu’à ce que je voie, il y a deux jours, ce que cache ce numéro.

             Et sa peau virant au rouge, son arme sur ma tempe, la pression du canon sur mon front, ses hurlements tonitruants, la rage qui agitaient ses membres… Je n’oublierai pas tout cela. Il n’arrivera jamais à m’effacer de l’esprit que, derrière cette allure charmeuse se cache un véritable tueur débordant de haine.

             Je ne sais pas ce qui le pousse à autant désirer l’Annuaire Rouge. Mais cela le pourrie de l’intérieur.

             Et, ce soir-là, il m’a montré cette facette désagrégée de son être.

— Me tentes pas, je réponds simplement.

             A ma droite, habillé de son habituel costard, Sieg fixe le tableau blanc qu’a posé Livai juste devant les larges baies vitrées donnant sur la cour. Les mains dans les poches et adossé à l’ilot central, le blond observe par-dessus ses lunettes les différents éléments accrochés. L’habitude se lit sur son visage.

             Me retournant, j’observe la surface couverte de clichés et fils les reliant sur des cartes. Livai, dans une chemise aux premiers boutons déboutonnés, ajoute quelques derniers détails.

— Et c’est censé nous aider à comprendre où Foucault a planqué ta chose ? je lance.

             Le noiraud ne répond pas. Si Sieg dissimule son dédain à mon égard sous de la drague, le noiraud n’a pas la délicatesse de ménager mes sentiments. Tant mieux, je ne suis pas là pour me faire des amis. Tôt ou tard, ces deux abrutis me tueront.

             D’ici là, je me dois de trouver un moyen de m’échapper. Mikasa ne parviendra peut-être pas à voir clair dans le jeu d’Armin.

— Tu sais que je pourrais y voir vachement plus clair si je savais ce qu’il t’a pris, je lance en croisant les bras.

             Sa mâchoire se contracte et, sans un regard pour moi, il répond simplement :

— Mêle-toi de ton cul.

             Un sourire étire mes lèvres.

— Bon bah, génial ! je m’exclame en frappant mes mains entre elles. On sait déjà que c’est un être humain.

             Si Livai parvient à maitriser le tressaillement qui le prend en entendant ses mots, le regard appuyé que lui lance Sieg ne m’échappe pas. Quelque chose me dit qu’aucun des deux ne connait les motivations de l’autre et que le blond comme moi ignore ce que Foucault a dérobé au noiraud.

             Un sourire me prend.

— Les garçons, je ne vous apprends rien… Les secrets ont tendance à diviser. Et si vous voulez survivre en compagnie d’un être tel que moi, je vous déconseille de vous cacher vos vilains petits bobos.

             La mâchoire du blond se contracte. Mon cœur fait un bond à cette vision. Cet homme est déjà particulièrement séduisant mais lorsqu’il abandonne sa fausse allure joueuse pour assumer la haine le dévorant, mes entrailles ont tendance à remuer.

             Ses lunettes brillent sur son imposant nez droit, lequel surplombe une barbe dorée taillée avec précision lui conférant un air soigné jurant avec les tourments l’assaillant. Mon œil s’attarde sur ses traits. Il s’agit-là d’un sujet des plus agréables à regarder.

             Et le peindre me procurerait sans doute bien plus de plaisir.

— Mon chez Jäger, vous n’avez pas été tout à fait honnête avec moi sur cette fameuse Félicie et quant à toi, Livai, je ne vais même pas commencer à étayer sur ton caractère cachotier. Sieg a au moins eu la décence, lui, de faire mine de se confier.

             Les mains posées sur une table ainsi que les fesses, le noiraud a la tête baissée. Mais, lentement, il lève ses yeux de glace sur moi pour me foudroyer du regard. Un faible rire me prend à cette vision.

— Qu’il est mignon.

             Levant les yeux au ciel, il fait le choix d’ignorer ma remarque et, se redressant simplement, croise les bras sur son buste. Son regard détaille la carte et je ne peux m’empêcher de regarder son profil finement taillé.

             Lui comme Sieg semble avoir été conçus avec une précision chirurgicale.

— En rouge, ce sont les propriétés de Foucault. En jaune, celles qui ont été revendus mais peuvent potentiellement être utilisées par lui. Elle doit être forcément dans l’une d’entre elles mais si on en attaque une et qu’il l’apprend, elle meurt.

             Je hausse un sourcil.

— Lui, c’est la prise d’otage et vu le nombre limité de femmes qu’il y a dans sa vie je pencherai pour sa mère. Quant à vous…

             Mes yeux se posent sur le blond. Celui-ci ne prétend même plus être amusé par moi. S’il est devenu si doux avec moi au cours des dernières heures, cela n’était du qu’au fait qu’il était convaincu que je ne remuerai pas son passé. Car nous tous savons dans cette pièce que la meilleure arme contre quelqu’un reste encore ses faiblesses.

             Aujourd’hui, les masques tombent. Il sait que je vais trouver ce qui le travaille. Et je vais m’en servir pour me venger.

— Si vous cherchez l’Annuaire, c’est lié à lui. Si vous êtes autant sur la défensive, c’est que la personne concernée est encore vivante. Alors cette histoire de Félicie… Même si elle est vraie, vous ne l’avez utilisée que pour me faire compatir en mentionnant ses parents puisque vous savez que j’ai eu une… quelque chose qui est mort.

             Me prenant légèrement de court, Livai est celui qui se tend à ces mots. Je n’ai pas le temps de me tourner vers lui pour observer sa réaction qu’il a déjà quitté la pièce. Mes yeux se plissent tandis que je tente de comprendre ce qu’il vient de se produire.

             Quelque chose dans ma phrase l’a dérangé… Peut-être la peur de perdre son proche retenu en otage.

             Qu’importe.

— Vous jouez avec le feu, gronde une voix, me tirant de mes pensées.

             Me tournant vers Sieg, je le vois tirer sa cravate d’une main, l’autre tenant son large verre de whisky. Accompagnant ce geste d’un mouvement de tête, il ne me regarde pas tandis que j’observe pour ma part ses mains veineuses et larges en pleine action.

             Elles semblent à la fois souples et fortes.

— Dixit celui qui a kidnappé le Corbeau Blanc.

             Un léger rire sec le prend. Moqueur. Il secoue légèrement la tête, faisant remuer ses boucles dorées.

— Vous êtes beaucoup moins forte que vous ne le croyez.

— Prouvez-le, je lance en penchant la tête sur le côté, un sourire mauvais étirant mes lèvres.

             Déboutonnant les premiers boutons de sa chemise, il me jette un regard moqueur en ôtant ses lunettes. Il n’a pas dormi de la nuit, je l’ai entendu dire à Livai qu’il avait retourné le FBI à la recherche de ces dossiers, des heures durant.

             Et la fatigue se lit dans ses cheveux en bataille, les légers cernes sous ses yeux ainsi que sa voix se faisant encore plus grave que d’habitude.

— Croyez-moi, vous n’avez pas envie que je vous prouve que je vous bats, susurre-t-il.

— Vous croyez que je ne peux pas encaisser les coups ? Très stupide de votre part.

— Oh, je vous assure que vous ne pourrez pas encaisser les miens.

             Ma mâchoire se contracte et je fais un pas dans sa direction. Me suivant dans mon sillage, l’une des robes de créateurs suit le geste de mes jambes et oscille autour de celles-ci. Son regard s’y attarde. Je n’en suis pas surprise.

             Surtout dans cet accoutrement, je suis une femme désirable.

— Menacez-moi, agent Jäger, je vous en prie, je murmure dans un sourire élégant. Mais nous verrons qui menace l’autre en dernier.

             Un autre rire le prend tandis que, avalant une gorgée de whisky, il laisse son regard glisser sans aucune pudeur sur ma silhouette.

— Je ne vous menace pas, je vous préviens.

— Je suis une cheffe de cartel qui a bâti un empire alors qu’elle n’était rien. Ne pensez pas que j’ai peur de quelques coups, je gronde en m’arrêtant devant l’ilot central.

             Il se trouve juste derrière, sa chemise blanche épousant les formes de son torse développé et les manches retroussés dévoilant des avant-bras dessinés par des veines. Glissant une cigarette entre ses lèvres, il l’allume en inspirant une bouffée qu’il recrache.

             Puis penchant la tête sur le côté, il déclare simplement :

— Ma jolie, je ne dis pas que vous ne savez pas encaisser les coups. Je dis juste que vous ne pourrez pas surmonter les miens.

— J’attends de voir ça.

             Même si je le dissimule, ma colère est grande. Je ne supporte pas les petits arrogants prétentieux dans son genre qui pense pouvoir me marcher sur les pieds.

— Qu’attendez-vous ?

             Souriant, il recrache une bouffée de tabac avant de contourner l’ilot central. Le dos droit, je ne le regarde pas faire, le laissant m’approcher. Il est hors de question que je lui donne la satisfaction d’épier les moindre de ses faits gestes comme si je les redoutais.

             Bientôt, je sens son ombre dans mon dos.

Etes-vous sûre de vous, Corbeau Blanc ? demande-t-il d’une voix enrouée par la fumée.

— Je n’ai pas peur de quelques coups de pieds.

             Un rire le prend.

— Des coups de pieds ? Non… Je frappe mes adversaires en fonction de leur faiblesse et vous la douleur physique ne vous fait rien…

             Son torse se colle à mon dos, m’arrachant un spasme malgré moi. Brutalement, sa main libre se referme sur mon menton, me forçant à tourner le visage vers lui. Le mouvement est sec. Je croise directement ses yeux noisette maintenant assombris par ses pupilles dilatées.

             Brisant le contact visuel un bref instant pour inspirer une bouffée de tabac, il souffle celle-ci loin de moi avant de regarder brièvement mes lèvres et à nouveau mes iris.

— Un coup dont une femme si orgueilleuse que vous ne pourrait se relever…

             Un sourire étire le coin de sa lèvre.

— …Ce serait d’être accro à mes coups de rein au point de me supplier chaque nuit de la prendre alors qu’elle croit être l’Impératrice de ce monde.

             Une vive colère s’empare de moi lorsque je sens mon vagin se contracter à ces mots. La chaleur est étouffante et l’air déjà épais à cause du tabac devient de moins et moins respirable à mesure des secondes s’égrenant. La proximité de nos corps n’arrange rien.

             Je m’efforce de ne rien laisser voir de ma furieuse envie de presser mes cuisses l’une contre l’autre.

— Je ne supplie personne et encore moins pour quelque chose que je fais mieux seule.

             Un faible rire le prend et, se penchant dans le creux de mon cou, il murmure, soufflant sa respiration brûlante contre ma peau :

— On en reparlera quand vous vous tordrez sous moi en m’implorant de vous laisser jouir.

             Mes lèvres se contractent violemment et l’air se bloque dans mes poumons. Je me maudis d’être aussi réceptive à de telles paroles. D’ordinaire, personne ne peut se permettre le moindre écart de conduite à mon égard.

             Alors pourquoi, là, mes jambes sont-elles flageolantes ? Pourquoi l’envie de connaitre ce qu’il me propose me tente-t-elle ?

             Gardant la face, je ne réponds rien. Mon visage est strict, fermé. Mais il sait pertinemment que ce n’est qu’une façade.

— Je respecte la femme que vous êtes, Corbeau Blanc.

             Sa main se pose sur ma hanche, irradiant sa dense chaleur tandis que je l’observe entre mes paupières mi-closes. Le contact de sa peau brûlante contre la mienne malgré le tissu de la robe mène la tache d’humidité sur mon entrejambe à s’élargir :
















— Alors laissez-moi vous prendre comme vous méritez de l’être.





















2074 mots

hey hey hey
ca s'intensifie par ici 😏

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