🌻 Chapitre 8- Dentifrice au goût original
Je ne suis pas fâchée de retrouver ma nouvelle chambre. Enfin, je viens surtout de monter les escaliers. Et je viens de manger. Et cette journée m'a un peu fatiguée.
Bref, je suis fourbue.
Je me dirige vers ma nouvelle armoire et après avoir enfilé un pyjama jaune pâle avec des petits points blancs, je me saisis de ma brosse à dents et me dirige vers la salle de bain. Encore faut-il que je la trouve, cette fichue salle de bain. Et comme ce n'est décidément pas ma veine, il a fallu qu'il y en ait plusieurs! Et bien sûr, histoire de pimenter un peu l'affaire, il n'y a aucune indication sur les portes permettant de trouver rapidement les salles de bain! Comment voulez-vous qu'on s'y retrouve!
-Bon, je murmure toute seule. Bah, je vais devoir faire la chasse à la salle de bain, dans ce cas-là...
Ce jeu consiste en gros à frapper aux portes (ce qui peut toujours aider, je passe déjà pour une non-civilisée, ce serait bien dommage de me faire en plus passer pour une malpropre), puis attendre une réaction d'une personne susceptible de se trouver à l'intérieur de la pièce. Et si personne ne se manifeste, j'entre dans la salle pour constater si c'est une salle de bain ou non. Les six premières fois, ce sont des chambres. C'est au bout de la septième que je trouve une salle de bain.
-Danse de la victoire!, je m'exclame en esquissant une danse qui sortait tout droit de mon imagination.
Toujours est-il que je me demande ce qui se passerait si quelqu'un venait à la découvrir, mais ça, c'est un autre sujet.
En entrant dans la salle de bain, je vois qu'elle contient une douche qui se trouve à ma gauche, un miroir avec un évier et à ma droite, un jacuzzi. Ça me semble peu pour une salle de bain qui est relativement grande. Mais il faut voir le bon côté des choses, il y a suffisamment de place pour pouvoir bouger. Je m'avance donc vers l'évier pour pouvoir me laver les dents... et m'admirer devant le miroir aussi, tant qu'à faire. Je m'arrête pour admirer ma tête ovale, mes grands yeux marron, mon petit nez rond et ma grande bouche toujours prête à rire et à dire n'importe quoi. Il fût un temps où mon visage était rond avec de belles joues bien joufflues, tel un petit bébé qui venait de naître. Je les ai perdues, avec le temps, mes belles joues. Je suis restée au stade de petit bébé potelé jusqu'à l'âge de douze ans, puis je me suis affinée et j'ai eu une poussée de croissance considérable : j'ai pris dix centimètres en quatre ans! J'étais déjà considérée comme étant grande pour mon âge, mais j'ai atteint un stade assez... surprenant. Bluffant, pas vrai?
Après avoir passé au moins dix minutes à admirer mes cheveux et à constater à quel point ils sont bouclés (ce qui m'arrive à peu près tous les soirs), je me décide enfin à me brosser les dents. J'aperçois un tube de dentifrice dans un pot à côté du miroir et, comme cette maison semble me réserver des surprises de taille, je vois que ce dentifrice a l'arôme assez original de pomme-ananas-noix de coco! Non, vraiment! Pomme-ananas-noix de coco! Et moi qui croyais que j'étais la personne la plus givrée de l'Univers... je pense bien que c'est de famille. Et même, qui peut être assez givré pour créer un dentifrice de cette sorte? Honnêtement, je pense que je m'entendrais très bien avec cette personne en question.
Je débouche le dentifrice et en mets un peu sur ma brosse à dents. Je suis tout de même assez intriguée du goût que ce truc peut bien avoir. Eh bien, contre toute attente, ça passe super bien. On en mangerait tellement c'est bon! Le genre de truc qu'on fait quand on est gosse, en gros: manger du dentifrice parce qu'il a un goût de bonbon.
Une fois ce petit moment de dégustation terminé, je me lave enfin les dents et j'effectue ma toilette du soir. Après quoi, je rejoins ma chambre, fin prête pour aller dormir. Je me souviens alors que je dois débrancher mon téléphone. Tandis que je m'y exécute, je m'aperçois que Sonia a essayé de me rappeler cinq fois et m'a envoyé un message il y a une demi-heure qui dit ceci: Et après tu me dis que je réponds jamais au téléphone. Tu me déçois, Martinez.
Ah, cette Sonia...
Je la téléphone et, cette fois-ci, elle me répond.
-Joyce Martinez, fait-elle de manière froide.
-Sonia Farian, je réponds en l'imitant.
-Puis-je savoir ce que vous me voulez alors qu'il est vingt-deux heures passées?, dit-elle en feignant l'agacement.
-Je voulais simplement vous donner des nouvelles de mon installation et de ma première journée passée dans le Wisconsin, très chère.
-N'auriez-vous pas pu le faire demain? Ce n'est pas une heure pour téléphoner à de braves gens.
-Ne me dîtes pas que c'est l'heure à laquelle vous vous couchez alors que nous sommes en vacances! Je suis pratiquement sûre que vous étiez en ce moment-même en train de vous mettre du vernis sur les ongles en regardant la télévision ou en consultant votre appareil téléphonique ou quelque autre futilité de ce genre. Ah! Elle est belle, la jeunesse d'aujourd'hui!
Là-dessus, nous éclatons de rire.
-T'es vraiment folle, Joyce, dit Sonia, la voix entrecoupée par ses rires.
-Tu devrais le savoir, depuis le temps qu'on se connait, Raiponce.
-Okay. M'appelle pas Raiponce, Miranda.
-Et m'appelle pas Miranda, Raiponce.
-Très bien, Miranda.
-Très bien, Raiponce.
-Dis-moi comment s'est passée ton installation au lieu de répéter ce que je dis, s'il te plait.
Elle a au moins l'obligeance de me dire «s'il te plait».
-Oui, bien sûr, je réponds en souriant. J'avoue que c'était un peu fatiguant, mais tu me connais, je me suis rapidement adaptée.
-Ah, tant mieux alors. Et... t'as fait la connaissance de Rosa Jones?
-Une seconde... tu sais que c'est ma tante?
-Bien sûr! Ça crève les yeux que c'est ta tante! J'ai toujours remarqué à quel point vous vous ressembliez, toutes les deux!
Sonia est une grande fan de l'actrice Rosa Jones. Elle connaît sa biographie par cœur, a regardé tous ses films du plus vieux au plus récent et la suit partout sur les réseaux sociaux alors que moi, jusqu'à présent, je ne m'en préoccupais pas le moins du monde.
-J'arrive pas à le croire! Ma meilleure amie est réellement la nièce de mon actrice préférée!, s'exclame mon amie. Tu lui demanderas un autographe pour moi, dis?
-Oui, si j'en ai l'envie et la motivation, je dis pour la faire marcher.
-Oh, allez Joyce! Pour une fois que je te demande un service! Pense à toutes les fois où tu m'as demandé de faire quelque chose et que je me suis pliée en quatre pour toi!, supplie-t-elle presque.
-Je verrai ça plus tard, Sonia, promis. Je dois déjà envoyer une photo à Thiago pour lui prouver que Rosa Jones est vraiment ma tante.
-Tu connais Thiago. C'est un enfant stupide à qui il faut toujours insister pour que les informations qu'on veut lui communiquer entre dans sa cervelle d'oiseau. Comme toi d'ailleurs.
-Je sais, merci Raiponce. Mais je suis pas aussi stupide que lui, non?
Elle marque une pause avant de reprendre:
-Nan. Toi, c'est pas pareil. T'es pas stupide. T'es juste têtue.
-Juste?, je plaisante.
-Bon d'accord, répond-elle en riant. Tu es aussi butée et bornée qu'un âne, Joyce Martinez!
-Voilà! J'aime mieux ça!
C'est alors que j'entends Sonia bâiller à l'autre bout du téléphone.
-On a un petit coup de barre?, je dis pour me moquer d'elle.
-Oh, ça suffit, Miranda!
-Je te taquine, Sonia. Je vais te laisser te reposer, d'accord?
-Bonne idée... bonne nuit, Joyce.
-Rêve bien de Flynn Rider, Raiponce.
Je raccroche ensuite. Juste au moment où je vais éteindre mon téléphone, je vois un message de Sonia s'afficher: M'APPELLE PAS RAIPONCE, MIRANDA. Et c'est moi la folle, après...
Je dépose mon téléphone sur mon bureau après l'avoir éteint, je ferme les volets puis ouvre la fenêtre afin de laisser passer l'air. Après quoi, je monte m'installer dans mon nouveau lit. Le matelas me semble un peu dur, mais je me dis que je m'y ferai avec le temps.
Alors que je me glisse sous mes draps, je repense à ma première journée passée au Wisconsin et aux nouveaux membres de ma famille, à savoir une tante célèbre qui a l'air distante et autoritaire, une cousine qui semble réservée au premier abord mais qui se révèle assez sympathique dans le fond, et un majordome qui parait amical et dévoué. Ah oui, et un labrador surexcité qui ne demande qu'à s'amuser. Je sens que je vais passer une expérience inoubliable. Bonne ou mauvaise, je n'en sais rien, mais je vais bien voir ce que me réserve la suite.
Je sens la fatigue me gagner peu à peu, puis je finis par sombrer dans un sommeil profond.
Et voilà, notre Joyce vient de passer sa toute première journée loin de chez elle...
J'espère que ce chapitre vous a plu et que vous avez pu apprécier l'amitié légèrement folle de Joyce et Sonia! Je vous rassure tout de suite, ce ne sera pas la dernière fois qu'on verra Sonia. Et je peux même vous affirmer que la prochaine fois, elle réapparaîtra avec Thiago...
Quoi qu'il en soit, l'aventure commence tout juste avec Joyce, et j'espère que la suite vous plaira également ^^
N'hésitez pas à voter si ça vous a plu!
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