🌻 Chapitre 30- Une surprise de taille

-Où est-ce que tu nous emmènes, tante Rosa ?

-Tu verras bien.

Sa réponse ne fait que titiller davantage ma curiosité, bien évidemment.

L'événement qui se produit en ce moment-même mérite d'être inscrit dans les annales de l'histoire de ma famille. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que c'est Joseph nous conduit, ma tante, Taylor et moi, à notre lieu de destination. Moi qui espérais sincèrement que nous nous rapprochions, tous les quatre, j'avoue que je n'avais pas envisagé que nous soyons tous dans la même limousine.

Nous voilà pour le coup rapprochés dans tous les sens du terme. Mais bon, c'est pas moi qui vais m'en plaindre.

A côté de moi, Taylor dessert légèrement son écharpe bleue. Sûrement a-t-elle trop chaud dans cette limousine où le chauffage est mis à fond pour contrebalancer le froid qu'il y a dehors.

-Ça fait un bail que t'as plus fait ça, maman, fait-elle remarquer. Je veux dire, c'est la première fois depuis longtemps que tu n'amènes plus qui que ce soit t'accompagner quelque part. La dernière fois, c'était avec... tu sais?

Elle n'a pas besoin d'en dire plus car nous saisissons tous le message. Avant la perte de Letitia et l'effondrement de leur famille, tante Rosa les emmenait, Taylor et elle, faire des sorties. Bien qu'elles étaient rares, Taylor et Letitia profitaient au maximum de ce temps passé avec leur mère souvent absente.

-Ouais, je vois, fait ma tante dans un murmure.

Elle fait une pause avant d'ajouter:

-Je vais tâcher d'arranger ça.

La façon dont Rosa prononce cette phrase laisse penser qu'il s'agit plus d'un auto-encouragement que d'une déclaration. Visiblement, elle est consciente qu'il y a des choses à améliorer dans son comportement, et qu'elle veut tout faire pour y remédier.

-Tu y arriveras, j'en suis sûre, dit Taylor. Je te connais suffisamment pour savoir que tu fais tout pour atteindre ton but quand t'as décidé de t'y mettre.

Je lève un regard surpris vers ma cousine. Je ne l'avais jamais entendu dire une chose aussi encourageante à sa mère. Cette dernière tourne la tête vers Taylor avec une expression que je ne connaissais pas chez elle. Elle a l'air sincèrement émue des paroles de sa fille.

-Merci ma chérie.

Un fin sourire apparaît sur les lèvres de Taylor, alors que ses yeux se remplissent de larmes. Saisie par l'intensité de la scène qui se joue, je ne peux m'empêcher d'applaudir en lançant avec excitation:

-Wow, trop bien ! On progresse !

Ma réaction a au moins le mérite de faire rire Taylor, Rosa et Joseph.

-Je vois que je ne suis pas le seul à être content que les choses aillent mieux, entre vous deux, dit le majordome en souriant.

Le reste du trajet se déroule dans la joie et la bonne humeur, ce qui nous convient parfaitement, à tous les quatre.

***

Quand j'ai vu l'intérieur du studio de production, j'ai poussé un cri digne d'une fangirl hystérique qui aurait pu faire fuir une horde d'oiseaux.

Sauf qu'en l'occurrence, ce cri traduisait la surprise et l'admiration que j'ai ressenti en voyant comment tout était aménagé. En avançant, je n'ai pas arrêté de pousser des "oh!" et des "ah!". Entre les nombreuses caméras, les différents projecteurs, tout le personnel qui grouille de partout ainsi que l'immense fond vert au bout du plateau, je ne pense pas avoir assez d'yeux pour tout visualiser en même temps.

Du coin de l'œil, je vois que Taylor non plus n'est pas en reste. Elle a les yeux qui brillent tandis que sa bouche est entrouverte.

-Incroyable, murmure-t-elle.

A côté de nous, ma tante fait un large sourire.

-Bienvenue sur un plateau de cinéma, les filles.

-La vache... mais c'est trop bien !, je m'exclame en même temps que Taylor.

Un homme au crâne rasé s'approche alors de nous. Son sourire est éclatant comme si ses dents étaient des projecteurs à elles seules, créant ainsi un fort contraste avec sa peau brune. Les verres de ses lunettes ont elles l'air, elles aussi, de refléter la lumière qui se dégage de cet endroit. Il est vêtu d'une simple chemise à carreaux et d'un pantalon en jean, lui donnant ainsi une dégaine de prof de sciences. Cependant, il ne me faut pas trop longtemps pour comprendre qu'il s'agit du réalisateur du film en plein tournage.

L'homme et ma tante partagent une franche poignée de main tout en se saluant. Puis Rosa se tourne vers nous.

-Les filles, je vous présente Isaac Trimble, le réalisateur du film que nous sommes en train de tourner: A nos sourires d'enfants.

Elle n'a même pas le temps de poursuivre les présentations que ma bouche s'arrondit instantanément alors que je pousse un petit cri d'étonnement.

-Attends-tends-tends... on est bien d'accord que c'est également le titre d'un livre, et plus précisément un livre de Justin Davidson ?!

Parce que oui, je suis entre-temps devenue une vraie fan de cet auteur. Et visiblement, j'ai vu juste car le réalisateur se met à rire.

-Je vois qu'on a affaire à une spécialiste, dit-il de sa voix chaleureuse. Vous avez bien deviné, jeune fille. C'est effectivement une adaptation du livre de Justin Davidson.

Aussitôt, je me mets à taper successivement des mains telle une enfant à qui on a promis de faire une photo avec le Père Noël. Taylor roule des yeux face à mon attitude puérile.

-D'ailleurs si ça peut vous faire plaisir, continue Isaac Trimble, il a voulu se rendre sur le plateau de tournage aujourd'hui pour voir ce qu'il en est.

Cette révélation est tellement inattendue que je suis à deux doigts d'hyperventiler de bonheur. Mes mains sont en train de servir d'éventail pour mon visage, sur lequel un sourire gigantesque a pris place.

-Vous venez la perdre, là, je crois, plaisante Taylor.

-J'ai cru comprendre que quelqu'un était fan de moi ? Ou j'ai mal entendu ?

Nous tournons nos têtes en direction de la personne à l'origine de ces mots. Il s'agit d'un homme élancé, aux cheveux blonds vénitiens et aux yeux bleus gris que je parviens à distinguer malgré ses lunettes. Vêtu d'une chemise bleue ciel aux manches retroussées, d'une cravate noire et d'un jean, on croirait voir un professeur de chimie qui a la tête dans les nuages. En plus, ses cheveux sont coiffés en pagaille, mais pas une pagaille comme la tignasse d'Albert Einstein. Ce serait plus une pagaille "étudiée".

En tout cas, ce n'est pas comme ça que j'imaginais Justin Davidson. Et pourtant, le voici en face de nous, les mains dans les poches et l'air rêveur, comme s'il était à deux endroits en même temps. De quoi ajouter à sa dégaine de scientifique tête en l'air.

N'ayant absolument pas prévu de me retrouver face à l'homme dont je compte dévorer les livres prochainement, je demeure sans voix. Ce dernier en profite pour saluer ma tante, ainsi que Taylor.

-Et voici ma nièce, Joyce, indique Rosa. Elle ne perd pas sa langue si facilement, en temps normal.

Cette remarque réussit à me faire sortir de mon état second. J'empresse de serrer la main de Justin Davidson.

-Je suis super fan de ce que vous faîtes !, je dis avec enthousiasme. J'ai fini La Folle histoire d'Adèle Ribaucourt, et franchement j'ai adoré de ouf ! Les personnages, le développement d'Adèle, les péripéties... je pourrais en parler pendant des heures ! Si j'avais su, j'aurais amené de quoi vous faire signer un autographe. Faut dire que c'est pas tous les jours qu'on rencontre l'auteur pour qui on a eu un coup de cœur, donc excusez-moi pour le manque d'anticipation.

Face à cette tirade d'une fangirl en furie, l'homme en face de moi par dans un éclat de rire tonitruant.

-On va vous laisser faire connaissance, dit Isaac Trimble qui ne s'est pas départi de son sourire chaleureux. De notre côté, on va régler deux trois trucs avant de commencer à filmer.

Et alors que le réalisateur, Rosa et Taylor s'éloignent, Justin Davidson retire les lunettes de son nez pour mieux essuyer ses larmes de rire.

-Vous êtes bien étonnante, jeune fille, me dit-il une fois calmé. Vous m'avez tout l'air d'être une pile électrique.

-On me le dit souvent.

L'écrivain pousse alors un soupir alors qu'un sourire triste prend place sur son visage.

-Vous me rappelez beaucoup mon fils.

Je me rebute en entendant ces mots.

Ayant passé les dernières semaines à culpabiliser sur la mort de ma cousine, laquelle me ressemblait beaucoup, mon premier réflexe est de me dire qu'il est arrivé quelque chose de grave au fils de cet homme.

-Ne vous en faîtes pas, il va bien, me dit-il en voyant mon air catastrophé. C'est juste que ça fait un moment que je ne l'ai pas revu. S'il savait que je suis en ce moment-même sur un plateau de tournage avec Rosa Jones en personne, il me harcèlerait pour que je l'emmène avec lui !

-Comment s'appelle-t-il ?

-Fred. Frederick Davidson. Il est avec sa mère, dans le Michigan. Vous devriez avoir le même âge, tous les deux.

Je remarque dans le ton sa voix quelque chose qui ressemble à de l'amertume, comme si le fait que son fils soit avec sa mère le dérange. Étant donné que cela ne me regarde en rien, je choisis de passer outre et de changer de sujet.

-Alors... je sais que ça peut paraître indiscret mais... ce serait déplacé de vous demander un autographe ? Enfin, vu que j'ai pas ramené de quoi signer, je pense qu'on va devoir le faire avec un bout de papier... Sauf si ça vous dérange.

Le visage de Justin Davidson retrouve son sourire de scientifique maladroit.

-Bien sûr que non, j'en serais très honoré. En tout cas, c'est toujours un plaisir de faire connaissance avec ses fans.

Et tandis que je lui souris en retour, j'entends la voix forte d'Isaac Trimble résonner dans toute la pièce:

-Silence sur le plateau !

Aussitôt, on n'entend plus la moindre mouche voler. Justin Davidson me lance un regard: On reprendra cette conversation plus tard.

Ce à quoi j'opine du chef.

En face de moi, les acteurs sont en place, tandis que chaque membre de l'équipe de réalisation est à son poste, du perchman au chef opérateur, en passant par le caméraman et le scripte. Les figurants, quant à eux, attendent gentiment dans les coulisses.

Je passe ainsi de la salle de cinéma de ma tante à un plateau de tournage où je suis en mesure de voir le film prendre vie sous mes yeux. Et qu'est-ce que c'est excitant, bon sang. Je compte bien profiter de chaque instant de ce spectacle incroyable.

-Action !, s'écrie le réalisateur d'une voix forte.







Voilà un petit chapitre qui nous donne un petit aperçu d'une session de tournage avec Rosa Jones, j'espère qu'il vous a plu ^^

Qu'est-ce que ça fait plaisir de voir que Joyce et sa nouvelle famille commencent à repartir sur de nouvelles bases ! Et franchement, cette interlude sur le plateau de tournage était assez plaisante à écrire également.

Et oui, j'ai encore fait référence à des personnages d'une de mes autres histoires. En effet, l'auteur Justin Davidson apparaît pour la première fois dans Joyce Martinez, et son fils Fred y est seulement évoqué... J'y peux rien, j'aime bien faire des références à d'autres histoires.

Comme on se rapproche doucement de la fin, j'aimerais beaucoup savoir quel(s) chapitre(s) vous avez préféré jusque-là, et quelle(s) thématique(s) vous a le plu parlé. Dîtes-moi tout !

Et je vous à la prochaine pour la fin !



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